Les affaires de Poudlard (PV : Ishitzu Eloredia)

Nombre de messages : 46 Age du Perso : 40 ans Date d'inscription : 04/01/2008

Dans cette après midi suffocante à Londres le soleil frappait impitoyablement les rares qui osaient sortir en dehors de leurs appartements, même si la plupart des appartements étaient tout juste moins chaud que l’extérieur. Oh, il était sûr que dans le luxueux quartier de Knightsbridge, si proche du fameux Harrods, de nombreux appartements disposaient d’une climatisation et de murs bien isolés. Et au delà de la classe moyenne qui subissait la chaleur, la classe privilégiée qui la combattait, il y avait les dizaines de morts qui étaient survenues dans les quartiers pauvres depuis le début de la terrible canicule qui frappait l’Angleterre. Et celle-ci avait comme autre conséquence, en plus de la chaleur en elle même, celle de cristalliser l’immonde pollution de Londres en une brume sale et grise, dégageant une odeur irritante, provoquant des quintes de toux chez les enfants et les personnes âgées. En somme, Londres n’était pas une belle ville en ce jour, mais une tombe pour les plus vulnérables.

Des mesures d’urgence avaient été prises le maire, qui avait décrété une limitation du trafic routier pour éviter que la pollution ne devienne réellement dangereuse pour la santé de la population. Il était donc assez choquant de voir cette luxueuse limousine noire Atlanta rouler, certes assez lentement, alors que sa consommation aurait fait blêmir le plus négligeant des écologistes. Evidemment cette voiture était un peu particulière, d’une part elle ne semblait pas émettre de sons, elle semblait rouler parfaitement silencieusement, alors que vu le poids de la voiture et la puissance de son moteur, elle aurait dû, tout de même, émettre un léger bruit.

Mais ce qui était le plus étrange, c’était la nature des occupants de la voiture. Oh, le chauffeur était habillé de façon parfaitement normale, en costume frappé. Mais dès qu’on parlait des gens qui se trouvaient derrière la vitre de séparation entre le conducteur et les passagers, alors, on entrait dans un domaine nettement plus étrange. L’un était un homme assez âgé, petit, un peu rabougri, aux cheveux d’un blanc très pur. Il semblait être intelligent et l’était, dans ses yeux brillaient une étincelle particulière, comme si il inventait en ce moment même une bonne blague qu’il allait servir à son auditoire. La seule chose c’est que le seul auditoire qu’il pourrait avoir ne semblait pas disposé à écouter des blagues.

Ledit auditoire était un homme brun aux yeux verts dorés qui semblaient sans cesse atteindre quelques vérités inaccessibles aux simples mortels. Par ailleurs il avait un air très serein, contemplatif. Il méditait les yeux ouverts, en quelque sorte. En réalité l’homme était plongé dans un exercice très difficile qui consistait à utiliser la magie pour disposer d’impressions et de ressentis sur le futur proche. C’était très loin d’une véritable voyance mais les instincts procurés par ce genre de transe étaient généralement fiables, et l’homme en savait quelque chose. Ses instincts l’avaient beaucoup aidé quand il se terrait comme un rat malade, dans une grotte miteuse du sud e l’Angleterre, mangeant seulement des racines de la terre, tremblant sous les coups de mille maladies, se servant de formes basiques de cette magie instinctive pour pressentir une mort éventuelle subie en mangeant telle ou telle plante. Oh, maintenant il n’avait plus rien de l’épave qu’il avait été, pendant ces terribles mois, non, il était noble et fier, dans sa cape-revers noire bordée de liseré d’or, avec sa canne épée contenant sa puissante baguette magique. Non pas de toute, cet homme avait souffert mais en était bien revenu.

D’un geste de la main, l’homme méditatif fit ouvrir la vitre qui le séparait du chauffeur, il murmura quelques mots, murmures pour ne pas être troublé avant l’heure, et reçut une réponse affirmative. Alors il se résolut à sortir de sa méditation et ouvrit totalement les yeux sur son environnement. Des banquettes de cuir noir, des mini bars de chaque côté des portes, et sur le dossier des écrans de télévision. Oh, il était fort étonnant, comme des connaisseurs pourraient se le dire, que de tels appareils fonctionnent en présence d’un sorcier de l’envergure de l’homme aux yeux d’or. C’est parce que ce dernier retenait son aura, exercice simple si on l’apprenait rapidement, et que sa baguette magique, dans sa canne épée, était entourée d’un matériau rare qui avait la propriété de stopper les émissions magiques. Et puis la voiture était traitée magiquement, de toute façon. Cela aurait un autre avantage : la personne devant qui la voiture venait de s’arrêter n’allait pouvoir déterminer la puissance magique de l’homme aux yeux dorés qu’avec de grandes difficultés. La personne en question se trouvait être une belle jeune femme, la trentaine, qui avançait d’un air compassé, du moins l’homme lui trouvait l’air compassé. Mais quand la vitre s’abaissa, c’est avec un ton doux et courtois que le sorcier parla, interpella la jeune femme.

- Mlle Eloredia ? Anthony Malley, je travaille avec Monsieur le Ministre. Je dois vous parler, auriez vous l’obligeance de monter ? Les affaires de Poudlard ne concernent guère nos amis moldus.

Une nouvelle année allait commencer, amenant avec elle le lot de soucis et d’ennuis susceptibles de perturber le cours de vie d’une directrice d’école prestigieuse. Les examens, les caprices d’élèves, de professeurs, les affaires à régler avec le ministère… Bref, le lot de contrariété habituel pour la directrice de Poudlard.
Elle pensait pourtant que la vie d’une directrice serait moins chargée qu’une vie de ministre, poste qu’elle a occupé pendant plus d’un an, avant de se retirer de la surface de la politique pour se consacrer à l’enseignement après la mort de Kaori, précédente directrice. Elle était bien loin de la vérité.
La semaine qui précéda cette journée, Ishitzu était restée cloîtrée dans son bureau, au deuxième étage du château, à remplir les formulaires pour les professeurs et les élèves qui reprenaient les cours, qui étaient de plus en plus nombreux au fil du temps, une fois que la Guerre du Crépuscule avait été digéré par la population magique anglaise. De plus, le fait que la ministre de la magie ait repris le flambeau à la direction de Poudlard, ministre qui avait grandement contribué à la fin de la terreur en terrassant – ou presque – le « grand » Charles Oxenford, ne faisait que renforcer la confiance que les sorciers mettaient en l’école de sorcellerie. Mais l’école était encore assez loin de son effectif attendu.
Elle avait enfin terminé le dernier dossier, à savoir celui sur les directeurs de maison, lorsqu’elle décida d’aller prendre un peu l’air, malgré la chaleur torride qui régnait au dehors. Elle enfila une robe légère afin de ne pas étouffer dans de lourds vêtements par cette abominable chaleur, et sortit dans le calme temporaire des couloirs du château, pour se rendre à l’extérieur de l’enceinte de Poudlard. Une fois arrivée aux grilles de métal gardées par les deux sangliers ailés, elle transplana en direction d’une ruelle sombre de Londres.

Les rues, empestées par la pollution, étaient bondées et bruyante. La directrice savait parfaitement où elle allait : dans un pub tenu par un ami sorcier en plein cœur de la capitale anglaise. Elle ne fit que quelques pas lorsqu’elle entendit le bruit caractéristique d’une vitre qui se baisse. Elle se tourna alors vers la route et fut surprise de voir qu’une limousine se tenait à sa hauteur, sans émettre le moindre bruit.

- Mlle Eloredia ? Anthony Malley, je travaille avec Monsieur le Ministre. Je dois vous parler, auriez vous l’obligeance de monter ? Les affaires de Poudlard ne concernent guère nos amis moldus.

Malley… Effectivement, elle avait déjà lu son nom quelque part, et sans doute entendu sa voix au ministère quand elle y travaillait, car elle lui paraissait étrangement familière. Elle entra dans la luxurieuse voiture qui démarra sans un bruit pour reprendre son périple au travers les rues de Londres.

- Vous vouliez me parler, Mr Malley ? Je vous écoute.

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Charles Oxenford avait cru jusqu’au bout à son triomphe. Lors des dernières heures du combat la situation était extrêmement tendue et tous les camps pouvaient triompher. Le cœur de la bataille, et le moment où les soldats d’Oxenford furent vaincu fut atteint uniquement par hasard. Un jet privé gulfstream moldu survolait la plaine de l’ultime bataille. Les énergies magiques libérées étaient si colossales qu’elles le firent s’écraser. Hélas le point d’impact se trouvait précisément dans les rangs des mangemorts qui furent anéantis ainsi qu’une bonne partie des troupes de l’ordre, et même si ils avaient été plus nombreux à survivre, l’effet psychologique aurait été terriblement important et aurait sans doute emporté l’affaire. Et cependant, Charles, à Londres à ce moment là, au Ministère, aurait encore pu gagner si il avait réglé le cas de la Ministre à temps, mais hélas la résistance rencontrée avait dépassée ses pires prévisions et il s’était montré incapable d’occire Eloredia avant que les forces armées, aidées par des sorciers américains, ne triomphent des commandos disposées dans les couloirs, ne fassent irruption et ne viennent en renfort, interrompant le duel. Heureusement Oxenford avait toujours un plan de secours, comme d’habitude. Ayant eu la haute main sur toutes les activités du Ministère, c’est avec la plus grande discrétion qu’il avait fait creuser un réseau de tunnels pour éventuellement faire passer des troupes dans l’intention de mener, peut être un coup d’état militaire. La version « guerre puis pacifique » n’étant venue qu’après, en effet au début de ses plans, Charles hésitait.

Finalement ces souterrains lui servirent à fuir. Il avait bien sûr prévu cette hypothèse, mais elle était fort improbable selon lui. Mais allons, le principal était qu’il ait réussi à fuir. Et ensuite… rien que d’y penser son esprit était bouillant de rage. L’humiliation de la fuite, de la peur d’être découvert, voler sa nourriture dans les fermes… mendier, supporter les écorchures et les blessures, la pestilence de sa grotte... Ne pas toucher une femme pendant tout ce temps et n’avoir de conversation qu’avec lui même… C’est à la suite de cette horrible période qu’il conçut pour la première fois de la gratitude, gratitude pour le vieil homme qui était assis dans le coin droit de la banquette, proche de Charles et relativement « loin » d’Ishitzu, distance accentuée par des effets d’ombre.

Ledit vieil homme était le plus ancien des mangemorts. Il devait sa vie et celle de sa petite fille à l’intervention d’Oxenford qui avait balayé d’un revers de main les agents du Ministère venus emprisonner le vieux sorcier, soupçonné, à raison de faire partie des mangemorts. On lui avait fait changer de visage à la manière moldue, grâce à une opération complexe, assistée toutefois par la magie – à l’âge du vieil homme, une intervention purement moldue eut été fatale – donnant un autre visage à l’homme, mais pas d’autres capacités de réflexion. Resté un génie il n’avait aucune puissance magique ou presque, mais il inventait en revanche des outils philosophiques et magiques d’une portée incommensurable, capables d’augmenter la puissance des baguettes et des porteurs, de soigner les blessures… toutefois la plupart de ces inventions étaient au stade purement expérimental et si elles avaient pu être développées à temps, nul doute que la guerre n’aurait pas eu le même visage.

Mais maintenant, il était face à elle, face à celle qui lui avait resisté alors qu’il aurait voulu la faire chuter dans les limbes dont on ne revient pas. Malgré sa pratique de la légilimancie il était impossible à Eloredia de percer l’occlumancie, affûtée des mois de souffrances, et heureusement, parce que si tel avait été le cas, elle aurait vu à quel point le désir de vengeance qui tournoyait dans l’esprit de son interlocuteur était puissant. Si puissant… cependant il se contint, et répondit toujours aussi courtoisement, voire même avec une once de séduction dans la voix. En effet, c’est le genre de ton que devait souvent rencontrer la directrice de Poudlard et cela contribuerait à ce qu’elle prenne Malay pour individu commun.

- Ravi d’avoir votre attention. Je vous présente mon adjoint, Gary Straum, un homme efficace qui pourra me rappeler les détails techniques si je devais en oublier. Avant toute chose, je souhaite que vous connaissiez l’opinion du Ministre et la mienne sur les programme d’instruction civiques de Poudlard : insuffisante. Elle n’accentue pas assez le bon travail du Ministère quand nous avons besoin du respect de la population civile après la… crise. Monsieur le Ministre souhaite vous voir y remédier.

« Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ». En tout cas, c’est ce que dit un ancien proverbe Moldu. Pendant plusieurs années, Ishitzu fut sous le joug du chef des Mangemorts, qui avait réussi à prendre le ministère à l’Ordre après une bataille assez féroce mais qui n’avait, fort heureusement, fait aucune victime. Elle n’avait cependant pas le cœur noir, bien au contraire, et s’est difficilement adaptée à la vie dans la noirceur de la magie… Pourtant, son plan semblait parfait… C’était sans compter un événement plus qu’inattendu…

Heinrish Mustang. Voilà le nom de l’homme qui l’avait fait accéder au pouvoir. Précédent chef des Mangemorts, il lui devait la vie. Pour la « récompenser », il jugea bon de lui confier un poste aussi prestigieux que celui de Ministre de la Magie Britannique, après avoir assassiné l’actuel : Luceafar Svantovit. De plus, Ishitzu était la personne idéale au vu de sa prestance, de sa rhétorie, ou encore de sa popularité. Elle avait la classe et était parfaite dans le rôle que les Mangemorts allaient lui confier : il fallait quelqu’un qui puisse les représenter tout en étant une excellente couverture. Elle agirait, bien entendu, sous les ordres de Mustang.
Elle avait accepté le poste, sachant très bien que le Ministère était sous influence noire. Cependant, elle pensait qu’elle pourrait améliorer les choses en prétendant être du côté de Mustang, qui lui faisait une confiance aveugle, alors qu’elle ferait tout pour contrecarrer ses plans, de manière subtile… Hélas, c’était sans compter la disparition soudaine d’Heinrish…

Le pire n’est pas sa disparition en elle même, sachant que, Ishitzu ayant été nommée par Heinrish lui-même, il aurait été normal que son « successeur » continue dans la même lignée que lui au vu des choses qu’il avait accompli au nom des Mangemorts, avec notamment la prise du ministère… Mais il s’avéra que le nouveau chef des Mangemorts n’avait rien à voir avec son prédécesseur… Charles Oxenford – car c’était le nouveau nom craint de tous – était encore plus cruel, plus diabolique, plus abominable que le fut Mustang. Il n’hésitait pas à tuer, massacrer, faire souffrir hommes, femmes ou enfants pour arriver à ses fins. La douleur qu’il répandait autour de lui n'avait pas de limite, et il ne cessait d’étendre sa cruauté à chaque fois qu’il le pouvait. D'ailleurs, c'était un redoutable légilimens, et Ishitzu, qui était occlumens, avait du mal à contenir les pensées abominables qu’il lui envoyait.
Elle souffrait, mais souffrait en silence, car à l’opposé de Mustang, Oxenford n’avait aucune confiance en elle, et ne s’en servait que pour faire bonne figure auprès de la communauté magique.

Mais jamais Ishitzu n’a abdiqué face à la terreur que Charles inspirer. Elle luttait, utilisant ruses et stratagèmes pour se défendre et prolonger la « confiance », si l’on pouvait appeler ça ainsi, qu’Oxenford mettait en elle en la gardant Ministre. Mais défendre seule toute une population quand on a en face de soit un puissant mage noir, même pour le plus grand sorcier du monde, c’est difficile…
Alors l’ancienne ministre avait trouvé une solution de secours, pourrait-on dire, une solution qui arrangerait les problèmes qu’elle rencontrait… Et cette solution s’appelait l’Ordre du Phénix…

- Ravi d’avoir votre attention. Je vous présente mon adjoint, Gary Straum, un homme efficace qui pourra me rappeler les détails techniques si je devais en oublier. Avant toute chose, je souhaite que vous connaissiez l’opinion du Ministre et la mienne sur les programme d’instruction civiques de Poudlard : insuffisante. Elle n’accentue pas assez le bon travail du Ministère quand nous avons besoin du respect de la population civile après la… crise. Monsieur le Ministre souhaite vous voir y remédier.

Consciemment ou non, Ishitzu leva un sourcil. Ce que l’homme en face d’elle demandait, en bonne et due forme, était tout simplement de la propagande.
Pourtant, durant ses années au ministère, et malgré le climat épouvantable qui y régnait, jamais Ishitzu n’avait eu besoin de l’aide de Poudlard pour assurer sa « popularité » et son règne. Et la crise, comme il l’appelle, devait être bien pire au temps d’Eloredia qu’au temps de Stuart.

- J’ai bien peur de mal comprendre. Vous voulez tout bonnement que l’on insiste sur la manière dont vous travaillez et sur le fait que le travail accompli est correctement fait ?

Elle sourit et croisa les jambes.

- Sachez Mr Mallay que j’ai été ministre avant Mr Stuart et que je sais comment fonctionne le ministère. Je suis directrice aujourd’hui et par conséquent je sais comment fonctionne une école. Vos idées de propagandes sont toutes sauf bonnes. L’instruction civique à Poudlard, et particulièrement en ce qui concerne le ministère, est enseigné d’un point de vue objectif, principalement par notre professeur de l’histoire de la magie, qui vient de France, et par l’ensemble du corps enseignant qui, je crois, en sait assez sur la politique actuelle pour dire ce qu’il s’y passe. Le tout est encadré par moi-même, qui suis l'ancienne ministre de la magie et qui maîtrise donc le sujet. Je suis accompagnée, en plus, par Henri de Hurlevent, le directeur adjoint et dont la réputation n’est plus à refaire, qui connaît également très bien le sujet pour avoir côtoyé la politique de près pendant pas mal de temps.
Je pense donc que le programme d’instruction civique est suffisant au vu de ce que montre le ministère actuellement.

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Oxenford appréciait l’intelligence et la réthorique et il se plaisait beaucoup dans les débats sans fin de la Chambre des Lord. Pas plus tard qu’il y a quelques semaines il avait lutté avec ferveur contre une proposition de loi visant à limiter la largeur des ponts. Sur un sujet tellement insignifiant il était étonnant qu’Oxenford s’amuse, et pourtant c’était justement parce que c’était un sujet aussi ridicule qu’il s’amusait. Les moldus et leur manie de la totale démocratie l’amusaient beaucoup. Ils débattaient d’un sujet aussi pathétique que le terrain maximum pouvant être recouvert par une maison, ou encore la superficie possible pour un jardin, ou même l’état tolérable de celui ci. Dans le gouvernement magique, le Ministre – dans le cas présent, surtout le groupe d’influence de Malley – Oxenford – prenait toutes les décisions, la seule chose qui faisait penser à une démocratie était l’élection dudit Ministre. Par ailleurs le Ministère était un pouvoir absolu et sans nulle possibilité de contre pouvoir, justement. Or Charles avait constaté avec un certain amusement qu’il existait, chez les moldus, autant de moyens de prendre une décision que de ne pas la prendre. Une telle société eut été infiniment plus difficile à manipuler que son monde d’origine, si elle avait disposé de magie. Or ce n’était pas le cas, alors Charles avait certes plus de gens à influencer chez les moldus que dans le Monde des Sorciers, mais ce n’était qu’une simple formalité. Et puis, bon, il était certain que la magie donnait une volonté et une résistance supérieure à celui qui la possédait, aussi était il plutôt aisé de balayer l’esprit des dirigeants moldus sans rencontrer de résistance, sans aucune difficulté.

Et pourtant, malgré cette relative absence de contre pouvoir chez les sorciers, il existait un substitut de cette dérangeante notion en la présence de Poudlard. Depuis toujours le Directeur avait un pouvoir politique considérable, même si des individus faibles pouvaient perdre cette puissance. En l’occurrence, les dernières années avaient été mauvaises pour l’influence de Poudlard dans la société, c’est uniquement avec les événements récents que la prestigieuse institution avait récupérée toute son importance. Bien que ça ne soit qu’avec Eloredia que l’Ecole ait retrouvé non pas puissance mais respectabilité. Eloredia qui répondait avec la même passion sous jacente de la justice, qui avait toujours cet esprit rebelle, dissimulé quand elle était sous les ordres d’Oxenford, parfaitement évident maintenant. Elle qui l’avait tenu en échec pendant plus d’une dizaine de minutes avant que la confrontation ne soit interrompu. Anthony Malley – Oxenford s’apprêta à répondre mais le téléphone de la limousine sonna, sonnerie étant un morceau de musique symphonique. Charles décrocha. Il gageait que la jeune directrice serait surprise que l’appareil fonctionne, mais l’explication était la même que pour le reste des technologies embarquées. Elle comprendrait peut être, peut être pas, et de toute façon peu importait.

C’était un membre du Conseil de la Monarchie, une institution officielle honorifique britannique visant à protéger l’honneur et l’image du Roi, à l’époque présente, de la Reine. Lord Malley était vivement sollicitée dans une affaire importante : la Reine allait à une visite d’Etat en France et risquait d’être victime d’un attentat perpétré par un groupe d’extrémistes républicains. Des marginaux peu dangereux en temps normal. Oxenford – Malley répondit qu’il « s’en occupait », réponse qui voulait tout dire et qui ne dérangea pas l’influent secrétaire de la maison royale, habitué à avoir toutes sortes de dettes envers Lord Malley. Raccrochant le téléphone, Oxenford eut un sourire satisfait et murmura quelque mots à son vieil adjoint qui nota des informations sur un calepin qu’il fourra ensuite dans sa poche. Evidemment Eloredia ne pouvait pas le savoir mais l’affaire qui avait retenu Charles au téléphone avait un rapport très étroit avec la sorcellerie. Le groupe de républicains était en réalité un groupe de sorciers visant à détruire la loi du secret qui protégeait – ou pas, selon les opinions – les magiciens de la curiosité de leurs encombrants voisins non magiques. Ils allaient être éliminés promptement. Et le Ministre était au courant. Et laissait faire. Et si ça se savait il ne serait jamais réélu. Voilà le genre de dettes qu’avait contracté Stuart à l’égard de celui qu’il connaissait sous le nom de Malley.

Et ce petit rien lui donna une satisfaction supplémentaire qui rendit encore plus radieux le sourire charmeur – un observateur cynique dirait que c’est le sourire du goupil devant le lièvre – qu’il adressa à la jeune directrice de Poudlard. Il ne comptait pas réellement la convaincre, le Ministre se rangerait à ses arguments quand il viendrait lui faire part de son « échec » et comprendrait que jauger la Directrice de Poudlard était en soi plus important que de la faire plier sur un sujet peu important. Un sujet qui n’était qu’un prétexte, même si le Ministre n’en avait pas conscience. Après un regard par la fenêtre de la limousine, regardant le paysage défiler, il répondit d’une voix douce mais teintée d’amusement.

- Mlle Eloredia, je reconnais bien là votre légendaire intégrité et votre dévouement, que dis je, votre noblesse. Mais il vous faudrait apprendre le cynisme et la politique, en sus de ce que vous possédez déjà. En effet, bien sûr je ne doute pas que vos professeurs soient fort compétents, toutefois le Ministère et surtout Monsieur le Ministre, souhaiteraient que vos élèves aient bien conscience que les diverses… critiques à l’encontre du Ministère, émanant, comme vous le savez, de mouvements souvent douteux parfois affiliés aux néo mangemorisme sont infondées. Cela dans le seul but de protéger nos chères têtes blondes.

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