La roulotte de Xo [endroit mobile et incartable]

2 0ctobre 1983

Une belle journée, l'été des indiens. Halewyn est revenu au petit matin d'une nuit de chasse. Trop énergisé pour dormir, il a fait une rapide toilette pour se débarasser du sang qui le maculait avant d'endosser des vieilels fringues.

Le bruit d'une hache qui fend des bûches se fait entendre à intervalles réguliers pendant toute la matiné. Perdu dans ses pensées, l'assassin en a fendu beaucoup plus que nécessaire, il empile donc ne corde de bois complète sur le rebord de la roulotte et laisse le surplus là pour qui veut le prendre.

Ensuite, il se met en frais de réparer les bardeaux du toit de la roulotte de Jali. Ils doivent être tous changés. Il les avait préparé voilà un petit bout, mais ces bardeaux de cèdre devaient sécher avant d'être posés.

Les vieux bardeaux tout sec feront un excellent bois d'allumage. Tranquillement et méthodiquement, avec la patience et la minutie qu'il met à tuer les gens, Halewyn les remplace. On pourrait penser que c'est pour rendre service, Mais il est juste tanné que le toit au dessus de sa chambre coule à chaque averse.

Le soleil tape fort sur son torse nu, rendant son tatouage encore plus obscur par contraste.

La matinée fraîche débute sur une étrange constatation. Elle compte les jours, compte les mois, compte les heures. C'est étrange... ou peut-être pas. Non, à bien y réfléchir, c'est très logique... mais avant de s'emballer, faut s'en assurer.

- Hiep, j'ai besoin de toi...
- Ça faisait une éternité que j'avais pas entendu ces mots sur ce ton... ça va pas ?
- J'en sais rien encore, remarque dans les deux cas, oui, ça ira.
- Tu me rassures, répond-il en voyant le sourire s'épanouir sur les lèvres de Xoramen.

Il bondit et tend ses ailes colorées et se pose délicatement sur l'épaule de Xoramen sitôt qu'elle a posé sa cape sur ses épaules. Elle sort de la roulotte, capuchon sur la tête, Hiep sur l'épaule et jette un bref regard sur le toît de la roulotte, là où elle sait que Halewyn est.

- Où on va ?
- Chez Osana, murmure Xoramen.
- T'es malade ?
- Non, pas vraiment...
- T'es... prononce le perroquet avant de se faire clore le bec par Xoramen.
- Chut, ça porte malheur avant de s'en être assuré.
- Par les 7 Océans...

Hiep ne jurait par des termes maritimes que lorsqu'il était vraiment déontenancé. L'oeil argent accroche l'oeil graphite, délicieusement scintillant.

- Et je suppose que c'est Ha...
- Chut.

Le perroquet se tait, sachant très bien la réponse. Elle frappe à la porte d'Osana qui ne la fait pas attendre très longtemps. La porte de la roulotte d'Osana la guérisseuse se referme.



Elle resort de la roulotte d'Osana une heure plus tard. La matinée s'est réchauffée et le soleil tape fort. Elle porte donc sa cape sur son bras, mais Hiep est toujours à sa place sur son épaule. Et voilà, c'est confirmé.

Ni le perroquet, ni la femme ne prononcent un mot. Ils retraversent tout deux la place centrale et s'arrêtent devant la roulotte. Elle semble hésiter.

- Tu peux rentrer si tu veux, chuchote-t-elle à l'oiseau coloré.
- Pas question, j'veux voir ça, répond-t-il sur le même ton.

En fait, c'est surtout pour être présent si ça tourne mal, le perroquet n'est jamais assez prudent. Elle hoche la tête, Hiep le sait, alors pourquoi pas. Inutile certes, mais elle ne prend pas l'échelle, elle transplanne plutôt. Un chaquement sonore et elle se retrouve aussi sur le toît de la roulotte. Elle s'assoit sur les vieux bardeaux de cedres et lance, to the go :

- Tu sais quoi ?

Au craquement sonore, Halewyn jette un bref coup d'oeil à Xoramen qui le regarde étrangement. Sans marquer de réactions d'aucunes sorte, il prend un des clous qu'il a dans la gueule et fini de clouer le bardeau qu'il est en train de remplacer. Elle lui demande alors.

Tu sais quoi ?

Il recrache les deux clous restant, prend un bardeau neuf et l'ajuste tout en lui répondant d'un ton neutre.

T'es enceinte...

Quelqu'un passe un commentaire dans les tréfond de son être. Mais rien ne l'indique. Il cloue son bardeau, laissant à la gitane le temp de digérer la nouvelle.

T'es enceinte...

Il le dit avec une neutralité si parfaite qu'elle croit en premier lieu qu'il a dit tout autre chose, mais que c'est elle qui a comprit ces mots. La bouche entrouverte, trop stupéfaite pour répliquer, elle jette un regard à Hiep qui afficherait probablement le même air s'il avait une figure humaine.

- Ah bon... euh... oui... d'accord... dit-elle en hochant la tête et en tentant d'afficher l'air de celle qui se dit que ça va de soi, mais elle fronce les sourcils et pince les lèvres. J'ai déjà grossi ?

Joignant le geste et la parole, elle baisse la tête pour s'observer un moment.

- Tu lui as donné des cours de divination ? Il n'a aucune sensibilité pour ça, lui. Soit il surveille ton cycle, soit il a une faculté qui m'échappe.

L'oeil d'argent dévisage l'homme, un éclat suspicieux y brille.

J'ai déjà grossi ?

Halewyn s'arrête enfin, pose son marteau et regarde Xoramen dans les yeux. Le regard d'acier n'est lisible en rien. Il répond toujours de son ton neutre,

Non t'a pas grossi. Quand je t'avais dit que c'était pas le moment et que tu ne m'a pas écouté, ben c'était pas le moment c'est tout.

Tout le monde se fout de moi quand je leur dit ca... Termine t il mentalement. Mine de rien, il fait un ajustement mineur sur le bardeau et recommence à clouer. Il jette un regard de biais à Xoramen et Hiep.

Tu lui as donné des cours de divination ? Il n'a aucune sensibilité pour ça, lui. Soit il surveille ton cycle, soit il a une faculté qui m'échappe.

L'oeil d'argent dévisage l'homme, un éclat suspicieux y brille. Halewyn ne marque aucune pause dans son travail, mais il prend le temp de répondre a Hiep d,un ton qui constate une évidence.

L'emplumé, depuis le temp que je suis ici, je connais toute les variations d'effluves et de goût que Xoramen peut produire, pigé? Pas besoin de surveiller ni le cycle ni d'être devin pour ca.

Un bardeau fixé, un autre bardeau, deux clous, et le voilà qui recommence... Manège irritablement répétitif pour ceux qui le regarde.

- Par tous les diables des tréfonds ! Que le Kraken m'emporte ! Que les Sirènes me dévorent !

Hiep s'agite soudain, tendant largement les ailes, le bec en avant, l'air menaçant. L'oiseau semble furieux. Xoramen, quant à elle, hoche la tête, l'air dubitatif.

- Ah, c'était ça que tu voulais dire... aussi clair que les prédictions de Daria...

Daria, prophète de malheur dont les prédiction sont si vague qu,on peut les mettre à toutes les sauces. Mais bon, Hale n'a jamais prétendu être un prophète. Encore une fois, xoramen hoche la tête, réfléchissant, puis finalement, elle hausse les épaules. S'il savait et qu'il n'a rien dit, rien fait, elle en déduit que tout va bien.

- Ah, bon, si tu le savais, tout est pour le mieux, donc.

Pour elle, la discussion est rapidement bouclé, tout va pour le mieux.

Ah, bon, si tu le savais, tout est pour le mieux, donc.

Halewyn marque une pause, fini par mettre de côté marteau et bardeaux.
Il la regarde, le rouge sang se le disputant à l'acier dans ses prunelles. S'appuyant contre le toit, il croise les bras.

Le poulet volant, ta gueule, t'es pas sa mère que je sache.

Il regarde ensuite Xoramen intensément. A donner froid dans le dos.

T'a décidé c'était qui le père?

POur lui, c'est tout simple, c'est sûr qu'il est trop cinglé pour prendre soin d'un enfant. A vrai dire, il a jamasi connu ce qu'on pourrait appeler famille. Il est plus qu'un bleu dans ce domaine.

Malgré lui, malgré eux, le regard descend brièvement sur le ventre plat de la gitane.

Alle s'apprête à franchir le vide pour atteindre l'échelle, faisant fi que Hale traite son familier de poulet. De toute façon, elle les a entendu s'insulter si souvent que ça ne lui fait ni chaud ni froid, tant qu'ils n'en viennent pas aux coups.

- T'a décidé c'était qui le père ?

Elle se fige, puis lentement se retourne. Elle capte son regard où se mêlent la braise et l'acier. Elle fronce les sourcils et hausse les épaules, comme si c'était une évidence. Hiep émet un grognement contrarié de se lance dans le vide, avant de remonter de de disparaître au-dessus des arbres de la forêt entourant le campement. Xoramen le regarde disparaître, avant de répondre.

- Il n'y en a qu'un seul possible. Tu as dit toi-même que c'était pas le bon moment. Ne t'étonne donc pas de ma réponse. Sinon, je ferai comme les autres, je me débrouillerai, je ne suis pas à plaindre.

Son choix à elle était fait et rien n'allait la faire changer d'avis. Elle plisse légèrement les yeux, pince les lèvres et lève le menton, pointe de fierté toute chimérienne.

Halewyn lui tourne le dos, joue avec les clous.

Tu sais, on est pas fait pour ca...

c'est un choix, pas une fatalité Halewyn.

Un moment suspendu dans L'infini. Hiep est parti. Le moment de la fatalité semble vouloir passer. Les choix dans la vie d'Halewyn et du phoenix noir se sont toujours résumé à survivre. Même quand il l'a fait cet enfant, il n'a pas voulu penser à cette conséquence. Et voilà qu,elle le lui ramène ca. Il aurait aimé faire comme avec la pseudo comptesse de crystal, lui dire de se débrouiller avec ses troubles.

Ils savent cependant que ce coup là, ils pourront pas fuir. Le phoenix noir dit quelque chose à Halewyn, qui lui laisse ensuite la place. son alter ego lui dit d,un ton étrangement doux.

Je... on... n'a jamais été préparé à ca. Ca risque d'être dangereux pour ta vie.

Il y a un long moment de silence, si long qu'après un moment, elle se dit que la conversation est terminée, elle a même presque fait demi-tour lorsqu'elle entend la seconde voix. Celle qu'elle déteste, celle qu'elle voudrait entendre disparaître. Cependant, le ton est différent que celui qu'elle a entendu jusqu'à maintenant.

Elle hésite à lui répondre. Elle ne sait pas tout à fait ce qu'il veut insinuer, mais elle s'en doute. Mais de toute façon, elle, elle a fait son choix.

- Que vous soyez préparé ou non, je ne le suis pas davantage. Ça risque d'être dangereux pour ma vie de toute façon, dit-elle, faisant référence à toutes ces femmes, chimériennes comprises, qui ne survivent pas à l'accouchement. Cependant, un sourire confiant apparaît sur ses lèvres. La vie est dangereuse, y a toujours un risque à prendre quelque part. Certains disent que la liberté c'est de choisir sa mort.

Je parle pas de ce genre de danger là... Tu peux pas comprendre.

Halewyn reprend la parole.

Viens t'asseoir, faut qu'on cause... Le Phoenix Noir c'est pas une aprtie de plaisir quand il vient à toi. T'en a une part, mais c'était... Un cadeau pour ainsi dire, il était en dormance. Mais Il va se réveiller et ca sera dangereux pour toi au sens propre. Faut être fort pour survivre à ca.

Puis son Alter Ego revient. Il se caresse la mâchoire d'un geste absent. Le regard sanglant luit d'une étrange lueur, comme s'il riait d'une bonne blague.

Tu sais, je pourrais te débarasser de mon autre part si tu m'enlève ta putain de chèvre des pattes.

Docile, Xoramen vient s'agenouiller près de Hale, sans aucune hésitation. Elle hausse un sourcil lorsque Hale prétend qu'il faut être fort pour survivre à l'éveil du Phoenix Noir. Un sourire moqueur s'étend sur ses lèvres.

- Tu insinue que je ne suis pas assez forte pour y survivre ?

Elle ricane moqueusement, sans aucune ironie. Le Phoenix Noir revient, lui proposant de la débarasser de sa part si elle le débarasse de la Chèvre. Le sourire de la gitane s'accentue et elle hoche la tête.

- Ah, c'est donc ça qui t'agace. Elle garde un accès qui t'es interdit et ça t'agace. C'était une échange, pas une offrande.

Un autre sourire, un peu différent apparaît.

- Je ne la reprendrai pas, je me protège, en un certain sens.

Je ne la reprendrai pas, je me protège, en un certain sens.

Le Phoenix Noir vient pour répoliquer, mais c'est Halewyn qui prend plutôt la parole. Dans ses yeux, on peut voir le chaos relâché dans son esprit.

Je n'insinue pas que tu es pas assez forte. Faut que tu pense pas juste a toi là dedans. Ca peux te tuer si tu fait pas gaffe, et pas juste toi.

Pour assumer le petit, NOUS deux, faut qu'on y pense...

il insiste sur le nous, calmant l'oiseau. Il s'approche de Xoramen, la prend par les épaules, plongeant son regard de saphir dans le graphite.

J'ai à peine à m'occuper de moi... Je risque de nuire plus qu'autre chose. Je dis pas non, je dis pas oui. Faut que j'y pense sérieusement.

Qu'il dise ce qu'il veut, elle avait déjà égoïstement fait son choix et qu'il dise oui ou non ne changerait en rien sa décision. Y'aurait le reste qui serait différent selon un oui ou un non, mais elle ferait comme toutes les chimériennes ou presques.

- Pour l'instant, tu n'as pas de choix à faire. J'ai fait le choix moi seule. Je ne te demande rien. Sauf si je n'en réchappe pas, tu n'auras pas vraiment à choisir l'un ou l'autre avant de le vouloir. Alors pense-y le temps que tu voudras, tu n'as pas à te torturer l'esprit avec ça pour le moment.

Elle le dit sur un ton naturel, confiant, aussi confiant que si elle racontait une simple formalité de l'informer. D'ailleurs, la plupart des chimériennes ne s'embarassaient pas d'un homme dans l'éducation des petits. La plupart n'étaient même pas certaines de l'identité du père et presques toutes s'en moquaient totalement.

Halewyn hausse les épaules. Il reprend alors sa rénovation du toit, terminant la conversation.

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31 Octobre.

Halewyn transplane à l'extérieur, comme d'habitude. Dans les replis de sa cape, la réponse à l'annonce de Xoramen du début du mois. Le regard gris passe sur le camp, qui est étrangement calme. Il sent les cheveux de sa nuque se hérisser.

Nerveux, il fait trois fois le tour de la roulotte avant d'y entrer. Le nez en l'air, il apostrophe Jali sans politesse.

Le vent a tourné et il sent le sang dehors.... Et ici ca sent cette garce de Zoheira dans tout les coins...

Il tourne la tête de chaque côté, examinant chaque recoins, l'air mauvais. Par réflexe, il change son petit paquet de place, le foutant dans sa sacoche de taille.

La lame noire de sa dague parait brièvement, îl la cherche pour lui faire la peau.

Jali est devant le comptoir de la cuisinette et rassemble quelques trucs à grignoter dans un panier. Belen en mission, Cora a quelque peu de difficulté à faire toutes ses tâches et Jali lui prépare quelques plats de temps en temps. Évidemment, Jali dit qu'elle va empoisonner la vieille chipie, mais tout le monde le prend à la blague. En entendant Hale parler de sa fille ainsi, Jali se retourne et le pointe du doigt sévèrement.

- Zo a d'autant plus le droit de venir ici que toi puisqu'elle est ma fille. Les vents ont changés, c'est indéniable.

Elle ne dément aucunement la possibilité que Zo soit véritablement ici. Son ton est calme et serein, presque innocent, quoique légèrement de reproche. Xoramen entre dans la cuisinette, souriant à Hale, bien qu'un froncement de sourcil se fasse voir lorsqu'elle remarque que la lame noire est à l'air libre.

- Pas eu de nouvelles depuis près d'un an... comme on dit, pas de nouvelles, bonnes nouvelles.

Le doute disparaît, le sourire se fait confiant. Elle prend le panier des mains de la vieille gitane, la grondant gentimment que c'est beaucoup trop lourd pour elle. Jali et Xoramen se dirigent vers la porte de la roulotte.

- On va porter ça chez Cora.
- Y a de la soupe au menu, ne nous attend pas pour manger, annonce la vieille en descendant les trois petites marches d'un pas tremblant.

Avant de refermer la porte, Xoramen jette un oeil sur Hale et hausse les épaules en désignant sa grand-mère. La porte se referme. Les deux femmes avancent à travers la place centrale, puisque la roulotte de Cora se trouve directement en face, plusieurs mètres plus loin. Elles se figent soudainement. Le vent souffle de manière fort étranges, elles le sentent. Elles ne sont pas les seules. Plusieurs chimériens abandonnent leurs activités et sortent des tentes, des roulottes et regardent autour d'eux.

- Le Vent souffle, Chimériens et le Vent tourne.

Elle se dévoile entre deux roulottes, passant devant quelques chimériens qui ne font que l'observer. Majestueuse, fine et longue baguette à la main, son sourire n'annonce rien de bon. Zorehira semble maîtriser parfaitement la situation. Par réflèxe, Xoramen se glisse devant Jali qui ne quitte pas sa fille des yeux. Les trois têtes se retrouvent au centre du campement, tous le monde les observe.

- Qu'est-ce que tu veux ?
- Les Vents comme les Têtes changent !

Xoramen prend au sérieux la menace et porte la main à sa taille, mais sa mère est la plus rapide. Un infime mouvement et Xoramen s'effondre, suivi de Jali, puis avant de toucher le sol, elle disparaissent.

Le rire de Zorehira résonne dans l'air, porté par le vent. Un rire inquiétant, victorieux. Elle n'est plus là. Les chimériens présents se regardent, sachant ce qui risque de se passer, mais ils ne bougent pas, n,ont esquissé aucun mouvement pour intervenir.

Il ne prête pas attention à la réplique de Jali, ni à Xoramen qui lui sourit en arrivant. Il sent dans le tréfond de son être que quelque chose va arriver. L,Odeur dehors et l'odeur dedans achève de lui mettre les nerfs à vif.

On va porter ça chez Cora.
- Y a de la soupe au menu, ne nous attend pas pour manger

Grognant une insanité, il pivote et continue sa recherche. La voix de Zoheira lui glace alors le sang

Le Vent souffle, Chimériens et le Vent tourne.

Qu'est-ce que tu veux ?-

Il pivote, se précipite vers la porte.

Les Vents comme les Têtes changent !

Xoramen prend au sérieux la menace et porte la main à sa taille, mais sa mère est la plus rapide. Un infime mouvement et Xoramen s'effondre, suivi de Jali, puis avant de toucher le sol, elle disparaissent.

Halewyn n'a le temp que de sortir. Les autres n'ont rien fait. Dans son esprit, une triple inquiétude, du Phoenix Noir pour son pendant en devenir, La chèvre pour son pendant Chimérien et lui pour les femmes envers qui il a une dette.

Tranquillement, il va jusqu'à la trace des femmes par terre et s'agenouille. POur ne pas montrer sa faiblesse, même si les Chimériens doivent s'en foutre. Il caresse de sa main gantée de noir la terre. Levant les yeux, le regard chaotique d'Halewyn croise celui de Cora.

Il se relève, aggrippe le panier d'un air absent, puis va la rejoindre sur les marche de sa roulotte.

Dis moi où elles sont.

Les murmures chimériens s'élèvent. Les témoins racontant ce que les autres ont raté. Tous affichent un air grave, sérieux, mais ils ne semblent pas plus affecté que s'il s'agissait d'un bête accident.

Cora est sortie de sa roulotte, l'une des première. Elle a tout vu. elle a aussi vu que le dernier regard de Jali avant de disparaître fut pour elle. La tête de Serpent savait ce qui l'attendait, Cora aurait pu le parier. Cora est l'aînée de la chimera depuis des années, précédant Jali de trois années. Elle a déjà assisté à trois changement de règne. Plus rien ne l'étonne.

Elle observe Halewyn qui est sur les traces des trois disparues. Il la voit aussi et se dirige vers elle. Elle ne cille pas.

- Dis moi où elles sont.
- Je ne pourrais le jurer, mais je dirais dans la tanière de la Lionne... je ne peux être plus précise... Elle secoue tristement la tête, puis ouvre la porte de sa roulotte. Allez, entre, je vais t'offrir quelque chose de fort. C'est tout ce que nous pouvons faire en attendant. Les succession chimériennes se font entre trois têtes... nous ne sommes que des valets dans cette histoire. Si je sais une chose, c'est que le Serpent ne reviendra pas... du moins pas comme nous l'avons connu... le reste dépendra de Jali...

Je ne pourrais le jurer, mais je dirais dans la tanière de la Lionne... je ne peux être plus précise... Elle secoue tristement la tête, puis ouvre la porte de sa roulotte. Allez, entre, je vais t'offrir quelque chose de fort. C'est tout ce que nous pouvons faire en attendant. Les succession chimériennes se font entre trois têtes... nous ne sommes que des valets dans cette histoire. Si je sais une chose, c'est que le Serpent ne reviendra pas... du moins pas comme nous l'avons connu... le reste dépendra de Jali...

Halewyn ne dit rien, mais n'est pas tranquille. Il coopère, mais par pur principe. Jali a tellement parlé de Cora, par bribes, mais quand même. Ca ne lui tente pas, mais il faut qu'il s'en remette à ses dons. Son ton est grondant, comme une bête fauve tenu en laisse, mais à peine. Il se demande si elle sait pour Xoramen. Si Zoheira sait... Ca expliquerait pourquoi.

Trouve les...

- Trouve les...

Cora, malgré ses faiblesses physiques avait tout de même le geste précis, bien que tremblant. Elle avance un petit gobelet et verse dedans un liquide à l'odeur fortement alcoolisée.

- Bois ça lentement, cette eau de vie est une bombe. On y trempe les lèvres et ça foudroie tout le corps. C'est ce qui me garde en vie.

Elle va ranger le bidon, carrémment, et revient s'assoir, face à Halewyn. Alors seulement elle explique.

- Même si je voulais les trouver, je n'y arriverais pas. Elle plisse ses yeux déjà plissé par la vieillesse. Tu as tort. Si je ne les trouve pas, ce n'est pas par l'action de Zoreh... elle n'y est pour rien, mais elle connaît le rituel. Jali m'empêche, nous empêche de les trouver. Mettons les choses au clair dès le départ. C'est un changement de règne, Halewyn, ça ne veut peut-être rien dire pour toi, mais j'attend ce moment depuis 45 ans... enfin il est arrivé.

La vieille Cora, encore plus ridée et creusée par le temps que Jali, sourit. Un sourire de soulagement.

Bois ça lentement, cette eau de vie est une bombe. On y trempe les lèvres et ça foudroie tout le corps. C'est ce qui me garde en vie.

Pour lui faire fermer la gueule, il cale le tout cul sec. Les tords boyaux, ca le dérange pas du tout. Virant le gobelet, il le frappe contre la table avec un bruit sec. Elle va se grouiller le cul ou quoi?


L'odeur de la vieille le frappe soudain comme un coup de fouet. Il fronce les sourcils. Une odeur humaine mais avec une note différente, inindentifiable, quasi inexistante. S'il ne serait pas chez elle, il ne l'aurait jamais senti.

C'est un changement de règne, Halewyn, ça ne veut peut-être rien dire pour toi, mais j'attend ce moment depuis 45 ans... enfin il est arrivé.

J'me branle de tes humeurs... Je veux juste les trouver. Vos trucs de changement de règne, j'men *&?( royalement. Xoramen a pas d'affaire là.

Il veut juste s'assurer que Xoramen et l'enfant vont être correct. POur Jali, il sait que si elle aurait vraiment voulu, Zoheira ne l'aurait même pas touchée.

Cora esquisse un sourire attendri et jette un oeil au gobelet vide sur la table.

- Tu es prévisible, étranger, ton destin est parfaitement dessiné dans le nôtre. J'avais peur de me tromper, mais je constate que j'avais raison. Il n'est pas question de Xoramen, ce n'est qu'une question de tête. La tête protectrice, la gardienne a le fardeau le plus lourd à porter. La Chèvre est destinée à souffrir pour les deux autres. Et les deux autres le savent, Jali plus que quiconque. Jali connait presque tous les détails, même ceux qui m'échappent. Trop assise sur son pouvoir, elle a oublié que notre destin est plus fort que toutes ses aspirations. Je l'avais prévenue, elle n'a pas voulu m'écouter. Maintenant Xoramen payera le prix de l'orgueil de Jali, tandis que Zoreh en récoltera les restes.

Le poing s'abat sur la table, comme le marteau d'un juge, scellant le destin de tous. Sereine, elle regarde Halewyn, le regard dur, fermé, mais qui s'ouvre soudain, en même temps qu'un sourire se dessine.

- Mais toi, l'étranger, celui qui a des ailes, tu portes ce qui sauvera la Chimère. Grâce à toi, la Chimera vivra encore. Tu es celui qui doit venir sauver le Chimera et son destin.

Halewyn fixe Cora d'un regard ou l'acier se le dispute au sang et ... à l'ambre? Tiens.. donc...

Mais toi, l'étranger, celui qui a des ailes, tu portes ce qui sauvera la Chimère. Grâce à toi, la Chimera vivra encore. Tu es celui qui doit venir sauver le Chimera et son destin.

Bon, ca lui fait une belle jambe tiens... Halewyn commence à être irrité. Les deux colocataires et lui même font pour une fois front commun. Ils ont un but commun pour une fois. Le sort du serpent leur importe peu, Mais la chèvre protectrice a bien besoin d'une paire d'ailes en ce moment.

La vieille, je vais me rappeler de ca, mais là t'essaie de gagner du temp. Viens en au faits!

La vieille sorcière se frotte les mains, prenant un réel plaisir à voir ce qu'elle voit.

- Je suis Cora, ne me vexe pas.

Elle ricane, puis se fige soudainement.

- Ah, enfin. La Lionne veut que je vois.

Le regard turquoise de Cora se couvre d'une pellicule de givre. Ses lèvres parcheminés s'entrouvrent. Elle ne voit plus l'extérieur, elle voit ailleurs. Elle tourne la tête vers Halewyn, mais elle ne le voit pas. Comme une aveugle, elle lui tend les mains.

- Viens ici. Approche-toi et prend mes mains si tu veux voir aussi.

Le regard grand ouvert sur un ailleurs innacessible, elle attend, agitant les doigts pour inciter Halewyn à lui prendre les mains.

Je suis Cora, ne me vexe pas.

Halewyn commence à sortir sa lame, histoire de lui faire ravaler son ricanement, mais il s'arrête sec

Ah, enfin. La Lionne veut que je vois... Viens ici. Approche-toi et prend mes mains si tu veux voir aussi.

Le regard grand ouvert sur un ailleurs innacessible, elle attend, agitant les doigts pour inciter Halewyn à lui prendre les mains.

Il n'y pense qu'une fraction de seconde. Il se dit que Le phoenix noir de Xoramen lui insufflera l'énergie de survivre si l'entité primaire est dans les parages, même si c'est juste en contact visuel.

Les mains gantées de noirs prennent celles de la gitane avec brutalité. Puis, il voit...