Rencontre surprise [pv Akané]

Artemis sentait que le mois de décembre pointait le bout de son nez, avec sa froidure et son climat si caractéristique, froid et humide même s'il était enfermé à l'infirmerie. Après plusieurs heures de travail à s'occuper des malades et à les soigner, l'infirmier voulait prendre un peu l'air après s'être occupé de Nathalie Cerrada, une élève qui refusait toute nourriture ou presque. Il leur fit boire à tous une potion qui donnait un sommeil profond et sans rêves puis, après s'être assuré que chacun dormait profondément, Artemis sortit silencieusement de l'infirmerie et enferma ses malades. Bien sûr, avant de sortir de l'infirmerie, il avait pris soin de prendre une grande cape noire et des gants en peau de dragon pour se protéger du froid. Car il était sûr que l'hiver s'était bien installé sur Poudlard et en Ecosse, quand l'hiver est présent, il l'est vraiment. Il descendit un étage et se retrouva face aux quatre sabliers qui représentaient les quatre maisons de Poudlard.

Comme à son habitude, Artemis jeta un coup d'oeil à ces derniers et constata avec satisfaction que son ancienne maison, c'est-à-dire Serdaigle, était en tête au classement de la Coupe des Quatre Maisons. Le jeune homme les observa encore pendant quelques secondes puis franchit la lourde porte d'entrée où l'attendait une nuit froide et enneigée. Il avait eu raison d'emporter des protections supplémentaires contre le froid : en effet, Artemis était un peu comme une grenouille qui pouvait deviner le temps qu'il faisait dehors sans même regarder à la fenêtre. Il y avait déjà une couche de neige de 5 centimètres d'épaisseur qui tenait au sol et au fur et à mesure que le jeune infirmier marchait, il pouvait voir ses pas derrière lui. Arrivé près de la cabane du garde-chasse, c'est-à-dire à la lisière de la Forêt Interdite, Artemis avait une soudaine envie de pénétrer dans ce lieu qu'il trouvait si sombre et si effrayant en étant plus jeune mais maintenant, tout était du passé même s'il n'aimait pas trop y aller. Il ne résista pas à son envie et s'engouffra dans l'immense forêt.

A peine avait-il marché quelques dizaines de mètres que la végétation était assez touffue et que la couche de neige qu'il avait vu en marchant dans le Parc avait fortement diminuée. Mais il continua tout de même à s'enfoncer plus loin dans la forêt et au bout de quelques minutes de marche sans rencontrer le moindre élève, le moindre être humain, le moindre animal dangereux, Artemis s'arrêta. Il était déçu car il voulait qu'il y ait un peu d'action dans sa vie monotone : il ne voyait plus Yuna, il parlait de moins en moins à son frère et même s'il était entouré d'élèves tous les jours, le jeune homme sentait qu'il avait un profond mal-être : celui d'être ignoré. En pensant à tout cela, l'infirmier se plaqua contre un arbre et glissa contre celui-ci jusqu'à être assis. Il se mit ensuite en boule, comme s'il voulait se protéger contre les esprits malfaisants qui hantaient ces lieux.

Une silhouette se trouvait debout au milieu d’une pièce sombre, presque totalement dépourvue de lumière. On pouvait juste distinguer les courbes du corps féminin se profiler dans l’obscurité. La jeune femme tendit un bras devant elle, tenant fermement entre ses doigts sa baguette, et murmura faiblement une formule.

-Akané- Lumos

La chevelure lisse de la jeune femme, dont la couleur d’un noir de jais se confondait avec l’obscurité de la pièce, se mit à onduler derrière la nuque de celle-ci alors qu’un puissant halo de lumière sortit de l’extrémité de la baguette pour en inonder la pièce. On pouvait alors distinguer le visage aux traits fins d’Akané, ses iris verts scrutant les alentours. Elle se mit à avancer lentement en direction d’une porte se trouvant à l’autre bout de la pièce sans fenêtre ni lumière du jour, sa baguette devant elle, avançant dans le sillon de lumière vive. Elle poussa la porte et un frisson parcouru son dos à son contact glacé. Elle se trouvait dans les profondeurs du ministère, plus précisément dans le département qu’elle dirige, à savoir le département des mystères. La pièce dans laquelle elle se trouvait quelques instants auparavant était son bureau, où il se devait de ne pas y avoir de lumière, en conséquence de la prophétie sur laquelle elle était penchée en ce moment. Akané baissa sa baguette magique, et le sortilège s’estompa alors qu’elle s’aventurait de quelques pas dans cette nouvelle pièce du département des mystères, qui refermaient autant de choses dépassant ce qu’on peut imaginer les unes que les autres.

Il s’agissait de la salle du temps, qu’elle connaissait parfaitement à présent, ayant du passé par celle-ci tant et tant de fois pour pouvoir remonter à la lumière du jour. Akané plissa légèrement les paupières pour protéger ses yeux de la lumière aveuglante qui régnait dans cette pièce. Cette salle est remplie d'une lueur éclatante dansant comme des reflets de diamants. On y trouve des horloges de tout part : des grandes, des petites, des horloges de grand-mère, des réveils de voyage. Certaines étaient accrochées aux murs, entre des bibliothèques, d'autres posées sur des tables alignées tout au long de la pièce. Un cliquetis incessant s'élevait de partout, comme si des milliers de pieds minuscules avaient marché au pas. Une grande cloche de cristal se tient au fond de la pièce et c'est d'elle qu'émane l'étincelante clarté. La cloche de cristal est posée sur un bureau et un tourbillon de vent à l'intérieur dessine des volutes de lumière. Porté par les courants étincelants, un minuscule objet bouge sans cesse. Cet objet est en fait un colibri, mais il n'est pas toujours sous la forme d'un oiseau. Au début de son cycle, l'oiseau est dans son œuf. En s'élevant, il éclot et grandit pour devenir un oiseau jusqu'au sommet de la cloche. En redescendant il redevient un oisillon, puis rentre dans sa coquille, qui se reforme autour de lui. Cette progression temporelle se répète sans fin dans la cloche.

Une grande armoire vitrée adossée à un mur contient de nombreux Retourneurs de Temps de différentes tailles sur ses étagères. Le chemin à travers cette salle, pour arriver à la cloche de cristal, est un passage étroit entre de nombreux bureaux. Tout au bout, là où se trouvent les Retourneurs de Temps, il y a une autre porte que l'on ouvre en poussant. Akané se hâta vers l’autre bout de la pièce sans prendre gare à ce qui se passait autour d’elle, avançant en direction de la porte du fond. Cette porte s'ouvre sur une salle circulaire comprenant douze portes identiques, noires, lisses, sans poignées, disposées tout autour. La pièce est éclairée par des chandeliers aux flammes bleues. Le sol en marbre est tellement bien poli qu'il a l'aspect d'une eau sombre. La jeune femme rangea sa baguette dans la poche de sa veste noire et avança d’un pas plus décidé vers la porte qui signifiait la sortie de son département. Enfin elle pouvait entendre l’écho de voix du personnel un peu plus haut, elle qui vivait toute la journée dans le silence le plus total de son département… Elle passa au delà de cette porte noire et lisse pour ensuite continuer le long d’un long couloir dénudé qui la mènerai vers un ascenseur. Akané était soulagée de se trouver en dehors du département des mystère, elle n’était jamais totalement rassurée lorsqu’elle se trouvait en son sein et tenait toujours sa baguette entre ses doigts lorsqu’elle se trouvait à l’intérieur, ne serait-ce que pour se rassurer.

Elle ne vit pas passer les neuf étages la séparant du grand atrium, toujours bondé. Akané se retrouva dans Londres rapidement, elle avait quelque chose à aller faire au plus vite, il fallait qu’elle se rende à la forêt interdite, là où elle allait toujours lorsqu’elle avait été élève pour s’isoler. Elle devait venir chercher une plante ne poussant qu’au beau milieu de la foret, dont elle avait besoin pour une de ses rechercher à propos d’une prophétie. La jeune femme scruta une ruelle de Londres de ses iris verts pour s’assurer qu’il n’y ait aucun moldu alentour, puis ferma les yeux pour enfin disparaître dans un « crack » sonore. Maîtrisant l’art du transplanage parfaitement, elle réapparu dans le même « crack » caractéristique devant l’enceinte de l’école. Quelques minutes de marches seulement la séparaient de l’orée de la forêt. Son pied foulant l’herbe parsemée de rosée du soir, elle continua sa route à l’intérieur de la forêt et se dirigea en hâte, sa baguette en main vers le seul endroit où pouvait se dénicher la plante dont elle aurait besoin pour ses recherches. Akané reconnus l’arbre qu’elle cherchait après s’être quelques peu enfoncé dans la forêt. Elle se baissa pour ramasser la plante en question et laissa échapper une exclamation quand elle découvrit une silhouette qui gisait à ses pieds... La jeune femme recula d’un pas, baguette tendue devant elle une expression de défis sur son visage.

-Akané- Qui est là ? fit-elle à l’égard de la masse en boule au pied de l’arbre.

Artemis se remettait à penser à ses malheurs à chaque fois qu’il n’y avait aucune présence à proximité et ses malheurs concernaient tout le temps Yuna et son frère Eoghan mais aussi ses échecs face aux recherches vaines qu’ils faisaient pour retrouver sa sœur. « Ils » car Artemis n’était pas seul. Eoghan l’aidait mais il n’avait pas revu ce dernier depuis de longs mois. Il fallait arrêter de penser au malheur et prendre certaines choses du bon côté mais Artemis ne trouvait pas ces choses si positives car tous les évènements positifs qu’il a eu dans sa vie concernaient soit Yuna, soit Eoghan et rien que de penser à eux, ça le rendait triste.

De plus, lors d’une conversation un peu insolite avec la Directrice-Adjointe de Poudlard Soanala Yuna Tenshi, Artemis avait retrouvé la tombe de son premier amour : Edwige Walter, qu’il avait connu dans sa misérable école de sorcellerie irlandaise où il a étudié la magie pendant 5 longues années. Artemis n’avait plus pensé à elle depuis son entrée à Poudlard à l’âge de 16 ans mais la voir enterrée dans le cimetière de Poudlard l’avait encore plus enfoncé dans la tristesse. Il se demandait encore comment avait-elle pu être enterrée là et il voulait le savoir. C’était encore un mystère à résoudre et dont les vérités seraient peut-être douloureuses à vivre mais la douleur, Artemis la connaissait bien puisqu’il la combattait autant dans sa tête que dans sa nouvelle carrière professionnelle.

Penser à tout cela en même temps lui avait donné mal à la tête mais il n’avait toujours pas bougé depuis qu’il était assis au pied d’un arbre, dans le fin fond de la Forêt Interdite. Et s’il s’y perdait ? Car le jeune homme n’avait plus vraiment de raisons de vivre mais il allait laisser peut-être la tristesse s’emparer à nouveau de plusieurs personnes et Artemis détestait voir les gens souffrir. Une larme commença à couler sur la joue du jeune infirmier et il ne voulait pas l’essuyer. Il repensait à nouveau à nouveau à tout son mal-être et s’évanouir dans ceux-ci quand soudain, il entendit une exclamation dont la source était à quelques mètres de lui. Artemis releva brusquement la tête, essuya en moins d’une seconde ses larmes et avait déjà la main droite dans sa poche où sa baguette magique était prête à l’emploi quand il vit une femme qui avait apparemment reculé de plusieurs mètres en le voyant. Elle n’avait pas sorti sa baguette, donc elle n’avait pas l’intention de l’attaquer, et demanda d’une voix dure et encore précipitée par la surprise qui il était. Artemis avait remarqué une chose à chaque fois qu’il faisait une nouvelle connaissance : c’était toujours lui qui se présentait en premier mais cela ne le dérangeait pas trop. Il répondit d’une voix calme et suave, tout le contraire de la jeune femme qui se tenait devant lui :

- Je m’appelle Artemis Fowl, infirmier à Poudlard. Vous êtes ? demanda-t-il toujours avec cette même voix.

Le jeune homme était toujours assis contre l’arbre et avait seulement bougé la tête et le bras droit qui avait machinalement atterri dans sa poche, comme s’il s’était attendu à ce qu’il soit dérangé dans ses réflexions.

La jeune femme plissa légèrement les paupières pour tenter d’identifier ce qui se trouvait au pied de l’arbre. Elle était vraiment loin d’imaginer qu’elle aurait fait une rencontre à cet endroit. Ayant un tempérament courageux, elle ne ressentit pas de peur ou d’inquiétude, elle connaissait cette foret, ainsi que les créatures peuplant son sein comme sa poche, et avait du faire face à bien pire au long de sa carrière en tant qu’auror. Un silence pesant régnait sur la forêt, seule le souffle puissant du vent se faisait entendre. Akané connaissait le silence, celui-ci faisait même partie intégrante d’elle-même depuis qu’elle avait hérité du poste de directrice du département des mystères de sa sœur. Ne s’étant couverte, elle frissonna alors qu’un flocon de neige atterri sur le bout de son nez. Vivant la plupart de son temps dans les profondeurs du ministère, elle n’avait pu prévoir la chute de neige présente. Akané se redressa lentement et décrispa ses doigts sur sa baguette dans sa poche avant de placer un capuchon du même velours noir que sa longue veste sur son visage pour éviter que sa chevelure reçoive les flocons de neiges, tombant de plus en plus nombreux du ciel ombragé. Elle adopta cette attitude plus décontractée car elle venait de s’apercevoir que cette silhouette au pied de l’arbre n’était autre qu’un être humain, toute crainte était donc écartée. La jeune femme plongea une main dans une de ses larges poches pour en sortir une paire de gants de cuir noir qu’elle possédait toujours sur elle. C’est avec ces mêmes gants qu’elle assurait les matches de quidditch, la température étant des plus glaciale dans les hauteurs du terrain, lorsqu'elle avait été élève, batteuse de sa maison.

Elle enfila distraitement ses gants en s’approchant lentement du jeune homme assit au sol, car il s’agissait bien d’un homme, une expression plus détendue sur le visage. Il portait une longue cape noire qu’elle parvint à distinguer malgré la couche de neige qui commençait à devenir épaisse sur le sol, et qui recouvrait partiellement le tissu épais. Il avait brisé le silence qui s’était installé entre eux, après qu’Akané ait parlé de sa voix froide, en se présentant. La jeune femme l’écouta attentivement, tout en le détaillant. Le ton sur lequel le jeune homme avait répondu était bien différent du ton froid et précipité de la question d’Akané. Ce n’était pas une femme très sociale en temps normal, depuis qu’elle avait perdu la seule amie qu’elle n’avait jamais eue hors de sa famille, malgré qu’elle ait un sens développé des convenances, conséquence de la façon dont elle fut élevée. Il était infirmier dans le château. L’évocation de l’infirmerie de Poudlard lui faisait se remémorer la mort de Kay durant sa scolarité, et Akané baissa son regard clair vers le sol, fixant la couche de neige scintillante. La lumière tamisée de la forêt, filtrée par les épais feuillages des arbres, rendait l’endroit enneigé particulièrement beau. Après un court silence suivant les paroles d’Artemis, Akané releva son visage au teint pâle pour poser son regard, devenu brillant à ces souvenirs douloureux, sur le jeune homme.

-Akané- Veuillez m’excuser, j’avais cru… Elle marqua une courte pose durant laquelle elle laissa apparaître l’ombre d’un sourire sur son visage, Que vous étiez une créature nuisible. Termina-t-elle en joignant ses mains derrière son dos, une expression légerement gênée sur le visage de l'impression qu'elle avait du laisser au jeune homme. Je me nomme Akané Saotomé, directrice du département des mystères. Reprit la jeune femme d’une voix plus chaleureuse, oubliant presque la raison de sa venue dans la forêt interdite.

Il était vrai qu’elle ne se trouvait pas souvent seule avec quelqu’un, mais elle était plutôt seule avec elle-même enfermée dans une pièce obscure au fin fond du ministère de la magie. Un silence s’installa entre eux après qu’Akané se soit présenté, ne sachant que dire, elle approcha de l’arbre au pied duquel Artemis se trouvait, et s’accroupie près de lui. Il aurait pu croire qu’elle faisait cela pour se rapprocher de lui, mais en réalité elle recherchait les plantes pour lesquelles elle se trouvait ici. Artemis devait d’ailleurs se trouver assit dessus, mais Akané trouva totalement ridicule de lui demander de se lever, un sourire se dessina sur ses lèvres à cette pensée.

Un silence pesant commença à tomber entre la mystérieuse femme et Artemis. Il écoutait ce silence, il l’aimait de plus en plus, il devenait comme son frère. Ce silence fut accompagné par quelques flocons de neige qui tombaient d’abord doucement puis de plus en plus vite et de plus en plus nombreux. Il la vit sortir d’une de ses poches des gants en cuir noir un peu usagés : elle devaient les avoir depuis longtemps. Elle attendait tellement de temps pour répondre qu’Artemis se disait qu’elle aimait également le silence. Le jeune infirmier avait déjà trouvé un point commun entre eux alors même qu’elle n’avait pas parlé et ne s’était pas présentée. Il la vit plus décontractée et baisser sa garde, elle avait raison de le faire puisque Artemis ne lui voulait aucun mal et d’ailleurs, il trouvait cette femme très jolie et se disait que si un homme l’attaquerait, il ne serait pas vraiment un homme. A chaque fois que le jeune homme citait son métier dans sa courte présentation, les gens baissaient systématiquement leur garde et la jeune femme qui se tenait devant lui ne faisait pas exception à la règle.

Artemis la vit enfiler ses gants sur ses longues mains fines et très blanches avec une grâce inégalée, comme s’il était subjugué par ce simple mouvement de tous les jours. Elle rabattit ensuite sa capuche qui était sur le même ton de couleurs que sa cape et regarda fixement Artemis qui, à son tour, rabattit sa capuche pour se protéger des flocons qui tombaient de plus en plus fort. Après que le jeune homme s’était présenté, la femme réagit bizarrement : elle baissa la tête au sol qui était maintenant bien enneigé pendant quelques secondes puis elle se mit à nouveau à fixer Artemis mais son regard avait changé, comme si elle était au bord des larmes, une certaine brillance y était apparue. Puis elle prit enfin la parole en disant avec une certaine gêne qu’elle l’avait pris pour une créature malfaisante et en se présentant ensuite. Artemis ne put s’empêcher de hausser les sourcils en entendant ses paroles : ainsi, elle était la directrice du Département des Mystères ? Le jeune homme parlait sûrement avec une femme que peu de gens voyaient et elle devait sûrement décompresser quelque fois et s’isoler, il la comprenait parfaitement. Son ton était devenu soudain beaucoup plus chaleureux, comme si Artemis lui avait indiqué par son propre ton qu’elle n’avait rien à craindre de lui.

Un nouveau silence tomba, Artemis ne savait pas quoi dire et Akané non plus d’ailleurs. Il la vit ensuite s’accroupir près de lui, le jeune homme se disait qu’elle était peut-être un peu trop rapide pour parler avec quelqu’un et du coup, son attitude l’étonna quelque peu. Mais il s’avérai qu’Akané cherchait quelque chose autour de l’arbre où Artemis était posé. En cherchant, il vit apparaître un sourire sur les lèvres de la jeune femme, faisant apparaître des dents très blanches. Il sourit à son tour et lui demanda :

- Pourquoi souriez-vous mademoiselle Saotomé ? Vous voulez peut-être que je vous aide ?

La jeune femme remarqua le haussement de sourcils d’Artemis lorsqu’elle eut terminé sa courte présentation. Etait-ce l’évocation du département dont elle était la directrice qui avait provoqué cette réaction chez lui ? Le métier d’Akané se reflétait-il dans sa façon d’agir, dans son caractère ? Cela était possible... D’après elle, ce serait plutôt sa façon d’être naturelle qui s’accorderait avec son métier hors du commun, il fallait le dire… Etre directeur d’un tel département n’est, en effet, pas une chose courante, malgré que cela se couple parfaitement avec la personnalité de la jeune femme, qu’elle l’admette ou non. Mais elle, au moins, n’avait renié le poste et bafoué son honneur comme l’avait fait sa sœur, et elle était fière d’occuper ce poste. Akané ne fut étonnée de cette réaction. Il était vrai qu’occuper un tel poste à un si jeune âge n’était guère courant, mais il ne pouvait se douter qu’elle en avait largement les capacités, ayant reçu un « optimal « à toutes les matière durant ses ASPIC, Akané n’avait point eu de mal à obtenir ce poste. Le fait que son défunt père ait été à ce poste ne faisait qu’accroître sa fierté de s’y trouver aujourd’hui. Le silence et l’obscurité faisaient partie d’elle, elle était une femme à l’apparence plutôt froide et le peu de personnes se trouvant seule en sa compagnie n’osait tenter une quelconque conversation avec elle.

Il faut dire que pour qu’un sourire brise cette apparence glaciale, il fallait que la première impression qu’elle ait sur la personne en question soit favorable, qu’elle se sente en confiance. Elle n’avait jamais eu tellement d’amis, c’est ce qui avait forgé cette carapace de glace autour d’elle, en plus du fait d’avoir perdu des membres importants de sa famille. Aujourd’hui, elle se sentait d’humeur différente, plus chaleureuse. Peut être était-ce le fait de se retrouver dans la forêt interdite, lieu emplie de souvenirs heureux pour Akané, et aussi le fait d’avoir fait cette rencontre impromptue, elle qui ne parlait que peu. Pourtant, la situation présente l’amusait. La neige recouvrait quelques peu les épaules des deux sorciers et cela ajoutait une certaine magie à ce lieu. Akané n’était jamais venu ici par temps neigeux, ce qu’elle pouvait regretter, vu la beauté que cela donnait au paysage dont le mystère déjà, au naturel, l’avait toujours fasciné. Celle-ci posa une main sur le sol après avoir retiré un de ses gants et frôla du bout de ses doigts fins la neige, qui paraissait comme du sable glacé, et à la fois d’une extrême douceur. Elle remarqua, qu’étrangement, le bruit régulier que produisait le souffle glacé, qui en devenait presque comme tranchant, du vent avait cessé autour d’eux, plongeant la foret dans un silence total. Elle, qui ne connaissait que trop bien ce silence paisible, qui n’était pas le silence lourd et pesant du fin fond du ministère de la magie, avait tout de suite remarqué qu’il s’était installé.

C’était comme si les rafales avaient cessé pour laisser le son de la voix de la jeune femme se propager dans toute la forêt. Ce fut pourtant Artemis qui prit la parole, chose que la jeune femme trouva surprenant. Cela devait faire des mois, voire des années qu’elle n’avait eu de vraie conversation avec un « inconnu » … Elle eut l’impression que la réplique du jeune homme résonna dans tout l’immense lieu. Pour la première fois depuis le début de leur rencontre, Akané tourna totalement son visage pâle vers celui du jeune homme, regardant au plus profond de ses yeux, ce qui pouvait être perturbant pour Artemis, les yeux placides de la jeune femme donnant l’incommode impression de lire en soi. Après un court instant, paraissant pourtant interminable, durant lequel le lieu fut toujours plongé dans ce silence étrange qui s’était installé quelques instants plus tôt ans la forêt elle détourna son regard clair et laissa un faible sourire se dessiner sur ses lèvres. Le bruit régulier du vent reprit, alors qu’elle prit la parole, les yeux rivés vers le sol scintillant.

-Akané- Et bien… commença la jeune femme d’une voix gênée, Il faudrait juste que vous vous leviez. Finit-elle, toujours ce faible sourire sur les lèvres.

Artemis regretta presque d'avoir parlé car il sentit que la jeune femme qui se tenait devant lui avait une apparence froide mais un très joli visage. Il était presque sûr que c'est son travail comme Directrice du Département des Mystères qui l'a fait devenir comme ça : froide et pas très sociable, mais c'était peut-être aussi son vrai caractère. Seul elle-même le savait et ses probables fréquentations et amis, et il avait l'impression qu'elle n'en avait plus beaucoup, tout comme Artemis. Peut-être que ses anciens amis ont été tués par les Mangemorts mais il ne croyait pas qu'Akané n'avait pas eu d'amis durant sa scolarité et son adolescence et si elle citerai cela plus loin dans leur conversation, le jeune homme en serait très étonné.

Pendant que la jeune femme allait répondre, le jeune infirmier jeta un coup d'oeil autour de lui : il n'avait jamais été à la Forêt Interdite en plein hiver et encore moins lorsqu'il neigeait. Il avait remarqué ainsi qu'Akané, que le vent d'était soudain tu, que la neige tombait moins fort et que les flocons étaient présents en moins grande quantité. Artemis avait répondu avant la Directrice du département des Mystères dans un silence total, pas même un souffle de vent qui faisait bouger les quelques feuilles qui restaient accrochés sur les branches des arbres. Décidémet, le silence était souvent présent dans la vie du jeune homme depuis quelques semaines et il ne s'en plaignait pas.

Quand Artemis eut fini de parler, Akané posa pour la première fois ses yeux dans ceux du jeune infirmier. Ce dernier était assez troublé car elle le regardait avec un air si pénétrant qu'il semblait qu'elle pouvait lire chacune de ses pensées rien que par le contact des deux yeux et de plus, elle avait des yeux très clairs qui étaient presque aveuglants. Il tint son regard sans ciller, c'était dans doute ce qu'elle cherchait : à intimider un individu par son simple regard. Ce moment dura quelques secondes mais l'infirmier pensait que ce moment avait duré des heures et des heures. Puis la jeune femme baissa son regard et dit avec une pointe de gêne dans la voix et un petit sourire que s'il voulait l'aider, Artemis devait se lever. Ce dernier laissa échapper un petit rire et à l'aide de l'arbre, il se mit sur ses deux jambes et regarda la jeune femme fouiller autour de l'arbre. Il ne redemanda pas ce qu'elle cherchait et se contentait d'observer la jeune femme en silence. Encore le silence... l aimait cela. Puis soudain, il dit quelque chose mais comme si quelqu'un d'autre parlait à sa place :

- Vous saviez qu'un bal se préparait à Poudlard ? Il parait que seuls les membres du personnel, leurs cavaliers et cavalières et les élèves bien sûr sont les seuls invités.

Il était surpris de ses paroles et commença à rougir ce qui offrait un énorme contraste entre son visage et le sol enneigé.

[hj : Sans commentaires ><]

Après qu’elle eut fini sa phrase, Artemis étouffa un rire avant de se lever comme il pu : c'est-à-dire difficilement. Il devait s’être trouvé assit ici depuis un bon moment, et le froid n’avait sans doute rien arrangé, ne faisant qu’engourdir un peu plus les membres du jeune homme. Elle se trouvait toujours accroupie ; et se mit à chercher minutieusement autour de l’arbre. Elle se redressa pour enfiler le gant qu’elle avait enlevé quelques instants plus tôt, et tenta d’éparpiller la couche de neige qui devait probablement recouvrir le but de sa venue en ces lieux. Après quelques instants durant lesquels le silence entre les deux sorciers s’était de nouveau installé, Akané dénicha l’objet de sa convoitise profondément enfoui sous la neige. Les plantes étaient abîmées mais elle espérait que cela ferait tout de même l’affaire, sinon, ce serait tant pis, enfin plutôt tant mieux, vu qu'elle pourrait ainsi se permettre une nouvelle sortie dans la forêt. La jeune femme plaça les quelques herbages dans un sachet plastique qu’elle rangea dans sa poche et tourna le visage en direction d’Artemis, qui était en train de l’observer. Elle se redressa lentement alors qu’Artemis reprit la parole, mêlant sa voix au souffle régulier du vent. La jeune femme écouta attentivement les paroles du jeune homme, le fixant de son regard profond, une expression impassible sur le visage.

Lorsqu’il eut terminé, Akané nota qu’il était en train de rougir, ce qui se remarquait aisément, compte tenu du teint devenu très rose du jeune homme contrastant avec la robe blanche recouvrant les alentours. La jeune femme le dévisagea durant quelques secondes silencieuses, voyant où il venait en venir. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne se tenait plus au courant de ce qui se passait au château, et encore plus longtemps qu’elle n’avait mit les pied à un bal de noël. Elle en venait tout de même à se demander pourquoi c’était elle qu’Artemis conviait à l’accompagner, elle ne l’avait rencontré que depuis quelques instants et ; bien qu’elle ait été plus chaleureuse qu’à l’habitude, elle était resté assez distante et sûrement mystérieuse aux yeux du jeune homme. Cette situation amusait grandement Akané, sentiment accentué par l’apparente gêne du jeune homme. Elle avait été loin de s’imaginer qu’il parlerait de bal au long de leur « conversation ». Cela allait faire quelques minutes que la jeune femme n’avait esquissé l’ombre d’une expression, d’un geste ou d’une parole. Elle savait pertinemment où son interlocuteur voulait en venir en amenant ce sujet d’une manière d’ailleurs si maladroite, qu’elle trouva assez touchante. Elle arqua légèrement un sourcil, et lui répondit avec un faible sourire sur les lèvres.

-Akané- Vraiment ? Non je n’étais pas du tout au courant. Pourquoi cette question Artemis ? Si je puis vous appeler par votre prénom bien entendu.

Avant qu'Artemis eût dit ces quelques mots, Akané était encore occupée à s'affairer autour de l'arbre mais le jeune infirmier ne savait toujours pas pourquoi et ne voulait pas le savoir. C'était sûrement quelque chose d'important et il ne voulait pas se mêler des affaires d'autrui. Elle se releva enfin et tenait dans sa main quelques herbes dont il ne connaissait pas les propriétés et d'ailleurs, ils ne les avaient jamais vues.

Puis quand Artemis eut prononcé ces paroles, comme si quelqu'un d'autre les avait dites à sa place, Akané l'observa à nouveau avec un regard pénérant qui déstabilisa le jeune homme. C'est fou comment un regard peut faire perdre toute capacité et toute confiance en soi : l'infirmier ne perdait pas ses capacités mais ce regard si clair et si pénétrant comme si la Directrice du Département des Mystères lisait chacune de ses pensées lui faisait perdre de la confiance. De l'avis d'Artemis, elle avait su tout de suite où il en venait : en effet, le bal de Noël qui avait lieu à Poudlard allait bientôt se dérouler et il n'avait pas trouvé de cavalière malgré le nombre de femmes qui étaient présentes dans le Personnel de Poudlard.

Il ne savait pas pourquoi mais derrière son apparente coquille de glace se trouvait quelqu'un de gentil et malgré qu'ils ne se connaissaient presque pas, ce serait l'occasion de parler. Et vu qu'apparemment, comme elle avait vu ce qu'Artemis mijotait, autant lâcher le morceau tout de suite : en effet, le jeune homme avait un franc-parler qui dépassait parfois l'insolence. Il entendit Akané avec un petit sourire dire qu'elle n'était pas du tout au courant du bal qui se préparait à Poudlard et demander pourquoi il avait posé cette question. Le jeune homme esquissa un sourire : elle savait aussi bien que lui pourquoi il avait posé cette question. Les yeux d'Akané l'intimidaient réellement mais il pesa ses mots et dit d'une voix pas très sereine car il n'y croyait pas vraiment :

- Vu que vous faites partie du ministère et que vous êtes en plus la directrice du Département des Mystères, il est rare que vous quittiez votre bureau, n'est-ce pas ? Et pourquoi ne m'accompagnerez-vous pas au bal de Noël ? Cela nous permettrait de faire plus ample connaissance et vous sortirez un peu de votre train-train habituel au ministère. Je présume que votre travail est un peu monotone mais pour être Directrice, vous devez l'aimer. Et vous pouvez bien sûr m'appeler par mon prénom, je n'y vois aucun inconvénient. Je peux faire la même chose ? ajouta-t-il avec cette même voix.

Après le court silence qui suivit la réponse de la jeune femme, Artemis lui répondit avec un sourire sur les lèvres : il devait avoir remarqué qu’Akané avait comprit où il voulait en venir. Il faut dire qu’elle avait tout fait pour qu’il y ait une certaine ironie dans sa phrase. Un sourcil toujours légèrement arqué, la jeune femme le fixait en biais alors qu’il commençait une assez longue tirade, l’air visiblement gêné. Elle remarqua que l’infirmier évitait de croiser son regard, chose qui l’amusait. Sachant qu’elle possédait un regard profond, et plutôt déstabilisent de par sa froideur, elle appréciait particulièrement d’en jouer. Etant relativement proche du jeune homme, elle pouvait voir, dans la prunelle de ses yeux, le reflet des flocons de neiges, continuant leur lente chute. Cela donnait une impression de brillance particulière au regard de l’infirmier. Elle restait froide dans son regard, comme cela elle savait que ceux qui passeraient au delà de cette apparence seraient des personnes qui valaient la peine d’attirer son attention, voir son amitié…

Malgré le fait qu’Artemis ne la regardait pas dans les yeux, il venait de parler d’une voix calme et posée, tout le long de sa tirade. Lorsqu’il se tu, la jeune femme sourit plus largement, découvrant des dents d’une blancheur à rendre jalouse la robe blanche et scintillante qui recouvrait les lieux et laissant passer dans ses prunelles claires l’ombre d’une lueur plus chaleureuse, ce qui rendit son regard nettement moins froid quelques instants durant. Puis ils reprirent leur aspect initial, alors qu’elle détournait les yeux.

-Akané- Oui, en effet, il est fort rare que je quitte la pénombre de mon bureau. Commença-t-elle d’une voix qui se voulait aussi calme et posée que celle du jeune homme lors de sa précédente réplique.

Akané, le regard toujours fixé sur le sol immaculé, avança lentement de quelques pas, lui tournant le dos, seul le bruit de ses pas s’enfonçant dans la neige se faisant entendre. Elle retira sa capuche de velour d’un mouvement gracieux, découvrant ainsi sa longue chevelure d’un noir offrant un contraste apparent avec les alentours scintillants et sa peau d’une extrême pâleur. Ses cheveux, se fondant avec la couleur sombre de sa cape de velour, se mirent à onduler lentement derrière sa nuque blanche, au rythme des douces caresses du vent glacé sur la peau de la jeune femme. Elle tourna son visage d’un mouvement vif en direction du jeune infirmier, lui laissant entrevoir son profil et le fixa de son regard clair, une lueur douce ayant prit place derrière ses prunelles habituellement glacées.

-Akané- Bien sûr appelez moi Akané. Elle fit une courte pause, et ajouta. Au fait… Je serais ravie de vous accompagner au bal.

La jeune femme laissa apparaître un faible sourire sur ses lèvres avant de tourner son visage, et ainsi tourner le dos au jeune homme.

-Akané- Nous nous reverrons donc très bientôt, Artemis. souffla-t-elle d'une voix justre assez audible pour qu'il puisse l'entendre.

L’instant d’après, la silhouette noire d’Akané avait disparu du paysage blanc de la forêt dans un « crack » sonore, laissant l’infirmier seul, le vent soufflant de plus belle, ébouriffant ses cheveux.

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