Bal de Noël !

Il se demandait bien ce qu'elle pourrait demander. C'était une proposition incensée, surtout venant de lui. Il n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait bien trouver, c,était inconsidéré, mais il avait eu le goût de prendre ce risque. Il l'avait peiné, elle le méritait bien.

- Tu veux faire quelque chose?...Dans ce cas, je veux être la seule que tu tutoieras!

Il hausse un sourcil et la dévisage. Si Linus avait eu l'habitude, voir le réflèxe de sourire, il aurait probablement esquissé un sourire. Mais ça ne fut pas le cas. Seul le regard de givre eut un éclat de plus que les minutes précédentes, un éclat qui ressemblait plus au début de soirée que les dernières minutes. Elle ne demandait que ça ? C'était risqué, il avait bien expliqué le pourquoi il vouvoyait tout le monde. Peut-e^tre n'avait-elle pas compris.

Linus semble réfléchir deux secondes. C'était risqué, il ne tutoyais que ceux qui avaient une importance particulière, mais il avait prit un risque et ça se révélait n'être pas si tragique, du moins pour le moment. Ça ne serait pas si difficile, du moins vis-à-vis le reste du monde.

- Ne m'avez-vous pas reproché il y a quelque minutes de vous accorder une trop grande importance parce que j'utilise le vous à votre égard ?

Le regard devient brillant, aussi limpide qu'une fontaine d'eau claire. En faisant un effort d'imagination, on pourrait presque dire qu'il sourit. Du moins si on cache le bas du visage et qu'on regarde que les yeux. Mais faut faire un effort d'imagination, hein.

- C'est une ascension très rapide. Mais bon, c'est d'accord. J'accepte de... te tutoyer, termine-t-il.

Ça lui fait bizarre de tutoyer quelqu'un... même s'il n'a pour l'instant que prononcé un seul "te".

- Tu souris! Tes yeux sourient!

Lui sourire ? Non, Linus ne souriait pas voyons. Comment pouvait-elle affirmer qu'il souriait ? Les yeux pouvaient-ils sourire ? Il avait arrêter de sourire à 6 ans, se disant que y'avait vraiment pas de quoi sourire. Mais bon, il ne pouvait pas vraiment dire qu'il n'était pas content en ce moment, au contraire. C'était bête d'ailleurs, y'avait aucune raison logique d'être content. Toujours d'humeur égale, le seul qui était arrivé de le faire sortir de ses gonds, c'était le prof de sortilèges. Et encore là, personne n'aurait pu le déceler. De glace, Linus était de glace. Mais au contact de Dery, c'était plutôt comme un glaçon prit à un toît. Il scintillait au soleil.

Dery, elle, était visiblement ravie et excitée. Elle se jette contre lui en riant. Lui, il se fige. Ok, enlacer une fille pour une danse, c'était une chose. C'était normal, habituel, machinal pour lui, ça faisait parti de son éducation. Mais spontanément comme ça, c'était... troublant... il n'était pas vraiment doué pour les démontration affectives, ni pour les prodiguer, ni pour les recevoir. Troublant... mais pas désagréable... au contraire... il se surprit même à trouver ça plutôt agréable. Maladroitement, il lui tapote doucement l'épaule, mais ne fait aucun geste pour la faire bouger. Il ne fait qu'ajouter un unique petit commentaire.

- Ce sera donc deux premières en quelque minutes. Un coup de maître.

La jeune Serpentard était ravissante à voir. Si heureuse, si débordante de joie, ça lui faisait presque regretter de ne pas sourire. Mais il s'était fait une promesse, y a longtemps. Enfin, c'était relatif à ses 14 ans.

- Tu veux faire quoi?

C'était une question embêtante. Qu'est-ce qu'il voulait faire... il n'en savait rien, mais en même temps... maintenant qu'il y pensait...

- Eh bien, si... tu veux bien, je voudrais bien passer une excellente soirée, en compagnie d'une ravissante demoiselle et en savoir un peu plus sur ce que je ne connais pas.

À savoir comment ça se passe hors du carcan stricte de l'aristocratie où il est tissus. Sa mère serait probablement mécontente de le voir bifurquer légèrement du chemin, mais il avait 14 ans, il ne pouvait pas ne connaître que les limites désignées par sa mère. Et il ne pouvait pas non plus marcher hors des snetiers battus si sa mère le tenait par la main. Y'avait des trucs qu'il aurait à apprendre seul, ou par quelqu'un d'autre. Et Dery semblait toute désignée pour lui en apprendre d'avantage, puisqu'il la tutoyait maintenant.

Il écoute avec un soin particulier ce qu'elle lui raconte. À défaut de pratique, y'aura toujours la théorie. Oui, jusqu'à maintenant, il était surement passé à côté de plein dechoses, mais il en avait vécu d'autres. Il n'avait pas à se plaindre si les fêtes ressemblaient à celles des films moldus. Mais version sorcier, ça devait être amusant, enfin, à regarder plutôt que de participer. Même que d'un coup, il se dit qu'il trancherait sans doute avec le reste.

- De toute façon, quand il n'y a plus de premières fois, c'est qu'on a plus rien à faire, que des choses à refaire. Ça manque d'originalité.

C'était une manière plutôt impassible de voir les choses, mais c'était là toute l'originalité de Linus. Une impassabilité déconcertante. Assis à côté d'elle, il remarque bien sa timidité au sujet du premier baiser. Un éclat particulier dans le regard, il ajoute, un peu moqueur dans son ton de voix.

- De mon côté, la seule chose à manquer, ce sont les grand bals, avec les longues robes de princesses, les tuxeddo sombres, les valses au son de l'orchestre, les attentes aux pieds des grands escaliers et les balades dans de mangnifiques jardins.

Ouais bon, c'était sans doute le rêve de toutes les filles d'assister à ça au moins une fois.


[ HJ : hum, c'est... erf comme post... ]

- ...Wow...Ben c'est...Assez...Formel j'te dirais.
- Oh, oui. Évidemment. Tout est formel chez moi. Et encore plus lors des grandes occasions. Le moindre faux pas fait dégringoler la haute aristocratie de nos jours.

Et il se frotte les ongles sur son veston, les observe puis agite les doigts, comme s'il pouvait y avoir une poussière imaginaire. Le geste en soi peut paraître prétentieux, mais c'était plutôt une habitude, l'étiquette obscure d'une très ancienne famille. D'ailleurs, il le fait machinalement, sans y penser. En y pensant, le geste semble presque être une forme de modestie étrangement exprimée. Comme si c'était un truc bien banal.

- Mais bon, ici, je n'ai pas vraiment à craindre une quelconque gaffe de ma part. Je suis beaucoup moins surveillé ici... sinon il est évident que je n'aurais jamais pu être poursuiveur... ni suivre la plupart des cours en fait... m'enfin.

Et il se tait, un peu hésitant. Étrangement, il se trouve horriblement ennuyant. À s'écouter, il en baillerait presque... si bailler n'était pas contraire à l'étiquette... il tire sur son veston, mal-à-l'aise, sachant plus ou moins pour quelle raison. Visiblement, la réussite de cette soirée était fragile.

- Mais pourquoi tes parents te surveillent constament?

C'était une question tout à fait légitime, mais c'était pas exactement ce qu'il avait voulu dire. C'était pas tant ses parents que le reste de la Haute Aristocratie... et sa mère... erf...

- Disons que notre milieu est... comment dire... très féroce et le moindre faux pas pourrait faire tomber la famille. C'est ce que je voulais dire par être surveillé. Mais bon, côté parents, à cause de mes problèmes de santé, ma mère est tyrannique.

Si le sourire n'y est pas, le ton semble un rien de moqueur, ironique.

- Problèmes de santé?...

Linus dévisage Dery de son regard de glace. Oui, il avait des problèmes de santé. Ça expliquait des tas de choses, en fait. Comme sa lenteur caractéristique et son air de glace, mais ça, c'était tout personnel.

- Enfin, MES problèmes de santé est un bien grand mot. Je n'en ai qu'un seule en fait.

Il prend délicatement la main de Dery et la pose sur son torse. Il garde la sienne sur celle de Dery, puis hoche la tête.

- Mon coeur. Il ne bat pas tous les coups. Il s'épuise au moindre mouvement.

C'était dit avec la gravité nécessaire, sans exagération, sans trop d'impassabilité.

- Ton coeur...Est malade?...

Il hoche la tête. C'est bien ce qu'il avait dit. Elle écoutait des fois ? Oui, sûrement, puisqu'elle poursuivait. Le regard de glace dévisage la jeune fille devant lui. Elle ne semble pas le croire.

- ...Et tu en es tout à fait certain?...Je veux dire...On à dansé tout à l'heure...Et tu n'avais pas l'air fatigué, pas le moins du monde.

Si Linus avait eu l'habitude de sourire, il aurait probablement poussé l'audace à rigoler, mais ce n'était pas le cas. Il hoche la tête encore une fois, ayant gardé la main de Dery sur son coeur.

- Oui, j'en suis certain. J'ai passé assez de temps à Ste-Mangouste pour en être persuadé. Et j'ai apprit à économiser mes mouvements... pour éviter Ste-Mangouste. Je crois bien que tous le personnel soignant me connaît...

Il jette un oeil autour de lui, puis hoche une fois de plus la tête.

- Mais bon, je tiens pas que ça se sache trop... déjà qu'ils me trouvent bizarre d'être le premier en classe et de marcher si lentement...

En fait, il s'en moquait un peu d'avoir l'air bizarre.