La guerre selon Henri (PV Shay)

19h30, un jour de Janvier 1984, en un temps sombre et froid, une petite barque sur le lac noir, glacial, de Poudlard, et un homme dans cette barque, qui attend.

Au loin le château illuminait de sa splendeur et de sa clarté tous les environs de son domaine ; par une belle nuit de pleine nuit, le reflet sur les eaux sombres du lac était incomparable ; cela était si perceptible qu’on aurait pu distinguer le bruissement de l’herbe dans les landes de la prairie du parc de l’école des sorciers. Oui, c’était une belle journée où finalement on ne pouvait ni se cacher ni se dissimuler aux regards environnants ; excepté par un grand luxe de précautions, comme le fait de se tenir juste dans l’axe de l’angle mort où l’on ne pouvait vous voir du château.

Henri De Hurlevent attendait patiemment, curieux et presque fébrile de retrouver celle à qui il avait transmis plusieurs choses, après ses semaines d’absences, qu’en avait-elle fait ? Ce serait ce soir qu’il le découvrirait.




18h30, le même jour et maintenant le soleil vient de se coucher ; un faucon est posé sur la branche d’un arbre, dissimulé à l’œil du sorcier faut si celui-ci venait à en devenir plus perçant que le feuillage. Il a aperçut la jeune fille qui occupe présentement ses pensées, il a pu la regarder prendre connaissance de son message, de même que sa réaction.

Citation :

« Dans une heure, rends-toi au lac et rejoins-moi sur celui-ci ; avance sans crainte sur ses eaux, sans chercher rien d’autre que la solidité. Si tes devoirs ont été fait avec brio tu ne regretteras pas notre voyage, et sinon ce sera notre dernière rencontre »

Le faucon voit Shaylee relire le message, en apprendre chaque mot, puis le détruire avec soin et application, sans user de magie ; elle a fait sienne cet apprentissage là.

Henri la laisse s’éloigner, supposant qu’elle part se préparer ; lui s’envole ensuite, prenant soin de ne pas être vu, et rejoins la barque sur le lac. Il se transforme, et s’installe confortablement tout en veillant et surveillant les alentours : l’angle mort lui assure normalement qu’on ne peut le voir, mais les créatures du lac peuvent en décider autrement. Mais non, il ne se passe finalement rien.

Il lance finalement le sortilège de glaciation sur les eaux : en une surface étroite, l’eau se solidifiait et un chemin vers lui s’est donc crée. Shaylee devra le trouver et le rejoindre ainsi. La glace est fine, elle ne tiendra que pour une seule personne, et elle est étroite.

Parmi les nombreux avantages à être faucon, celui de disposer d’une vue perçante à plusieurs mètres de distance était l’un des préférés d’Henri : quand on voulait abattre un faucon mieux valait se lever de bonne heure parce qu’il ne laissait pas grand-monde s’approcher de lui ; les quelques chasseurs qui s’y connaissaient savaient que les seuls moyens efficaces pour capturer le rapace étaient d’être déjà proches de lui pour lui tendre un piège. De temps en temps Henri se disait que telle était finalement la faiblesse de pas mal de sorciers, ou même d’organisations, pourtant redoutables : se concentrer un peu trop sur ce qui leur était extérieur et faire confiance, juste un peu trop là aussi, à ce ou ceux qui étaient dans le « cercle ».

Fugacement il pensa aux maraudeuses, et au terrible Halewyn ; les deux étaient antagonistes, et en même très semblables dans leur formidable puissance. Si les jeunes femmes de Poudlard étaient tout de même assez ouvertes elles n’oubliaient pas de surveiller leurs arrières, et quand à Hale….. mouais, que dire de Hale ? Un pareil psychopathe devait plus tenir de l’araignée que de l’humain dont les relations sociales le réjouissait ; Henri se demanda rapidement si finalement il ferait de nouveau face au redoutable tueur….. il y avait peu de chances, lui comme les maraudeuses et tant d’autres aussi, avait disparu presque corps et âme, ce qui en soit satisfaisait plutôt le professeur d’Histoire : entre eux deux il était plus ou moins tacitement admis qu’il y en avait un de trop, et Henri n’avait pas beaucoup de certitudes sur un combat contre un tel adversaire. Par chance tout cela attendrait, peut-être même indéfiniment.

Ce soir, ou plutôt cette nuit, tout était consacrée à la préfète des Serpentards, Shaylee Holmes : la fille que les centaures nommaient maudites, l’élève qui deviendrait peut-être la sienne si…. si elle traversait cette nuit-là et ne le décevait pas. Henri savait-il que celle qu’il prenait pour une jeune fille plutôt douce quoique forte et déterminée avait justement été la protégée et la disciple de son redoutable ennemi de tueur ? Certes non, et devrait-il l’apprendre que sa réaction serait très peu « convenable » ; c’était également pour cela que Shaylee le surprendrait certainement, car son expérience et ce à quoi il comptait la mettre à l’épreuve, et bien quelque part ce n’était pas, ce n’était plus, sa « première fois ».


Et Shaylee parut donc, en équilibre sur la fine et mince paroi glacée qui l’avait menée jusqu’à la barque ; d’instinct, comme par réflexe, le regard azuréen de la jeune fille vient s’accrocher à celui d’Henri : une sorte de salut implicite pour eux. Il appréciait beaucoup cette attitude directe qu’elle avait : rare étaient les sorciers, plus encore les femmes, qui d’elles-mêmes soutenaient l’éclat de ses yeux ; l’intérêt et l’estime qu’il lui portait venait aussi de là.

Henri – « Bonsoir Shaylee, ravie de te voir : tu es parfaitement à l’heure ; moi en revanche je suis en retard…. de plusieurs semaines. Assis-toi et prends les rames : amène la barque tout droit, je t’indiquerais la direction au besoin »

Ce n’était pas galant, non pas du tout, et pourtant Henri tenait beaucoup à ce qu’elle fournisse elle-même cet effort de traction : d’une part il souhaitait juger de sa force, cette force physique latente qu’il sentait en elle, et d’autre part il voulut qu’elle s’échauffa, le temps du trajet, avant que tout ne « commence » réellement.

Il lui sourit tranquillement, puis se laissa à créer un peu de lumière malgré le peu de discrétion évidente que cela impliquait ; les traits du professeur apparurent distinctement, et son visage révéla les coups et les traces de lutte qu’il portait. Henri n’était pas défiguré, seulement un peu amoché mais il était évidemment qu’il était passé par un violent combat.

Henri – « mon petit « travail » pour mon collègue auror s’est révélé peu coopératif, et m’a pris plus de temps que je ne l’eusse pensé ; avant de le remettre en main propres aux aurors je souhaiterais effectuer quelques travaux personnels dessus et bien entendu je veux t’avoir présente….. »

Shaylee lui dédie un regard d’intelligence, alors que la compréhension se fit petit à petit dans l’esprit de la jeune fille ; un peu temps, puis il reprend

Henri – « Je désire voir ce que tu es capable de faire, et comment tu vas t’en sortir face à « lui » ; la dernière fois je t’avais demandé de te renseigner sur les moyens de combattre un lycan. Je t’écoute, qu’as-tu trouvé d’intéressant ? »

Bien qu’il soit promis d’être impartialement et de ne pas l’aider pendant sa future « épreuve », Henri ne se sentait pas la volonté d’envoyer directement à l’aveuglement la jeune fille ; au pire des cas il lui révélerait un moyen, afin qu’elle ait une chance de se tirer de la confrontation. Mais avant il devait savoir si le pari pris sur elle en valait la peine.



[Hj : c’est court, c’est nul, et tout et tout ; seul mérite : tu ne poireauteras pas trop ^^]

L’embarcation glissait sans peine au-dessus de la surface, profonde et sombre, du lac argenté de Poudlard ; une légère brume flottante venait petit à petit se créer tout autour d’eux : les faibles rayons d’une lune presque pleine en étaient la cause. Henri et Shaylee naviguait ainsi, près d’une destination inconnu ; un peu plus haut, sur l’une des collines environnantes, Pré-Au-lard et ses chaumières luisaient d’une lumière rassurante et constituait le seul point de repère à plusieurs kilomètres à la ronde : Poudlard était caché derrière l’une de ses falaises.

Shaylee – « y’a plusieurs façon d’observer la chose…J’ai décider d’occulter toutes les idioties moldues concernant les objets bénis, exorcisme ou autre supercheries… »

Ainsi elle avait donc fait les fameux « devoirs », et s’y était consciencieusement attelée par ailleurs ; sa remarque était judicieuse et effectivement il ne connaissait pratiquement aucun chasseur de lycans qui ne soit réellement penché sur la question de la « méthode moldue » pour tuer un loup-garou.
Aucun à part trois d’entre eux.

Shaylee – « Il faut toucher le cœur si l’on utilise pas la magie…Un objet pointu et tranchant…en argent de préférence…On parle aussi de feu ou de décapitation…Certains sortilèges peuvent y aider… »

La jeune fille souhaitait de toute évidence ajouter quelque chose d’autre mais il y avait comme une hésitation en elle ; peut-être voulait-elle un avis afin de poursuivre ? Henri balança un petit instant avant de se décider à parler : après tout elle méritait bien quelques commentaires car c’est du bon travail. Pour l’instant.

Henri – « oui, pas mal…. tu as globalement juste. Les lycans possèdent des caractéristiques humaines, accouplées à des capacités de régénération extraordinaire : il faut donc atteindre un organe vitale pour empêcher cette régénération. Un poignard, une épée, une hache, peu importe car tous les moyens sont bons quand on possède la force. »

Pré-Au-lard disparaissait peu à peu de son champ vision, bientôt ils seraient arrivés….. Il perçut le haussement de sourcil de Shaylee quand la lune vint éclairer les blessures de son visage ; elle venait sûrement de comprendre.

Henri – « il n’y a pas de sortilège spécial pour tuer un lycan, ce qui signifie que tous sortilèges mortels sera efficace à condition là aussi d’y mettre la puissance nécessaire…….. On connaît de plus un sortilège défensif très efficace, « Homomorphus », qui dresse une sorte de bouclier temporaire entre soi-même et le lycan. Beaucoup plus fort qu’une stupéfaction, malheureusement il n’est pas de ton niveau »

C’était peu dire, « Homomorphus » était épouvantablement compliqué à utiliser et on ne l’enseignait qu’aux aurors ; il fallait une grande puissance magique et une concentration mentale très forte. Shaylee avait peut-être les capacités pour l’apprendre mais si c’était le cas il serait plus intéressant qu’elle découvre d’autre sortilèges…..

Henri – « j’ai comme l’impression qu’il y a quelque chose que tu voudrais rajouter….. Allez, lances-toi »

Shaylee se mordit la lèvre…Elle aurait pu hésiter mais il fallait jouer carte sur table…

Shaylee –« Un simple avada kedavra ne suffirait il pas ? »

Voila elle avait posé la question…En la posant elle avouait presque savoir le lancé et elle avouait également qu’elle était capable de l’envisager sans le moindre remords…Elle continuait de fixer Henri tout en ramant….
Lequel Henri figea sur-le-champ son sourire et commença à envisager son « élève » d’un air qui n’aurait vraiment pas grand-chose de bon ; sa mâchoire commença à se crisper et l’éclat de ses yeux se fit dur. Lorsqu’il lui répondit sa voix avait les accents inflexibles de la colère et de la contrariété

Henri – « Un simple avada….. je vois. Il y a certaines choses qu’il va falloir mettre au point Shaylee, arrête la barque » lentement le professeur de Poudlard se leva et fit face à la jeune fille « Shaylee Holmes je te fais le serment de te tuer moi-même de mes propres mains si j’avais je te surprends à utiliser un sortilège impardonnable ; ton passé t’appartient et ce que tu as fait avant ne me regarde pas. Mais avec moi tu ne devras jamais seulement penser à cette solution-là, est-ce que tu m’as bien compris ? »

De sa position il donnait l’impression d’être à deux doigts de l’attaquer, mais Henri ne se rendait pas compte de cela ; il détestait seulement cette manie que tous les sorciers semblaient avoir de privilégier le sortilège de la mort au reste. La mort c’était quand on ne pouvait l’éviter, et l’avada kedavra était pour les maladroits ; quand il devait tuer il le faisait mais il tirait une grande part de sa fierté en son pouvoir de n’avoir jamais utilisé un sortilège impardonnable. C’était sans doute démodé mais c’était ainsi.

Henri – « Bien, nous pouvons continuer. Je n’ai rien contre toi Shaylee mais j’ai certains principes sur lesquels je ne transige pas. Reprends les rames et fais-nous avancer »

L’on pouvait encore apercevoir deux des chaumières de Pré-Au-lard, ils étaient proches mais encore un peu loin.

Henri – « pour répondre à ta question, oui un simple avada peut suffire » il avait presque craché ces derniers mots « mais pour tuer à coup sur un lycan de cette manière il te faut une puissance que je serais très étonné que tu possèdes déjà. Il y a des méthodes plus « nobles » pour se débarrasser de ces saletés : ils sont déjà suffisamment dangereux pour ne pas avoir à salir notre âme avec eux….. Ah, nous sommes arrivés »


La barque était maintenant….. au milieu de nulle part, entouré d’eau et sans désormais aucun point de repère car les dernières lumières de Pré-Au-lard avaient fini par disparaître ; cette absence même de signe d’orientation était celui qu’Henri recherchait : il savait qu’ici les sortilèges de Poudlard ne fonctionnaient plus.

Henri – « nous allons transplaner »


Il lui prit la main, puis la sensation caractéristique du transport se fit ressentir, et ils finirent par se retrouver dans une sorte de caveau souterrain ; l’endroit était relativement aménagé, mais munie d’une seule porte. Une porte derrière laquelle on entendait des rugissements.

De manière générale Henri se serait lui-même caractérisé comme « le professeur le plus épouvantable de toute une génération » ; sa manie d’hurler sur les élèves du soir au matin, en les traitant de tous les noms d’oiseaux qui fleurissaient son lexique, assortie à ses prédispositions naturelles pour dramatiser à souhait et il en était finalement arrivé à incarner l’une des terreurs de Poudlard. Il n’avait jamais véritablement eu le désir, ou même l’intérêt, d’être un professeur, d’avoir des élèves ou des disciples bien à lui. C’était en soi étrange, que parmi toute la masse d’étudiants à Poudlard il n’eut pour l’instant distinguer véritablement aucun dont il se serait suffisamment prit de curiosité et de défi pour effectivement en venir à former ledit élève à la magie qu’il connaissait si bien ; cette magie si puissante, parfois terrible, qui s’avérait être l’arme la plus double tranchante qu’il eut jusqu’ici connu.

Mais Henri avait trop connu la relation qui lié un maître à son disciple, trop connu et trop ressenti pour prendre son aile le premier élève un peu doué qui se serait présenté à lui : certaines attaches étaient par trop délicates, presque sacrées, pour qu’on ne réfléchisse pas très profondément à ce que l’on faisait ; il y avait des choses qui ne devaient pas être pris à légère.

Et maintenant il se trouvait avec Shaylee Holmes, dans une situation qu’ils avaient tous les deux acceptés, aux motivations peut-être secrètes mais en tout cas réelles et puissantes. Jusqu’à ce que la jeune fille ne lui parle du terrible « Avada kedavra » Henri s’illusionnait encore un peu sur ce qui était en train de se tisser entre eux deux : aucune attache, aucune entrave ou rien d’autre de tout cela, car ni elle ni lui n’aurait pu l’accepter, mais bien un lien qui transperçait certaines de leurs vérités, ou de leurs actes ; l’un dans l’autre les deux en venaient petit à petit à se parler, dans une sorte de confiance……

Shaylee – « Mon passé est mon futur…Il est ce que je suis et croyez moi je sais juger de l’utilité ou non d’un tel sortilège…Oui je sais le lancer mais qui vous dit que je l’ai appris de mon plein gré ? Qui vous dit que je ne pense pas a l’utilisé a bon escient ou pour me défendre ? Vous parlez de me faire attaquer par un loup garou pas d’aller faire mes cours chez Honeydukes… »

Colère, presque de la rage….. et l’expression d’une blessure qui y est attachée ; était-elle encore à vif, plaie béante et saignante, ou bien les mots d’Henri avaient-ils été particulièrement mal choisis au point de venir rouvrir ladite blessure ?
Et ses arguments n’étaient pas faux non plus : tuer ou être tuer, lancer un avada contre un loup-garou en tant que seul alternative à une morsure ou pire……. Juger de l’utilité ou non d’un tel sortilège, n’est-ce que cela la question ? C’était vrai, en un sens, et pourtant lui ne pouvait s’y résoudre….. mais elle avait besoin qu’il soit plus clair, qu’il soit plus franc sans lui donner l’impression de la juger à son tour.

Shaylee – « Excusez moi mais tout ce que vous raconter me parait totalement insensé….Vous condamner mes intention mais vous parlez de manière nobles de tuer ? Je ne vois pas de liens …Vous les qualifiés de saletés…Mais ne croyez vous pas faire une généralité bien trop simple… »

Henri sentait Shaylee choquée, comme si elle venait d’apercevoir un visage qu’elle n’aimait désormais plus ; elle pointait là où il le fallait, appuyait et soulignait ce qui était peu défensable, ce qui était contingent et sophiste. Il sentait qu’elle méritait largement une véritable explication, pourtant cela gênait le professeur de Poudlard ; il avait confiance en elle, en particulier dans ses capacités de réflexions : c’était une jeune fille intelligente et réfléchie, qui malgré son âge pouvait entendre certaines « vérités » qui n’étaient guère jolies jolies.

Mais ce n’était pas le moment, pas ici dans une barque au milieu d’un lac ; voilà ce qui gênait Henri.

Henri – « nous allons transplaner »


A peine arrivée Shaylee avait commencé à porter sa baguette entre ses doigts, méfiante et soupçonneuse ; il eut un sourire dissimulé, car il reconnaissait dans son action un de ces propres travers : mine de rien, si il avait pu revendiqué une quelconque responsabilité dans les gestes de la jeune fille il s’en serait senti fier. Mais la fierté viendrait peut-être d’autre chose ce soir. Shaylee laissait promener son regard dans la pièce, pour finir par s’arrêter sur la lourde porte massive d’où l’on percevait les rugissements.

Henri – « N’aie pas peur, pour l’instant tu ne risques rien et je t’imposerai rien que tu ne choisiras »

Tranquillement il vient se débarrasser de sa cape, puis sortit sa baguette et la porta au niveau de sa taille, la maintenant là par un petit artefact ; il se tourna ensuite vers l’un des armoires et l’ouvrit en grand, révélant là une collection de 7 épées de diverses tailles et formes : une bien belle collection.

Henri – « J’ai été formé aux armes blanches par une sorte de grand maître dans cet art ; pour être honnête avec toi je suis loin de son niveau, excepté en ce qui concerne le fleuret. Les sorciers méprisent cet ustensile pourtant une épée peut s’avérer une alliée infiniment plus redoutable que la meilleure des baguettes. Viens de près de moi s’il-te-plait »

Il en saisit une, elle était toute noire et pourtant d’un éclat presque magique, grande et très élancée, avec une garde parfaitement adapté à la paume d’Henri ; en la soupesant on était surpris de sa légèreté.

Henri – « celle-ci est ma préférée, un cadeau d’un vieil ami ; elle s’appelle Draco Destino, un nom bien pompeux pour une arme mais j’avoue qu’elle le mérite….. viens, essaies-en une »


Choisir une arme c’était un acte fort, presque autant que d’avoir sa première baguette ; un maître-forgeron pouvait mettre tout son savoir et toute sa volonté dans une épée, mais quand en plus il la faisait spécialement pour vous, alors la symbiose était presque parfaite. Pour certains esthètes leur arme devenait le prolongement même de leur bras, et nul ne devait songer à y toucher. Henri se rappelait d’Hale, de sa maîtrise extraordinaire du poignard, une dague meurtrière à l’acier dur et froid qui vous ravageait la chair ; l’assassin était un orfèvre, un artiste avec cette arme entre ses doigts. Même avec une épée et l’avantage du champ d’action Henri avait passé des instants immensément périlleux, et il n’oubliait pas à quel point le phénix noir avait été rapide…..

Et ah oui, il fallait aussi qu’il revienne sur ce fameux « avada kadavra »

Henri – « tu sais Shaylee, je ne veux pas que tu penses que je juge ce que tu as fait avant. Si tu as utilisé l’avada kedavra, de ton plein grès ou forcée, je n’ai aucun doute que l’expérience t’aie marquée, voire plus que cela……. C’est un sort extraordinaire n’est-ce pas ? Une formule et hop!, on est mort ou alors on a tué quelqu’un. C’est séduisant, surtout quand on défend sa peau, mais je te le répète : je ne veux pas que tu l’utilises »

Il fit quelque pas dans la pièce, s’exerçant à des mouvements de poignée, l’épée au poing, tout en gardant le contact visuel avec Shaylee ; ce qu’il voulait lui dire était important, et il ne voulait pas la braquer

Henri – « Tuer est un acte affreux, personne ne peut en sortir indemne. J’ai répandu la mort plusieurs fois, et je ne doute de devoir encore le faire, mais à chaque fois je sais que je m’enfonce un peu plus dans la laideur et le mal. Et quand finalement je mourrais à mon tour, Merlin seul pourra dire ce que je deviendrais…… »

Henri – « nous les sorciers nous pouvons utiliser la magie, et pourtant tout le monde n’est pas égaux : il y a des sortilèges que je ne maîtriserai jamais, il y a un niveau qui m’est inaccessible. Nul n’en connaît les raisons, mais de tout temps seuls les plus nobles et les plus honnêtes de tous les magiciens se sont véritablement élevés dans la magie…… Plus nous tuons et plus nous régressons, et utiliser un sortilège impardonnable est ce qu’il y a de plus…… de plus destructeur pour chacun de nous »



Bon, ça suffirait peut-être pour ce soir ; le reste viendrait en son temps, à moins qu’elle ne désire en savoir plus. Maintenant il était l’heure de mettre en avant les « travaux pratiques »

Henri – « choisis avec soin ton épée Shaylee, car ensuite nous allons franchir la porte. Derrière elle se trouve un lycan, qui nous attaquera. Si tu t’en sens la force et le courage je veux que tu le combattes, et surtout que tu ne le tues pas. Si c’est non je te ramène à Poudlard, et tout sera fini….. »

Shaylee – « D’accord je le promets… »


La valeur d’un serment se mesurait à la foi et à la force de conviction qu’y mettait celui qui le prononçait ; les sorciers avaient assez vite l’habitude, devant la duplicité de l’espèce humaine et son goût pour la trahison, d’exercer des charmes magiques qui permettaient de créer de vrais liens, presque des chaînes, lorsqu’on s’engageait sur la voie d’un serment. Henri sentait confusément qu’il n’avait pas convaincu Shaylee mais il lui était redevable d’essayer de l’apaiser par cette petite conciliation ; les mots avaient une sorte de pouvoir bien à eux, quelque chose d’infiniment plus puissant que la magie en elle-même : un peu comme si ils se rattachaient plus à l’âme, ou à l’essence même de l’homme ou de la femme qui agissait. Des histoires couraient sur ces sorciers et sorcières dont on disait qu’ils s’étaient eux-mêmes trahis suite à des actes contre-nature, brisant les liens même qui les unissaient au reste du monde ; damnés et condamnés à une ersatz de demi-vie, sans ne pouvoir trouver la rédemption…… un sort horrible. La préfète de Serpentard découvrirait peut-être plus tard le sens profond et véritable du message d’Henri, mais dans l’intervalle il ne lui imposerait rien qu’elle n’eut accepté.

Shaylee – « Il me semblerait que nous en revenons en quelque sorte à l’équilibre que nous avons évoqué lors de notre première rencontre. Seul la bonne dose peut mener au pouvoir… »

Là-dessus il ne lui répondit d’abord rien, se laissant un peu de temps pour choisir sa réponse, si il finissait par répondre ; tout le monde cherchait le pouvoir, certains pour vivre sans aucune contraintes, d’autres pour imposer leur volonté, et enfin d’autres encore car ils s’y estimaient « destinés ». Et pour Henri le pouvoir c’était……. c’était sa crainte et sa propre malédiction.

Henri – « un équilibre ne dure que si rien ne change……. et quand plus rien ne change alors c’est qu’on est mort. Je n’aime pas le pouvoir : il me fait perdre ma raison »

Et pendant ce temps Shaylee avait finalement fait son choix : une épée courte, presque une safrane, et sa baguette magique dans l’autre main. Une excellente disposition, encore qu’Henri en fut un peu surpris : en règle générale on aurait eu tendance à privilégier une arme de longue portée devant un adversaire physiquement plus fort ; Shaylee venait de faire l’inverse, et ses paroles établirent que ce n’était en rien innocent.

Shaylee – « J’aurais préféré une dague…je les connais mieux. »

Cette phrase fit tiquer Henri, et même le fit bondir ; il ne connaissait qu’un seul sorcier qui affectionnait envers et contre tout le port et l’usage de la dague. « Meurtrière » avait laissé sa marque dans la chair d’Henri et il n’avait en rien oublié l’extraordinaire dextérité du phénix noir avec ce terrible instrument. Maintenant c’était Shaylee qui à son tour lui confiait préférer les dagues……. certaines coïncidences devenaient troublantes.


Henri – « Je me sens fort d’affronter et de vaincre à l’épée n’importe quel adversaire muni d’une dague ; n’importe qui sauf une personne…… Je commence à me poser certaines questions Shaylee, mais je vais me forcer à les oublier pour l’instant. »

Au moins c’était maintenant clair pour eux deux, et nulle traîtrise n’était à attendre ; après le combat contre le lycan ils devraient discuter et se révéler certaines choses.
Tous deux armés de leurs baguettes et de leurs épées, ou plutôt de l’épée et de la dague, ils finirent par faire face à la porte d’où les grognements et les coups sourds continuaient à se faire entendre.

Au travail.

Henri – « Homomorphus ! »

Le sortilège fusa de la baguette et traversa la lourde porte massive tandis que d’un coup de pied rapide Henri se mit à l’ouvrir en grand avec force et fracas ; le champs répulsif avait fait reculé le lycan jusqu’au fond de la pièce, qui était grande et circulaire, et très lumineuse. Henri et Shaylee entrèrent d’un pas assuré puis le professeur de Poudlard referma la porte et laissa la jeune fille se dressait devant l’animal.

Le loup-garou bondit soudain sur elle, tous de crocs et de griffes sorties, avec la haine dans le regard et l’envie de tuer transpirant hors de lui, partout. Shaylee était maintenant seule devant le lycan, obligée de l’affronter.

Vanharg était depuis très longtemps un loup-garou, à vrai dire il lui semblait qu’il avait passé sa vie entière sous cette forme et aussi loin que ses souvenirs précis remontaient il ne se rappelait plus avoir été autre chose que cette créature surpuissante et redoutable qu’il était finalement. La meute l’avait accueilli et il était devenu la meute, mais lui ne vivait que pour assouvir ses instincts les plus profonds de l’animal en lui : sous la conduite de leur alpha Malhorn il avait attaqué le ministère de la magie, il avait tué et déchiqueté toutes ces personnes inutiles, imparfaites et de sous-rang par rapport aux lycans ; il l’avait fait car tel était sa nature de loup-garou, et aussi parce que Ryan l’avait exigé : l’alpha parlait et il obéissait, ainsi était la loi de la meute, ainsi était sa vie. Et pour récompense il avait obtenu le droit de vivre en toute impunité sa vie de lycan : désormais, dans un domaine qui lui appartenait en propre il pouvait attaquer et dévorer chacune des créatures qui franchissait les limites de son domaine. C’était bon, il était libre et assouvissait chacun de ses besoins et de ses pulsions. Vanharg avait été un sorcier autrefois, mais désormais il était simplement une bête.


Cette vie idyllique dura longtemps, plusieurs semaines ou plusieurs mois, jusqu’au jour où la victime qu’il avait attaqué se défendit violemment. L’homme avait en réalité pénétré dans les bois dans un seul but : assurer la capture du loup-garou. Le combat avait été rude, Vanharg avait perdu l’habitude des proies qui pouvait faire jeu égal avec lui ; sans qu’il ne sache trop comment il se rappela avoir été vaincu par l’homme, au moyen d’un coup formidable qui finit par l’assommer. Depuis il était dans cette pièce, seul, sans nourriture, blessé, et la haine dans toutes ses tripes.


La porte finit par s’ouvrir mais il ne put se jeter sur le nouvel arrivant car une fois de plus il fut repoussé par un sortilège maudit. Ceux qui lui faisaient face étaient déplaisants : il y avait là l’homme qui l’avait attaqué et une jeune fille, une frêle jeune fille qui éveilla instantanément des désirs de bête chez Vanharg. Sans réfléchir il se rua sur elle, savourant à l’avance la sensation divine qui lui procurerait le cours de sa chair dans ses dents.


Et de nouveau il fut surpris : ses griffes vinrent s’abattre sur la solidité d’un charme du bouclier alors que dans le même instant une immense fumée noire et malodorante envahit leur espace. Malgré ses instincts et son odorat il ne se rendit compte que trop tard de la présence de la fille près de lui, et alors qu’il lui lançait un poing féroce il lui trancha le jarret. Vanharg s’écroula instantanément sous l’effet de son poids et de son mouvement, il sentit néanmoins que son coup avait porté alors que ses griffes ensanglantèrent vivement le bras de la jeune fille.

La douleur était vivace, chacun de ses mouvements lui engendrait une douleur insupportable ; et devant lui se dressait la démone qui lui avait infligeait cette blessure, l’impure qui osa le toucher et le blesser ! C’était un crime, elle allait en mourir. Dans un hurlement de rage il tenta de se relever mais retomba immédiatement sur le sol. Il vit le sorcier qui l’avait capturé hocher la tête d’un air très appobateur à l’attention de la jeune fille.

Henri – « excellente manœuvre Shaylee, il est maintenant tout à fait immobilisé et sans danger ; c’est un très bon travail, je suis fier de toi »



A ces mots une flamme s’alluma soudain chez le loup-garou, comme si les paroles et le mot « sans danger » lui avait causé une blessure infiniment plus douloureuse que tous les coups qu’il avait jusqu’ici reçut ; sans plus prêter attention à son articulation tranchée il rassembla toute sa colère et sa haine dans une ultime tentative et bondit sur la jeune fille. Il avait été rapide, plus rapide qu’un éclair et il savait qu’elle n’avait aucun moyen de l’éviter. Enfin il sentir ses griffes pénétrer la chair de sa victime et ses dents seulement à quelques centimètre de la gorge.





Henri – « excellente manœuvre Shaylee, il est maintenant tout à fait immobilisé et sans danger ; c’est un très bon travail, je suis fier de toi »



Il s’avança alors vers elle, très satisfait du spectacle qu’elle avait donné : il ne s’attendait pas à un véritable combat de virtuose mais Shaylee avait démontré une rapidité et une stratégie tout à fait efficace ; Henri avait été sur le qui-vive quand il avait vu la Serpentard se baissait près de la cheville du lycan et il avait été sur le point de lancer un sort. Tout s’était joué à la seconde près, alors que les griffes de l’animal se lançait vers elle Shaylee avait pu porter son coup avec une très grande précision : ça avait été un quitte ou double, mais il avait été payant. Bravo Shaylee.


Par un hasard complet il jeta un dernier coup au lycan alors que dans son esprit le combat était définitivement terminé ; son corps et son entraînement réagit avant son cerveau car de ce bref coup d’œil, inférieur à la seconde, Henri vit les muscles de leur ennemis se fléchir et il sut, plus qu’il ne comprit, que le loup-garou allait se jeter sur Shaylee. Il transplana immédiatement, au moment même où l’autre se mit à bondir sur sa proie. Henri apparut une fraction de seconde plus tard devant Shaylee, s’interposant par pure chance entre eux deux ; déjà les griffes de l’animal était entré dans la jeune fille mais le bras d’Henri avait lui aussi commencé son mouvement : tenant son épée à deux mains il la projeta en un mouvement ascensionnel droit et rapide et vient fracasser et traverser la tête du loup-garou en pénétrant directement sous la mâchoire de leur ennemi. Emporté par sa dynamique il souleva le lycan et le poussa loin d’eux, son épée restant plantée dans le crâne de l’animal.


L’adrénaline retomba, mais c’est le souffle court et rauque qu’Henri se tourna vers la jeune fille ; Merlin soit loué les griffes n’étaient pas entrées trop profondément, mais elle saignait néanmoins.

Henri – « tout va bien Shaylee, tout va bien ; je vais te soigner, ne t’inquiète pas : tu ne deviendras pas l’une de ses bêtes immondes »