La roulotte de Jali [interlude, pv]

Epuisé, c'est le seul mot valable pour Halewyn quand il finit par transplaner dans les environs de la roulotte de Jitanjali. Entre ses contrats en cours, l'éducation du jeune Malacci et diverses affaires personnelles, il a à peine le temp de s'arrêter.

En ce moment, le jeune Matthew est en survie, seul dans la forêt d'Ostrelande. Seul est un bien grand mot, il est surveillé par Hiep, émissaire de sa soeur et de Dante, qui veille à ce que le poulet volant ne gâche rien de l'éducation qu'il s'efforce de donner au jeune.

Pas par gaieté de coeur, Hale s'en passerait bien. Il a assez de sa tronche à s'occuper. Il fait son tour d'inspection extérieure, comme d'habitude. Etre épuisé ne justifie en aucune facon une diminution de vigilance.

Une fois à l'intérieur, il hume l'air ambiant. Sans un mot, il passe devant Jali, devant le chaudron ou bouillonne la soupe, puis se dirige vers le petit salon. Il s'étend sur le divan et s'endort aussitôt du sommeil léger de celui qui attends le passage des détraqueurs.

La démarche qui fait craquer le plancher de bois de la roulotte n'est pas celui de Jali. Oh, tiens, il est revenu. Seul visiblement. Mais c'était prévu. Jali le lui avait dit le matin même.

Ajustant la dernière pince à ses cheveux, elle quitte sa chambre et voit Halewyn couché sur le divan. Elle se dit qu'il serait plus confortable dans son lit et elle le dit aussi à Jali.

- Il pourrait aller dormir dans son lit, ce serait plus propice au sommeil.
- Je t'ai déjà dit de ne pas ramener de boulot à ici.
- Oh... j'ai oublié de l'enlever.
- Garde ça hors de ma vue.
- Oui, Jali, je le range...
- T'as une mine horrible, t'as fait combien d'heure ?
- Pas beaucoup...
- 79, Xoramen, 79 !
- Mais non, pas tant que ça...
- Lance les dés pour voir ?
- Non, c'est pas nécess...
- Lance les dés j'a dit !
- D'accord, 79... soupire Xoramen en même temps que le roulement de dés.
- La Source pour toi ce soir.
- Non, ça va...
- J'ai dit la Source ! Tu veux t'exiler à Londres en seconde vie, alors pour l'autre, tu dois être ici, totalement ici et pas à moitié endormie.
- Oui, d'accord, la Source...
- Et ça se croit adulte, gmfr... tous des gamins... ils se valent tous.

Xoramen aurait été surprise d'apprendre qeuw Halewyn ne couchera pas dans son lit tant et aussi longtemp que Matthew sera à la roulotte. Il préfère être au centre... S'il arrive quelque chose, il sera à même de réagir plus rapidement. On ne refait pas son homme.

Quand ca commence à parler, il est tiré de son sommeil aussitôt. Tendant l'oreille, il écoute la conversation. La Source? C'est nouveau ca...

Il ouvre un oeil à demi, sans même modifier sa position ou sa respiration. Il regarde la gitane, essayant à la fois de voir ce que Jitanjali lui a demandé de ranger et de déceler grâce au language corporel un quelconque indice.

Depuis l'arrivée du jeune mâle, il a pris ses distances avec Xoramen. Ne marque plus aucune familiarité. La scène de la salle de bain a été pour lui un avertissement.

Xoramen soupire en entendant sa grand-mère gromeler contre la jeunesse. Elle s'en moque un peu, c'est toujours la même histoire avec Jali. elle l'écoute d'une oreille distraite.

- C'est comme lui, là. Pas plus brillant ! Il n'a même pas dit bonjour et le voilà qui va dormir !
- Pas facile de vivre avec un Malacci, ironise la belle.
- C'est pas drôle ! À ce rythme, il va bientôt se mettre à brailler comme un gamin ou nous faire une grossesse nerveuse ! Ne ris pas, c'est déjà arrivé, assure la vieille suite au ricanement de Xoramen. Tu devrais l'amener avec toi à la Source.
- Pas question, intervient xoramen dont le sourire vient de s'éffacer.
- Comme tu voudras. HALEWYN, VIENS MANGER !

Avec un grognement peu engageant, Halewyn se lève. Jitanjali a raison sur un point. Il n'a pas L'air brillant. La seule fois ou elles ont pu le voir en pire état, c'est lors de son évasion. Pourtant, il ne s'est jamais plaint ou autre. Il a fait des choix et il les assume.

Mais aller dans un endroit inconnu ne lui plait pas. Il sait qu'il a besoin d'un bon 24 heures de sommeil. L'esprit est capable d'en prendre, il n'a qu'a alterner entre ses deux moi. Mais le corp a ses limites.

Silencieux, sombre et cerné, il arrive dans la cuisinette, sert les deux dames sans un mot et s'asseoit pour manger sans rien dire, l'oeil terne rivé sur sa soupe.

Quatre fragments de graphite suivent le moindre mouvement d'Halewyn. S'ils sont toujours aussi précis, ils manquent de vigueur. C'est dangereux, ça pourrait lui être fatal, surtout dans un lieu comme ici et avec des Chimériens.

- C'est pas faux. T'as une mine affreuse, Halewyn.

Appuyée contre le dossier de sa chaise, elle est épuisée aussi, mais son maquillage stylé en masque tous les indices. Sourire en coin, elle dévisage Halewyn, puis dévie le regard vers ses ongles. Jali mange un peu, comme d'habitude, quelque quillères à peine, puis repousse son bol. Jali se nourrie autrement, et Xoramen mange de moins en moins.

- Y a un orage à Ostrelande.
- Je sais, il s'est abrité.
- Tant mieux.

C'est pas faux. T'as une mine affreuse, Halewyn.

Il se contente d'un grognement vindicatif. Et comment qu'il est crevé! Elles le prennent pour qui ? superman? Le ptiot a du potentiel, mais réellement bien caché. Et quand Halewyn fait quelque chose, il le fait bien. Avoir été averti d'avance il aurait pu planifier son horaire, mais là il est pris avec ce mioche comme un chien avec une puce lui grattant sérieusement L'oreille. Mécaniquement, il continue de manger, rivé sur sa soupe, ignorant royalement Xoramen

- Y a un orage à Ostrelande.
- Je sais, il s'est abrité.
- Tant mieux.

Si vous arrêteriez de le couver comme deux poules un oeuf... J'ai déjà assez du poulet volant qui me salope la moitié du travail, merci.

Dit il d'un air mauvais, reposant sa cuiller... Il n'a pas plus faim que els deux gitanes. Il se relève pour retourner se coucher. Il n'a pas envie de rien d'autre. Il a enfin un trou dans son créneau, il a l'intention d'en profiter.

Xoramen se lève à son tour, vide les bols et les laves, manuellement, tandis que Jali fait chauffer l'eau pour la tisane et le thé. Hale les délaisse pour le divan, en marmonnant. Elle ne peut résister à l'envie de lui répliquer séchement.

- Si tu arrêtais de tout faire pour contrarier Hiep, il serait peut-être plus enclin à te faciliter la vie. Déjà que ton crétin de loriquet n'arrête pas de le harceler.

Le ton sec marque une contrariété plus qu'évidente. elle est tendue, surtout à ce sujet. Étrangement, c'est son perroquet qu'elle défend. Personne ne semble voir à quel point Hiep est partout à la fois. Son sale caractère n'ira pas en s'améliorant à ce rythme. Il finira par mourir d'épuisement.

- C'est Hiep qui devrait venir à la Source. Il en aurait bien besoin.

Halewyn croise les bras. Son esprit combatif n'a rien perdu de sa vivacité. Il lui répond du tac au tac.

Ben c'est ca qu'il y aille à Ta source et qu'il me (juron censuré) patience! Et "mon" crétin de Loriquet, je te rappelle que c'est toi qui me l'a offert. Quand t'aura quelque chose de plus constructif à me dire tu viendra me voir... En attendant ferme ta gueule.

L'oeil gris papillotte brièvement de sa lueur rouge, mais il est trop fatigué pour que le corp suive la cadence. Sur un geste grossier, il se détourne et va se rétendre sur le divan.

Etendu, il se concentre... Surtout ne pas se laisser distraire de ses tâches par la gitane. La respiration profonde, il reste éveillé malgré tout, l'oeil ouvert fixant le plafond.

Face à l'évier, Xoramen se fige. Oh non, il ne va pas lui parler comme ça. Pas chez elle et pas devant Jali, foi de chimérienne ! Un froissement de jupons et un cliquetis de colliers de bois, Hale la voit soudainement apparaître dans son champs de vision. Les mains sur les hanches, elle le fixe, le regard luisant de colère.

- Ne me parle plus jamais sur ce ton, Halewyn, le prévient-elle d'un ton lourd de sens.

Un claquement de doigts, elle le pointe de l'index et le divan sur lequel prenait place s'évanouie dans l'air. La tête baissée vers Halewyn qui est maintenant sur le sol, elle affiche son petit sourire victorieux.

Comme si être à terre allait le déranger. Sans même bouger d'un poil, l'oeil gris se fixe dans le graphite. Il ne sourit même pas.

Xoramen peut se rendre compte que le saphir n'y est plus. Halewyn n'ouvre pas son âme, ne laisse paraitre aucune faiblesse. Il se contente de dire, la voix rauque ferme.

Alors la prochaine étape est de me faire passer au travers du plancher? Ta fini avec tes gamineries? J'aimerais dormir...

Il passe ses deux mains derrière la nuque. Le sol d'Azkaban est autrement plus pénible à supporter que le sol de bois de la roulotte de Jali. Pour ce qui le concerne, il peut dormir n'importe ou.

Il la provoque, ouvertement, tout comme elle le fait aussi. C'est un affrontement directe, eh bien il sera servi. Elle n'a plus peur de lui et n'aura plus peur de lui. Il veut goûter à ses manières ? Et bien il va y goûter, elle ne se fera pas prier.

- Si t'insiste. Dors bien.

Un autre claquement de doigt et Halewyn sent soudainement le plancher de bois se dérober sous lui. Il franchit brusquement les 50 cm séparant le plancher de la roulotte et le sol pour attérir lourdement sur la terre humide et poisseuse sous la roulotte. Comme s'il avait plongé dans l'eau, le plancher semble onduler deux secondes puis se resolidifie.

Un rire rauque résonne brièvement sous le plancher. Un instant plus tard, la porte s'ouvre de nouveau sur Halewyn, tout boueux. Ne se préoccupant pas du plancher, il va rejoindre Xoramen. Il la prend à bras le corp avant de transplaner immédiatement, sans lui laisser le temp de se rendre compte de ce qui se passe et... Justement dans une mare de boue.

D'un mouvement bien senti, il la propulse dans la boue.

J'espère que t'aime... Ya aucune raison que tu partage pas mon funeste destin.

Il la regarde patauger un moment avec un intérête tout clinique.

Quand t'aura fini de jouer, j'ai vraiment besoin de dormir si tu veux que je fasse une job correcte avec ton frère.

Les deux gitanes entendent parfaitement Halewyn qui rampe sous la roulotte puis qui se présente à la porte. Il traverse la pièce sans hésitation, pour faire face à une Xoramen au regard de défi.

- HALEWYN, MON PLANCHER !

Mais elle n'a pas le temps d'en dire plus, ils disparaissent tous les deux. Le temps de visualiser où elle se trouve et il la pousse brusquement, elle s'étale dans plus humide que le dessous de la roulotte. Digne tout de même, elle s'assoit et se secoue les mains. C'est avec un déplaisir visible qu'elle sent l'eau et la boue alourdir sa jupe et ses jupons.

- Détrompte-toi, c'est toi qui partage le mien, et pas le contraire. Et funeste, il le sera, tu n'as pas idée, lui dit-elle du ton de celle qui en sait plus qu'il n'en saura jamais.

Elle se remet sur ses pieds et s'esssuie les mains sur sa chemise de lin. elle avance vers lui et le pointe d'un index menaçant.

- Tu ne sais pas gérer tes priorités. Jali te donne des tas de besognes, beaucoup plus qu'en temps normal, en plus de devoir t'occuper de mon frère et toi tu fais aussi tes trucs personnel en plus. Jali agit pareil avec tout le monde, elle veut connaître tes limites, elle te pousse à bout pour arriver à déceler tes faiblesses. Et tu te laisses avoir comme un débutant ! Tu veux dormir ? Eh bien non, tu ne dormiras pas ! Ce n'est pas une nuit de sommeil qui va te rétablir ! Je n'ai pas l'intention de te laisser dormir. Jali veut te voir à bout, je vais te pousser à bout. Tu vas t'effondrer, Halewyn, et devant moi.

D'un mouvement fluide et vif, dans un tourbillon humide de jupons, une vague de boue déferle sur Halewyn, l'innondant de la tête aux pieds.

Un silence, la colonne de boue qu'est désormais Halewyn se fend d'un sourire baveux, le gris de son regard tranchant sur le sombre de la saleté qui est sur lui.

Tu n'a pas l'intention de me laisser dormir hein? Comment tu vas t'y prendre?

Dit til d'un ton fendant. Dégainant sa baguette à la vitesse de l'éclair, il gratifie Xoramen du même traitement à base de boue. Il rigole un moment avant de redevenir sérieux comme un pape... La pluie commence à laver la boue sur lui. Le regard d'acier se fait tranchant. Il fait un pas en arrière, plisse els yeux en la regardant de haut en bas.

Je suis pas une bébelle. J'ai tué ma femme parce qu'elle a trop joué avec moi. Tu le sais ca

Les laisser le penser plus faible qu'il n'est... les laissera voir un semblant de prise. Jali sait très bien que s'il en aurait marre il se pousserait simplement. Xoramen en a t elle conscience? Parfois Hale se le demande sérieusement. Il serait tellement bien tout seul.

Une vague de boue la submerge, elle ferme les yeux et détourne la tête, tout simplement, et fait un bien mince bouclier de ses mains. Elle n'esquisse aucun mouvement pour l'éviter. Elle essuie le surplus de boue d'une main légère, puis le dévisage, sans un sourire.

- Je sais tout ça, Halewyn. Et j'en sais beaucoup plus que tu ne le penses. Maculée de boue, elle croise les mains dans son dos et avance de quelques pas vers Halewyn. Tu peux me tuer, si tu le veux, mais tu ne le feras pas, pour les mêmes raisons que tu as accepté de te taper l'apprentissage de mon frère, pour les mêmes raisons que tu reviens à la roulotte et pour les mêmes raisons qui te poussent à accepter tous les caprices de la vieille. Elle franchit les quelques pas qui les sépares, les mains toujours dans le dos, le regard plissé, un sourire vient effleurer ses lèvres.

Un haussement de sourcil et elle ajoute ; Tu adores ça. Ce qui se passe ici te plaît. Tu n'es pas le premier et tu ne seras pas le dernier. Tu peux partir, mais tu sais que si tu pars, tu ne reviendras jamais et tu crains que ce soit effectivement ce qui se passe. Tu as peur que ce que tu as connu ici te manque lorsque tu ne l'auras plus. Vous n'avez aucune emprise sur nous et ça l'enrage. Tu nous détestes, mais tu ne peux te passer de nous ou pire, tu crains ne pas pouvoir te passer de nous.

Discours typique chimérien, qu'il soit vrai ou faux, il semait dans l'esprit un doute qui devenait peu à peu une obsession. C'était ce qui rendait les chimériens si désirable.

A Xoramen qui s'avance de quelque pas, il ne cède aucun terrain, les bras croisés sur sa chemise boueuse, la mâchoire carré la tête haute et fière. En fait de prestance, il n'a rien a envier à aucun Chimérien de souche. . Il l'a déja prouvé avec Inigo...

T'es qu'une sale garce...

Dit Halewyn d'un ton neutre. Le gris s'éclaircit légèrement

Ce que tu supporte pas c'est que j'ai mieux à faire que de m'occuper de tes jupons princesse. Je ne part pas pour une simple raison, Zo rôde et j'ai une dette envers vous deux. Pour ma part, je me sentirais bien mieux tout seul sans être sans cesse en mode yoyo.

Et toi princesse, tu ne supporte pas quand je me passe de toi. T'attend quoi, que je te serve de tapis? Je ne suis pas à domestiquer alors t'es mieux de te trouver un autre animal de compagnie.

Ce qui est vrai, ce qu'il dit, il le pense vraiment. En ce moment, la roulotte, les chimériens et tout, il en a réellement sa claque. Il commence à se sentir étouffer.

Lorsqu'il la traite de sale garce, on pourrait presque croire que son sourire s'accentue, mais on ne pourrait le jurer. Ni l'un ni l'autre ne cède du terrain, du moins pas volontairement. Elle le défi du regard, drapée dans son orgueil de gitane.

Cependant, une lueur de contrariété semble s'allumer à mesure qu'il parle. Elle a horreur qu'on mette des mots sur ce qu'elle fait et comment elle agit. Elle agit comme bon lui semble, point. Aucun mot ne saurait décrire ce qu'elle fait.

Sortilège d'expulsion jeté contre Halewyn et il éclabousse de boue l'air autour de lui. Fine baguette pointée sur lui, elle le maintient au sol par un sort. Le regard graphite étincelant, elle le rejoint, ses jupons détrempés claquant autour de ses jambes. Le sachant incapable de bouger, elle s'agenouille à côté de lui, la baguette nonchalemment tenue entre le pouce et l'index. Son sourire s'est totalement éffacé.

- La seule dette que tu as, c'est envers ma mère, puisqu'elle t'a sorti d'Azkaban. Le reste, tu le fais de ton propre chef. Pinçant les lèvres, le regard dur, elle approche sa baguette d'Halewyn, accentuant l'impression d'être écrasé au sol. Ne parle jamais de domestication avec une chimérienne. Elle se relève dans un claquement de ses jupons, projetant des goutelettes de boue autour d'elle. La pression magique sur Hale se relâche. Elle lui tourne le dos, ses jupons s'enroulant gracieusement autour de ses jambes, les cheveux boueux plaqués sur sa chemise mouillée. Personne ici ne te retiens, Halewyn.

De dos, elle lui jette un regard de biais, d'un graphite étincelant.

Un rire rauque, sans joie retentit derrière Xoramen. Un son à glacer le sang. Halewyn se relève tranquillement.

Je pensais pas avoir raison à ce point... T'es qu'une sale garce, pis susceptible en plus.

Il porte son regard d'acier clair sur Xoramen. Il a un sourire mauvais.

Tu viens de changer les règles du jeu... tu viens de t'en rendre compte? Sur moi, use d'autre chose que de ta baguette princesse... Je t'aurai avertie. A moins que tu ne préfère qu'on la joue plus bestiale.

Il arrive à sa hauteur, pivote et lui fait face. Lui coupe le chemin

Tu viens de me confirmer que j'ai raison sur toute la ligne... Tu ne peux pas te passer de moi, alors t'essaie de me mettre dans le doute en me projetant tes propres sentiments inaouvés. C'est flatteur... Un jour Xoramen, faudra que tu arrête de te retrancher derrière les chimériens pour assumer ce que tu es toi.

Il se penche légèrement, la domine de sa haute taille. La fixe d'un regard saphir. Il sait qu'il ne devrait pas. Mais bon, elle sait que ce qu'elle a dit et ce qu'il a dit est valable pour les deux.

Il hait les situations ambigues, et depuis son arrivée à la roulotte, il lui semble qu'il ne fait que nager dedans. Le regard reprend sa teinte d'acier. Reprendre ses distances, pour avoir la paix.

- Je pensais pas avoir raison à ce point... T'es qu'une sale garce, pis susceptible en plus.

Elle ne répond rien, se contentant de l'observer du coin de l'oeil. Elle n'a rien pour argumenter et contredire et puis de toute façon, c'est inutile. Elle était ainsi et elles étaient ainsi.

- Tu viens de changer les règles du jeu... tu viens de t'en rendre compte? Sur moi, use d'autre chose que de ta baguette princesse... Je t'aurai avertie. A moins que tu ne préfère qu'on la joue plus bestiale.
- Je saurai te faire face, Halewyn, je n'ai plus peur. L'issue d'un affrontement entre nous ne nous plaira à ni l'un ni l'autre, nous la savons tous les deux.

Il se place devant elle, elle ne l'a pas quitté des yeux. Elle n'essaie même pas d'éviter le rapprochement, ni de le repousser. Le visage droit devant elle, il n'y a que ses yeux qui se lèvent pour le regarder.

- Tu viens de me confirmer que j'ai raison sur toute la ligne... Tu ne peux pas te passer de moi, alors t'essaie de me mettre dans le doute en me projetant tes propres sentiments inaouvés. C'est flatteur... Un jour Xoramen, faudra que tu arrête de te retrancher derrière les chimériens pour assumer ce que tu es toi.

Il se penche légèrement, la domine de sa haute taille. La fixe d'un regard saphir. Il sait qu'il ne devrait pas. Mais bon, elle sait que ce qu'elle a dit et ce qu'il a dit est valable pour les deux.

Elle détourne le regard, lui fixant l'épaule droite. Elle lève la main et détache délicatement une feuille morte, collée par la boue. Elle la fait tourner entre ses doigts maculés de boue.

- Mais je suis chimérienne, Halewyn. J'habite un endroit qui n'existe pas vraiment et moi-même je n'existe pas vraiment, puisque je suis aussi ailleurs. Elle jette la feuille morte un peu plus loin et le graphite miroitant revient sonder l'acier. Es-tu certain que tu existes encore ? Qui te dit que tu n'es pas toi non plus devenu chimérique ?

Es-tu certain que tu existes encore ? Qui te dit que tu n'es pas toi non plus devenu chimérique ?

J'ai arrêté d'exister le jour où je suis entré à Azkaban...

Il se gratte le menton, soudain songeur. Devenir Chimérien? ajouter ses ailes aux trois têtes? Se couper de sa sacro-sainte liberté et indépendance? Jamais

Il ne lui est jamais venu à l'esprit que c'est ce qui est en train de se produire. S'il y a une chose au monde capable de l'effrayer, ca serait cette perspective. Mais il est trop orgueilleux pour se l'avouer, et Le phoenix noir ne veut à aucun prix que ca se produise.

Comme tu me l'a dit, ya rien qui me retient ici, donc je crois pas être devenu chimérique comme tu dis.

Il a un sourire pervers.

Sauf pour ceux du ministère qui me cherchent...

Xoramen ne sourit pas. Il n'y a rien de risible. Le graphite sonde l'acier, cherchant une faille qui pourrait lui faire découvrir le saphir. Halewyn n'arrivait pas à saisir quelques nuances chimériennes. C'était normal, il n'était pas chimérien. C'était de toute façon des conceptes flous et complexes, souvent pas très clair, mais qu'ils saisissaient au contact.

- Un choix ne condamne pas aux chaînes, à moins de le choisir, murmure-t-elle.

Elle comprenait, mais n'arrivait pas à le décrire, et surtout pas à l'expliquer.

- Ils te cherchent, mais ils ne te trouveront pas, puisque tu te caches à un endroit qui n'existe pas. Évidemment, ce qui n'existe pas ne peut-être une cachette inviolable. Tu n'es pas l'unique artisan de ta liberté. D'autres prennent des risques pour que tu restes invisible. Elle te l'a dit quand elle est allée te chercher à Azkaban. Tu ne peux pas t'échapper seul.

La pluie qui avait diminué d'intensité se remet à tomber de plus belle. Un grondement au loin se fait entendre, les pupilles insondables se dilatent et brisent le graphite quelques secondes. Elle croise les bras, cherchant instinctivement à se cacher de la pluie.

Il en répond pas, ses longs cheveux noirs détrempés par la pluie encadrant son visage. Il fixe la gitane un long moment, la regardant croiser les bras et grelotter, mais sans se plaindre. Une chemise détrempée et boueuse se pose sur les épaules de Xoramen.

Allez, rentre... tu va pogner la crève.

Lui dit il assez brusquement, torse nu et plein de cicatrices luisantes sous la pluie. Halewyn adore la pluie, pour lui c'est un moyen de s'endurcir. Les yeux couleur saphir la fixe... Il est inquiet même s'il ne le montre pas.

Il sait qu'elle a gagné... Il ne sait tout simplement pas quoi... Plusieurs choses qu'elle a dite l'incitent à réfléchir. Un petit déclic s'est fait dans son esprit. Quelque chose dont il n'a jamais eu à se préoccuper.

Le phoenix noir semble lui dire quelque chose, la figure de Halewyn s'assombrit, mais le regard reste sur le saphir pendant qu'il marmonne un ta gueule bien senti.

Halewyn dépose sa chemise sur ses épaules. Trempée et boueuse, ce n'est pas cela qui la réchauffera, mais elle ne sentira plus les gouttes sur ses bras. L'intention est là. Elle ne le relève pas, mais l'attention est remarquée.

- Oui, répond-elle simplement, avant de laisser le graphite suivre les gouttes d'eau sur la peau d'Hale. Tu devrais rentrer, toi, plutôt. Moi je ne retourne pas à la roulotte ce soir. Jali me l'a interdit.

Elle esquisse un sourire en coin, un peu moqueur, qui s'éfface brusquement pour devenir pensif. Elle le fixe un moment, tandis qu'elle cherche à comprendre le soudain changement chez Halewyn, puis en entendant le "ta gueule", elle comprend. Elle fronce les sourcils, croise le saphir tant attendu. Elle lui porte une attention plus particulière et malgré qu'il soit toujours debout, il est affectivement épuisé. Jali avait peut-être raison. Elle hoche la tête et le questionne.

- Es-tu prêt à l'endormir et à l'oublier quelques heures ? Tout deux savent qu'elle parle du Phoenix Noir et probablement que le Phoenix Noir aussi sait que c'est de lui qu'elle parle. Elle tend la main à Halewyn. C'est la dernière réflexion que je te demande. Elle ne sourit même pas, elle est d'un sérieux déconcertant.

Es-tu prêt à l'endormir et à l'oublier quelques heures ? Tout deux savent qu'elle parle du Phoenix Noir et probablement que le Phoenix Noir aussi sait que c'est de lui qu'elle parle. Elle tend la main à Halewyn. C'est la dernière réflexion que je te demande.

Il ne réagit pas tout de suite, le regard devient terne tandis qu'il se fige dans une immobilité absolue. Pendant un moment, le saphir joue du gris au rouge sang, mais toujours aussi terne. Ca l'air de barder là-dedans. Qui sait ce que les deux alter egos sont en trains de se dire.

Un mince filet de sang apparait à la commissure des lèvres de Hale, rapidement dilué par la pluie. Après ce qui semble une éternité, le regard se fixe sur le rouge sang, devient flamboyant un court instant tandis qu'une voix haineuse d'outre tombe crache à la figure de Xoramen

Je te hais!!! Profite bien du moment que tu vas avoir... Je ne te laisserai pas t'en tirer à si bon compte la chèvre.

Le regard redevient terne... Après un moment d'éternité infinie, le regard revient se fixer sur le saphir.

Bon, il devrait se tenir tranquille... J'espère que ca en vaut la peine parce qu'il va m'en faire baver plus tard.

Halewyn ne prend pas la main de Xoramen, plutôt son avant-bras. L'habitude.