Domaine Rocstone

En fait, je l'ai presque totalement refait y'a trois ans. J'en avais besoin pour préparer mes cours. Y'en aura probablement quelques vestiges d'ailleurs...

Elle le regarde un moment, puis prend la main pour descendre. Laissant son étalon libre, celui-ci se dirige littéralement vers là où il sait que l'avoine et la couverture se trouve. Ténèbres, ce sale canasson, ne se réinventera pas.

Elle dévore le panorama des yeux, l'eau calme, les escarpements boisés. Un ou deux chalets se devinant, au loin, de l'autre côté. Elle se dis qu'elle ne pensait pas revenir ici un jour. Soudain, son visage s'assombrit. Elle demande d'un ton apparemment innocent.

Et tu as trainé combien de femmes ici?

Un pincement au coeur, une pointe de jalousie injustifiée. Dans ses souvenirs, elle a toujours espéré que cet endroit resterait seulement dans leur souvenirs a eux.

Elle lui prend la main, pour descendre de Ténèbres. Il aurait pu faire mieux, mais Less n'était pas du genre à apprécier les galanteries trop poussées... dommage... il aurait pu lui en mettre plein la vue. Mais d'un autre côté, c'était inutile. Ça ne l'impressionnerait pas, elle le connaissait trop. Elle s'était souvenue de lui. Il n'était plus un étranger.

Il la laisse admirer le paysage qui invite au calme et au plaisir. Kaitz sourit, il est heureux. Il nage en plein bonheur euphorique, rien d'autre n'existe que la vue imprenable du Loch Ness en ce moment, cette vue et Less.

- Et tu as traîné combien de femmes ici ?

Il hausse un sourcil et le sourire s'atténue quelque peu. Il hausse les épaules et lui jette un coup d'oeil. Elle le connaissait si bien, mais y'avait parfois des lacunes. Était-ce une exagération de son attitude à lui qu'elle faisait ressortir ? C'était possible.

- J'ai arrêté de compter, dit-il d'un ton neutre.

Kaitz ne se défendait que rarement. Il préférait que l'autre déduise par lui-même les évidences, même si tout était contre lui. Un petit quelque chose qu'il avait apprit avec Muelle. Quand c'était émotif et surtout négatif, ne jamais dévoiler la vérité. Il a un léger frisson, sans avoir vraiment froid.

Elle a un léger sourire... Elle repousse ses cheveux en bataille et le regarde en face.

Tu mens mal. si tu as arrêté de compter c'est que tu n'a amené personne ici.

Le regard d'émeraude avise la chemise ouverte.

Tu vas te rendre malade.

Elle reboutonne le tout.

Peux tu me dire comment tu ferais pour survivre si je ne veillerais pas sur toi?

Un peu plus loin, le hennissement impatient de Ténèbres qui réclame sa bouffe.

- Tu mens mal. si tu as arrêté de compter c'est que tu n'a amené personne ici.

Il sourit et lui jette un regard en coin. Effectivement, il n'avait amené personne, sauf sa mère une fois, mais il doutait que ça puisse compter dans le "lot" de femmes que Kaitz aurait pu amener ici. Mais il ne confirme, ni n'infirme rien. Elle délaisse le paysage et revient sur lui. Il est très calme, serein. Elle lui fait signe et désigne la chemise.

- Tu vas te rendre malade.

Il s'en fout, qu'est-ce que ça peut bien faire ? Elle reboutonne le tout. Chacun des boutons qu'elle attache l'attise. C'est comme souffler sur la braise. Comment pourrait-il avoir froid alors ? Il ne bouge pas, cependant, se contentant de savourer l'attente. Le regard ciel d'été parcours librement le visage de Less, en relevant pour la xième fois les détails les plus infimes, les plus sublimes.

- Peux tu me dire comment tu ferais pour survivre si je ne veillerais pas sur toi ?
- C'est une question qui n'a pas arrêté de me hanter depuis tous ces mois. Et c'était vrai... elle ne le reconnaissait plus... que serait-il arrivé s'il avait fait le con une fois de plus ? Mais peut-être que ça ce serait bien passé, puisqu'elle lui avait sauvé la vie quand on l'avait empoisonné. J'ai bien fait d'être sage. Kaitz néglige l'étalon noir qui réclame sa pitance. Le sourire rayonnant disparaît pour faire place à une pointe d'inquiétude. Less... ne m'oublie plus... c'est insupportable... horriblement insupportable que tu sois si loin de moi... même si tu n'es pas loin...

Dans un geste spontané et des plus tendre, il l'enveloppe de ses bras et la serre contre lui, très fort. Merde, il aurait pu la perdre ! Il aurait pu perdre Muelle aussi... quel con il avait été ! Tout ceux qui avaient jouer en sa défaveur allaient le payer. Ils allaient le payer très cher, un jour ou l'autre.

Less... ne m'oublie plus... c'est insupportable... horriblement insupportable.

A ton avis, il y a combien de chance de tomber 2 fois amnésique dans une vie?

Dit Less bien cachée dans ses bras. Elle se dégage un peu, le regarde dans les yeux le 15 secondes règlementaire

Même si je le voudrais, j'en serais incapable Kaitz... J'ai essayé de te rayer de ma vie, mais c'est comme m'arracher le peu de coeur qui me reste.

Elle ne veut pas penser à Aphrodite en ce moment, au mal qu'elle va lui faire. Juste goûter l'ici et maintenant, dans cette bulle qui ne pourra pas durer éternellement.

Pourtant, au fin fond d'elle même, elle se sent coupable, ce n'est pas elle qui devrait être là, Mais Aphrodite K.Créon

Un grand hiboux noir tacheté de blanc volle au dessus de la forêt cherchant apparemment quelque chose ou quelqu'un. Il a une enveloppe attachée à la patte et vole en cherchant son destinataire. Enfin il le trouve e pique vers lui. L'oiseau se pose à côté de l'homme à qui la lettre est destinnée, il sert une jeune femme dans ses bras. Clopinant, le hibou fatigué par sa longue course s'approche de Kaitz et insiste pour qu'il prenne la lettre. Lorsque Kaitz l'ouvre, il y découvre une lettre à l'écriture un peu tremblante.

Citation :

Kaitz...

Je ne sais pas si cette lettre t'arrivera, mais je tente quand même. Voilà un moment déja que les guérisseurs m'ont appris que tu t'étais enfui de Sainte-Mangouste contre leur avis, mais depuis je n'ai plus aucune nouvelle.

Où es-tu ? Que fais-tu ? T'est-il arrivé quelque chose ? Pourquoi as-tu disparu ainsi ? Ne pas savoir m'angoisse... Pourquoi es-tu parti ainsi ? Pourquoi me laisses-tu sans nouvelles ? J'espère qu'il ne t'es rien arrivé... Je n'ai pas envie de te perdre comme j'ai perdu ma soeur... Je t'en prie ne me laisse pas dans le doute et l'attente... Savoir que tu vas bien serait déja un grand soulagement pour moi...

Je t'aime...

Aphrodite

L'oiseau déchargé de sa lettre tente de s'envoller mais il est fatigué par sa course et quémande quelque chose pour se restaurer.

ailleurs, pendant ce temps...

Samuelle marchait en silence avec Walter dans les jardins. Les mains dans les poches, elle fixait le sol devant elle, indifférente à la beauté de cette journée d’été. Samuelle était pourtant venue à son invitation, pour Lareless, une Lareless qui ne se souvenait pas d’elle, qui n’avait rien à foutre de leur amitié passée : elle était vivante, elle, et eux tous aussi…

Mentir à Walter lui était insupportable. Voilà pourquoi elle s’était tenue à l’écart du manoir… Parce qu’elle allait lui mentir. Samuelle avait gardé pour elle le secret des circonstances de sa mort : Il lui avait fallu 2 ans pour apprendre tous les détails. Walter en savait plus que son fils sur l’univers dans lequel évoluait les Daee. Samuelle avait la certitude que les Rocstone ne pourraient pas se contenter de lui servir de confident. La noblesse et l’héroïsme sont des illusions romantiques pour tout autres que les Rocstones.

« Comment va Judith? » fit-elle pour briser le silence…

Plus bas, la mère de Kaitz jardinait joyeusement, tenant tout un discours aux plantes qui l’entourait.

- A ton avis, il y a combien de chance de tomber 2 fois amnésique dans une vie?

Bien peu de chance, effectivement. Il sourit, soutenant son regard durant les 15 secondes habituelles. Mais c'était pas qu'au sens propre qu'il voulait dire. Il ne voulait plus qu'elle l'oublie, qu'elle le délaisse. Il ne le supporterait pas une autre fois. Il avait besoin d'elle.

- Même si je le voudrais, j'en serais incapable Kaitz... J'ai essayé de te rayer de ma vie, mais c'est comme m'arracher le peu de coeur qui me reste.

C'était exactement ça. Les mots exact. C'était tout à fait ce qu'il ressentait depuis l'épisode du bureau Khâlina. L'impression qu'on lui arrachait le coeur chaque fois qu'il y pensait. Kaitz réfléchissait bien peu dans ce genre de discussion, se contentant d'être ce qu'il était, sans aucun scrupules. Et de toute façon, qu'avait-il à cacher à Less ?

- Je... commence-t-il avant de s'interrompre pour voir approcher un hibou épuisé.

Visiblement, la lettre est pour lui. Qui peut lui envoyer un hibou comme ça ? Une urgence ? À Poudlard ? Il détache la lettre de la patte du hibou et l'ouvre pour la lire. Oh... c'est pire qu'il ne le croyait. Oh, oh... il aurait dû, il le sait, mais... mais il ne l'a pas fait... il en a été incapable... et là...

... et là, il lève les yeux vers Less, qui le regarde, interrogation silencieuse. Il hésite, quelques secondes, le temps que "Tête", sous le regard suppliant de "Coeur" et la menace de "Corps" balaie d'un soupir les doutes de Kaitz.

- Ma mère n'aime pas qu'on saute un repas, dit-il tout simplement en froissant le papier et ses derniers scrupules. Il s'adresse ensuite au hibou. J'ai rien à te donner, ici. Va au manoir, dit-il en se détournant du hibou.

C'est vrai, il n'y a rien à manger ici. Ni pour eux, surtout pas pour le hibou. Y'avaient que les chevaux qui méritaient de bouffer visiblement.

Il répondra à la lettre plus tard, chacun des mot reste gravé dans sa mémoire, "Tête" s'en assure. Pour le reste de la fin de semaine, il était là pour Less, il l'avait dit, il avait demandé à Poudlard qu'on ne le dérange sous aucun prétexte, sauf en cas d'urgence mortelle. La lettre pouvait bien attendre un jour ou deux, puisqu'elle arrivait avec un mois de retard. Il n'avait peut-être donné aucun signe de vie, mais elle n'avait pas non plus cherché à le rejoindre. Le courrier n'était pas filtré à ce qu'il sache. Ça pouvait attendre. Il sourit à Less et fourre le papier dans ses poches.

- Je disais donc que je vais m'assurer que tu ne m'oublie plus, alors.

Et il la prend dans ses bras, puisqu'il lavait délaissée un moment, puis l'embrasse, faisant taire les autres arrières pensées, sans se soucier d'un autre intérêt que celui de goûter à ses lèvres et de la sentir contre lui.



PNJ Walter Rocstone, avec Samuelle dans les jardins du Domaine Rocstone.

Samuelle était rarement silencieuse. Lorsqu'elle l'était, c'est qu'elle voulait dire quelque chose. Y'avait qu'à attendre qu'elle se décide à le dire. C'était long parfois, y'avait peut-être même des choses qu'elle n'avait finalement jamais dites, mais Walter était patient. Et il savait que d'insister auprès de Samuelle ne ferait que la cloîtrer dans un silence obstiné.

- Comment va Judith?

C'était pas exactement le genre de question auquel il s'attendait, mais elle avait du sens. Il jette aussi un oeil à son épouse, aussi belle, sinon d'avantage qu'avant. Un sourire vient glisser sur les lèvres de Sir Rocstone.

- Judith va bien. Il y a des hauts et des bas, mais en général elle va bien. Elle n'appelle plus Harkaitz, Walter, bien qu'elle ne se souvienne toujours pas que c'est moi Walter. Elle cherche Walter, parfois. Mais le Walter de ses souvenirs est beaucoup plus jeune. Pour le reste, tout va bien, tout est normal.

Le même regard que le fils, ensoleillé qui vire au pluvieux un instant, jusqu'à ce qu'un éclat de rire de Judith devant ses rosiers ne leur parvienne aux oreilles.

- Oui, tout est presque normal.

Le sourire et le regard ciel d'été reviennent.

Ma mère n'aime pas qu'on saute un repas, dit-il tout simplement en froissant le papier J'ai rien à te donner, ici. Va au manoir.

Elle rit un peu, attendrie.

Ta mère a toujours eu peur qu'on manque de quelque chose... Tu disais Kaitz?

Je vais m'assurer que tu ne m'oublie plus, alors.

Il l'embrasse, elle se sent carrément fondre. Ferme les yeux, s'abandonnant carrément. Lorsque leurs lèvres se séparent, elle a carrément oublié Ténèbres, Drius. C'est comme retourner 8 ans en arrière avant ce truc qui leur a pourri la vie.

Elle se dégage, lui prend doucement la main.

Viens...

Sublime invite, marchant de reculons, elle lui ouvre le chemin jusqu'à la porte du chalet. Faire comme si.. parce que lorsque la fin de semaine se terminera.. ca ne sera plus possible.

Elle se rappelle ou est la chambre, à la porte, elle lui lâche la main, puis s'esquive, disparaissant de la vue de Kaitz. Lorsqu'il la trouvera, elle sera étendue sur le lit, lui tendant les bras.

Viens... Arrange toi pour que plus jamais je ne t'oublie.

- Viens...

Viens... oh oui ! À ce moment là, il la suivrait n'importe où, faire face à n'importe quoi, sans même avoir le moindre doute pour regarder derrière ou devant. Sa seule certitude se trouvait moins d'un demi-mètre devant lui et c'était vert. Vert, vert, vert ! Le plus envieux des verts, plus vert que les forêts, plus vert que les mers, plus vert que l'émeraude. C'était vers Less.

Le trajet vers le chalet se fait comme dans un rêve, rapidement, mais au ralenti. Le corps sait qu'il avance rapidement, mais la conscience affirme que tout va très lentement. Le vert disparait soudainement et il se retrouve seul dans la pièce principale. Il a un moment de doute, un doute horrible qui lui faire croire, l'espace d'un instant, qu'il a tout imaginer.

Incertain, il jette tout de même un coup d'oeil derrière la fine cloison. Elle est là. Il n'est pas cinglé... pas encore. Une question effleure son esprit.

- Est-ce que...
- Viens... Arrange toi pour que plus jamais je ne t'oublie.

C'était quoi la question ? Il reste une ou deux secondes immobile, hébété, le bleu mélangé au vert. Le bleu change, il se pare d'un quelques chose d'indescriptible, une lueur impossible à décrire.

Mettons les choses au clair. Comment serait-il possible de résister ne serait-ce qu'une seule seconde. Pourquoi résister d'ailleurs ? Aucune réponse.

* Disconnect my brain. *

Sans se précipiter, sans se retenir, avec une assurance et une précision stupéfiante, Kaitz se dirige vers elle. Sans aucune hésitation, aucun doute, il se glisse entre ses bras. Il pose délicatement ses lèvres sur les siennes, très doucement, il l'effleure à peine.

Vous savez ce qu'il y a de pire à un anniversaire ? C'est lorsque le jubilaire est un chercheur de trésor. Vous savez le genre de fêté qui commence par trouver les bouts de papiers collant pour les décoller lentement, pour éviter de déchirer le papier. Qui soulève lentement les coins pour entrevoir à peine les couleurs ou la texture du cadeau, puis qui change de coin pour essayer de deviner, sans vraiment vouloir avoir la réponse. Pas tout de suite. Un demi sourire sur les lèvres, le regard avide, le chercheur de trésor est une véritable torture pour tout le monde. Une torture pour ceux qui observent et qui sont bien curieux de savoir ce qui se cache sous le papier. Une torture pour celle qui offre le cadeau, parce qu'elle veut voir la réaction de celui qui reçoit. Aimera-t-il ? Une torture pour celui qui explore, mais quelle délicieuse torture.

Harkaitz Rocstone est un chercheur de trésor. Il l'a toujours été et il le sera toujours. Il a déjà trouvé des dizaines de dizaines de trésors, mais aujourd'hui, à ce moment précis, il a la ferme conviction que celui-là dépassera tous les autres. Il l'a déjà déballé son cadeau vous allez me dire. Oui, c'est vrai. Et alors ? Qui d'entre vous n'a jamais fait et refait quelque chose juste par plaisir et parce que jamais ça ne vous ennuie ? Parce que chaque fois c'est comme une nouvelle découverte, un nouveau coffre aux trésors.

L'effeuillage se fait lentement, très lentement, goûtant chaque parcelle de peau mise à jour du bout des doigts, du bout des lèvres. Il ne laisse aucune cellule de l'épiderme de Less sans caresse, autant de tisons se déposant sur une peau déjà brûlante par ses soins.

Lorsqu'il n'y a plus rien à déballer, il s'éloigne et admire son trésor. Regard aussi caressant qu'un jour d'été, il la détaille comme un artiste observe son oeuvre, son chef-d'oeuvre à lui. Critique, mais visiblement fier du résultat.

*FLASH! FLASH! FLASH!*

Less qui avait les yeux fermés, qui goûte le calme temporaire de la pièce, la fraîcheur sur sa peau chauffée à blanc, ouvre les yeux subitement.

*FLASH! *

Avec l'appareil photo jadis subtilisé au vieux crapaud, Kaitz la croque sous tout les angles. Avec un sourire ensorcelant, elle tourne sur le ventre, s'offre sans gêne aucune à la pellicule.

*FLASH! FLASH! FLASH!*

Elle joue le jeu, offre la danse de son corps à l'oeil artistique d'Harkaitz. Parfois de dos, parfois de profil. Dans l'oeil émeraude, l'abandon total d'une maitresse amoureuse. La lumière venant de la fenêtre inonde son corp, elle danse, se métamorphose au gré des humeurs et des envies qu'elle ressent. Se transforme en la nymphe en laquelle elle s'est déguisée jadis.

*FLASH! FLASH! FLASH!*

Elle ne dit rien, se contentant de faire passer dans son regard toutes les émotions qu'elle ressent en ce moment. Nulle vulgarité dans ses geste, ca donne quelque chose de vraiment troublant, sensuel et érotique... N'importe quel homme qui se ferait regarder comme ca en ce moment précis ferait valdinguer l'appareil photo et s'occuperait de sa maîtresse.

Mais Kaitz n'est pas n'importe quel homme.

Quand elle juge que c'est son tour, elle s'avance tranquillement, le fixant de manière hypnotique. Elle le débarrasse de l'appareil puis lui offre le même traitement.

Si Kaitz est un chercheur de trésor, Lareless est une gastronome. C'est comme un feuilleté pour elle. Plusieurs couches de pâte inutiles mais nécessaires pour rehausser le goût de l'intérieur. Oh ce qu'elle prend son temps pour savourer en plus! Un morceau à la fois, prenant son temps pour regarder le plat de résistance qui se dévoile lentement. Une fois que tout est à son goût, elle se retire et prend l'appareil. Il faut bien photographier le menu.

*FLASH! FLASH! FLASH!*

Ce qu'il y a de bien avec les jeux, c'est qu'il faut inverser les rôles pour s'amuser beaucoup plus. De photographe, il passe à modèle, s'y prêtant du mieux qu'il peut, même s'il doute que sa performance puisse être signe de celle de Less. Si la séance de Less fut silencieuse et sensuelle, celle de Kaitz est entrecoupé d'éclats de rire et de "Nan, touche pas c'est à moi !"

Après un moment, il n'y tient plus. Il la veut contre lui, même si elle n'est pas si loin, pour sentir sa chaleur, sentir sa flamme. Cachée derrière l'appareil photo, il fonce sur elle et l'enlace, allant perdre son visage dans ses cheveux, perdre ses lèvres dans son cou. Une courte lutte s'en suit pour savoir qui réussira à avoir l'appareil photo. Il finit par lui enlever l'appareil photo des mains. Victoire de Kaitz ou capitulation de Less, qui s'en soucie ? On s'en contre-fout.

*FLASH!*

Ultime photo de deux corps emmêlés et avides, l'appareil va flotter plus loin et il est rapidement oublié.

Comme un pirate avec son trésor,
Comme un artiste devant un chef-d'oeuvre,
Comme un compositeur grattant sur sa guitare,
Comme un prisonnier devant une porte ouverte vers la liberté,
Comme un enfant devant un sapin de Noël,
Comme un marin devant la mer,
Comme un aveugle qui ouvre les yeux pour la première fois,
Comme un poète romantique devant sa muse...

Oui, sa muse, son Noël, sa liberté, son chef-d'oeuvre, son trésor... d'un autre oeil, il se remet à explorer son corps, sans être capable de s'en rassasier. Du bout des doigts, à pleine main, du bout des lèvres, passionnément, de tout son corps, il la désire, la goûte, la veut. Il guette chacun de ses soupirs, chacun de ses mouvements, les gémissements qu'elle retient, les frissons qui la font vibrer, sa respiration qui s'accélère, l'éclat fiévreux de son regard vert, vert... il s'amuse à les provoquer, encore et encore. Des heures et des heures il pourrait ainsi la parcourir, sans jamais s'en lasser. Une éternité pour leur seul plaisir, insouciant du reste du monde. Une éternité de bonheur, qui se moque du reste du monde.

L'éternité. Il est beaucoup trop faible pour supporter l'éternité. D'ailleurs, sa faiblesse se manifeste. Sous les caresses réciproques de Less, les siennes deviennent plus aléatoires, plus confuses, il se sent délicieusement glisser vers un état plus instable. Il sombre petit à petit dans une saine perte de contrôle, se retenant pour ne pas totalement chavirer... pas tout de suite...

Chaque caresse de Less est tison ardent sur sa peau. Il sent ses effleurement jusqu'aux tréfonds de son âme. La brûlure est insupportable, pourtant, il en redemande. Tous ses sens sont à fleur de peau. Il la voit. Il l'entend. Il la respire. Il la touche. Il la goûte. Il la voit. Il l'entend. Elle le touche. Il la respire. Il la voit. Il la touche. Il la goûte. Il la goûte. Il la touche. Elle le touche. Il la veut. Il la désire.

Mon dieu!

Comment d'écrire une telle situation où deux âmes soeurs se dévoilent l'un à l'autre? Il y a 8 ans, ils n'ont pas atteint une telle intensité, à croire que leurs épreuves et le temps les a affinés, les ont modelés pour qu'ils puissent encore plus se compléter... Le temps les ont modelé comme un sculpteur modèle la pierre pour en faire une oeuvre inoubliable, résistant au temps.

Il la touche comme le vent caresse un bouton de rose bien fermé, lui intimant l'envie de s'ouvrir.

Il l'entend, dans son silence, ses halètements comme le frissons des feuilles préparant l'éclosion des pétales.

Il respire son parfum, ténu, la rose ne s'étant pas encore ouverte.

Il la touche comme un jardinier caresse le bouton de rose en train de s'ouvrir, se demandant ce qu'elle va donner.

Il la goûte comme un connaisseur qui prend l'eau de rosée aromatisée en passant doucement sur les pétales naissants, amenant la rose à s'éclore encore plus.

Il la voit, en train de s'épanouir sous la lumière ardente de son soleil.

Il l'entend dans son éclosion... Doux murmure d'une fleur.

Elle le touche en s'épanouissant, réclamant encore plus de lumière pour se révéler dans toute sa délicate splendeur.

Il enfouit son nez dans les pétales toutes neuves, respirant l'odeur de la promesse en dévoilement.

Il voit la couleur ardente, pure de la fleur en éclosion.

Il la touche encore, voulant voir encore plus... voulant enfin accéder au coeur de la fleur.

Il la goûte et regoûte, comme une abeille prend le miel offert d'une fleur superbe, encore jeune.

Il la touche délicatement encore, l'incitant ;a se révéler dans toute sa splendeur de fleur.

Elle obéit, se dévoile enfin dans toute sa délicate et ardente splendeur... Elle l'éblouit, lui renvoyant sa lumière pour un résultat éblouissant. Elle le touche.

Il veut cette fleur, la veut pour lui tout seul, fleur de passion couleur rubis et émeraude. Ardente et presque irréelle dans cette beauté rarissime.

Il la désire de tout son être, elle s'offre, prête à être cueillie.

Pour qu'il la tienne contre son coeur, qu'il soit son soleil, son eau, son engrais. Qu'il soit son jardinier et celui pour qui cette beauté sera réservée pour le reste de ses jours.

Et le jardinier cueille sa fleur. Avec passion, avec amour, possessif et l'Univers s'embrase.

Les flammes dévorent les corps, consument les âmes, brûlent les coeurs. Et le feu gronde, attisé par la fougue et la témérité, combustible hautement inflammable qui coule dans les veines de deux êtres, tout feux, tout flammes. L'air se réchauffe, rendant la pièce suffocante, aride comme un désert. Tout se mélange, flammes, tisons, envies, soupirs, chair, pensées, corps, membres, gémissements, désirs, sueur, doigts, cheveux, râles, tout, tout, tout, TOUT !

Le Brasier Infernal est bien doux à comparé du Brasier Fusionnel qui s'empare d'eux. La brûlure est terrible, elle marque les corps, les âmes, les coeurs d'une cicatrice intemporelle qui change le cours de l'histoire, de leur histoire, le cours de leur vie. Les caresses torrides consument les corps, réduisant en cendre la moindre tentative d'éloignement, les obligeant à fondre l'un sur l'autre, l'un dans l'autre. Dernière montée des flammes dévorantes, ultime tentative désespérée de carboniser les êtres, mais même un incendie de cette ampleur peut soudainement cesser de brûler lorsqu'il n'y a plus rien à consumer.

Le retour au calme les laisse bouillants et meurtrit, mais les braises rougeoient toujours sous la peau, la chaleur et la brûlure se fait encore sentir. Ils supportent à peine d'être touché, mais pourtant, n'arrivent pas à s'éloigner. La tiédeur des draps réussit à peine à diminuer l'intensité des tisons qu'ils sont devenus.

L'un contre l'autre, incapable de s'éloigner à plus de l'infime espace d'air entre leur peau, ils se laissent submerger par le sommeil.

La même chose, mais pas tout à fait… Avec naturel, la fantôme interrompit la balade pour s’appuyer à une clôture de jardin, observant Judith. La mère de Kaitz avait toujours été presque normale pour Muelle; elle ne l’avait connu qu’après son accident. « Est-ce qu’elle sait que je suis morte? Je veux dire, est-ce qu’elle va voir la différence? »

« C’est bizarre, j’ai l’impression que judith a quelque chose de changé… » poursuivit-elle avec perspicassité. « Ce n’est pas… dans son comportement ou son apparence, c’est autre chose, comme si c’était en elle… » Les yeux de Samuelle s’arrondirent soudainement de stupeur alors que la vérité la frappait.

Le champ de ses certitudes vacillait, chavirait. D’un geste convulsif elle s’accrocha au bras de Walter Rocstone : « Oh joyeuse merde! » s’exclama-t-elle alors que l’homme pouvait sentir l’étau de ses doigts sur son avant-bras. « Walt, dites-moi qu’elle n’est pas ce que je crois!?! » fit-elle d’une voix vibrante en ayant les yeux rivé sur la maman de Kaitz… « Oh fichtre, c’est pour ça qu’il est tellement con!!! Walt! Qu’avez-vous fait!!! »

Compte tenu des circonstances, Samuelle prenait les choses avec élégance.

PNJ Walter Rocstone

Tandis qu'il observe son épouse, il ne voit pas le changement d'attitude chez Samuelle, mais il en voit la finalité lorsqu'elle se questionne. Il ne dit rien. Il sait qu'elle en sait plus qu'il n'ose le croire. Jinx sait. Et si Jinx sait il est impossible que Samuelle soit parfaitement ignorante de ce qui se trame au domaine Rocstone. Il ne dit pas un mot, laissant l'idée faire son chemin dans la tête de Samuelle.

Elle le saisit brusquement par la manche. Il la dévisage, surpris par la... fermeté de sa poigne. Il ne dit rien pourtant. L'exclamation qu'elle lance lui ait hocher la tête. C'est pas exactement l'expression auquel il pensait.

- Walt, dites-moi qu’elle n’est pas ce que je crois!?! Oh fichtre, c’est pour ça qu’il est tellement con!!! Walt! Qu’avez-vous fait!!!

Encore une fois, Walter hoche la tête.

- Tellement con n'est pas l'expression dont j'aurais usé, j'aurais plutôt choisit les mots insouciant et désinvolte.

Mais il devait avouer tout de même que Kaitz agissait parfois comme un con. Ça devait venir à force d'être candide et désinvolte.

- Vous savez, Samuelle, j'le suis aussi, mais six générations plus tard. Les facultés se perdent avec le métissage, ainsi que l'insouciance et la désinvolture, à mesure que les générations de Rocstone deviennent plus humaines, tout ça c'est plus difficile à garder intact. Non, non, il s'égare. Il doit poursuivre comme il avait commencé, le plus banal. Dans six générations, il se passera à peu près la même chose. Judith est une pure étincelle. Elles ne sont pas faites pour supporter ce que les humains peuvent supporter. Son accident était à prévoir... mais Harkaitz est à l'abri, il n'est pas une pure étincelle, mais sans doute ce qui s'en rapproche le plus. Il remarque l'air choqué de Samuelle et fronce les sourcils. Il secoue la tête. Et ne croyez pas que ce n'est qu'un caprice. Tout ça n'est pas pour rien. Regardez autour de vous, de la même manière dont vous avez regardez Judith.

Comme un prestigiditateur qui soulèverais le voile sur son prochain tour, Walter embrasse d'un large mouvement de la main tout son domaine.

Il était ambassadeur auprès des Moldus… Samuelle avait toujours su que Walter était lié à la magie sauvage… Pourquoi ne serait-il pas également un ambassadeur auprès de… La fantôme plissa les yeux. Tout à coup le babillage de Judith sembla moins fou et sans objet. Comme une flèche, Samuelle passa au travers de la clôture, dévala le talus jusqu’au jardin et examina attentivement ces très grosses abeilles qui l’entouraient… Il y en avait partout…

Les pierres du manoir Rocstone avaient toujours eu un écho inhabituel, quelque chose qu’on percevait partout sans arriver à mettre le doigt dessus… Elle se remémora : de la magie dans l’air, quelque chose qui brillait dans la poussière qui dansait dans les rayons de soleil. Un commentaire s’imposait : « ARGL! »

Il fallu un long moment à Samuelle pour retrouver ses esprits. Assise sur la pelouse, elle fixait le vide devant elle. Pas tout à fait humain…

« Il l’ignore lui-même, n’est-ce pas? » questionna-t-elle alors qu’elle savait déjà l’évidence. « Vous avez l’intention de le lui apprendre? » Toute suite l’ascendance de sa famille refaisait surface : le secret. Sans même y réfléchir son premier réflexe avait été de déterminer la mesure du secret qui lui était confié.

PNJ Walter Rocstone


Walter n'était pas du genre à suivre Samuelle en courant derrière elle. De toute façon, ça l'aurait essouflé pour rien et il serait arrivé bien après elle. Mais Samuelle avait bien saisit. Se diriger ainsi vers les "abeilles" en était la preuve.

Lentement, les mains dans le dos, en digne Sir, Rocstone descend le talus avec tout son prestige aristocratique. Il rejoint Samuelle et, contre toute attente, s'assoit lui aussi à même la pelouse.

- Il l’ignore lui-même, n’est-ce pas? Vous avez l’intention de le lui apprendre?

Walter prend son temps pour répondre. Sir Rocstone était rarement pressé.

- Il ne peut l'ignorer, mais personne ne lui a dit, il croit donc que c'est normal. Il ait qu'il rayonne plus que les autres, mais c'est normal, sa mère rayonne plus que les autres. C'est l'héridité. Il voit les étincelles, tout comme Judith, mais comme personne n'y fait attention, il n'y fait pas non plus attention. Il est encore naïf, il ne se pose pas encore de questions. Walter sourit, comme si c'était une évidence. Il l'apprendra, en temps et lieux, quand il prendra la relève. Mais pas maintenant, il n'est pas prêt. Il aura besoin de quelqu'un de raisonnable et discipliné pour l'assister et le garder sur le bon chemin.

Évidemment, il ne parlait pas de Samuelle. Samuelle pouvait savoir, car elle avait une mémoire, une expérience innée de ce qui se déroulait sur le Domaine Rocstone, mais elle était loin d'être raisonnable et surtout pas disciplinée. Le regard d'été de Walter se pose sur Samuelle, il pensait plutôt à quelqu'un d'autre.

Samuelle tiqua… Ses yeux d’or vinrent finalement se planter dans ceux de Walter. « Il y a très longtemps, vous m’avez demandé une faveur… Vous m’avez demandé d’être gentille avec elle, d’accepter de lui parler, gentiment, poliment. Lui donner l’exemple et faire preuve de bonne volonté » récita-t-elle en montrant l’étendue époustouflante et improbable de sa mémoire. « Vous saviez déjà que c’était elle, cette personne raisonnable et disciplinée? » demanda-t-elle sans même la nommer.

Lareless et Samuelle étaient aux antipodes, question personnalité. Muelle s’était prise d’affection dès le premier regard pour l’Italienne gauche qu’Harkaitz lui présentait. Elle avait adoré la détester. « Elle ne se souvient pas de moi… Elle m’a oublié en même temps que Kaitz… Comme si j’étais un satellite, lié à un astre. » murmura-t-elle… « Et ma place à moi, Walt, qu’est-ce que c’est? » demanda-t-elle avec un sérieux qui cachait une blessure.

Elle était morte. Les morts, n’ont pas de place parmi les vivants. Samuelle savait cela, c’est ce que chacune des lois de l’ordre fantomatique international établissait. Les fantômes sont des empreintes qui existent pour elle-même, à la poursuite d’une œuvre inachevée ou d’un désir insatisfait. Seulement voilà, Samuelle n’avait pas choisi d’exister sous cette forme. Elle était alors revenue auprès de ceux qui lui étaient chers, parce qu’elle n’avait pas de but qui lui était propre. Même dans sa mort, elle servait les buts de quelqu’un d’autre, la Chimera en l’occurrence. Elle était revenue auprès de Kaitz et Less, mais ils n’avaient pas vraiment besoin d’elle. Samuelle cherchait sa place dans le monde, peut-être Walter Rocstone aurait-il une idée?

PNJ Walter Rocstone


Il était probablement un des rares, peut-être le seul à pouvoir converser sérieusement avec la cadette Daee. Il était peut-être le seul qui l'écoutait ou du moins qu'elle acceptait qu'il écoute. La vérité était difficile à savoir. Il voyait bien que Samuelle réfléchissait, ou plutôt déduisait des tas de choses du passé qui avait au départ paru banal mais qui prenaient maintenant toute leur importance.

- Il y a très longtemps, vous m’avez demandé une faveur… Vous m’avez demandé d’être gentille avec elle, d’accepter de lui parler, gentiment, poliment. Lui donner l’exemple et faire preuve de bonne volonté. Vous saviez déjà que c’était elle, cette personne raisonnable et disciplinée?

Walter secoue la tête, c'était pas tout à fait ça.

- Non. Mais je connais mon fils et je m'y suis reconnu. Le regard ne trompe pas. Il ne le savait pas à l'époque, j'ai bien peur qu'il ne le sache toujours pas. On ne peut se fixer que sur une seule. Habituellement, on le découvre assez tôt et on se trompe rarement, comme si c'était déterminé d'avance. Je ne sais pas ce que c'est, mais c'est comme ça.
- Elle ne se souvient pas de moi… Elle m’a oublié en même temps que Kaitz… Comme si j’étais un satellite, lié à un astre.
- Oui, cette situation est bien ennuyante... mais il tient bon... pour une fois... qu'il dit, plus pour lui-même que pour Samuelle.
- Et ma place à moi, Walt, qu’est-ce que c’est?

Walter regarde Samuelle, se demandant si les mots qui lui viennent seront les bons.

- Lareless est raisonnable et disciplinée, mais elle ne connaît rien de ce qui se passe ici. Et Harkaitz est beaucoup trop désinvolte pour comprendre ce qu'il aura exactement entre les mains. Vous avez une sensibilité pour ces choses là, parce que vous n'êtes pas raisonnable. Regardez, Samuelle.

Un peu plus loin, Judith passe ses mains devant elle, comme si elle lissait un drap sur une corde à linge. Les étincelles se regroupent, semblant inspecter le travail de l'épouse Rocstone. Un léger floue dans l'air, à peine visible.

- Vous savez ce que c'est, Samuelle, vous savez aussi ce qu'elle fait. J'ai été bien désemparé lorsque j'ai apprit votre mort. Harakaitz n'y arrivera pas seul, il a besoin d'une complice. Et vous êtes toujours là, Samuelle. Vous savez que ce n'est pas qu'une question de corps. C'est comme les pierres.

Enfin, il allait devoir répondre à la question de Samuelle. Et ça, c'était pas une réponse facile à donner. Il en connaissait une, restait à savoir si Samuelle allait être d'accord avec la place qu'il lui proposait.

- Je crois que vous vous plaisez ici.

C'était pas vraiment une réponse, mais c'était ce qui lui ressemblait le plus et ce qui était le plus sûr. Walter était prudent, avec Samuelle, c'était toujours une pente glissante.

Samuelle éclata d’un grand rire franc et honnête qui parti en vrille et monta dans l’atmosphère en une note claire et joyeuse. « Je suppose qu’effectivement, je me plais ici, c’est ce que je vous ai toujours déclaré, n’est-ce pas? » expliqua-t-elle en se renversant dans l’herbe toute à son hilarité.

Il lui faudrait consulter les jardins de pierre… Mais pourquoi pas? Le meilleur moyen d’obtenir quelque chose de Samuelle Daee était de ne jamais rien lui demander. La fantôme se releva sur un coude, « Top là, Tonton Walt » fit-elle en lui présentant sa main fine nimbée d’ectoplasme.

Puis elle prit congé du vieil homme et alla rejoindre Judith, observer cette nouvelle dimension qui s’ouvrait à elle. Judith avait toujours été une merveilleuse complice lorsqu’il était question de semer un peu de confusion… Il lui était subitement possible de mieux la comprendre…

Le soir tombe. Emmêlés, les deux... Less hésiterait à se définir comme amante... amis, laisse la température de leur corp retomber à des niveaux plus acceptables. Elle se sent étrange... Brûlé, consumée, épuisée... mais bien, comme si toute sa vie ne l'avait faconnée que pour un seul homme.

Une petite pointe de conscience commence soudain à l'agacer, mais elle la repousse avec irritation. Se glissant hors des bras de Kaitz, elle prend dans son bureau des vieux vêtements, , elle sort de la chambre sur la pointe des pieds. Elle cherche la douche, convaincue que Kaitz ne pourrait survivre sans.

Elle a raison, aussitôt trouvée, elle s'y engouffre.

10 minutes plus tard, vêtue d'un immense chandail informe et de vieilles jeans bien trop grand pour elle et quelle est obligée de tenir, elle va s'occuper des chevaux. Drius d'abord qui attend sagement devant la porte, puis Ténèbres qu'elle trouve en train de se goinfrer d'avoine. Les flancs distendus de L'étalon indiquent bien qu'il s'en est donné à coeur joie. Tranquillement, zen, elle le soigne et l'attache un peu plus loin, devant un minimum d'eau pour pas qu'il gonfle comme une outre. Une fois les deux bêtes prêtes pour la nuit, elle retourne dans le chalet.

Le panier de victuailles attire alors son attention. Il n'était pas là tantôt.

Judith, douce Judith. Fouillant dedans, elle en sort deux raisins. En croquant le premier, elle retourne voir Kaitz. Elle l'embrasse alors, faisant couler un peu du jus du fruit qu'elle a croqué pour lui donner faim.

Si tu veux l'autre, faudra venir le chercher... Dit elle en placant le second raisin entre ses lèvres. Elle l'embrasse, lui donnant le fruit par la même occasion. D'une voix aussi enjôleuse que le vert de ses yeux, elle lui explique la provenance de cette denrée inattendue.

On a un panier de nourriture... Judith a su nous trouver je dirais.

Le ciel s'obscurcie et Kaitz flotte. Son feu intérieur gronde sereinement, ranimé d'une dormance trop longue. Il ne dort pas, il somnole délicieusement. D'ailleurs, un sourire satisfait flotte sur ses lèvres, il respire paisiblement. C'est à son tour de constater ce que Less a constaté 8 ans plus tôt. Et il a manqué tout ça ?

Less se détache, il la laisse faire. Elle s'est toujours levée trop tôt. Le sourire de l'homme s'accentue tandis qu'il l'entend fouiller dans les tiroirs. Il l'observe à travers ses paupières mi-closes et camoufle un rire en se retournant et en s'abrillant.

Elle sort, lui s'emmitoufle dans les couvertures. Il reste à somnoler un moment, faisait bloquage à son esprit de toutes pensées douteuses, qui pourrait le porter à réfléchir. Il ne garde que les dernières heures à l'esprit. Il se vautre dans les couvertures, se disant qu'il n'a pas été si bien depuis... arf... longtemps.

Somnolence, délicieuse somnolence.

Il l'entend revenir, le sourire s'étire. Elle l'embrasse, d'une toute nouvelle saveur. Il ouvre un regard particulièrement bleu. Il s'étire paresseusement et glisse ses mains derrière sa tête. Malgré le soir qui tombe, il rayonne. De toute façon, même en pleine nuit Harkaitz Rocstone rayonne. Elle le provoque, il y répond délicieusement.

- On a un panier de nourriture... Judith a su nous trouver je dirais.
- Ma mère est une fée, réplique Kaitz, tout sourire. Il regarde Less, toujours enroulé dans les couvertures, puis éclate de rire. T'es... magnifique... vraiment. Mais c'est pas à toi, hein. Tu ne devrais pas porter ce qui ne t'appartient pas, ça ne te va pas du tout. Et il agrippe le chandail, avec la ferme intention de le lui retirer. Tu devrais enlever tout ça et venir te vautrer contre moi.

La voix rauque, détendue, l'invitation est franche et ardemment souhaitée dans le regard ensoleillé.

Tu devrais enlever tout ça et venir te vautrer contre moi.

Elle ricane doucement, se laisse faire.

De toute facon, Ténèbres a mangé la moitié d'un sac d'avoine... on est pris ici jusqu'à ce qu'il ait évacué. J'ai installé les chevaux pour la nuit.

Il s'attaque alors aux pantalons... pas trop difficile à enlever.

Avec un petit rire, elle le laisse l'attirer à lui et poser une couverture sur eux deux. Elle a le regard fixé sur le ciel d'été. Les feuillages et le ciel.

Un délicieux frisson la parcoure des pieds à la tête, lui donnant la chair de poule . Trois mots lui brûlent les lèvres... Mais elle les retient, ils mettraient justement des mots sur ce qu'ils vivent en ce moment. Mais ca changerait tout...

Dis lui. La pointe de sa conscience revient l'agacer, mais elle la repousse encore. Demain.. demain, je t'écouterai conscience.

Elle passe les bras autour du cou de Kaitz, l'observe intensément et en silence, l'air sérieuse comme une papesse. Une main s'égare, va se perdre dans les boucles châtaines.

C'est avec un intérêt déculpé par les cheveux humides de Less, par l'envie de revoir son corps et surtout parce que Kaitz adorait particulièrement effeuiller ses partenaires, qu'il lui retire tout ce tissus inutile.

- De toute facon, Ténèbres a mangé la moitié d'un sac d'avoine... on est pris ici jusqu'à ce qu'il ait évacué. J'ai installé les chevaux pour la nuit.
- Bénissez Ténèbres d'être si gourmand, ronronne-t-il en terminant de la déshabiller, d'un oeil avide.

Bon, il ne ronronnait pas vraiment, mais s'il avait été chat, il aurait ronronné et très fort. Il affiche toujours son sourire satisfait, il rayonne et il est d'une sérénité qu'on ne lui avait pas vu depuis longtemps. Ses gestes sont lents, comme s'il avait l'éternité devant lui. C'est exactement l'impression qu'il a. La nuit, l'éternité, c'est du pareil au même. Il ne pense à rien, sauf à celle qui glisse ses bras autour de son cou, sauf à celle qui le regarde si sérieusement. Pourquoi penser à autre chose durant un instant si parfait. Machinalement, ses doigts vont se perdre dans son dos, descendent jusqu'à la chute de ses reins et s'y glissent, faites sur mesure pour s'y poser.

Aucun mot ne lui vient à l'esprit, encore moin une phrase. qU,est-cequ,il pourrait dire de toute façon, à part un truc qui n'exprimerait pas ce qu'il est d'ailleurs incapable d'expliquer. Tous les mots lui semblent fade et inexpressifs pour décrire un moment si parfait.

Pourtant, elle le regarde, elle le fixe, si sérieuse. Cherche-t-elle des mots ? Un seul mot parvient à sortir, un mot court, bref et touchant, avec une pointe interrogative.

- Oui ?