Quelque part dans les profondeurs du ministère...

La nuit tombait sur Londres, mais là où elle se trouvait, c'était un détail futile. La lumière n'entrait pas à ce niveau de toute façon, alors qu,il fasse jour ou nuit, c'était toujours le même éclairage tamisé. Juste assez clair pour pouvoir lire, mais trop sombre pour ne pas avoir parfois envie de s'assoupir dans un coin. Du moins, c'est ce qu'avait parfois envie Xoramen lorsqu'elle avait passé trop de temps ici. Elle aimait son boulot, elle ne s'ennuyait pas, mais elle avait besoin de plus de lumière que ce que ce niveau lui offrait. Elle prenait donc grand soin de sortir à l'heure du lunch pour faire le plein de lumière du midi pour survivre à la fin de la journée. Surtout dans cette pièce où elle s'enfermait depuis plusieurs jours, s'en était presque étouffant.

Sur la table, à sa droite s'étalait son jeu de carte habituel, son associé depuis des années. À gauche, sur son support, un miroir finement ouvragé. Elle avait horreur des miroirs certes, mais parfois, elle devait surmonter son dégoût. Surtout que ce miroir pourrait s'avérer intéressant si elle parvenait à comprendre son fonctionnement et surtout, à quoi il sert. Eh oui, c'était un fort grand miroir trouvé bien caché par divers sorts et méthodes mécanique. Était-ce un réel miroir avec un réel pouvoir ou était-ce une lubie d'un vieil excentrique ? C'est ce qu'elle devait découvrir. Normalement, pour elle, les miroirs étaient très bavard, elle pouvait y voir tout ce qu'elel voulait, même parfois plus qu'elle aurait voulu. Cependant, celui-ci s'obstinait à ne montrer que le reflet trop connu de celle qui lui faisait face. Sur le cadre de bois, des runes étaient soigneusement gravées, mais quelques unes avaient été abîmés. Si elle parvenait à en lire plusieurs, celles partiellement détruite devenaient illisible et rendaient le sens tout aussi incompréhensible.

- Non, mais tu vas parler saleté de miroir ?

Elle savait très bien que les trucs magique de cette envergure, si évidemment envergure ce miroir avait, pouvaient être doté d'un caractère propre et un tel language à leur encontre aurait pu les fermer à la lecture, mais Xoramen n'était pas du genre à se laisser adoucir par les caprices, et surtout pas les caprices d'un miroir. Soit elle finirait par le faire fonctionner, soit elle irait le balancer du haut des étages du Ministère de la Magie. D'une manière ou d'une autre, elle aurait le dessus sur ce satané miroir peu bavard.

- Cesse de grogner comme ça, tu m'empêches de réfléchir.

Ça, c'était Hiep, l'imposant et trop courtois Ara. Ses petites lunettes en demi-lunes posée sur le bout du bec, il feuilletait lui aussi un grimoire de son oeil droit, pendant que le gauche se portait sur on ne sait quoi.

- Comme si une cervelle d'oiseau comme la tienne pouvait réfléchir.
- Si tu me vexes, je ne t'aiderai plus.
- Humpf...

Un lourd silence s'installe dans la pièce pendant que les deux acolytes tentent de traduire les runes. Le seul bruit qu'on entend est celui des pages qui sont tournées. Et les soupirs agacés de Xoramen, évidemment.

- Tu vois quoi comme smbole, toi ?

L'Ara émet un petit grognement, puis, prenant tout son temps, il se déplace en se dandinant jusqu'au miroir qu'il observe de son oeil gauche. Levant une patte, il se gratte le bec sans quitter le symbole désigné par Xora.

- Ça ressemble à un Z...
- Un Z ? Pourquoi un Z plutôt qu'un N ?
- Il est beaucoup trop large pour être un N.
- Mais c'est impossible que ce soit un Z, sinon ça inverse totalement la signification.

Brusquement, l'oeil argenté du perroquet se fixe au regard noir de Xoramen. Celle-ci entrouvre légèrement la bouche et laisse échapper une exclamation feutrée.

- Oh...
- C'est un miroir...
- Nécessairement, ce qui est est inversé à travers un miroir...

Elle relève brusquement la tête vers la voix et le dévisage un moment de son regard noir. N'avait-elle pas verrouillée la porte ? Surement pas, sinon il n'aurait pas réussit à entrer. Elle jette un rapide regard à Hiep qui retire d'une patte ses petites lunettes et le prend dans son bec, avant de les reprendre dans sa patte et les poser sur le bureau. Il n'émet qu'un petit son rauque et dévisage à son tour le nouveau venu d'un seul oeil.

- Besoin d'aide ? qu'elle s'étonne en se redressant de manière plus convenable sur son bureau.

Elle lui jette un regard perplexe en le voyant s'approcher sans invitation et se pencher au-dessus du miroir et l,observer avant de la regarder elle, puis le perroquet. Se sentant observé avec trop d'intérêt pour être agréable, il lui lance tout de go :

- T'as jamais vu un perroquet avant ce soir ? Moi à ta place je sortirais plus souvent du ministère si t'as autant rien vu.
- Hiep, en voilà des manières.
- Mais en voilà aussi des manières de me fixer. On dirait un moldu.
- Hiep !

L'oiseau se renfrogne et se détourne dédaigneusement du nouvel arrivant. Xoramen hoche la tête et répond finalement à Camille.

- J'en sais rien, on l'a trouvé comme ça. Et c'est justement parce qu'on en sait rien que je planche dessus.
- NOUS !!!
- Oui, que nous planchons dessus... vous vous ennuyiez, monsieur Young ?

Un éclair de malice passe dans son regard par cette boutade provocante. De plus, elle lui démontrait qu'il ne lui était pas inconnu.

Xoramen hausse les épaules.

- Hiep apprend ce que Hiep veut bien apprendre. Et si vous cessiez de le fixer comme une bête de cirque, il se montrerait plus courtois.

Elle hoche la tête, les lèvres pincées. Puis elle pointe le miroir.

- Il a été trouvé dans un vieux manoir d'Écosse. Le vieux sorcier l'avait dissimulé derrière un tas de défenses mécanique. Je suppose que ce miroir est plus ou moins néfaste s'il était autant ptotégé. J'ai été chargé de découvrir son utilité et de déterminer s'il est dangereux ou non. Et oui, j'ai traduit la plupart des runes visibles, sauf celles-ci et celles qui sont illisibles.

Elle lui avait docilement répondu, mais ce type l'agaçait beaucoup. Elle n'avait pas besoin d'aide pour décrypter ce miroir, elle y arriverait bien toute seule avec Hiep.

- Je ne m'ennuie pas, puisque je travaille. Et le département des Mystère n'est-il pas le moins routinier des départements ? Mais il est tard, vous ne rentiez pas chez vous à cette heure ?

Elle espère presque qu'il ait femme et enfants et qu'il doive partir aussi brusquement qu'il est arrivé.

Ah le salaud ! Il venait d'entrer et il découvrait déjà que les runes sont inversées. Hiep et Elle venait de voir que c'était peut-être ça. pourtant, ils planchaient là-dessus depuis des heures. Elle détestait ça ! Ça la faisait tourner en bourrique en quelques secondes. Elle avait horreur de ça ! Trop de facilité la rendait dingue, et lui, il avait trouvé l'inversion avec trop de facilité, c'était agaçant. Elle dévisage Young, un éclair furieux dans le regard. Cependant, elle n'en laisse presque rien paraître.

- Oui, évidemment que j'ai remarqué, lâche-t-elle d'un ton sec. Du moins en ce qui concerne ces runes. Les illisibles, sont illisibles, presque totalement éffacées, donc ça ne veut pas nécessairement dire qu'elles sont inversées

Le perroquet romelle quelques chose d'incompréhensible, quoique ça ne devait peut-être pas être compréhensible, qui peut savoir venant d'un perroquet. Mince, personne ne l'attendait... ça voulait dire qu'il pourrait squatter longtemps son aire de travail comme ça ? Argl. Ne rien laisser paraître, ne rien laisser paraître... puisque c'est comme ça, elle doit continuer à travailler, avec ou sans lui. Elle fera son petit truc, comme elle fait d'habitude.

Elle détestait les miroirs... mais les miroirs la poursuivaient, c'était comme ça depuis toujours. Puisqu'elle doit déplacer le miroir, elle fixe un petit voile gris translucide sur la surface. Elle soulève le lourd miroir, faisant bien attention de pas capturer son reflet dans la surface polie. Le voile risquait de troubler ce qu'il avait à dévoiler, mais elle connaissait bien les miroirs, trop peut-être. Elle sentait celui-ci vibrer calmement, mais elle ne doutait pas que si elle activait quelque chose, il en serait autrement.

D'un replis de son étonnante jupe rouge brodée d'or, elle fait apparaître un petit miroir. C'est un miroir de poche avec un couvert qui se referme avec un claquement sec. Sur le couvercle en bronze est gravé trois têtes animales ; un lion au yeux sertis d'ambre à droite, une chèvre aux yeux d'améthyste au centre, légèrement au-dessus et à gauche, un dragon au regard rubis. Lorsque le miroir est refermé, les trois têtes sont traversées par un épail fil gravé d'écailles. Au bout de ce fil, une tête de serpent aux yeux sertis d'émeraude. La tête de serpent se glisse à reculons sur la surface du couvercle pour l'ouverture d'une délicate caresse du doigt de Malacci.

- Vous voulez voir ? demande-t-elle en pointant son propre miroir vers l'encadrement de l'autre miroir. Mais dans la manière qu'elle tient son propre miroir, il n'est visiblement pas question qu,il lui touche.

Xoramen déteste le petit sourire baveux qu'il affiche en ce moment. Si elle n'était pas assujettis aux lois du Ministère, s'ils étaient ailleurs tous les deux, elle lui aurait volontiers refait le portrait, manière Chimera, mais la liberté de son clan passait par la capacité de chacune de ses composantes à ne pas se faire remarquer. La Chimera se devait de rester chimérique et insaisissable.

Décidément, elle n'appréciait pas ce type. Une montagne de prétention mal placée qui malheureusement pouvait se déplacer pour le désagrément de tous. Elle connaissait ce genre-là et elle les détestait cordialement. Ils étaient incapable de prouver quoi que ce soit et la plupart du temps, ne faisaient que des bêtises si on creusait un peu.

D'ailleurs, sa bêtise ne se fit pas attendre. Un égo tellement démesuré qu'il ne pouvait que faire des erreurs monumentales en voulant affirmer sa supériorité.

- MAIS QUEL CRÉTIN !!! lance le perroquet de son perchoir. Il tend les ailes se donnant une allure menaçante.
- Mais ça va pas non ? Vous savez pas qu'on ne lance pas un sort sur un artefact magique lorsqu'on ne le connaît pas ! Et surtout pas sur un miroir ! Pas étonnant que ce soit à moi que ce miroir a été confié. Non mais...

La suite de sa phrase se perd dans une suite de mots incompréhensible, mais vu le ton, ce ne sont sûrement pas des louanges. Elle referme son miroir de poche d'un claquement sec et il disparaît dans les replis de sa robe. Elle repose ensuite sèchement le miroir sur la table, prenant bien soin de ne pas se profiler dans le reflet, même si la surface réfléchissante est recouverte d'un voile protecteur. Avec les miroirs magique, on ne sait jamais, ils sont fourbes et insidieux.

Elle fait totalement abstraction de l'autre langue-de-plomb, ne portant attention qu'au miroir et de bien veiller à ce qu'il ne se rebelle pas suite au sort. Manquerait plus rien que ça pour rendre l'arrivée de ce Young une véritable catastrophe dans sa journée. Usant de sa baguette, Xoramen recule d'un pas et prononce une formule insaisissable, composé d'onomatopée sans liens apparent. Un cercle lumineux apparaît sur la table, encerclant le miroir. Pas de chance à prendre, les miroirs elle ne les connaît que trop et celui doit être particulièrement dangereux s'il était gardé par tant de protection. Elle ne sait pas si son cercle sera assez solide pour contenir un miroir incontrôlable, mais au moins, ça pourra peut-être atténuer ses effets. Sa crainte, dans tout ça, ce n'est pas une rébellion du miroir, mais plutôt qu'elle ne sait pas de quelle manière l'objet pourrait se rebeller.

Une fois assurée que son cercle est solide et que le miroir n'a émit aucune protestation, elle se calme d'un coup. Même le perroquet se détend quelque peu, mais il pose un unique oeil argenté sur Young.

- Je crois que vous en avez assez fait pour aujourd'hui, monsieur Young. À oublier les notions les plus élémentaires de sécurité, vous devez être particulièrement épuisé. Allez vous coucher et passez une bonne nuit, lance-t-elle d'une voix glaciale, les yeux toujours brillants de colère.

Pour un observateur extérieur, il n'aurait pas été étonnant que la gitane agite soudainement les mains et lance to the go le mauvais oeil à l'autre Langue-de-plomb.