La roulotte de Xo [endroit mobile et incartable]

Lentement, en prenant bien son temps, Samuelle sourit d’un sourire en tranche de courge… « Non, ça aurait quand même été dommage de me défoncer la gueule, je n’aurais plus pu sourire » le nargua-t-elle l’air matois.

La fantôme suivit la pierre du regard, s’amusant de voir l’ignorance de l’homme envers la magie des pierres… Il imaginait toujours que les pierres étaient vivantes, qu'elle recentait à travers elles... Mais les pierres ne sont que des pierres... Par ce geste, il voulait l’atteindre, encore… Et parce que Samuelle savait ce dont il était capable, elle s’abstient de le provoquer d’avantage. Elle se composa une expression outrée lorsqu’il raconta qu’on avait voulu le faire sourire du bas, mais c’est sans montrer la moindre émotion qu’elle l’invita à lui montrer ses photos : « Oh oui! Montre-moi tes trophées, mère-grand! » fit-elle de la voix tendre d'une mère encourageant son gamin...

« Oh oui! Montre-moi tes trophées, mère-grand! »

Halewyn sourit, un sourire mesquin, pervers ou toute la malignité en lui peut se lire. Il ne bouge pas, toujorus évaché. Avec une vivante, la posture des deux personne pourrait presque être qualifiée d'indécente. Avec un fantôme c'est plutôt rigolo.

Le regard d'acier se fixe sur le rouge un bref instant avent de reprendre sa danse. Il dit d'une voix doucereuse.

Tiens donc... Tu es venue parce que l'Horreur te manque? Tu ya goûté en crevant, je te l'ai faite redécouvrir sous le jour nouveau du voyeur... et maintenant tu voudrais y retoucher?

Il se caresse l'arête de la mâchoire d'un air songeur.

Je savais bien que tu n'étais pas si différente de moi en fin de compte... Ca te ferais trop plaisir hein? Fais pas ton effarouchée ni ta sainte nitouche. Si je te les montres... Tu ne me fera même aps le plaisir d'apprécier mon travail a sa juste valeur. Ta morale te l'interdit, mais tes tripes exigent que tu le voit.

Alors, dis moi pantouflarde... Tu es ici pourquoi?

« Pour le grand frisson… » répliqua la fantôme sans cesser de sourire… Samuelle jouait au jeu du chat et de la souris avec ses frères et sœur depuis sa plus tendre enfance… Sans infirmer ou confirmer les suppositions du criminel, elle le laissa dans cette zone obscure d’ignorance… Elle avait déjà annoncé ce qu’elle voulait, elle cherchait seulement un moyen de l’obtenir au prix le plus vil qui soit. En outre, elle s’amusait beaucoup… « Depuis quand les Daee, et moi en particulier, sont supposés avoir une morale? » questionna-t-elle.

Aussitôt dit, aussitôt Samuelle regretta ses propos. Par inadvertance, elle avait donné son nom. ARGL! La fantôme se ressaisi sans que rien n’y paraisse… Elle attendit de voir quel serait le prochain mouvement de mère-grand.

Ce fut une autre mère-grand qui fit son apparition. L'oeil noir de la vieille gitane scrute la pièce, voit Halewyn, ok, c'est normal, puis trouve l'origine de cette étrange impression d'intrusion.

- Ah, je savais bien qu'il y avait une inconnue.

Elle la dévisage une fraction de seconde, puis avance vers Halewyn, les poings sur les hanches.

- Halewyn, je croyais bien que tu étais assez brillant pour avoir saisit qu'on ne ramène pas n'importe qui ici...

Comme si Jali avait soudainement entendu quelque chose, elle se fige, puis jette un oeil à Samuelle. Un regard inquisiteur se pose sur le fantôme, puis le menton ridé pointe vers l'avant.

- Peut-être pas n'importe qui finalement... j'te connais toi... fait la vieille en pointant effrontément le fantôme, les sourcils froncés.

Oh, oui, elle la connaissait. C'était une forte impression, sans être capable de répondre aux questions « Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? » Puis soudain, trois des questions trouvent leurs réponses. Elle intervient en répondant à la première.

- La fille de Jinx...

La fantôme se redressa d’un mouvement souple et vif, les yeux exorbités. La bouche arrondie tant par la surprise que par une expression d’horreur, elle semblait avoir perdu l’usage de la parole. Samuelle pointait successivement les deux mère-grands du doigt. Même au bord de la rivière, Hale, ne l’avait pas vu si affolée. Manifestement quelque chose de violent avait croché la conscience de la fantôme.

Bien certainement Samuelle n’avait jamais connu les membres de la Chimèra. Pourtant, après les événements qui avait fait d’elle le gardien du secret des Daees, Samuelle s’était renseignée, fouillant dans les champs de pierre à la recherche d’informations. La révélation qui la figeait littéralement de stupeur, était qu’elle se trouvait vraisemblablement dans le salon de celle qui avait commandité sa mort.

Un mot franchit finalement ses lèvres.

« VOUS?!? »

« Depuis quand les Daee, et moi en particulier, sont supposés avoir une morale? »

Le sourire rusé ainsi que l'étincelle du regard d'Hale veulent tout dire. Il a enfin sa prise. Il ne dit rien, se contentant de regarder le fantôme se mordre les doigts de sa gaffe.

Une Daae morte par noyade récente(enfin dans un pass. récent, on ne faisait pas des pantoufles horribles comme ca voilà 50 ans. ) Ca doit être facile a trouver. Trouver la famille, s'amuser si le spectre ne remplit pas sa part du marché...

- Halewyn, je croyais bien que tu étais assez brillant pour avoir saisit qu'on ne ramène pas n'importe qui ici...

Toujours la tête en bas, il regarde d'un air torve la vieille.

On se calme, elle s'est invitée toute seule.


La vieille se fige, l'oreille dressée. Halewyn sait par expérience que ce qui suit risque d'être fort divertissant. Il enlève la pierre du feu et la dépose dans un verre d'eau qui laisse échapper un pccccccccccccht. Imoobile, il contemple ensuite la scène. Même dans ses rêves les plus fous, il ne s'est jamais autant marré.

Peut-être pas n'importe qui finalement... j'te connais toi...
Un silence s'étale et s'étire dans la pièce, Hale qui contemple les deux femmes pour tirer la moindr einfo susceptible de lui servir. Le regard scrutateur de Jitanjali qui affole La Daae. Celle-ci d'ailleur, pointe un doigt accusateur et tremblant suer Jali et ensuite sur lui.

« VOUS?!? »

Halewyn, d'une acrobatie, se retrouve debout, dominant la fantôme de sa haute taille. il lui murmure à l'oreille.

Je t'avais averti pantouflarde... La mère-Grand n,est pas toujours celle qu'on pense. Je me contente d'être le loup... Une Daae fille de Jinx hein? Morte par noyade? Devrait pas être trop difficile de retrouver la fratrie.

Il se détourne, sur un dernier coup d'oeil moqueur, laissant les deux femmes, vivante et morte ensemble. Il se retire près du feu, prenant la pierre refroidie mais encore chaude, dans sa main et recommencant son manège.

Juste pour la narger. Il est content qu'elle soit venue, elle s'est littéralement jetée dans la gueule du loup et lui en a fourni plus qu'il ne demandait pour avoir prise sur elle.

Dans son esprit tordu, un plan machaviélique se dessine... Si seulement elle cherche a le doubler...

Dans son dos, la tatouage du phoenix noir semble absorber la lumière, n'en devenant que plus visible.

Dès le premier instant ou leur regard s’était croisé, Samuelle avait senti qu’elle faisait face à un prédateur, un prédateur, oui, mais un prédateur déguisé… Le déguisement de ce loup-ci cachait la Chimera. Et ce loup tenait dans sa main une pierre Daee.

Samuelle était une bagarreuse. On avait déjà dit, dans certaine sphère, que le trait le plus distinctif de son style de combat était sa façon effarante d’y survivre. D’un puissant uppercut, elle frappa Hale à la pointe du menton. Son poing, s’il ne lui avait pas joyeusement passé au travers du crane, l’aurait certainement mis K-O. Elle se serait aussi sans aucun doute fracturé tous les os de la main, mais il y a des occasions dans la vie, comme celle-ci, à ne pas rater…

La fantôme prit une seconde pour ramener son bras et fixer son poing l’air de se souvenir seulement alors quelle était faite d’ectoplasme. « ARGL!!! » Faute de pouvoir l’agresser de ses mains, Samuelle l’accusa d’une voix vibrante de colère : « Et toi tu es avec elles? Tu n’es pas un loup mais un vulgaire chien galeux! Est-ce que tu sais seulement ce qu’elles sont? Ce qu’elles te prendront? »

Puis Samuelle se retourna pour faire face à la vieille. Tout ce qui était du règne minéral dans un large périmètre à la ronde sembla gronder d’une vibration intérieure. « VOUS!! » fit-elle, les yeux étrécit par la fureur, « Vous… Vous avez eut si peur de moi, que je vous trahisse, que vous m’avez fait assassiner!! Ce n’était déjà pas assez de me sacrifier, mais Lucius est mort par votre faute! C’était ma vie que vous deviez prendre! Pas la sienne, jamais la sienne!! »

La vieille gitane, sans rester de marbre, est d'un calme impressionnant. Ce n'était pas tous les jours qu'une des victime de la Chimera se pointait au coeur même de leur repaire. Une voix lui avait pourtant dit qu'il y aurait un retour en arrière... mais elle ne s'était pas attendu à un tel genre de retour. Samuelle Daae était, sans le savoir, beaucoup plus proche de la Chimera qu'elle ne le croyait. Et ses connaissances ne la croyait pas non plus si près. Même un étranger croisé quelques part la liait à la Chimera, même après sa mort. Elle y était tellement plongée en profondeur, si involontairement, que sa désignation au sacrifice s'était révélée plus qu'explicite. Cependant, lorsque Halewyn prétend vouloir retrouver la fratrie Daae, elle lui décoche un regard digne du grand Manitou qu'elle est.

- Halewyn, je te préviens, c'est même une menace si tu veux. N'essaie même pas de découvrir quoique ce soit à son sujet. Dès le départ, nous nous sommes entendu sur le fait qu'on ne s'occupait pas de tes affaires et toi pas des nôtres. Et bien cet événement fait partie de nos affaires, alors ne t'en approche surtout pas. La petite n'a pas tort, tu ne sais pas qui nous sommes. Ne t'immisces pas trop loin dans ce que tu ne connais pas. Elle lâche Halewyn des yeux et soutient le regard doré du fantôme. Seluj était un bon parti... mais il a poussé trop loin ses principes. Il nous y a obligé... c'est regrettable. Je ne dirai pas un mot de plus. Cette histoire ne concerne ici que toi et moi, fait-elle en pointant Samuelle et elle-même.

Halewyn ne se départit pas de son sourire baveux quand le coup de poing de Muelle lui traverse al mâchoire... Qu'est ce qu'unf antôme pourrait lui faire de toute facon?

Mais la remontrance de Jali lui plait moin même s'il ne le laisse pas paraitre. Les menaces n'ont jamais eues prises sur sa personne.

Halewyn, je te préviens, c'est même une menace si tu veux. N'essaie même pas de découvrir quoique ce soit à son sujet. Dès le départ, nous nous sommes entendu sur le fait qu'on ne s'occupait pas de tes affaires et toi pas des nôtres. Et bien cet événement fait partie de nos affaires, alors ne t'en approche surtout pas. La petite n'a pas tort, tu ne sais pas qui nous sommes. Ne t'immisces pas trop loin dans ce que tu ne connais pas. Elle lâche Halewyn des yeux et soutient le regard doré du fantôme. Seluj était un bon parti... mais il a poussé trop loin ses principes. Il nous y a obligé... c'est regrettable. Je ne dirai pas un mot de plus. Cette histoire ne concerne ici que toi et moi

Il laisse la Jali terminer, puis fixer Samuelle dans les yeux. Il se penche au dessus de l'épaule de la petite vieille et lui donne la pierre.

Tu me la redonnera tantôt quand tu aura fini. Tu a peut-être des relations avec, mais moi j'ai aussi à faire avec. Qu'elle ne cherche ni à vous faire de mal ni à me doubler... parce que Chimera ou pas... Je n'aurai plus rien a perdre.

Je vous laisse entre fille. J'ai du boulot sur la planche.

« Re-gre-tta-ble? » releva la fantôme en serrant les mâchoires.

Samuelle suivit la pierre des yeux jusque dans la main de Jitanjali. Elle se demanda si la vieille savait ce qu’était ce cailloux et si elle ne pourrait pas intercéder en sa faveur. Une pierre référée dans la collection Daee, même si elle reste disponible au clan dans les champs de pierre, reste toujours liée à celui qui l’a modelé. Ainsi, la fantôme avait une conscience indistincte de la position géographique de la pierre et de tout changement d’orientation dont elle pourrait être sujette.

La virulence de la menace de la part de celle qui menait la Chimera surprit Samuelle. Elle eut soudainement l’impression que malgré tout ce quelle savait, elle ignorait également ce qu’elles étaient. Déséquilibrée dans ses certitudes, Sam devina qu’il y avait peut-être une dimension cachée qu’elle ne connaissait pas. Par prudence, elle se fit plus coulante, plus conciliante, attendant que mère-grand se retire, sans toutefois perdre son petit verni d’insubordination réactionnaire.

« Alors j’ai raison? Il est une sorte de mercenaire? » Samuelle étrécie les yeux encore davantage, les réduisant à deux minces fentes brûlante d’un feu intérieur « Il est dangereux ce type, avec quoi vous le tenez en laisse? » questionna-t-elle, elle qui ne croyait pas une miette que le criminel cesserait sa collecte de donné parce que la vieille le lui avait ordonné … « Lui interdire de rechercher ma famille, c’est presque un incitatif à enfreindre la règle… Vous l’avez fait exprès? » fit-elle en soulevant un sourcil. « Ce ne serait pas pour me déplaire d’avoir quelques copains fantômes, mais j’ai l’intuition qu’ils seraient tout aussi imbuvable mort que vivant, vous voyez, j’aimerais autant éviter… »

Halewyn sort de la pièce, mais il n'est pas tranquille. Ses cheveux de la nuque se hérissent. Contemplant l'intérieur de la roulotte, il trouve cela vide et terne.

L'assassin remarque aussi que Jali n'a pas fait de soupe... Ce n'est pas dans son habitude à la vieille. Elle doit avoir eu ses voix une partie de la journée.

Cédant à ses instincts primaires, il arpente la cuisine tel un fauve en cage, trouve des légumes, un os a la moelle... Des fèves. Dénichant un tablier en piteux état bordé de dentelle fanée, il le contemple un moment avant d'endosser celui-ci. Jali en a pour un moment, avec de la chance, personne ne le verra.

Maniant avec célérité et efficacité du couteau, négligeant la manière sorcier de cuisiner, il mitonne une soupe épaisse au fumet appétissant. Il en a fait beaucoup, assez pour une armée on dirait.

Le regard plissé de la vieille gitane suit Halewyn lorsqu'il quitte la pièce. Entre deux doigts osseux par l'arthrite, elle prend quelques secondes pour regarder la petite pierre. Qu'est-ce que Halewyn pouvait bien faire avec ça. Et pourquoi voulait-il la récupérer. Faudrait vérifier. Elle glisse la pierre dans les replis de sa jupe et reporte son attention sur Samuelle. Elle l'écoute attentivement, mais ne répond pas. Elle se dirige plutôt vers une vieille chaise berçante. Elle s'y appuie et s'y installe, faisant grincer la structure de bois. Elle frotte ses mains ridée l'une dans l'autre, puis esquisse un geste vers l'âtre, dont la flamme crépite et s'intensifie. Jali resserre son châle sur ses épaules, puis désigne le fauteuil pour que le fantôme prenne place.

- Tu poses beaucoup de questions, Samuelle, mais pas les bonnes. Je suppose que je te dois certaines explications. C'est bien la première fois que je suis confronté à réalité de devoir rendre des comptes. Réglons ton cas à toi, celui d'Halewyn sera réglé plus tard.

Étrangement, la vieille gitane ne semble pas contrariée, au contraire. Son oeil pétille et les rides aux coins de sa bouche et de ses yeux indiquent un sourire subtil.

- Toutes nos actions finissent par nous revenir d'une manière ou d'une autre. Je connais ton histoire, Samuelle. Tu as toujours été la bête noire, celle-qui-ne-veut-pas. Tu t'es toujours acharné à refuser tout ce qui t'étais demandé, ce que tu devais faire. Tu as tellement refusée de faire ce que tu devais faire que tu es maintenant ce que tu devais être dans sa forme la plus parfaite. Tu es maintenant la gardienne absolue de la mémoire de notre monde. Nous avions décidé que tu serais une cachette absolue à cette magie. Mais ton esprit de contradiction a fait de toi une gardienne. Tu devais cacher la magie de ta famille, mais ton refus de faire ce qui doit être fait fait de toi sa protectrice. Les rôles sont différent. Tu as d'immenses secrets à protéger, Samuelle, mais personne ou presque ne le sait.

Le regard sombre de la vieille fixe les yeux dorés du fantôme. Et si Samuelle avait été un mauvais choix ?



C'était ainsi depuis des années, Xoramen transplanne dans sa chambre. Ainsi, elle ne risque pas de faire sursauter Jali en apparaissant brusquement près d'elle. Ça lui permet aussi de pouvoir se changer avant de se présenter à la vue des Chimériens. Elle passe donc quelque chose de plus confortable que la robe de sorcier spécifique aux langues de plombs et la range soigneusement dans son garde-robe. Retour aux jupons multicolores et à la multitudes de bijoux qui cliquettent à chacun de ses pas. Une chemise de lin écru sur une camisole verte lime et la gitane est prête pour le repas. D'ailleurs, l'odeur est alléchante. La bouffe de Jali lui manque rapidement lorsqu'elle est à Londres. Et elle n'a pas mis les pieds à la roulotte depuis près d'un mois. Elle revenir il y a quelques jours déjà, mais un imprévu l'avait confiné au Ministère. Mais elle était rentrée.

Elle ouvre la porte et entre dans la cuisinette. Là, elle se retrouve devant une scène des plus étonnantes. Halewyn qui s'affaire dans une cuisine. Si elle pouvait s'attendre à voir ça. Surtout affublé du tablier élimé de Jali.

Elle l'observe un moment, sans faire de bruit. Xoramen le détaille. L'effet est étrange. Le tablier blanc ceinture le tatouage du Phoenix noir. Ou peut-être est-ce que Phoenix Noir qui tient le tablier blanc dans ses serres. Les ailes déployées de l'oiseau noir enveloppent les épaules d'Halewyn. Elle peut presque en sentir les plumes sur les siennes. Elle s'approche sans faire de bruit, même ses bijoux restent silencieux. Elle jette un oeil par-dessus l'épaule d'Halewyn.

- J'espère qu'il y en aura assez pour nous trois, ironise-t-elle, amusée par la situation exceptionnelle dont elle vient d'être témoin.

Elle dérobe d'une main experte un bâtonnet de céleri, qui évidemment est déjà coupé. Quel intérêt de chiper une branche de céleri qui n'est pas coupée ?

Une subtile odeur de bois de santal envahit la pièce, près du chaudron cependant, Halewyn ne s'en rend pas comtpe tout de suite. Cependant, il se raidit imperceptiblement, sa nuque se hérissant. Faisant tourner le couteau dans sa main, il se prépare à se défendre quand une voix bien connue, aux intonations chantantes se fait entendre.

- J'espère qu'il y en aura assez pour nous trois.

Il recommence à couper son céleri comme si de rien n'était. Xoramen lui en chipe un batonnet. Il se contente de répondre.

-Selon mes calculs on en a pour six affamés. Veux tu autre chose avec ca?

Il se rend compte de sa tenue. Le regard a sa couleur de saphir délavé quand il rencontre les yeux charbons de la gitane. Ils sont seuls, il peut bien se permettre de la regarder ainsi.

Surveille moi ca...

Sans autres mots, il s'éclipse dans sa chambre, en reviens deux minutes plus tard, en tee-shirt noir soulignant sa musculature et avec le tablier dans les mains. Il dépose celui-ci sur la table, avec deux paquets, un assez volumineux et un minuscule dans une boite. Il ne dit rien d'autre, se contentant de sortir deux bols et de servir une généreuse portion de soupe à Xoramen.

Ca fait un mois que tu t 'es pas pointée... T'as des problèmes?

Samuelle était horrifiée par les propos de la vieille et son émotion s’étalait de façon équivoque sur son visage. Elle semblait presque incrédule, ses yeux d’or brillant dans leur orbite d’une lueur ardente. « Mais vous êtes complètement givrée!?! » gueula-t-elle, excédée. La fantôme ouvrit ensuite la bouche comme si elle allait ajouter quelque chose, l’index dressé, gesticulant, visiblement au bord de l’implosion, ses idées impossibles à prononcer. « ARGL!! » explosa-t-elle. Samuelle se reprit, fit volte-face, et sortie de la pièce en passant au travers de la porte, laissant Jali en plan.

La bouillonnante fantôme entra en trombe dans la cuisine et la traversa d’une extrémité à l’autre pour sortir de la caravane sans même un commentaire. Une seconde plus tard, elle repassait en sens inverse l’air décidé, comme si elle venait juste de se rappeler quelques chose qui ne pouvait attendre.

« De quel droit m’avez-vous fait ça?? » questionna-t-elle avec rage. « Qui ça, "nous avions décidé…" ? » Sans attendre de réponse, Samuelle s’affala dans le fauteuil, se prenant la tête à deux mains, horrifiée par ce qu’elle envisageait. Oh, elle était elle-même un peu responsable... Il était inutile de lui cracher à la tête et de refuser cette conversation. Ça avait été son premier réflexe, se montrer contrariante… Surtout ne pas satisfaire cette vieille bique, lui ruiner le plaisir de lui asséner sa vérité.

Samuelle n’avait que faire de la vérité. Elle avait menti très tôt et ne s’était jamais arrêté, manipulant la réalité par ses fantaisies. Elle avait si bien menti sur tous les aspects de sa vie que nul ne pouvait la circonvenir. Mais la magie des pierres n’est pas menteuse, elle. « Qu’est-ce que je vais faire maintenant? Qu'est-ce que je dois faire?»

Stoïque, la vieille gitane la laisse assimiler les nouvelles informations. Elle ne tente même pas de la retenir d'une parole lorsqu'elle quitte la pièce, rageuse. C'était trop de vérités d'un coup, il fallait qu'elle les comprenne après les avoir entendu. Xoramen réagissait de la même manière. Elle avait besoin de rager avant de prendre conscience. Elle s'éclipsait, puis revenait avec des questions. Elle ne s'étonne donc pas de voir revenir Samuelle après quelques minutes. Elle ne lui dit rien. Il n'était pas nécessaire de la provoquer encore plus. Jali laisse la Gardienne fantomatique réfléchir, elle ne répond donc pas aux questions immédiatement. De toute façon, elle n'a pas posé la bonne question. Jusqu'à ce que...

- Qu’est-ce que je vais faire maintenant? Qu'est-ce que je dois faire?

À ce moment, Jali semble quitter la léthargie dans laquelle elle s'était drapée. Elle tourne la tête vers Samuelle, le regard pétillant.

- Ah, voilà la bonne question à poser. Mais tu es la seule qui peut y répondre. Nous avons longtemps cherché qui pouvait protéger le secret des Daee. De nombreuse fois nous avons refusé de considérer ton potentiel. Puis ils ont insinué que parce que par contrariété justement, tu pouvais peut-être être une cachette idéale. Mais encore une fois, tu n'as pas répondu à ce que nous attendions de toi. Tu devais mourir et disparaître avec ton secret. Mais tu es toujours là. Tu as le choix, tu es l'unique être qui puisse faire ce choix. Que crois-tu devoir faire, Samuelle Daee ?




- Non, ça ira. Y a tellement de truc dedans qu'un seul bol va nourrir Jali pour au moins une semaine.

Elle le dévisage, sourire en coin. Le saphir et le graphite se croisent et contemplent un moment leur éclat respectif. Elle se serait bien laissé envelopper par ce regard, mais il coupe le contact visuel pour disparaître dans sa chambre. Comme demandé, elle surveille la soupe, résistant à l'envie d'y goûter. Il revient, un t-shirt sur le dos, le tablier dans la main. Elle le détaille sans gêne, les yeux plissés, un subtile sourire aux lèvres. Elle se rend compte que la roulotte, ses effets personnels et Jali ne sont pas les seuls choses qu'elle retrouve avec plaisir depuis quelques temps. Loin, rien ne lui manque, mais le retour lui fait toujours prendre conscience du besoin de certaines choses. Son regard suit les paquets des mains d'Halewyn à la table, mais il ne dit rien. Xoramen est curieuse, mais elle n'en laisse presque rien voir. Un éclat d'intérêt brille cependant, mais à part cet éclat, rien ne paraît.

Elle accepte le bol et s'assoit à table. Il lui fait la remarque de son absence prolongée et lui demande si elle a des problèmes. Elle hausse un sourcils avant de les froncer tous les deux. Elle n'avait pas de compte à lui rendre. Elle hausse les épaules, d'un air désinvolte.

- On a des problèmes que si on se fait prendre.

Elle laisse volontairement sous-entendre la précarité de ce qu'elle fait, sans toute fois en dévoiler la nature. Un berf interlude, durant lequel un fantôme passe à travers les murs vers la sortie pour ensuite repasser en sens inverse. Ce fantôme lui dit vaguement quelques chose.

- Je savais pas que tu cuisinais. Y'a d'autres talents que tu caches ainsi ?

La tentative de changer de sujet est plus qu'évidente et c'est volontaire. Faire savoir à Halewyn ce qu'il fait comme boulot ne ferait que compliquer les choses.

On a des problèmes que si on se fait prendre.

Exact...

Répond simplement Halewyn en mangeant sa soupe... pas mauvais... Il laisse le sous-entendu en suspend, ainsi que la curiosité de la gitane augmenter. Elle n'a pas de compte à lui rendre, cependant, il n'aime pas la savoir loin.. là ou il ne pourrait rien faire si il lui arrivait quelque chose. Il ne dit rien, sachant que ce qu'il fait lui même est sensiblement similaire.

Il n'a aucune lecon à lui donner. Le regard intense, il vient cependant pour dire quelque chose quand un éclat de voix se fait entendre... brisant l'athmosphère.

« Mais vous êtes complètement givrée!?! ... ARGL!! »

Passant son regard sur la roulotte, ses yeux s'assombrissent d'un coup, reprennent leur teinte d'acier quand il voit Samuelle, en furie, passer dans un sens, puis dans l'autre.

Xoramen le tire de son observation muette.

- Je savais pas que tu cuisinais. Y'a d'autres talents que tu caches ainsi ?

A toi de me le dire... magasiner pour les dames j'ai jamais fait. Dis moi au moin si c'est ta taille. Fallait remplacer ce que je t'avais pris.

Son sourire baveux aux lèvres, il désigne d'un geste les paquets. Puis, il se prend un morceau de pain et recommence à manger.

Son regard cependant, vigilant, se porte régulièrement sur la porte du salon tandis que L'oreille dressée, il est à l'affût de tout bruit pouvant trahir une quelquonque détresse de la vieille. A cet âge, une crise cardiaque arrive vite.

« Toujours ce "nous"… » cracha Samuelle.

Jamais auparavant Samuelle ne s’était laissé manipulée. On la croyait imprévisible : Elle était imprévisible. Elle avait été attirée dans l’antre de la Chimera par hasard, par une pierre instable et non pas, tel qu’Halewyn le croyait, par une soif morbide. Elle était la source gardée d’un savoir prodigieux qui devait rester intact de toute manipulation, et voilà qu’elle se gardait elle-même. Il était probable qu’elle accepte le rôle qu’on lui imposait : que pourrait-elle faire d’autre?

À une coudée à peine, la vieille bique se berçait tel un être paisible et inoffensif en apparence. Samuelle découvrait cependant une créature affamée, cupide et vorace l’ayant poursuivit à son insu comme un impitoyable rapace. Jali se dévouait à une cause et après avoir si bien pesé la valeur de sa vie et elle évaluait maintenant, en la questionnant, la valeur de sa mort. Sam n'allait certainement pas lui répondre...

« Vous avez perdu, il y a deux ans déjà, le droit de me poser cette question… » chuchota-t-elle le visage caché dans ses mains. C’était la pierre d’achoppement de leur histoire et c’est sur celle-ci que la fantôme affûta sa malédiction. On l’avait tué, on l’avait trahie, on avait assassiné celui qui avait voulu la sauver…

Tout devait être clair et lumineux entre deux personnes, sans ambiguïté. C’était la tradition des Daees.

« Je vous jète la pierre, Jitanjali… Je vous accuse, je vous blâme. Dès aujourd’hui, je vous déclare que je vous suis hostile. » fit la fantôme, d’une voix calme et posée sans la moindre hargne, en se levant. « Je n’imagine pas quelle cruauté obscène habite votre cœur de pierre pour que vous m’ayez utilisé ainsi, Jitanjali… Et je conçois maintenant que vous vous soyez acoquiné à Halewyn… »

Samuelle marqua une pose et demanda : « Est-ce tout ce que vous avez à me dire? »

Aux accusations de Samuelle, Jitanjali hoche la tête. Ce n'était pas la première fois qu'on lui jetait la pierre. On ne pouvait pas être à la tête d'un tel groupe en plaisant à tout le monde. Il y avait des choix à faire, parfois cruel et insensés, mais il fallait les faire. Mais ça, Jitanjali ne s'attendait pas à ce que Samuelle puisse le concevoir. Elle lève la tête vers le fantôme. Un éclat y luit, l'éclat de ceux qui ont fait des choix, de ceux qui n'ont pas de regrets.

- Non, peut-être ai-je une dernière chose à te dire. Fais bien attention. Tu es morte pour préserver quelques chose de plus grand. Je dois sacrifier quelques vies pour en préserver des milliers d'autres. Si tu pouvais juste t'imaginer à quel point tu es près de nous, Samuelle. Regarde autour de toi, tu verras à quel point nous sommes présents dans ta vie. Tu es morte, mais certains des tiens auraient dû mourir depuis longtemps et ils sont toujours vivants, sous la protection de la Chimera. Le regard sombre de la vieille pétille sous la menace évidente. Rien n'arrête la Chimera. C'est un équilibre fragile. Mais mon règne s'achève.

Un sourire paisible étire les lèvres de la vieille, elle se berce lentement, sans cesser de fixer Samuelle.





- A toi de me le dire... magasiner pour les dames j'ai jamais fait. Dis moi au moins si c'est ta taille. Fallait remplacer ce que je t'avais pris.

Xoramen, qui allait porter sa cuillère de son bol à sa bouche suspend son geste et fronce les sourcils. Remplacer ce qu'il lui avait prit ? Que lui avait-il prit ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Elle pose sa cuillère dans son bol et jette un regard vers les paquets.

- C'est... c'est pour moi ?

Elle avait bien jeté un regard curieux vers les paquets lorsqu'il était revenu avec, mais l'air surpris qu'elle affiche est convaincant. Cependant, elle ne se fait pas prier pour ouvrir les paquets. Elle s'empare d'abord du plus petit. Elle devine sans peine, à cause de la grosseur de boîte que c'est probablement un bijou. En effet, ce sont des boucles d'oreille. Trois fines lamelles d'or délicatement ouvragées. Elle en apprécie les courbes et la finesse des gravures abstraites. Quoique... pas si abstraite... en regardant attentivement, elle semble reconnaître... vraiment ? Mais oui, ce sont les trois facette de la Chimère ! Le lion, la chèvre et le serpent-dragon ! Elle lève un regard brillant vers Halewyn, un sourire ravie sur les lèvres.

- Elles sont superbes... quel magnifique ouvrage... waw ! Oh...

Samuelle se pencha, rapprochant son visage ectoplasmique de celui de la vieille. Elle souriait du sourire sans joie de celui qui en a trop vu pour sourire… « Comme Lucius, je suppose? » susurra-t-elle d’une voix dégoulinante de venin.

La fantôme se drapa alors dans sa dignité, exploit méritant d’être salué lorsqu’on affronte l’éternité en pyjama et en pantoufle, et reprit le chemin de la porte. Maintenant maître d'elle-même, Samuelle s’arrêta un instant dans la cuisinette pour une dernière recommandation : « La pierre, ce n’est pas un jouet… Respecte-la et traite-la avec égard… » ajouta-t-elle dans l’intention de tromper le criminel… Avec un peu de chance il continuerait à croire que les manipulations l'incommodaient et la bloquerait sous la patte d’un meuble… pensait-elle. Et sans lui donner le temps de lui répondre, ignorant complètement xoramen, la fantôme franchit le seuil pour disparaître.

Jali hoche la tête. Oui, c'est vrai, Lucius avait été un bon parti... il avait été protégé... jusqu'à ce qu'il refuse... de coopérer, d'accepter l'inévitable. Oh, si Samuelle pouvait savoir. Mais elle ne savait pas. C'était mieux ainsi. La simple vérité de sa mort la mettait dans un tel état... les autres vérités étaient de loin plus horrible... Le temps arrangerait les choses... Jali en était persuadé...





Le fantôme repasse une seconde fois dans la cuisine, mais cette fois, s'arrête vis-à-vis Halewyn et lui adresse quelques mots. Xoramen n'y comprend pas grand chose, mais encore une fois, elle a l'impression que ce fantôme ne lui est pas inconnu. Elle n'arrive pas à le replacer par contre... ça lui reviendra, plus tard... son esprit est occupé ailleurs pour le moment...

Elle les pose soigneusement sur la table et prend le second paquet, le plus volumineux. Il est léger par contre. Le regard avide, elle marque un temps d'arrêt, dévisage Halewyn, se demandant ce qu'il a derrière la tête, puis déchire le papier. Un éclat d'un jaune vibrant se reflète dans ses yeux noirs qui s'ouvrent tout grand.

- Mais c'est... c'est...

Elle se lève et déplie le contenu du paquet. C'est la plus belle jupe qu'elle a pu voir jusqu'à maintenant. La voyant se dérouler, elle en apprécie visiblement la lourdeur malléable. D'un oeil expert, elle en détaille les minuscules broderies noires brillantes sur le jaune chatoyant du tissus. Un liseré noir brodé de fils d'or marque le bas de la jupe, mais en le voyant onduler, elle est persuadé que ce liseré n'entrave aucunement les mouvements et l'amplitude de la jupe. Elle ne sourit plus, captivée par ce bijou de tissus. De minuscules perles noires décorent la ceinture de la jupe, esquissant de subtiles courbes florales. Il lui semble que la jupe dégage d'elle-même une lumière ensoleillée. Sans un sourire, elle lève la tête et dévisage Hale. Il est impossible de savoir à quoi elle pense sur le moment.

- Mais où t'as trouvé ça ?! Non, je veux pas savoir !

Elle laisse tomber la jupe sur son avant bras traverse la pièce. Son premier réflexe fut d'aller la montrer à Jali, mais elle s'arrête brusquement en passant devant Halewyn. Elle marque un temps d'arrêt, elle ne sourit toujours pas, une fraction de seconde, puis se jette littéralement dessus, dans un bruissement de colliers et de bracelets. D'une spontanéité enfantine, ses bras se glissent autour de son cou. Ce n'est qu'à ce moment qu'elle sourit. Un sourire radieux, ponctué d'un bref rire de joie et le graphite qui se perd dans le saphir.

- Merci.

Sans arrière pensée autre que celle de le remercier, lui, de la seule manière qui lui vient à l'esprit, elle lui plaque un langoureux baiser. Elle n'en conçoit les conséquences qu'une fois qu'il est trop tard.

Halewy aurait aimé apprécier la réaction de Xoramen, mais quelque chose l'en empêche. Son regard se porte instinctivement sur la porte tandis qu'il pivote sur le tabouret et s'adosse au comptoir. Une forme ectoplasmique apparait.

« La pierre, ce n’est pas un jouet… Respecte-la et traite-la avec égard… »

Un sourire baveux aux lèvres, l'oeil gris détaille Samuelle tandis qu'il passe la main sur un rebord de chapeau imaginaire pour la saluer.

Oublie pas de refermer la porte en passant!

En lui même, il se jure de garder la pierre loin de la roulotte. Elle l'a utilisé comme balise. Donc, de cause à effet, quand il l'aura sur lui il sera parfaitement tracable... Quand Jali la lui redonnera, il ira la mettre en sécurité loin, très loin... dans un aquarium moldu de préférence.

Mais pour le moment? Son regard d'acier repasse sur la gitane avec une rapidité surprenante. Accoudé au comptoir, il la regarde déplier le tissus.

Mais c'est... c'est...

Une jupe...

Dit simplement Hale en la regardant, gravant son visage dans sa mémoire. Il a l'Impression que ca n'arrivera pas souvent.

- Mais où t'as trouvé ça ?! Non, je veux pas savoir

Il se retient de ne pas éclater de rire... Elle n'a pas besoin de savoir. Ca serait mauvais pour sa réputation. Pour une fois qu'il a fait dans la légalité pour être sûr qu'elle puisse les porter en public, (bon passons qu'il a dévalisé les caisses la nuit tombée pour se rembourser. Il a peut-être de l'argent caché, mais il faut être économe)

- Merci.

Perdu dans ses pensées, il est brusquement submergé par un tourbillon de fils noirs, Des lèvres au goût de miel sur les siennes. Sans aucun geste déplacé, attendant un signal clair de la jeune femme, il gòûte cependant avec passion cette gâterie inattendue.

-Mais de rien

Répond il quand leurs lèvres se séparent. Il lui donne un léger coup de nez sur la joue avant de respirer son odeur capiteuse et exotique.

Du côté de Jali, un toctoc toc insistant se fait entendre du côté de la fenetre.

Un hibou frigorifié y est perché, avec un pli pour Xoramen.

Xoramen,

Je ne sais pas si tu es au courant de ce que ton frère trame. C'est dangereux, si ca vient aux oreilles de certaines personnes, ca peut devenir dangereux.

Un club de magie blanche. C'est étrange comme tout les principes valeurs et impressions se noient dans le gris ici. Mes pressentiments marchent à pleine vapeur... quelque chose ne tourne pas rond. Mais quoi?

Je le surveillerai du mieux que je peux sans compromettre ma position. Je ne laisserai aucun élève être en danger cependant. Je te le jure sur ma vie.

Pour une fois, je te demande, si c'est possible, de bien vouloir m'éclairer. Tout est tellement confus ici!

Lareless

p.s. Kaitz est toujours comme d'habitude, il va bien et fait extraordinaire, il n'a pas fait de conneries encore.

Le lien qui unissait Halewyn et Xoramen était ambiguë, même pour Xoramen. Un oui, un non perpétuel qui trouverait peut-être sa question sous peu, mais qui pour l'instant restait nébuleux. Certaines situations les éloignaient, certains gestes les rapprochaient, comme un yo-yo. Il faudrait bientôt décider à le glisser dans sa poche ou le laisser tomber, mais elle ne pouvait pas jouer éternellement. Elle détourne légèrement la tête et ferme les yeux, lui laissant toute la latitude pour la respirer.

- Xoramen, tu as un hibou de Po... Jali hausse un sourcil et détourne le regard,de ta copine italienne. Je l'ai posé sur ton lit... hum... mauvaise idée... elle semble hésiter un moment, puis marcher vers la porte et prend son châle accroché à un clou, j'vais prendre le thé chez Cora. Je reviens dans quelques heures...

De son pas hésitant et lent, elle marche vers la sortie, ouvre la porte et sort. Quelques secondes plus tard, la porte se referme. Un court instant s'écoule, un court laps où Xoramen reste tendue, retient son souffle, puis elle expire, sur le point de se laisser emporter, mais...

- Je m'absente à peine une année et je me retrouve avec un rival ? Je suppose que c'est la preuve que mon choix est le meilleur.
- Inigo... souffle Xoramen en se figeant.
- Ah, elle reconnaît ma voix, c'est bon signe.

Elle quitte brusquement les bras d'Halewyn et fait face au nouveau venu. Une pièce d'homme, ça c'est certain. Monté sur un frame de gorille, mais qui dégage un aura dont il est impossible d'éprouver de la répulsion. Les petits yeux profondément enfoncés dans leurs orbites, fixent Xoramen, sans ciller.

- Tu ne viens pas m'embrasser ? Je t'ai fait des tas de promesses pourtant.
- Que tu n'as pas tenu, souviens toi, fait-elle en le pointant sèchement.
- Qui d'entre nous a déjà tenu ses promesses ?
- Moi je tiens presque toutes mes promesses.
- Laisse-moi rire, t'es la pire traîtresse qui puisse exister au sein de la Chimera. C'est ce qui me plaît, on ne peut pas te faire confiance.

Il esquisse un mouvement pour la toucher, elle le repousse d'une claque retentissante. Le sourire d'Inigo est sans équivoque, ça lui plaît, mais il n'insiste pas. Il rigole, tout simplement.

- Allez, vide ton sac, j'entends déjà les reproches.
- Espèce de salaud, tu disparais une année complète, tu reviens et tu m'imposes ta présence !
- Je savais que t'avais quelque chose à me reprocher. T'es jamais satisfaite.
- Tu ne croyais quand même pas que j'allais rester à me morfondre ? Et puis, tu n'as rien, aucun présent pour compenser !
- Tu n'as pas besoin de présent. Visiblement, il a fait une gaffe lui aussi, fait-il en désignant les paquets sur la table.
- Je vais te tuer Inigo !

Elle fait un pas pour le frapper, mais il lui attrape le poignet. Il est immense devant elle, Xoramen semble fragile et délicate près de lui.

- Je suis déjà mort des centaines de fois à ce compte.

Sous la poigne d'Inigo, les doigts de Xoramen se crispent, mais elle ne bronche pas. D'une rapide et puissante torsion de son bras, Inigo ramène Xoramen contre lui. Elle lui arrive à peine aux épaules.

- Je pourrais te broyer entre mes doigts, murmure-t-il.
- Tu n'imagines pas ce que je te ferais alors.
- J'adore ce que tu sais faire, tu le sais bien.

Les minuscules yeux noirs vont brusquement se river à ceux d'Halweyn. Un sourire moqueur se dessine.

- Je suppose que c'est lui qui squatte la roulotte ? À le voir, il a eu bon accueil. Tu es une hôtesse parfaite, Xoramen.

Sans ménagement, il la repousse sur le côté, elle rate de peu la chaise et reprend son équilibre. Elle le fusille du regard, mais ne proteste pas. Inigo s'approche d'Halewyn, bombant le torse, affirmant son autorité toute masculine face à un rival. Cependant, ce n'est qu'une parade, il ne dégage aucune animosité face à l'étranger.

- Alors c'est toi le responsable du feu d'artifice à Londres ? Pas mal. Moi, c'est Inigo. Alors, ça te plaît les draps de Xoramen ? demande-t-il en le dévisageant.

Xoramen croise les bras, pince les lèvres et lui lance un regard noir. Vraiment, si un regard pouvait tuer.

- Mais Xoramen est à moi, vois-tu. J'ai rien contre le fait que tu en prenne soin quand je suis absent, mais quand je suis là, tu ne poses pas tes sales pattes dessus, c'est compris ?

Inigo dépasse Halewyn en hauteur et en largeur *surtout*. Le regard de primate est fixé dans celui de son rival et il est soudainement moins amical. Xoramen, elle, les bras toujours croisés a détourné la tête et feint les ignorer royalement.

Au cou offert, Halewyn y plonge le nez, caresse la tendre peau blanche du bout des lèvres.

Xoramen, tu as un hibou de Po... Jali hausse un sourcil et détourne le regard,de ta copine italienne. Je l'ai posé sur ton lit... hum... mauvaise idée... elle semble hésiter un moment, puis marcher vers la porte et prend son châle accroché à un clou, j'vais prendre le thé chez Cora. Je reviens dans quelques heures...

La porte s'ouvre, se referme. Halewyn se fige, comme Xoramen, mais pour une raison différente. Une présence étrangère... Le regard d'acier se fait dur fixe au travers de la soie noire des cheveux de Xoramen la silhouette massive. L'odeur de testostérone pure agresse les narines de l'assassin. Tandis qu'une voix grave et aggressive se fait entendre.

Je m'absente à peine une année et je me retrouve avec un rival ? Je suppose que c'est la preuve que mon choix est le meilleur.
- Inigo... souffle Xoramen en se figeant.

Hale sent la brusque tension dans le corp qui est contre lui. Il ne bouge pas d'un iota tandiq qu'elle fait volte face pour affronter le nouveau venu .

L'oeil gris détaille Inigo de facon fort critique. Les larges mains, les cheveux coupés courts, la mâchoire carrée. l'oeil aussi noir que celui de sa chère chèvre, mais ayant une lueur lubrique. Les muscles roulants sous la chemise, les mains comme des battoirs. Il dégage une impression de force bestiale, accentuée par ses sourcils proéminents et ses yeux en boutons de bottines. L'assassin se trouve grand, mais il arrive à peine à l'épaule de son rival. Sans compter qu'il n'a pas sa carrure, Il semble tout petit.

Halewyn le catalogue comme gros tas empêtré dans ses muscles hypêrtrophiés. Cependant, il est conscient du dommage qu'un seul de ses coup peut faire. Il murmure nonchalamment à Xoramen.

Plus c'est gros plus c'est con.

Il laisse la scène se dérouler, seule sa mâchoire devenant carrée et l'éclat dansant de son regard laisse deviner une quelconque émotion. Quand Inigo arrive devant Hale, bombant le torse, l'évadé ne laisse rien paraitre.

Alors c'est toi le responsable du feu d'artifice à Londres ? Pas mal. Moi, c'est Inigo. Alors, ça te plaît les draps de Xoramen ? demande-t-il en le dévisageant.

Xoramen croise les bras, pince les lèvres et lui lance un regard noir. Vraiment, si un regard pouvait tuer. Halewyn prend ca pour un accord tacite. Son sourire baveux fleurit sur ses lèvres tandis que le regard gris s'illumine d'une lueur malsaine.

Tu sais, j'ai pas vraiment eu le temp de visiter ses draps... Tu connais ca, le vas et viens... Ca se fait n'importe ou.

Xoramen lui lance un regard noir à lui aussi, mais un regard vaguement amusé.

- Mais Xoramen est à moi, vois-tu. J'ai rien contre le fait que tu en prenne soin quand je suis absent, mais quand je suis là, tu ne poses pas tes sales pattes dessus, c'est compris ?

Inigo dépasse Halewyn en hauteur et en largeur *surtout*. Le regard de primate est fixé dans celui de son rival et il est soudainement moins amical. Xoramen, elle, les bras toujours croisés a détourné la tête et feint les ignorer royalement.

Une chose a comprendre mec. Xoramen est libre, ce n'est certainement pas moi qui va la mettre en cage et je ne laisserai pas personne faire.. Pigé?

Le regard d'Halewyn devient pure malveillance, il n'a toujorus pas bougé, mais a une conscience aigue de son environnement. Dans la roulotte, il fait brusquement plus sombre, comme si les ombres se réunissait autour des deux hommes. L'air du gorille ne laisse présager rien de bon... Pas plus que l'air de l'assassin.

Le coup de poing d'Inigo passe dans le vide, Halewyn l'évite aisément, s'y attendant. Il prend le bol de soupe a moitié mangé de Xoramen et lance le contenu dans le visage de son adversaire.

Furieux, Inigo adopte une stratégie digne d'un bulldozer tandis qu'Halewyn adopte la stratégie de la faiblesse feinte. Il sait qu'il ne l,aurta pas par la force. Avant d'engager le combat, il veut avoir un apercu le plus complet possible de la technique de combat de son rival.

La roulotte est exigue, encombrée... Voulant éviter la boule de cristal de Jali, Halewyn se fait choper par le collet. Les mains de l'assassin enserrent le poignet immense. L'oeil gris affronte l'oeil noir sans ciller. Ce n'est pas le bon moment. Feindre la faiblesse. Il n,a aps assez d'allonge pour le frapper en plein coeur.

De sa main de libre, Inigo assène une retentissante taloche à Halewyn, lui fendant le coin de la lèvre. Le regard gris papillotte tandis que le colosse lui dis.

pas ici, on va démolir la roulotte.

Ouvrant à toute volée la petite porte de Jali, il lance Halewyn dehors, avec toute sa force. L'assassin fait un splendide vol plané. D'un coup de rein, il se réceptionne sur ses mains avant de faire un spectaculaire rétablissement acrobatique. Il glisse sur ses pieds et sa main pendant un bon demi mètre.

Son catogan est défait, ses cheveux noirs aux reflets de flammes dansent autour de son visage. La coulisse de sang sur le bord de sa gueule trouvent leur pendant dans l'éclat sanglant de son regard. Il a le même regard que lorsqu'il afailli tuer Zo. L'appel du sang, le chaos relâché.

Viens danser avec la mort...

Murmure t il, les yeux dans les yeux. Il a complètement oublié Xoramen qui se tient, là, les yeux pétillants, le menton levé et fier, sans aucun sourire. Il ne voit qu'Inigo qui dansera avec lui jusqu'à sa mort.

Les portes des roulottes s'ouvrent les unes après les autres. Hommes, femmes et enfants ouvrent les fenêtres, grimpent sur les toits oou se bousculent pour former un grand cercle dans lequel les deux ennemis pourront évoluer librement.

"Eh bien, ça faisait longtemps qu,on avait pas eu droit à ça."
"Ça me rappelle l'époque de Zoreh"
"ALLEZ NIGO, MORDS-LE !!!"

Inigo s'extirpe de la roulotte. Ils s'échangent un regard, elle détourne la tête et croise les bras. L'expression d'Inigo devient celle d'un fier amant.

C'est comme ça chez les chimériens. Chaque occasion de voir un bon combat est très attendu. Ils apprécient ceux qui donnent le plus d'artifices, ils aiment ce qui les tient longtemps en haleine.

- Allez, Inigo, montre-lui à qui il a affaire !
- Il a pas l'air fort fort le rescapé.
- Inigo va le manger tout cru.
- Rêve pas le rescapé, t'auras jamais le belle !
- Il a dit quoi le rescapé ?
- J'ai pas compris...

Puis quand ça traîne, ils ajoutent leur touche de rivalité.

- Je gage un 20 sur le mastodonte.
- Ah nan, il est plus rapide le rescapé, tu vois ?
- Ça veut rien dire...
- C'est même pas un chimérien, de quel droit il se bat avec l'un des notre ? Je met aussi un 20 !
- Pour avoir la main sur une chimérienne de la trempe des Sorrenze, Inigo peut bien taper sur qui il veut.

Bla bla bla, les médisances vont bon train, chacun y ajoute son commentaire. Le cercle est formé, ils observent les deux duellistes. Inigo se tient avec assurance. Pour lui, c'est une jeu, une partie de plaisir, il va démolir un rival, il adore ça. Rien dans son maintient, ni dans son expression ne laisse deviner un quelconque doute. D'ailleurs, aucune doute n'effleure l'esprit d'Inigo. Celui qui lui fera sa fête n'est pas encore né. Cet Halewyn aura mal à chacune de ses articulations demain. Inigo le jure à l'âme de son père.

D'un pas assuré et sans aucune hésitation, Inigo avance droit sur Halewyn et l'énorme poing du mastodonte fend l'air et fonce droit sur l'évadé.