La roulotte de Xo [endroit mobile et incartable]

Tôt dans la matinée, Xoramen vaque à ses occupations, nerveusement, jetant sans cesse un regard craintif vers la porte close de la chambre d'Halewyn. Hiep aussi semble nerveux, probablement en réaction avec l'état de Xoramen. Jali, elle, est très zen. Jali ne s'inquiète que rarement. En fait, la seule inquiétude de la vieille gitane était sa propre fille. Le reste ne l'inquiétait pas. Tout était planifié depuis des millénaires, c'était dans la logique des choses.

- Le repas est prêt Xoramen.
- J'arrive, fait Xoramen en tirant une carte de plus.

Les cartes ne lui disaient rien... ou peut-être était-ce elle qui n'arrivait pas à les comprendre. C'était agaçant, les cartes étaient criantes de vérité en temps normal et là, elles ne disaient plus rien. Elle devait manquer de concentration...

- Ça va refroidir.
- Je mange toujours froid.
- Toi peut-être.

Xoramen n'eut pas à se prendre la tête pour comprendre la signification de ce commentaire. Elle se lève, dépose ses cartes et va dans la cuisinette.

- Non.
- Bien sûr que si, il doit manger.
- Va lui porter, toi.
- Mon arthrite me fait souffrir.
- Alors qu'il vienne manger à table, moi je m'en vais.
- Il travaille. Si tu t'en vas, tu vas toujours t'en aller et moi j'ai encore besoin de toi ici. Tu sais ce qu'est la Proximité ? Tu as un protégé et étrangement, il est beaucoup plus courageux que toi.
- Ce n'est pas du courage, c'est de l'inconscience, juxtaposé à une malédiction, par ta faute.
- Ouais, il a un sacré culot ce gamin, rigole la vieille. Allez, va lui porter à manger, il va mourir de faim le pauvre, il a à peine manger depuis qu'il est ici. Il est réveillé depuis longtemps et il a de la visite, alors faut nourrir ces pauvres messagers.
- C'est à Zo que tu devrais demander.
- Nan, ils abîmeraient ma porcelaine. Toi, tu es beaucoup plus délicate. Il fait de la délicatesse pour servir le repas. Et puis, tu n'as pas à regarder. Juste t'approcher et servir le repas.
- Humpf...

Xoramen est contrariée, mais elle sait que sa grand-mère a raison. Xoramen a toujours foncé tête baissé lorsque quelque chose lui faisait peur, mais là, elle a l'impression que c'est au-dessus de ses forces. Elle n'en connaît pas la raison, sa mère est bien cinglée et elle a déjà vu un regard dément, mais comme ça... c'est la première fois... une implacable folie malsaine... pas étonnant qu'il soit le premier bras du Monstre... elle avait un rôle à jouer et elle devait s'y plier, tout était déterminé depuis si longtemps. Elle dévisage sa grand-mère quelques secondes, puis soupire. Elle n'a pas le choix, Jali insiste.

- N'oublie pas de sourire.
- Ne m'en demande pas trop...
- Ah... bon, d'accord, va lui porter un plateau, alors.

Xoramen prend le plateau en question. Elle fronce les sourcils. Étrangement, Jali a sorti pour l'occasion sa plus belle porcelaine. Elle ne la sort jamais. Le plateau en main, elle se dirige vers la chambre, laisse le plateau en suspend le temps d'ouvrir la porte, puis entre dans la chambre. Un regard circulaire dans la pièce, et elle en déduit qu'il est réveillé depuis longtemps. Il n'a pas fait beaucoup de bruit. Effectivement, il a de la visite. Quelques hiboux s'entassent sur le rebord de sa fenêtre et des tas de papiers devant lui. Elle cherche un endroit où poser le plateau, évitant soigneusement le regard de l'homme. Elle se compose un masque d'indifférence. Du regard et du petit doigt, elle balaie les papiers sur la table de nuit. Ceux-ci volent, cédant une place pour le plateau. Elle l'y dépose et fait demi-tour, bien décidée à ressortir aussi vite.

Halewyn, toujours plongé dans ses papiers, feint de ne pas remarquer l'entrée de la gitane. C'est assez difficile, son parfum rehaussé par la peur lui fait palpiter les narines. La peur et le sang l'ont toujours excité. Il fait ce qu'il faut pour rester tranquille cependant. Ayant eu son content de sang, c'est plus facile aujourd'hui.

Elle en tremble même, s'il peut juger correctement le faible claquement de la porcelaine. Peut-être infimement, mais il est quand même là. Quand elle balaie les feuillets de la main, il les ratrappe d'un geste sec avant de rabattre un drap sur l'ensemble de ses infos. Moin elle en saura mieux ce sera.

Lorsqu'elle vient pour sortir, une main s'abat sur la porte, la maintient fermée devant elle. Elle peut sentir Halewyn, son odeur musquée, son haleine chaude sentant la canelle lui effleurant l'oreille... Comment une haleine peut elle sentir la canelle ici? Peu importe.

Devant les yeux de la gitane figée, les médaillons se promènent, séparés.

La voix rauque et chaude d'Halewyn souffle à son oreille, pleine d'un sentiment mystérieux.

Vous auriez dû mettre une muselière au lion pendant qu'il en était temp. Les lions ont toujours été paresseux et bon pour faire faire le sale boulot par les autres. Ce lion ci...
Il bouge la main rapidement, faisant apparaitre le médaillon du lion et cachant les deux autres.

Veux buter la chèvre. *il sort le médaillon de la chèvre* Pour ca il a sorti un joli rapace de sa cage, ou il a croupi pendant des années, réduit à L'état de bête sauvage. Il aurait buté la chèvre et se serait encore servi du volatile pour buter le dragon serpent *il cache la chèvre et montre le dernier médaillon* qui aurait été affaibli par la vieillesse et l'émotion. Le lion se fou de la filialité ou de l'honneur, il ne veut que sa propre gloire et le festin qui va avec.

Bref, ya une tête qui veut se débarasser des deux autres pour régner seule sur le corp de la chimère. Pour ca elle a voulu utiliser le chaos qui sommeille en chaque phoenix noir. Ce qu'elle a oubliée, c'est que les oiseaux ne bouffent ni les chèvres ni les dragons, mais crève volontier les yeux du lion arrogant et paresseux qui essaie de jouer au plus malin.

Prends ca comme tu veux, mais ta vieille et toi devriez discuter de ce que je viens de te dire. Rappelle toi, je ne bouffe pas les chèvres. Je suis le dernier rempart entre la lion la chèvre et le dragon... Car j'ai les lions en horreur totale.

La main s'enlève aussi brusquement. Par ses paroles, il laisse entendre qu'il en sait beaucoup plus, que malgré elles elles en ont laissé échappé beaucoup trop devant lui. Ou peut-être simple hasard. Peut-être.

Le médaillon tombe sur le sol aux pieds de Xoramen, avec un papier chiffonné. Se détournant d'elle, voulant échapper à cette peur qui l'enivre, il prend l'assiette de nourriture pour hiboux. Se dirigeant vers la fenêtre, il lui tourne le dos, se découpant à contre-jour, il donne a manger aux bêtes avec délicatesse et patience. Mais l'odeur de la peur, si suave et tentante est persistante dans cette pièce. Il ferme les yeux.

Ya la destination des portoloins a terre. Et tu peux garder le médaillon, il est à la Chimère... Barre toi!

1- Central Park, New york, fontaine du centre

2- Chemin de traverse

3- Ruelle ou quartier mal famé quelconque(sous entendre portoloin de secours)

Luttant avec force contre l'envie de lui balancer un coup et de s'enfuir, elle tente de rester le plus calme possible, même lorsqu,il referme brusquement la porte devant elle. Immobile, elle ne se retourne même pas, gardant les yeux résolument ailleurs que dans le regard d'Halewyn. Comment un homme pouvait-il provoquer des pensées si contradictoires. Une terreur irraisonnée juxtaposée à un attrait malsain. La mâchoire serrée, elle reste stoïque au possible, cherchant où poser son regard. Il lui offre une cible de choix en brandissant devant ses yeux le médaillon de la Chimera. Elle se concentre sur les petites pièces d'étain et sur la voix d'Halewyn.

Est-il en train de dire qu'il veut les protéger, Jali et elle contre Zo ? Il semble bien que ce soit le cas. Mais pourquoi ? L'entente n'était pourtant pas de cet ordre. L'entente n'était que la liberté contre une diversion, rien d'autre. S'il apportait une autre dimension à l'entente tacite, la dimension de la Chimera serait aussi à changer.

L'histoire se termine, il s'éloigne. Il est attentif à ce qui l'entoure, il en a comprit beaucoup. Trop peut-être. Le médaillon tombe sur le sol. Elle le suit des yeux, pour éviter le regard de l'homme. Elle aurait envie de partir et de le laisser se démerder avec Jali mais... elle ne le fera pas. La main sur la poignée, elle ramasse le papier chiffonné, mais ne touche pas au médaillon sur le sol. Un bref regard vers la fenêtre, elle l'examine. Il nourrit les hiboux, prenant tout son temps. Se casser ? Oh oui, elle partira, mais avant...

- Il... elle se tait. Non, le moment est mal choisit. Je connais cette histoire, merci. Mais toi, tu sais que c'est une créature ailée qui, selon le mythe, a tué la première Chimère... celle de Carie, ajout-t-elle d'une voix neutre avant de quitter la pièce.

Plus tard, beaucoup plus tard. Le soirt est tombé, l'heure du souper approche. Halewyn a fini de ranger, il ne reste plus de trace de son passage dans cette chambre. Ses papiers ont été brûlés dans la minuscule cheminée, le lit impeccablement refait.

Devant la porte, le médaillon de la Chimère brille de son éclat sombre. Se penchant, il en eflleure les médaillons du doigt. Rageur, il pose celui-ci sur l'effigie du lion, le pousse comme si par cette simple pression, il pouvait le faire disparaitre. Comme s'il regrettait déjà sa décision, il ramasse prestement le bijou et l'enfouit dans sa poche de pantalon.

Prenant le plateau du diner, il ouvre la porte, et se dirige vers la cuisinette. Le regard sombre, la gueule serrée, il va au lavabo, lave la vaisselle et la range en tâtonnant quelque peu, ne connaissant pas la configuration des lieux.

Toujours aussi silencieux, il se sert un bol de soupe et un morceau de pain. S'asseyant à la table, il mange rapidement, résolument, le regard sombre toujours fixé en lui-même. Il a vaguement conscience du regard scrutateur de la vieille sur lui. Il connait la provenance du regard, ce n'est pas une menace...

Le cliquetis de bijoux lui fait redresser légèrement la tête. Il regarde Xoramen déposer ce qu'il a demandé à côté de lui. Inspirant doucement, il secoue la tête, dépité et retourne à son repas.

Une fois celui-ci terminé et la vaisselle de l'homme rangée, il prend ce qu'il a demandé et va pour sortir dehors.

N'oublie pas le médaillon. Enfin, si tu souhaites revenir un jour.

Il s'arrête sur le pas de la porte de sortie, lui jette un regard indéchiffrable de son regard dur. Il ferme doucement la porte derrière lui. Quelques secondes plus tard, un craquement sonore se fait entendre, il est parti


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10 OCTOBRE

L'aube se lève, froide et piquant comme seule les aubes d'automnes savent être. Le ciel est d'un bleu a couper au couteau, les feuilles ont leur couleurs d'apparats, riches et vibrantes.

Le toc toc toc d'une hache se fait entendre à intervalle régulier. Revenu dans la nuit, Halewyn a attisé les flammes du poêle de la cuisinette et a fait le tour, pour s'assurer que les femmes étaient toujours là, vivantes et en relative sécurité avec Zoheira qui se trimballe. Voyant les réserves de bois au plus bas, Il s'est senti l'âme d'un phoenix protecteur et est sorti les ravitailler, laissant son grand sac de toile noire en plein milieu du salon pour bien avertir de son retour.

Il ne sait pas du tout ce qui l'a poussé à revenir. Il a souvent rôdé autour de la roulotte, vérifiant la sécurité des lieux, veillant sur les deux femmes sans qu'elles ne le sachent. Cette garce de Zo lui a trotté dans la tête. Elle l'a planté là avec une dette. Et un oiseau maléfique n'en reste pas moin un oiseau d'honneur.

"HALE !!! HAAAAAALE, viens bouffer !!!"

Nullement surprit, il ramasse une pleine brassée de bûches, faisant rouler ses muscles. Deux mois a crapahuter ci et là, il a été assez malin pour bien bouffer malgré toute la flicaille qu'il a aux trousses. L'exercice lui a été bénéfique. Il n,a plus rien du jeune homme grassouillet envoyé à Azkaban, il affiche maintenant une silhouette féline, toute en muscle et en nerfs, nerveuse et puissante.

D'un geste du pied, il ouvre la porte et entre doucement, encombré par ses bûches. Silencieux malgré la charge, il se dirige vers la chaudière de la cuinine ou L,attend un fort joli spectacle.

Les dernières semaines ont été pénibles. D'abord le bordel au Ministère, elle a du se dépatouiller pour laisser filtrer de fausses informations, sans que ça paraisse. , Puis l'histoire avec l'infirmier maléfique de Serenity, qui l'inquiète. Matthew n'est pas du genre à paniquer pour rien. C'est étrange cette histoire... au moins, Zo n'est pas réapparu, c'est déjà ça de bien. Aucune nouvelle non plus de l'Oiseau Noir. Non pas que ça l'intéresse, pas-du-tout, mais bon, rien depuis qu,il s'était poussé. C'était probablement mieux ainsi. Il n'avait aucun compte à rendre de toute façon, il avait détourné l'oeil du Ministère pour le rituel, c'était tout ce qui était demandé. Le reste suivrait son cours.

Arrivée la veille, assez tard dans la soirée, elle s'était immédiatement couchée, heureuse de se replonger dans son minuscule lit si réconfortant. Vêtue d'une vieille chemise de lin de son père lors de son passage à la roulotte, avant sa naissance, elle s'endort aussitôt la tête sur l'oreiller. Elle ne dormait bien que dans la roulotte de Jali. Quoiqu'à Poudlard aussi, elle avait bien dormi. Elle savait que Zo ne pourrait pas l'atteindre à Poudlard. C'était comme ça depuis toujours.

Elle a l'impression qu'elle vient de fermer les yeux lorsqu'elle entend Jali parler de bouffer. Déjà le matin ? Elle entrouvre les yeux. Eh ben. Oui, l'aube pointe. Le soleil n'est pas encore sorti et elle a le temps de manger un peu avant d'aller à l'Éveil. Elle sort de sous les couvertures, non snas frissonner. Il faisait si chaud sous ses catalognes. Elle s'étire en sortant de sa chambre et dégage ses fins cheveux noirs derrière ses épaules. Une Xoramen au naturel, sans bijoux, sans maquillage, sans artifices. Une simple chemise de lin délavée et les cheveux noirs, trop noirs. Elle se prépare un bol de céréales et s'assoit à table.

- Ah, tu es venue dormir ici. Bien dormi ?
- Plutôt bien, oui. Je dors beaucoup mieux ici qu'à Londres...
- On dort toujours mieux chez soi, réplique Jali sur un léger ton de reproche.
- Je travaille à Londres, grand-mère...
- Oui, mais tu pourrais venir dormir toute les nuit ici, peu importe où nous sommes.
- Je sais, mais...
- Je sais ce que tu vas dire, et ça, ce n'est pas par le don, c'est par habitude.

Oui, par habitude. C'était la même introduction du matin chaque fois que Xoramen revenait d'un séjour à Londres. Devant sa tasse de thé, Jali entame la vraie discussion.

- Alors, ça se passe comment chez les hauts placés ?
- C'est le bordel, la panique. Oh, ils font leur possible, c'est certain.
- Et monsieur Shaw ?
- Parfait, comme d'habitude. Il fait son possible.
- Il est dangereux, il en sait trop.
- T'en fais pas, Jali, je le tiens. Ce serait pire s'il n'était pas coincé au Ministère. Il a moins de latitudes enfermés entre les murs que laissé libre de se balader. Mais le danger, c'est pas Nigel... c'est Coral... j'arrive pas à le définir... il va, il vient... il est redoutable...
- Faudra mettre quelqu'un sur son cas.
- Pas maintenant. Ça ne presse pas...
- Si tu le dis. C'est toi l'interne.
- J'sais... tout se déroule parfait...
- Ah, te voilà enfin.

Xoramen se retourne brusquement. Elle pâlit légèrement en voyant celui qui se tient dans l'encadrement de la porte. Mais qu'est-ce qu'il fait là ? Il est là depuis combien de temps ? En une fraction de la seconde où elle l'a détaillé de la tête au pieds, elle a noté des tonnes de changements notable. Il était plus imposant, plus massif. Ces deux mois lui avaient été favorable, il avait perdu cette air malade et affaibli. Il n'avait presque plus rien à voir avec lui qui avait séjourné ici quelques temps auparavant. En un éclair leurs regard avait failli se croiser. Elle baisse rapidement les yeux en voyant son sourire. Ses lèvres se pincent et elle ne dit plus un seul mot. Elle sait qu'il l'observe, elle sent son regard sur elle. Pour se donner une contenance, elle pioche dans son bol de céréales, l'appétit nettement coupé. Il fait quelques pas dans la pièce, il se rapproche. Un fracas trop près d'elle la fait sursauter, elle en échappe presque sa cuillère. Ce n'est rien, il a seulement « déposé » les bûches près du poêle...

Elle garde les yeux obstinément baissé sur son bol de céréales. Il fait encore quelques pas, puis la boîte de céréale est vivement soulevé de la table. Elle ne le regarde pas, mais ses gestes sont rageur, elle est persuadé que le sourire de tout à l'heure a disparu.

- Tsk tsk tsk.

Xoramen en connaît la signification, elle jette un bref regard à sa grand-mère qui la fixe d'un oeil sombre. Xoramen baisse rapidement les yeux. Elle sait très bien que Jali n'approuve pas son comportement, mais elle ne peut faire autrement.

- L'heure de l'Éveil approche, lâche la vieille gitane d'une voix neutre.

Xoramen ne se le fait pas dire deux fois. Elle se lève, même si son déjeuner n'est pas terminé et elle envoie la vaisselle valser sur le comptoir. La gitane quitte prestement la pièce pour s'enfermer dans sa chambre. Elle en ressort quelques minutes à peine plus tard, changée. Toujours la jupe rouge aux multiples jupons colorés, mais cette fois une camisole lime sous une chemise blanche vaporeuse, complété par un foulard rouge sur la tête, elle quitte la roulotte.

Jali n'a pas bronché. Elle a les yeux plongés dans sa tasse de thé.

Mmm.. jolie silhouette. Les longues jambes dénudées sous cette chemise. Il apprécie Xoamen sous toute ses formes, et il est content de pouvoir l'avoir vue au moin une fois au naturel. Le sourire appréciateur s'évanouit.

La bonne humeur aussi. La machoire se fait plus carrée, sans cérémonie, il laisse tomber les bûches dans la chaudière avant d'aller se chercher une tasse de café et se verser un bol de céréales.

L'odeur de la peur de Xoramen l'irrite à un tel point que le fond de la boite s'écrase quans il la repose. Il la laisse s'en aller, attendant qu'elle se soit poussé pour discuter avec la vielle. Peut-être sera t elle plus parlable.

Le silence s'étire dans la roulotte, Jali contemple sa tasse de thé. La voix rauque d'Halewyn rompt le silence. Sérieux comme un pape, il dit entre deux bouchées

Je me demande réellement si j'aurais pas mieux été de la ...

Un regard noir de Jitanjali l'interromp dans son incertitude, imperturbable, il continue son déjeuner.

Je l'aurais torturée qu'elle ne se sauverais pas aussi vite

La vieille lui décoche un autre regard noir. Un seul regard peut tuer tu sais?

Il rigole doucement

Je suis déjà mort alors, tu viens de me buter deux fois en trente secondes

Effectivement, lui dit elle en souriant, ce qui plisse son visage. Si j'avais voulu te tuer d'un regard ca serait déjà fait. J'suis une gitane, ne l'oublie pas, le mauvais oeil, ça me connaît

Il tourne le regard vers la porte, songeur.

Mwaip, mais en attendant on dirait que c'est elle qui l'a le mauvais oeil.

La gitane ne lui répond que par un de ses airs mystérieux.

c'est de famille.

Halewyn, agacé: Mais en attendant ca m'avance pas...
je pensais faire un bon coup, mais je suis visiblement de trop

Elle se penche vers lui, intense. Il soutient se regard comme d'habitusde, sans broncher.

"tu es effectivement de trop dans un jeu qui se joue à 3 têtes."

L'assassin continue de manger pendant un moment, puis lance relaxe.

Justement, c'est quoi cette histoire de chimère? Celle ou elle se fait buter par un truc ailé.

Avec toujours cet air énigmatique, la vieille se fait pas prier elle commence a raconter

La Chimère de Carie ? Oh, c'est une vieille légende grecque. Le roi de Carie avait élevé la première Chimère. C'était un fabuleux monstre à trois têtes, cracheur de feu, fille d'Echidna et de Typhon. Le roi de Lycie, ayant peur pour son peuple envoyé un héros local, Bellérophon, éliminer la Chimère de Carie. Mais ne se débarrasse pas de la Chimère qui veut. Pour se faire, il a passé une nuit dans le temple d'Athéna, la grande guerrière. Il rêve et le lendemain, part à la recherche de son rêve. Il le trouve et réussit à lui passer la brider et à le dresser. C'est donc, chevauchant le majestueux Pégase que Béllérophon ira affronter le Chimère. Il y a la version où il a passé des jours à la cribler de flèches et à éviter son jet de flamme. Mais moi je préfère l'autre version où une seule flèche a suffit.

Et l'histoire a une flèche c'est quoi?

Le sourire de la vieille s'élargit. Elle est visiblement ravie

Béllérophon avait enduit la flèche d'une épaisse couche de plomb. Lorsqu'il l'a lancé, la Chimère a craché un jet de flamme qui a fait fondre le plomb. Bien visé, le plomb fondu a étouffé la Chimère. Il ne l'a pas tué, ce fut un accident, un mauvais calcul de la Chimère. Il faut toujours contrôler son feu intérieur.

Il garde le silence, un long moment, le regard d,acier se fait incisif.

Le rapport avec moi?

Jitanjali réfléchit. Puis fait le lien.

Le lion est toujours le plus vif, le plus agressif, le plus menaçant, c'est bien connu. Il est la tête de front chez la Chimère, celle qui crache le feu, la tête visée. Une Chimère ne survit pas à la mort d'une de ses têtes. Et dans la légende de la Chimère de Carie, l'attaque venait d'en haut, d'une créature ailée.

Il ne ricane pas, mais devient encore plus sombre.

En gros tu me dis que si je bute la tête quiv ous menace vous allez crever c'est ca? Tu trouve ca logique?

Quelle logique la tienne ou la notre?

Je parle de la logique du plus fort, t'a une tête qui veut en buter une autre, va falloir choisir. Et vivre avec l'handicap. A moin que tu ne prépare la tête du futur, celle qui va remplacer la manquante.

Elle dévisage Hale et hoche la tête. D'un ton sans réplique.

Bellerophon, à la suite de cet exploit héroïque a voulu profiter de ses ailes pour gravir l'Olympe des dieux. Zeus a envoyer un taon piquer Pégase et Bellérophon s'est écrasé sur le sol.

Halewyn se lève, le regard gris dans les yeux de la vieille.

Peut-être, mais mon soucis primaire pour le moment, ce que mon isntinct me dit, c'est de préserver la chevre au depend du lion. Je suis un oiseau pas un canasson.

Elle lui sourit patiemment, comme un parent devant un enfant rebelle.

Des ailes pour des ailes, c'est pareil

Il lui répond d'un ton aussi sec mais respectueux.

Un bec pour des sabots cest pareil, des flammes pour des plumes cest pareil. Je suis pas gitan, mais jirai pas contre mon instinct
Personne n'a dit le contraire Tu feras ce que tu auras à faire, comme la Chimère le fera
Le tout suit son cours

Il regarde par la fenetre.

En attendant ca me renseigne pas sur quoi faire avec Xoramen.
Xoramen est celle qui voit, il ne faut pas se soustraire à son regard, jamais...
C'est elle qui se soustrait au mien. j'peux rien y faire

La voix de la vieille grince, provocateur. Son regard charbon brille.
Halewyn n'y peut rien ?

Avec son sourire baveux. Il pose un doigt sur un rebord de chapeau imaginaire, puis s'éclipse en silence. Il s'accotte sur le bord de la roullotte et comtemple l'éveil et sa plus charmante participante.

Le rituel de l'Éveil sera parfait pour reprendre contact avec elle-même, se calmer, faire de l'ordre dans ses idées. Elle rejoint donc les autres sur la place centrale de leur petite communauté. Face au soleil, les yeux fermés, les bras légèrement ouvert, paume vers l'avant, les chimériens goûtent aux premiers rayons de l'astre. Ils captent la chaleur, ils captent la lumière, le corps se réchauffe. Lentement, comme lorsque s'amorce une danse, les membres s'étirent, les corps se tendent. Hommes, femmes et enfants exécutent, sous le soleil matinal, un suite de mouvements très lents se succèdent, captant tout les rayons possible, en parfaite synchronisation. La chaleur solaire délie les muscles, réchauffe le sang, gonfle d'énergie chacun des corps. Le tout dure de longues minutes, jusqu'à ce que le soleil soit à moitié sorti de l'horizon.

Le tout se termine, chacun revient à sa position initiale, pour quelques minutes encore, goûtant au soleil. Peu à peu, chacun quitte la place pour vaquer à ses occupations quotidiennes. Quelques uns s'attardent, profitant de la chaleur. Xoramen y est toujours. Immobile, emmagasinant l'énergie toute l'énergie solaire dont elle est capable de se gorger. Londres était si terne, ici, c'était différent. Le soleil tapait fort, la pluie était douce, la brise chaude. Ici, c'était le paradis, le nul part, l'ailleurs.

Elle quitte son état d'Éveil de longues minutes plus tard. Elle commence par baisser les bras lentement le long de son corps pour les laisser pendre mollement. Elle lève la tête vers le soleil pour en capter chacun des rayons, puis encore quelques minutes plus tard, baisse le menton. Une grande inspiration plus tard, elle ouvre les yeux.

Elle ne s'est pas sentie aussi sereine depuis des jours. Le stress des derniers jours, le qui-vive, l'inquiétude, tout ça la minait. L'Éveil éveillait tout, il reposait, il faisait le plein d'énergie positive. C'était magique. Elle avait tant besoin de magie ces derniers temps. Elle était épuisée et à Londres, elle dormait à peine. C'était trop bruyant, trop lumineux.

Bon, elle s'était permise deux jours de congé, alors elle allait en profiter avec un délice certain. Pas question que rien ne vienne ternir son plaisir, sa joie, son bonheur, son... oh non, elle l'avait presque oublié, lui. Elle se fige en voyant Halewyn appuyé contre le roulotte. Une brève hésitation, à peine le temps que sa jupe viennent s'enrouler autour de ses chevilles, et elle fait brusquement demi-tour et file droit vers la forêt. Elle ne sait même pas pourquoi d'ailleurs, c'est stupide de s'enfuir comme ça puisque ce n'est que retarder l'échéance, rien de plus. Mais quelque chose en elle, une peur, une menace, la contraint à s'éloigner. Mais s'éloigner ne fait qu'éloigner le problème, ça ne le règle pas.

Elle accélère le pas en longeant la lisière de la forêt. Elle doit prendre une certaine avance, elle sait que Hale la suit. Elle connaît ce coin de forêt par coeur. Un regard derrière elle et elle constate qu'elle a prit une avance parfaite.

La forêt devient plus dense, les arbres plus clairsemés, les arbustes plus fournis, haut de 4 à 5 mètres. Une clairière dirait-on mais très dense d'arbustes. En traversant le rideau de feuilles, elle se sait presque invisible, jusqu'à ce que Hale l'atteigne aussi. Elle bifurque et grimpe sur une plate forme, construite par les jeunes chimériens qui, à cette heure, est déserte et parfaitement invisible dans la verdure. Elle se déplace en silence, rebroussant son chemins, mais quelques mètres plus haut.

Elle attend, en silence, qu'il passe près d'elle. Ce qu'il ne tarde pas à faire, sans trop de difficulté, il n'a eu qu'à suivre les traces qu'elle laissé dans l'herbe. Il passe presque sous elle, aux aguets. Elle le sait à son maintient.

Elle attend qu'il lève la tête pour chercher plus haut, puisque les traces s'arrêtent là. À ce moment là, elle descend de la plate forme, faisant à peine bruisser les feuilles. Baguette à la main, elle la pointe sur lui.

- Pourquoi tu ne me suis ? Qu'est-ce que tu me veux ?

Elle le regarde, mais en évitant soigneusement son regard. Elle s'assure plutôt d'avoir une vue d'ensemble sur lui, question de pouvoir apercevoir le moindre de ses mouvements.

- Pourquoi tu ne me suis ? Qu'est-ce que tu me veux ?

Son sourire fendant aux lèvres, Halewyn garde un air décontracté. La fuite de Xoramen et l'odeur de la peur qu'elle laisse dans son sillage a attisé son instinct de prédateur. Et elle a laissé des traces repérables par un nain de jardin.

Un clignement de cil, et il n'est plus là. Invisible, il sort sa baguette et avec un sort informulé, écarte les feuilles vers d'ou il est venu. Doucement, précautionneusement et silencieusement, il fait alors un détour, laissant Xoramen haletante d'abord, puis la laisse venir à lui pendant qu'elle le cherche.

Elle lui tourne rapidement le dos. Soudainement, Xoramen peut sentir une douce étreinte pendant que sa baguette lui est arrachée avec force des mains. Un clignotement, et la main d'Halewyn apparait. Délicatement, presque tendrement, il la tient près de lui. Elle peut sentir son souffle sur son cou.

Xoramen... Princesse... n'ai pas peur de moi, laisse moi être ton bras vengeur, ton aile protectrice... Je ne t'étoufferai pas, mais te couvrirai du voile délicat de ma plume.

Un coup de tête en plein sur l'os de la joue, suivi d'un coup de coude dans l'estomac l'oblige a revoir sa position. Autant par obligation que par jeu, il la laisse aller. La baguette de la sorcière se retrouve loin, dans les feuilles.
C'est un véritable petit chat sauvage qui lui tombe dessus, toute griffes dehors. Déjà formé aux combats de rues, il se contente de bloquer les coups, profitant de son allonge plus grande. Il la laisse s'épuiser, attendant soit qu'elle tombe par terre ou soit qu'elle reprenne la suite.
Bientôt, c'est un râle qui passe par les lèvres pleines. Il évite son regard, attendant le bon moment, mais focalise sur ses mouvements à elles.

Malgré lui, il s'amuse, charmé par cette furie. Il laisse ses pensées vagabonder un brin de trop. La camisole lime, la chemise et le tournoiement de la jupe. Habituellement les femmes le fuient, ne le combattent pas.

Donc il ne s'est jamais battu contre une femme et ne connait pas les ruses féminines du combat

Il la cherchait, mais elle n'était pas là où il la cherchait. Enfin, c'est ce qu'elle croyait, car soudainement, il n'est plus là. Elle retient un flopée de jurons qui lui monte aux lèvres et tente de voir où il est. Un bruissement sec du feuillage la fait pivoter sur elle même, d'un geste gracieusement vif. Sa jupe et ses cheveux suivent le mouvement avec un rien de retard. Elle écoute, observe, mais elle n'a sans doute pas été assez attentive, car soudainement, il est là, juste derrière elle. Elle perd rapidement sa baguette et ait parfaitement qu'il est inutile qu'elle tente de la reprendre. Il est trop tard pour la baguette. Elle sent la chaleur de son corps contre le sien et son souffle dans son cou. Elle se fige, suite à un bref, mais vif frisson. Ce qu'il lui glisse à l'oreille aurait presque réussit à la faire fondre si elle avait été de celles qui aiment être captives. Mais ce n'était pas le cas de Xoramen. Sa seule chaîne était la Chimera, rien d'autre... plus rien d'autre. S'il croyait qu'elle avait besoin de protection, il se trompait. Oh, oui, il se trompait. Elle n'avait besoin de personne pour se protéger, surtout pas d'un tel regard posé sur elle, ça, NON ! Elle devait se dégager.

Un brusque coup de tête et un coup de coude la libèrent en un rien de temps. Pour la suite, elle ne sait pas trop ce qui lui prend. Peut-être était-ce les tensions accumulées, mises en veilleuse par le stress qui remontent à la surface, accentué par l'énergie donnée par L'Éveil. Toujours est-il qu'elle se retrouve soudainement en proie à un excès d'agressivité. Les tensions doivent s'échapper, elle doit évacuer. Une cible se trouve devant elle, potentiellement dangereuse, elle en a peur, elle se sent menacée, la cible parfaite.

Elle se rue sur lui et le roue de coups, plus ou moins bien placés. Elle sait qu'elle s'énerve sans raison, elle s'essouffle inutilement, mais elle a besoin de frapper, ou de danser. La danse, le combat, c'est presque pareil. Bientôt, la poitrine lui brûle, comme si des milliers d'aiguilles s'enfonçaient sous ses côtes. Elle ne le regarde pas, elle ne regarde rien d'autre que les mouvements.

Elle s'épuise, elle ne tiendra pas encore longtemps. Elle doit partir, elle doit s'enfuir, mais il ne doit pas pouvoir la poursuivre. Toute femme qui sait le moindrement se défendre connaît l'unique point faible réellement efficace chez l'homme. C'est totalement ignoble comme moyen de défense, surtout lorsque la vie n'est pas nécessairement menacée, mais Xoramen n'avait pour l'instant aucun scrupules. En fait, elle y réfléchit à peine, le geste est primaire, instinctif. D'un mouvement vif et brusque, elle lui remonte un genoux entre les jambes et se dégage aussitôt qu'elle entend le grognement de douleur surprise.

Elle fait quelques pas rapide, qui se veulent un élan pour courir, mais une respiration de trop semble lui déchirer la poitrine. Un ou deux pas de plus et, peut-être est-ce la douleur, un brin de lucidité froide lui revient. Elle sera incapable de courir. Il ne tardera pas à se relever et s'il la poursuit, il la rattrapera en un rien de temps. Elle doit se calmer, elle doit retrouver son souffle.

Elle s'arrête et hésite. Elle se retourne, sans vraiment le regarder, mais sans le perdre de vue. Elle cherche sa baguette. Elle veut reprendre son souffle.

La douleur... Halewyn tombe à genoux, en la position typique des mâles frappés dans leur virilité. Immobile, il ne bouge pas, laissant la douleur refluer d'elle même.

Il écoute attentivement malgré tout les pas de Xoramen dans les feuilles mortes. Trois pas de fuites, un pas d'hésitation, puis d'autres pendant qu,elle cherhce sa baguette. Il a conscience du regard de biche effrayée qu'elle pose sur lui, un regard méfiant.

Une brise porte l'odeur de Xoramen à ses narines. Il y sent une subtile différence. L'oeil gris pétille, le sourire fendant apaprait une brève seconde.

Puis, il bascule sur le côté, les mains protégeant toujours ses bijoux de familles. Manifestement, il a tourné de l'oeil. La gitane a frappé drôlement fort semble t il.

En cherchant sa baguette, elle le voit s'effondrer sur le sol. Elle lui jette un bref regard méfiant. Il est fragile, pense-t-elle. Elle a déjà frappé plus fort et la victime s'était relevée plus rapidement. La respiration sifflante, elle cherche toujours sa baguette, les mouvements craintifs. D'un autre côté, si elle a frappé assez fort pour le sonner, tant pis pour lui, fallait pas insister. Et puis, il l'avait bien cherché. Oui, bon, elle s'était emporté, les flammes dans sa poitrine le prouvaient bien. D'un autre côté, il ne pouvait pas avoir causé tout ça sans rien recevoir en retour. Tous ces morts, tous ces blessés, tous ces écorchés vif, s'il croyait s'en sortir sans douleur, il se trompait. Toutes les douleurs infligés aux autres revenaient. La loi du triple retour, c'était dans l'ordre des choses. Elle était bien placée pour le savoir.

Elle croit bien avoir trouver sa baguette, mais c'était qu'une simple branche. La douleur se fait moins intense dans sa poitrine. Elle reprend son calme lentement. Mais sa respiration demeure sifflante. Halewyn, n'a toujours pas bougé. A-t-elle frappé si fort ? Étrangement, elle ne ressent un pointe de remord. Elle s'était énervée pour rien, elle aurait du sa pousser la première fois plutôt que de s'acharner sur lui. Méritait-il ces coups ? Non... si ? Comment savoir...

Pourquoi devait-elle absolument s'approcher ? C'était toujours comme ça. Elle fait un pas vers Halewyn, puis un autre. Elle devait « voir » d'elle même. Elle devait avancer, toujours avancer. Jamais un pas de recul, jamais reculer. Elle devait foncer, fuir ou foncer... vérifier l'état d'Halewyn, c'était foncer ou fuir ?

Sa respiration se rétablie, tranquillement.

Il la laisse s'approcher, feignant l'inconscience. Il n'ouvre qu'un oeil a demi, regardant sous ses cils noirs ou en sont rendus les pieds de Xoramen.

Un crissement de feuille, puis un autre. Une ombre au dessus de lui.

Tel un diable sortant de sa boite, il étend le bras et la prend par la cheville avant de la faire basculer sur l'épais tapis feuillu de la forêt. Tranquillement, il la maitrise, bloquant obligeamment les genoux avec sa jambe.

Un furieux combat cependant, elle ne se laissera pas faire. Il lui dit d'un ton neutre.

Vas tu enfin arrêter d'avoir peur de moi princesse? Je ne te lâcherai que quand j'en serai sûr.

Je n'ai pas peur, lâche-moi!... lui dit elle en se débattant comme une diablesse.

Il immobilise une main de la jeune femme entre elle et lui, tout contre son coeur. De sa main maintenant libre, il l'oblige alors doucement mais fermement à détourner la tête. Puis enfouis son visage dans le cou de la gitane, inspire profondément en effleurant avec vénération la jugulaire.

Menteuse... Tu es morte de trouille. Xoramen...

Lui murmure t il doucement. Ramenant le visage doux de la gitane vers lui, Il pose sa main de libre sur les yeux de la jeune femme, ne voulant pas croiser son regard sans qu'elle le lui demande. Il sait qu'elle ne veut pas le regarder dans les yeux. Il tient a respecter son souhait.

Il l'embrasse avec la légèreté et la délicatesse qu'il n'a jamais eu la première fois. Il savoure ces lèvres au goût de miel d'une facon tout a fait chaste.

Cependant, pour Xoramen, il y a un signe qui ne trompe pas malgré leur proximité, mais Halewyn se comporte en parfait gentlement et non comme le cinglé de leur rencontre. Il se contrôle parfaitement.

Elle le déteste, elle le déteste vraiment ! Elle, morte de trouille ? Pfffff ! Ok, elle devait avouer qu'elle avait peur, mais elle n'était pas morte, ça c'était inadmissible et elle allait le lui prouver. Elle lui aurait offert une verte réplique, mais il la devance en scellant ses paroles d'un baiser. Les yeux fermés, recouvert par la main d'Halewyn, elle ne voit rien, évidemment. Elle doit donc user de son autre sens de prédilection, le toucher, si important pour manipuler cartes, dés et tous ses artifices.

Elle prend d'abord conscience de la pression du corps d'Halewyn sur le sien, puis de la chaleur. Vient ensuite leurs battements de coeurs qu'elle peut sentir, légèrement décalés l'un de l'autre sur chaque côté de sa main. Deux délicates pressions, légèrement déphasées l'une de l'autre. Deux vies, légèrement déphasées l'une de l'autre. Puis ensuite, elle s'attarde sur le baiser. Rien à voir avec l'avidité d'il y a quelques mois. L'empressement n'est plus, l'urgence semble moindre.

Oh, elle touche, elle le sent contre elle. Elle sent son coeur battre contre sa main, elle sens ses lèvres sur les siennes, sa chaleur sur sa peau, son assurance contre sa peur. Oui, elle a peur, mais elle n'est pas morte et il n'est pas question qu'elle meurt en ayant peur. Elle ne sait pas encore quelle sera sa mort, mais elle y fera face en la regardant droit dans les yeux. ET si Halewyn était sa mort ? Il n'était pas question qu'il puisse le moindrement penser qu'elle ne sache pas faire face et qu'elle n'ait pas le courage de l'affronter. Jamais Xoramen ne serait docile et soumise envers un Homme, jamais !

Elle qui s'était calmée depuis quelques secondes soumet encore une fois Halewyn à une résistance accrue. Elle tente encore une fois de le repousser, mais cette fois, elle a une prise de plus. Elle le mord brusquement, sans prévenir. Une morsure franche, imprévue, surprenante. Un faible goût sanguin glisse sur sa langue. Elle a peut-être exagérer. Et alors ?

Elle goûte son sang. Elle l'a mordu et maintenant, elle a son essence même dans sa bouche.

Halewyn n'a pas de recul, au contraire. Qu'elle le goûte ainsi a une signification particulière pour lui. Eh bien si on lui avait dit qu'un jour il pousserait une femme dans son monde, pousserait une femme a goûter ce sang qu'il chérit tant.

Il ne lui demande pas d'apprécier, il ne lui demande rien du tout que d'arrêter d'avoir peur de lui. L'homme ferme les yeux. une première en son histoire. Même avec feu son épouse il voulait garder les yeux ouvert, garder le contrôle des sensations éprouvées.

Un feu naît en son fort intérieur. Halewyn mord, délicatement cependant, la gitane. Le sang se mêle. Rien a voir avec sa conasse de mère, Sang pour sang, essence pour essence, les deux fluides se mêlent pendant ce baiser.

La main d'Halewyn glisse de sur le visage, lui soutient déélicatement la tête. Le coeur d'Halewyn bat soudain plus vite. Il l'embrasse comme si c'était la première fois qu'il embrassait quelqu'un. Une émotion intense lui arrachant un vif frisson de plaisir lui fait terminer le baiser et enfouir sa tête dans la chevelure d'ébène.

Il veut la posséder, mais pas comme ca. Il sait que sur le coup elle voudrait, mais après, elle n'aurait plus que mépris pour lui. Il ne peut cependant oublier qu'elle a goûté son essence.

L'âge? Azkaban? Comment expliquer cette situation, il ne le saurait lui même. Le chaos est capable du meilleur comme du pire. Et ce chaos est enfermé dans le corp d'un être humain.

Silencieux, il attend, ne libérant pas la gitane. Il attend le verdict, caressant doucement sa joue du pouce. Les yeux toujours fermés, le visage enfouit dans cette soie noire. Il se lèche la lèvre teintée de leur sang a tout deux.

Un nouveau frisson s'empare de l'assassin. Il comprend alors que peu importe ce qui se passe, elle doit être enfin une lumière dans les ténèbres rougeoyantes de sa rage et de sa violence.

Il enfouit alors encore plus profondément son visage contre le cou de Xoramen. Cette idée l'effraie plsu que les détraqueurs. Sera t il capable de ne jamais la blesser?

Immobile, Halewyn ne bouge plus d'un cil.

Sitôt qu'elle mord, elle sent un changement s'opérer dans le comportement de Halewyn. Elle sent les frissons le parcourir, elle sent son coeur s'accélérer contre sa main. Il l'embrasse d'une toute nouvelle façon venant de lui, mais si explicite. Elle connaît ce baiser, elle l'a provoquer nombre de fois, mais dans toutes autres situations. C'est la première fois... non, le seconde fois qu'elle ne l'obtient pas à force de manipulations et d'artifices. C'est la seconde fois aussi que ça se produit sans qu'elle le veuille vraiment.

Cependant, même si la peur est encore présente, elle n'a maintenant plus la même portée. Elle est différente, puisque Xoramen a maintenant un avantage... Elle pourra en jouer ou non, si ça lui chante, en cas de besoin... mais elle ne pourra pas si elle fuit.

- Halewyn, lâche-moi...

Ça n'a rien d'une supplication. Ce n'est ni rageur, ni semblable à un ordre. Le ton est ferme et calme. Un peu trop calme peut-être. Elle jette sur la situation une sensation de froid. Elle doit absolument pousser les limites, tester les réactions. Elle a toujours peur, mais c'est différent maintenant.

Halewyn, lâche-moi...

Dans les profondeur des soies noires des cheveux de Xoramen, Halewyn ouvre subitement les yeux. Inspirant par petit coups, il analyse l'odeur de Xoramen.

Changement, la peur est là, mais elle est moin présente. Il a deux choix, la maintenir encore au sol ou laisser ce mince avantage fleurir de lui même. Cependant, il n'aime pas l'ordre contenu dans ce ton froid, si froid, qui contraste trop avec la nature chaude de la jeune femme.

Sans rien dire, brusquement, un peu trop peut-être, il se relève, la libère. Soudain, la fraîcheur de cette journée d'automne rattrappe Xoramen tandis qu'un rai de soleil la percute en pleins yeux.

Halewyn sort sa nouvelle baguette, une merveille en ébène.

Accio baguette.

Il attrappe la baguette de Xoramenpuis la lui lance aux pieds. Puis, sans un mot, taciturne et rageur, il lui tourne le dos, attendant qu'elle ait fini de mettre de l'ordre dans ses vêtements et ses idées.

Il lui a donné une prise sur lui et il s'en veut à mort. comment un seul baiser peut il avoir tant de pouvoir. Il lève la tête, ses cheveux noirs luisant de leur reflets de flammes chaudes. La seule chose qu'il espère c'est qu'elle n'aura pas la mauvaise idée d'essayer de le commander.

Avec un grognement de bête courroucée, il esquisse un mouvement pour retourner à la roulotte.

Il obéit, non sans avoir prit quelques secondes pour y réfléchir. Il se relève, confrontant Xoramen à un froid contact avec l'air ambiant et un éclat de soleil dans les yeux. Elle tourne la tête et ferme les yeux avant de se relever. Elle prend le temps s'époussetter soigneusement et reçoit bientôt sa propre baguette à ses pieds. Affichant l'air de celle qui en sait beaucoup plus que ce qu'elle veut en dévoiler, elle reprend possession de sa baguette et la glisse dans les replis de sa jupe. Est-ce vrai, est-ce faux, peu importe, l'important, c'est ce qu'elle veut bien laisser croire. Halewayn esquisse un pas pour s'éloigner, elle le retient par quelques mots.

- Tu n'aurais pas dû insister, Halewyn.

La voix de Xoramen est soudainement plus aérienne, plus distante, peut-être. Ce n'est pas une menace, le ton est plutôt celui d'une constatation, d'une affirmation.

- Tu vois ce que ça implique ?

Xoramen, à distance respectable, le contourne et se place devant lui, toujours sans le regarder. Un sourire, à peine esquissé.

- Je peux te tuer maintenant. Tu as déjà vu ta mort ?

En parlant, elle glisse son index sur sa lèvre. Une légère trace de sang, le sien probablement, laisse une traînée rouge sur son doigt.

- Toi qui l'a provoqué si souvent, veux-tu regarder ta mort dans les yeux ?

Elle ne le regarde toujours pas, elle contemple plutôt le vermeil de son sang, comme si la réponse n'avait pas de réel intérêt pour elle.

Tu n'aurais pas dû insister, Halewyn.

Il s'arrête, tel une bête aux abois. Dos a la jeune femme, elle ne peut pas voir l'éclair de victoire dans le regard gris. Elle le retient... Il a gagné.

Il sent cependant que ce n'est pas par pur altruisme, elle veut lui donner une lecon. Se retenant de tout language corporel explicite, immobile comme une statue, il attend.

- Tu vois ce que ça implique ?

Elle se plante devant lui. Il fixe le visage de la jeune femme, voit la fascination que son sang exerce sur elle. Il ne sourit pas, fixant avec intensité les prunelles charbons. Il en a marre de jouer.

- Je peux te tuer maintenant. Tu as déjà vu ta mort ?

Elle passe un index sur sa lèvre a lui tout en parlant, le tachant de son doigt. Elle a le ton et le regard rêveur. D'un geste brusque, il lui prend cette main tentatrice.

- Toi qui l'a provoqué si souvent, veux-tu regarder ta mort dans les yeux ?

Elle contemple, semble hypnotisée par le vermeil du sang d'Halewyn, il en a conscience. Elle a goûté a son sang. A til une garantie que tel un vampire elle ne lui en demande sans cesse plus?

De sa main libre, il lui prend fermement mais doucement le menton, soulève la figure de la gitane pour qu'elle le regarde dans ses yeux a lui.

Xoramen peut n'y lirae aucune peur, aucune crainte de la mort. Mais le voile de la rage obscurcissant le regard d'Halewyn s'est temporairement levé, révélant des prunelles d'un azur aussi riche que le ciel. Le sérieux s'y lit. Aucun jeu, aucune faiblesse ni ironie.

Il prend l'index de la gitane, puis le porte à ses lèvres, y effacant toute trace de sang.

La mort et le phoenix noir sont les deux seuls compagnons que je n'ai jamais appelé en cas de besoin. Ils sont en moi et avec moi, rien n'y changera ca.

Je danse avec La Mort depuis que je suis môme, c'est une vieille amie et la seule cavalière digne que j'ai connu. Le jour ou elle m'emportera, j'en serai heureux...

Il semble tendu, se retenir d'aller vers elle, comme se retenir de s'en aller. Il veut lui dire tant, qu'il se coupera la gorge avant de lui faire le moindre mal, qu'il n'aspire qu'a deux choses, tuer les autres et la protéger elle. Ironique n'est ce pas? un assassin qui protège. Le ministère en ferait des gorges chaudes.

Mais ici, dans ce décor de glace et de feu, rien ne semble déplacé.

Cependant, il ne trouve pas les mots pour exprimer le maelstrom d'émotions qui le submerge. Emotions ou pour une fois, la haine et la rage n'ont aucune place.

Il reste ainsi, la laisse plonger son regard de ténèbres dans ses prunelles pâles, l'emmenant et la laissant explorer les méandrees de son esprit pervers tordu et entièrement fou. Violence rage et perversité pure palpitent dans tout les recoins teintant cet esprit de rouge sang.

Cependant, la forteresse mise a mal par les détraqueurs semble en pleine reconstruction, luisant de l'éclat ténébreux des yeux de Xoramen. Si elle s'y introduit, elle y trouvera dignitié, résignation et détermination, ainsi qu'inquiétude et un sentiment profond et protecteur, qui refuse d'être nommé, à son égard.

La forteresse, peut elle comprendre, peut être nommée par son nom. Bien bâtie et solide, elle est en même temp extrêmement fragile, comme un dernier bastion d'humanité et de stabilité en le prédateur du phoenix noir. Et ca ne semble pas faire l'affaire de l'oiseau qui symbolise le chaos en Halewyn. Sa part qu'il assume et accepte depuis toujours n'apprécie pas du tout d'avoir un rival en cette âme qui lui appartient, estime la bête.

Justement, l'oiseau vole dans la tempête de l'âme d'Halewyn criant son dépit et sa rage d'être interdit d'entrée désormais dans la forteresse stable du centre de l'âme de l'assassin. Lorsqu'il prend conscience de la présence de la gitane en ces lieux, il a la réaction inverse que lorsque Zo s'est introduite dans la masure délabrée d'alors en Halewyn.

Criant sa rage et sa violence, il se précipite sur elle, rompant le contact mental ou divinatoire.. qui sait si c'est réel ou pas?

Halewyn cligne des yeux, secoue la tête comme pour chasser quelque chose de déplaisant, mais son regard reste obstinément fixé sur le bleu. Il lui dit d'une voix pas tout a fait la sienne.

Je Le commande, tu n'a rien a craindre de moi. Cependant, tu n'aurais pas dû insister, ni me gouter... Il est désormais en toi aussi, attendant son heure... je regrette.

Un regard bleu si pur, prisonnier d'un mal si noir. Un minuscule éclat de saphir dans la cendre. Y'avait-il d'autres trésors si bien caché dans l'âme d'Halewyn ? Ce saphir était annonciateur de beaucoup plus. Ou alors ce ne serait qu'un faux espoir. Peu importe. Comme un pirate, elle suivrait le chemin indiqué sur la carte qu'elle traçait elle même dans sa tête et elle finirait par trouver l'emplacement du X. Xoramen avait déjà de nombreux trésors, des tas de pierreries colorés qui laissaient paraître un regard si noir. Un éclat de graphite noir plonge dans la cendre tandis qu'un éclat de saphir se laisse subjuguer par les couleurs cristallines.

Elle ne savait plus trop à quelle idée se faire. Était-il ami, ou ennemi ? C'était une bonne question, mais elle savait déjà que peu importe la réponse, aucun des deux ne s'en sortirait indemne. C'était aussi évident pour elle que le goût du sang d'Halewyn sur ses lèvres. Il était trop tard maintenant. Elle ne baisserait plus les yeux. S'ils étaient pour s'écorcher tous les deux, et bien ce serait en se regardant face à face, égal à égal.

Un échange se produit soudain. Un partage bien involontaire qui n'a jamais été souhaité, mais qu'elle ne refuse pas. Halewyn rompt le contact visuel en secouant la tête, comme pour chasser des images. Xoramen, elle, ne chasse rien, au contraire, des tas d'images défilent devant ses yeux à une vitesse hallucinante, le temps d'une profonde inspiration.

Les images disparaissent lorsque la voix d'Halewyn se fait entendre, l'assurant qu'elle n'a rien à craindre de lui, lui certifiant que ce qu'il appelle Phoenix Noir est désormais en elle. Elle le sait, elle le sent. D'ailleurs, il ne peut croire le contraire. Elle laisse le Phoenix Noir s'infiltrer en elle, sans tenter le moindrement de le combattre. Le Phoenix Noir s'immisce dans le refuge coloré, jusqu'au domaine de la chèvre. Un échange. Suivant la piste sombre laissé par le Phoenix Noir, la chèvre trouve le chemin de la forteresse d'Halewyn. Un partage.

- Il ne faut pas regretter. C'était prévu... je l'ai vu. C'est que Hiep voulait dire lorsqu'il a dit que bientôt, tu n'aurais plus le contrôle sur rien. Il ne faut pas regretter. Il faut refuser pou accepter. La prophétie se concrétise. Regarde-moi, Halewyn. Réponds-moi ! Tu acceptes ou tu refuses ? Le temps est compté. Allez, décide-toi, Halewyn !

Elle crie presque, comme si soudainement, elle était furieuse. Mais il n'en est rien. C'est plutôt une urgence soudaine de savoir quelle attitude elle doit adopter dès maintenant envers lui. .

Un regard si noir, éclat divin d'une âme si colorée. Halewyn ne comprend pas comment un tel joyau peut exister.

Le noir, enveloppant, caressant, aussi doux que le velours, aussi intangible que les ombres, mais aussi dur et impotoyable que le Mal.

Il réalise, qu'ils sont aussi semblables et différents que les deux faces d'une même pièce. Il se renfrogne, devient songeur.

Il ne faut pas regretter. C'était prévu... je l'ai vu. C'est que Hiep voulait dire lorsqu'il a dit que bientôt, tu n'aurais plus le contrôle sur rien. Il ne faut pas regretter. Il faut refuser pour accepter. La prophétie se concrétise. Regarde-moi, Halewyn. Réponds-moi ! Tu acceptes ou tu refuses ? Le temps est compté. Allez, décide-toi, Halewyn !

Le regard se repose sur Xoramen plein d'incompréhension.
Il écarte une mèche de cheveux du visage sombre et désespéré de la jeune femme.

Princesse, je comprends pas la moitié de ce que tu me dis.

Il hausse les épaules avec sa désinvolture naturelle. Essuie les vestiges de son sang sur les lèvres pleines de la jeune femme, le regard laissant transparaitre une certaine adoration.

J'ai pas a me poser de questions hein? Tu vois et moi j'agis? C'est ca que je dois comprendre?

Il la prend par les épaules. Se penche vers elle. De sa taille a lui, il a l'air d'un faucon se laissant tomber sur sa proie. Mais plutôt, il dépose un simple baisersue le front de la gitane.

Si ca peut te faire plaisir, j'accepte. Mais ne me repousse plus jamais Princesse...

Tranquillement, au côté de la gitane, asombrissant de sa noire prestance les couleurs de celle-ci, ils retournent à la roulotte.

25 Novembre

La neige tombe doucement sur le campement des gitans. Sur les roulottes, elle s'amasse en un doux duvet rapidement balayé par les vents. Les branches chargées de neiges craquent sous le poid de cette première grosse neige.

Temporairement cantonné dans la roulotte de Jitanjali, Halewyn se fait discrétion même. Invisible pour les clients, vision rare pour els gitans. Il alimente les rumeurs par ses présences sporadiques dans la roulotte de Jali, présences coincidant souvent avec les visites de Xoramen. Les mauvaises langues se délient, les passions s'échauffent. Sauvage et taciturne, Halewyn n'en a pas consicience... ou plutôt a conscience des regards sombres a son endroit, mais il s'en fout royalement.

Justement, le voilà, évaché sur le canapé, les jambes en l'air et la tête en bas, ses cheveux noirs épars sur le plancher, en train de fixer d'un air ténébreux et songeur le feu de ses yeux gris. Depuis deux semaines, il n'a pas dit un mot, se contentant de jouer avec une pierre plate ou d'aller pendant de longs moments dans les bois présume t on. Personne n'a jamais réussi à le suivre pendant ses escapades.

La pierre passe et repasse entre ses doigts agiles pendant qu'hypnotisé il contemple les flammes dansantes et chaudes.

« S’lut, mère-grand…» fit une voix, son intonation tranchant dans l’atmosphère feutrée de la pièce… « À traîner comme ça près de l’âtre, c’est pas étonnant que tu empestes la cendre à ce point… » poursuivit-elle avec un reniflement.

Lorsque le criminel tourne la tête, son regard tombe sur deux lapins rose et pelucheux aux oreilles de travers. Des chevilles fines, un pyjama à l’imprimé ahurissant galbant des jambes étonnamment musclées et athlétiques. Un fantôme à l’aura doré se tient penché au-dessus de lui. Les yeux d’or de Samuelle brille comme du métal en fusion dans la pénombre du salon.

« Ce serait gentil d’arrêter de secouer ce caillou, tu me files la migraine… » expliqua-t-elle, exposant enfin les raisons de son humeur massacrante…

« S’lut, mère-grand… « À traîner comme ça près de l’âtre, c’est pas étonnant que tu empestes la cendre à ce point… »

Il tourne la tête par pur principe, ayant ressenti le froid et reconnu la voix caractéristique de Samuelle Daae. La tête toujours à l'envers, il voit d'abords le bas de pantoufles miteuses... Le pijamas horrible. Puis le regard d'acier rencontre le regard d'or avec un cliquetis semblable a deux épée.

Les flammes éclairent les deux paires d'yeux d'un éclat fort différent. Dans els yeux d'Hale, la folie danse joyeusement.

« Ce serait gentil d’arrêter de secouer ce caillou, tu me files la migraine… » expliqua-t-elle, exposant enfin les raisons de son humeur

Ohh.. comme ca?

Demande innocemment l'homme tout en accélérant le passage de la pierre entre ses doigts.

Alors que viens tu faire ici, dans la gueule du loup. ca m'étonnerais que tu vienne me faire une eptite visite de courtoisie... Tu ferais mieux de te dépêcher avant qu'une des trois tête de la bête endormie rapplique.

Samuelle ne se renfrogna pas, au contraire, elle lui sourit… La fantôme c’était faite avoir une fois, par inadvertance… Elle n’allait certainement pas lui donner prise sur elle. « Continue comme ça et tu vas pouvoir la mettre en orbite… » fit-elle d’un ton négligeant. « Ce serait dommage de la perdre, non? Pas de pierre, pas de faveur… »

Une bête à trois têtes… Ça lui disais furieusement quelque chose… Peut-être un vieux souvenir, mais un souvenir qui ne faisait pas partie de sa propre collection… En fait, ce salon, elle le connaissait sans le reconnaître… Elle n’y était jamais venue… C’était un souvenir de famille, une pierre blanche, un éclat de quartz aux arrêtes tranchantes dans les champs de pierre… La curiosité de la fantôme était piquée… Une visite de courtoisie? Pourquoi pas… Elle joua le jeu

La fantôme prit place sur le divan, s’avachissant en travers du criminel à dessein, scrutant sa poitrine. Manifestement, elle avait l'intention de s'incruster... « Ooooh et bien celle-là, elle a dû faire mal!! » fit-elle admirative. « Et celle-là, je sais ce que c’est! C’est une côte qui a perforé!! » s’exclama-t-elle. « Regarde… » Et joignant le geste à la parole, la fantôme retroussa un bord de son t-shirt, montrant une partie de son abdomen déformé et marqué de nombreux trait laiteux. « Quand j’avais 20 ans… Complètement défoncé! » D’un geste vif, elle rabattit son vêtement. « Par contre ça, et ça… » fit-elle en pointant du doigt, « C’est récent… T’as rencontré un chasseur, mère-grand? » demanda-t-elle ingénument.

Avoir été un humain normal, Halewyn se serait poussé, fâché ou éclaté de rire.

La seule chose qu'il ressent, c'est une vague irritation quand la fraicheur ectoplasmique du fantôme s'avachit en travers de lui, scrutant ses cicatrices et les commentant joyeusement.

« Quand j’avais 20 ans… Complètement défoncé! »

Tu t'es faite défoncer la cage thoracique, et alors? yauraient pas pu te démolir la machoire à la place?

« C’est récent… T’as rencontré un chasseur, mère-grand? »

Le regard gris se fait moqueur. D'une pichenette, Hale envoie valser le caillou avant de dégainer sa baguette.

Wingardium Leviosa!

Il l'envoie tranquillement se faire rôtir au dessus des flammes.

Les deux chasseurs sont empaillés maintenant. Ils ont voulu m'ouvrir le ventre, ca été leur tour. Tu veux voir? je dois avoir une photo quelque part, un des deux connards avait un polaroid.