Dortoir de Sally || Gwendolyn || [2 places]

Soirée de rentrée. Les vacances d’hiver s’étaient terminées et tous les élèves étaient retournés au château pour continuer leur scolarité. Etant partie plus tôt de la Grande Salle, Gwendolyn en avait profité pour prendre la salle de bain en première. Elle n’aimait pas s’y éterniser mais elle aurait préféré prolonger ses minutes de sommeil le lendemain matin. Passant une serviette dans ses cheveux tout en y frottant de sa main droite, Gwen’ entreprit de se les sécher un peu. Léger soupir. Le miroir ainsi que la vitre était toute embuée à cause de la chaleur de la douche qu’elle venait de prendre. Et pourtant, elle avait fini les dernières minutes à l’eau froide. Bon pour le corps. Sain pour l’esprit. Laissant la serviette retomber sur ses épaules, elle ferma le poing afin de l’appliquer circulairement sur la vitre. Ainsi, le paysage de Poudlard prit petit à petit forme. Enfin, disons plutôt la lune car elle était la seule visible à cette heure-ci, la journée étant réduite par les saisons. Bling. Qu’est-ce que ? Surprise, Gwen’ se retourna en direction de la porte qui était encore fermée. Ses colocataires devaient être arrivées. Mais dans ses conditions, pourquoi ce bruit et non un tambourinement à la porte ou autre ? Un seul moyen de le savoir. Laissant ses cheveux mouillés lâchés, la serviette sur ses épaules et portant seulement un débardeur noir avec un pantalon de nuit blanc ample, la main de Gwendolyn s’abattit sur la poignée.

|Gwendolyn| « Chaussette… C’est toi qui fais encore des tiennes ?» Perdu. Chaussette devait être en train de faire le foin plus loin. A moins qu’il ne chasse. Quoique non, cela ne lui ressemblait pas.

Non, Chaussette n’était pas en train de farfouiller dans le dortoir de long en large. D’ailleurs, aucune boule noire furibonde n’était dans l’horizon. A la place se trouvait une jeune fille aux cheveux aussi blonds que les prés avec la mine d’une gosse de cinq ans prise sur le fait. Sally Flemings. Une sixième année. Où ? A Gryffondor voyons. Ici, tout le monde se trouve à Gryffondor TT.

|Gwendolyn| « Tiens, bonsoir Sally. Désolée, je croyais que Chaussette avait encore fait des siennes. »

S’accoudant contre la porte de la salle de bain, la septième année regarda alors sa cadette. Il était réputé que Sally Flemings était assez maladroite. Peut-être même la plus maladroite des sorcières de Poudlard. Mais tout le monde pouvait l’être. Enfin, peut-être pas à ce point. Chacun ses défauts. Mais si le chaton de Gwen’ ne se trouvait pas là alors cela voulait dire que le bruit de casse venait d’elle ou d’un coup de vent… ou peut-être d’autre chose. L’air gêné de la demoiselle voulait bien dire quelque chose. Une lueur attira son attention à ses pieds. Un bout de verre reflétait les rayons de la lune. Apparemment, la jeune fille venait de casser quelque chose en verre. Arf. S’était-elle faite mal ? Ce qui était étrange c’était qu’elle était au côté de ses affaires. S’approchant afin de se mettre de l’autre côté du lit, elle repéra alors les lanières du petit miroir. Tiens, elle qui ne savait pas comment s’en débarrasser.

|Gwendolyn| « C’est toi qui a fait çà ? » lui demanda-t-elle en montrant les restes du miroir d’un doigt que l’on pourrait démontrer comme étant accusateur. Que nenni, cela servait à montrer seulement. Mais les yeux peuvent porter plusieurs jugements.

C’est alors que la rouge et or leva les yeux vers sa cadette, attendant une réponse de sa part.

*Mince*

Sally se baissa afin de ramasser les morceaux de verre brisés. Aïe. Elle venait de se couper. Mais ce n'était rien d'autre qu'une blessure superficielle. Elle ne saignait même pas. Sally se redressa. La petite porte qui donnait sur la salle du bain du dortoir s'ouvrit subitement. Sally sursauta. Dans l'encadrement de la porte se tenait Gwendolyn Oshorpe l'une des jeunes filles avec lesquelle Sally partageait son dortoir. La rouge et or la détailla d'un coup d'oeil. Elle portait un jean's et un débardeur. Ses cheveux humides tombaients le long d'une serviette de bain qui couvrait ses épaules. Sally lui adressa un sourire.

« Tiens, bonsoir Sally. Désolée, je croyais que Chaussette avait encore fait des siennes. »

"Salut Gwendolyn ! Tu as passé de bonnes vacances ?"

Sally reporta son attention sur les morceaux de verre du petit miroir. Elle se mordit la lèvre infèrieure. La jeune fille affichait une mine consternée et ennuyée. Quelle idiote ! En plus, ce miroir ne lui appartenait pas !

« C’est toi qui a fait çà ? »

"Je suis vraiment désolée ! Je n'ai pas fait exprès... Il était à toi, non ?"

Sally se pencha une nouvelle fois. Elle ramassa le corps du petit miroir puis les morceaux de verre et les posa sur sa commode. Cette fois-ci, elle ne s'était pas blessée. La jeune blondinette se tourna vers Gwendolyn et hocha la tête embarrassée.

"Peut être que la formule "reparo" pourrait racommoder les dégâts. Je vais essayer..."

Sally extirpa sa baguette magique de sa ceinture. Elle ferma les yeux et chercha à se concentrer. Pourquoi c'était si simple pour tous les autres de jeter un sortilège pareil mais pas pour elle ? Elle ne put s'empêcher de soupirer. Sally effectua un moulinet du poignet et prononça la formule magique. Rien... Absolument rien ne s'était passé. Mauvaise fortune pour Sally.

|| Encore désolée pour l'attente. Bon Déménagement ||

Avez-vous déjà eu l’impression de lire un livre en ayant l’impression d’en être le héros ? Ou bien de voir votre vie continuait à avancer sous vos yeux sans pour autant la suivre ? Comme si vous étiez figés sur place sans pouvoir continuer à avancer avec. Comme si vous étiez spectatrice au lieu d’actrice. Alors que vos pieds restent fixes au sol, les images défilent devant vous à une allure vertigineuse et vous avez beau tendre une main devant vous, rien ne l’arrête. Vous n’avez même pas cette sensation étrange que de toucher un voile ou une pellicule. Comment ? Pourquoi ? Personne ne le sait. Personne ne peut alors vous répondre. Mais une chose est certaine : Vous n’êtes pas en plein rêve. Cela serait si facile sinon. Une vie simple n’existe pas, il y a toujours des complications… sinon que serait l’exaltation que procure la vie ? C’est ainsi que Gwendolyn observait sa camarade se fondre en excuses et tenter de réparer le petit objet. A dire vrai, Sally s’excusait auprès d’elle sans qu’elle n’ait eu le temps de lui répondre. Comme si elle avait deviné que cela lui appartenait. La petite Flemming semblait si fragile quand on l’observait. Mais l’était-elle réellement ? Après tout, il fallait bien s’avouer que les apparences étaient trompeuses. Combien de personnes en combien de situations s’étaient-ils fais avoir ? Et pourtant, même en le sachant, en y pensant et étant averti, on se faisait encore avoir en en prenant conscience. C’était indéniable. Ainsi, la sixième année semblait ressembler à un cristal fragile qu’un coup de vent pourrait abattre. Et pourtant, elle était toujours debout et garder généralement un sourire sur ses lèvres. Bien entendu, le rouge aux joues de gène semblait l’habitait… mais pas assez pour la détruire. Où puisait-elle donc cette force invisible qui continuait de faire battre son cœur ? Et ses espérances ? Trop de questions sans réponse. Et Gwendolyn était trop fière pour le lui demander de vive voix. Trop de fierté, tue la fierté. Tue une personne.

Se relevant de l’entreporte en bois de la salle de bain, la septième année marcha en direction de la jeune fille. Un léger sourire mutin et caché arqua ses lèvres en déposant une main sur l’épaule de sa cadette. De son autre main, elle ramassa l’un des bouts de verre sans pour autant se couper. Gwendolyn n’égalait pas la miss au niveau de sa maladresse mais personne n’était infaillible et invincible.

- « Ne t’inquiète pas pour çà. » Ajoutant en cherchant ses mots. D'un main, elle ébourrifa gentimment les cheveux blonds de la jeune fille afin qu'un léger sourire ne redresse ses lèvres « Ce n’était… qu’un simple objet. »

Tout en parlant, Gwendolyn ne pouvait s’empêcher de faire tourner le bout de verre entre ses doigts en prenant soin de les appuyer sur les parties non pointues afin de ne pas se trancher la chair. Elle ne savait pas si elle avait réconforté la jeune fille. A vrai dire, le tact ne faisait pas parti des qualités de la Gryffonne. Si bien que parfois son oncle plaisantait en demandant si elle était réellement humaine. Peut-être l’était-elle devenue un peu moins depuis l’été dernier ? Peut-être n’avait-elle pas autant encaissé le choc comme elle le prédisait ? Et pourtant. Ce n’était pas d’elle dont il s’agissait. Ironie du sort. Dans tous les cas, elle n’avait pas à prédire un mauvais coup du sort pour cette perte qui l’enchantait plus qu’il n’aurait dû l’être.

Un à un, elle ramassa les bouts de verre dans la main de la jeune fille tel un moineau qui picore des miettes de pain offertes. Pour finalement se diriger vers ce qui ressemblait à une poubelle et les faire disparaître. Oui, elle aurait été capable de prononcer un « reparo » mais ne le voulait guère. Une chance, peut-être, de faire enfin un pas en avant ? Qui pouvait savoir. Se retournant de nouveau vers Sally mais avec les mains libres cette fois-ci, elle constata son manque de réaction ou alors était-ce autre chose ? Gwendolyn est les sentiments. Inchangeable. Prenant la serviette qui couvrait ses épaules, elle commença à la frictionner sur ses longs cheveux bruns afin d’avoir un peu moins froid car l’eau gorgeait encore quelque peu cette partie de son corps.

- « Alors, dis-moi et tes vacances à toi ? »

Changer de conversation semblait être une bonne chose afin de laisser les noirceurs de la jeune blonde au loin. Après tout, il n’était pas bon qu’on ne l’accable d’un quelconque malheur lors du premier soir… surtout pour si peu. Un miroir brisé voyons. Il y a vraiment plus grave dans une vie. Comme une vie brisée. Une marque indélébile. Qui ne faisait jamais d’erreur ? C’était peut-être parce qu’elle refoulait toute trace de sentiment par instant que Gwendolyn le paraissait ainsi ? Et encore. Les gens pensent tellement de choses. Tellement de pensées fugaces et vides. On ne peut tout savoir des autres. On ne peut tout savoir de soi. C’est cela être humain. Etre humain consent à devenir faible. Or, Gwendolyn comme tout autre est faible. Mais où peuvent se trouver « force » et « faiblesse » ? Où ?

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