De la grande visite... (RP perpetuel)

Survolant l’escalier, Sam aurait presque pu se guider au son… Du gros rock pesant… La musique étant une onde, les fantômes ressentent la musique physiquement… Ça, c’était le genre de musique qui vous déshabille… En plein le genre de chose qu’aimerais son vieil ami.

Samuelle ignorait si Kaitz savait pour son décès… Elle avait eu une mort violente, oui, et on en avait parlé dans les journaux dédiés à l’actualité des sorciers… Cependant, de l’autre côté de l’océan, on s’était montré particulièrement respectueux du deuil de la famille Daee. L’événement avait été traité d’une façon très formelle et superficielle. Aucun avis de décès n’avait circulé, Samuelle n’ayant jamais suffisamment marqué son temps pour qu’on s’y intéresse. Pour ce qui était de s’interroger sur l’absence de nouvelles… Et bien Sam n’était pas vraiment du genre à entretenir une correspondance… Écrire une lettre, dégoter un hibou : C’était une tâche fastidieuse. Elle avait toujours préféré débarquer sans s’annoncer pour s’incruster un moment… Et bien Kaitz allait avoir une fameuse surprise!

Mais il valait mieux commencer avec Kaitz… Il était tellement con qu’il accepterait sans doute la chose sans broncher!

Le fantôme passa furtivement la tête au travers du mur, évitant la porte ouverte… Le directeur de Poufsouffle était distrait, écoutant de la musique à plein volume dans son bureau… Sa vieille amie se faufila dans la pièce silencieusement, se cachant dans les brillants rayons de soleil pour l’aborder par derrière. Se penchant par-dessus son épaule elle lui dit : « Alors, canaille, t’es devenu directeur? Quelle h-o-n-t-e!! » fit-elle avec emphase, affichant son habituel sourire en tranche de courge.

Un vieux vinyle de George Thorogood, le volume au fond, Kaitz était penché sur ce qui lui semblait une montagne de paperasse assommante, mais bon, on lui avait dit que de se mettre au courant était indispensable... ouais, ouais, il avait des doutes à ce sujet, mais bon, au cas où...

Par chance Thorogood arrivait à le maintenir éveiller et il suivait assez bien ce qui y était raconté... des banalités selon lui, mais bon,quelques propos amusant et parfois très intéressant... toujours de son tout personnel point de vu. D'ailleurs, il lisait actuellement des trucs pas mal intéressant sur le compte des professeurs. L'un des trucs disait que le professeur de botanique, Khâlina Liimatainen, avait tendance à affectionner particulièrement les...

Une voix féminine qu'il n'a manifestement pas entendu approcher, trop près de son oreille et sur un ton beaucoup trop amical le fait sursauter. En moins de deux, évidemment escorté d'un fracas de papiers froissés et du massif fauteuil qui cogne contre le bureau, il est debout, face à cette surprenante présence... souriante !

- Ar... Argh ! parvient-il à articuler, les yeux presque exorbités.

Le coeur voulant s'évader de sa cache d'os, son expression surprise se change soudainement en un sourire, s'il ne peut rivaliser en courge avec Muelle, en joie visible, il est imbattable !

- Muelle ! hurle-t-il presque en se jetant littéralement sur elle, manifestant ainsi sa joie de la revoir.

Il n'avait pas eu de nouvelles de Samuelle depuis... oh... plus de 2 ans certainement. Elle était si difficile à retrouver lorsqu'elle était occupée. Et puis, il avait aussi été occupé... cependant, sa joie de la revoir et l'émotion forte qu'il vient de subir ont quelque peu joué sur son jugement. Il n'a donc pas du tout remarqué la transparence de Samuelle et du coup, ne déduit pas qu'elle est possiblement, voir effectivement immatérielle. Donc, au moment où il aurait normalement dû la sentir contre lui, il ne ressent qu'un froid glacial et un presque désagréable frôlement.

- Rgl ! Évidemment, il se retrouve dos à elle. Il se fige, le temps de se débarrasser de cette sensation de froid. Errrrr... grogne-t-il, avant de penser peut-être comprendre. Il se retourne et dévisage Samuelle, la bouche entrouverte. Non... c'est pas vrai... tu te moques de moi, hein ? C'est une illusion ? C'est bien ton genre de monter des coups pareil.

Il regarde autour de lui, balayant la pièce du regard, cherchant à voir la vrai Samuelle, la vivante, derrière un meuble et s'écrouler de rire. Mais étrangement, il sait qu'il ne la trouvera nul part ailleurs que se tenant devant lui.

Samuelle ouvrit largement les bras à son ami lorsqu’il lui passa carrément au travers. Manifestement, il ne savait pas! Le large sourire du fantôme resta accroché bien haut alors qu’un petit malaise naissait entre eux. Ce devait bien être le tout premier dans longue amitié jamais démentie… « Et bien… » fit-elle d’un ton enjoué tout en haussant les épaules d’un geste fataliste… « Et bien ouais! Je suis morte! » lui annonça-t-elle avec toute la brutalité d’une tonne de brique lâchée du haut de la stratosphère.

Kaitz était choqué, c’était visible… Pourtant elle lisait déjà sur son visage les prémices d’une acceptation… Ça passerait, il était solide! « Ne fait pas ces yeux de merlan frits, moi, je suis morte, mais toi, tu es directeur… C’est P-I-R-E!! » lâcha-t-elle en ouvrant des yeux grands comme des soucoupes. « Je préfère de loin ma situation! (…) Comment t’as pu faire ça? Tu m’avais juré de ne jamais devenir qqn de respectable!! »

Samuelle fit quelques pas, contournant le bureau pour s’avachir sur un siège d’ébène recouvert de jaune. Normalement les fantômes flottent gracieusement… Ça fait partie du B-A-BA du savoir-faire fantomatique. Cependant Sam n’avait toujours pas perdu ses habitudes humaines, à savoir qu’elle était incapable de respecter le standing de son état. Morte depuis à peine 2 ans et elle était arrivée à se mettre à dos une bonne partie de sa nouvelle communauté, bafouant les règles et les tabous.

Sa vieille amie ne portait aucune marque laissant soupçonner la cause de son décès. Elle se baladait devant lui avec naturel, chaussée de pantoufle en forme de lapin rose et vêtu d’une chaude veste d’aviateur sous laquelle on apercevait un pyjama particulièrement excentrique. Elle était resplendissante! Morte, mais resplendissante...

« Alors, qu’est-ce que tu as à dire pour ta défense? Attention à ce que tu vas dire, je pourrais décider de te rendre la vie impossible... » dit-elle d'un ton lourd de menace, tout en lui souriant méchament. « Et laisse-moi te dire que ce ne sont pas des paroles en l'air! j'ai très peu d'engagement actuellement... Je ne suis que le fantôme de Poufsouffle...»

L'affirmation qu'il redoutait depuis quelques secondes fut plus que juste, à son grand désespoir. Surtout confirmé avec tant de naturel, comme si elle... était devenue directrice. Il s'appuie contre son bureau et pousse un soupir. Que pouvait-il faire... Muelle était morte... mais elle était fantôme, elle était toujours là, d'une certaine manière, puis elle venait de dire qu'elle était le fantôme de Poufsouffle ? Ça c'était une bonne nouvelle ! Il esquisse ce qui semble un sourire, elle semble accepter très bien le fait d'être morte et surtout, elle est toujours la même. Elle lui reproche d'être devenu quelqu'un de respectable et de s'en défendre. Le sourire de Kaitz revient. Comment ne peut-il pas être là quand Muelle est près ? Mission impossible de rester de marbre en présence de Muelle.

- Moi respectable ? Naaaan, c'est qu'un couverture. Disons que l'an dernier, j'ai joué les profs de DCFM... il hésite à en révéler les raisons, mais Muelle est son amie depuis si longtemps, de toute façon, quand elle saura qui est la directrice qu'il remplace, elle comprendra dans la seconde. J'ai reçu un avis de Mikomi Tenshi, avoue-t-il en rougissant quand même un petit peu. Il s'assoit sur le bord de son bureau et poursuit. Et j'ai constaté que la directrice de Poufsouffle était une Ex-Serpentard... tu imagines ? Les Poufsouffle sous la gouverne d'une Ex-Serpentard ? J'ai pas résisté, quand elle a montré ses intentions de démissionner, j'ai prit les devants.

Il hoche la tête, voilà qu'il parlait de lui quand ce qu'elle avait vécu ces deux dernières années était passablement plus... spectaculaire, si on pouvait le dire ainsi. Il cesse de parler, et la dévisage, l'air sérieux un peu quand même. Ouais, cette nouvelle l'a choqué.

- Mais qu'est-ce qui t'a prit de te laisser avoir par la mort ? Après c'qu'on a fait, je te croyais plus résistante ! lance-t-il sur un ton blagueur, mais avec quand même moins d'entrain que s'il s'agissait d'une véritable blague.

À la mention de Mikomi Tenshi, Samuelle leva les yeux au ciel de façon caricaturale. « Tu t’es encore fait avoir par cette fille? Kaitz, t’es irrécupérable! J’aurais du te sortir du salon de thé de madame pieddodu par les oreilles et te ramener à la tête de sanglier quand il était encore temps! On aurait peut-être réussi à faire qqchose de toi! »

Puis, Kaitz en vint aux raisons de son décès… Samuelle n’était pas totalement en paix avec cette question… Elle se sentait toujours gravement offensé par son état, en particulier parce qu’elle n’avait pas choisi de laisser une empreinte sur terre. Tant qu’à mourir, elle aurait bien aimé mourir et en finir, mais un sortilège l’avait entravé et elle n’avait pu continuer. Elle caressa un instant l’idée de lui révéler qu’on l’avait un peu aidé mais abandonna finalement. Elle gardait le secret après tout! « Je me suis noyée. » fit-elle brièvement. « Tu t’es noyée, toi? » lui rétorqua-t-il incrédule…

Ça pouvait en effet paraître étrange. Samuelle, dès l’enfance, s’était montrée d’une endurance et d’un talent très particulier pour la natation… Avoir fait la traversée des plus grands lacs de ce monde était d’ailleurs sa seule vraie source de fierté. Visiblement, elle se fit violence pour ne pas sauter à la gorge de son ami, puis lui répondit : « Oui! Moi! Moi aussi il semblerait que je puisse me noyer! Quoi? Ça t’étonne tant que ça? » Harkaitz ne répondit pas. Il avait déjà eu le temps de bien observer son amie et il releva : « Tu t’es noyée en pyjama? Avec tes pantoufles? » « Tu veux mon acte de décès peut-être? C’est la version officielle! » fit-elle, visiblement peu désireuse de creuser le sujet...

Kaitz écoute ce que Muelle raconte avec attention. Cependant, un malaise reste. Ça semble louche son truc. Elle le dit avec beaucoup trop de désinvolture pour que ce soit tout à fait conforme avec la vérité. Muelle et lui se connaissent depuis trop longtemps, ils utilisent les même expression depuis assez d'années pour que « version officielle » ne soit pas immédiatement perçu comme une raison escamotable. Combien de fois ont-ils usé de cette expression pour planifier l'histoire qu'ils raconteraient pour expliquer leur état lamentable. Au sein du quatuor, « version officielle » était un habile mensonge pour épargner leurs proches de la dure réalité de leurs actes. S'il l'avait prononcé des milliers de fois face à ses parents, c'était la première fois qu'on la lui servait. Et de la part de Samuelle en plus, y'avait de quoi être septique.

- Muelle, je sais ce que « version officielle » signifie...

Il attend qu'elle approfondisse la chose, mais elle serre obstinément les lèvres. Il secoue gravement la tête. Faire parler Samuelle pouvait parfois relever de l'exploit, surtout lorsque le sujet lui tenait à coeur. Il était peut-être trop tôt pour qu'elle le raconte. Cependant, Kaitz n'était pas dupe. La mort de Muelle n'était pas sereine, ni belle. Non seulement, elle était restée fantôme, mais en plus, elle refusait d'en parler. Tout ce qu'il entrevoyait, c'est que, si elle s'était bel et bien noyée, elle ne l'avait pas fait sans aide, ça, il en était certain. Le suicide ? Certainement pas. Elle disait elle-même qu'ils ne se débarrasseraient pas d'elle de si tôt. Ça expliquait peut-être pourquoi elle était fantôme.

Kaitz aurait bien voulu insisté, il aurait vuolu savoir ce qui s'était passé et faire payer cher, très cher le responsable de sa mort. Même qu'il ouvre la bouche et inspire pour pousser plus loin l'interrogatoire, mais le regard que lui lance Muelle, même fantomatique, est sans équivoque : « t'insiste, Kaitz, et je te tiens pour que Less te foute la plus grosse raclée de ta vie ». Menace qui n'était pas à prendre à la légère si on considérait les grosses raclées que Kaitz avait déjà encaisser.

- J'te jure, Muelle, que ça ne restera pas sans conséquences.

Cependant, il n'insiste pas plus, sachant que ça viendra un jour ou l'autre. Muelle ne pouvait échapper à cette promesse, elle le connaissait assez pour savoir qu'il l'adorait et surtout qu'il était assez cinglé pour la tenir. Kaitz aurait aimé la prendre dans ses bras, même si elle détestait ça, juste pour la voir se débattre, mais là, c'était une action corsée avec un fantôme. Il se dit soudainement qu'il aurait dû se méfier, quelque minutes plutôt lorsqu'elle a ouvert tout grand les bras.

Puis soudainement, une vaste gamme de trucs débiles à faire avec un fantôme de la trempe de Muelle s'ouvre devant lui. Même avant de dire un mot Muelle put deviner dans les yeux bleus de Kaitz qu'il avait une idée farfelue et sans doute complètement insensée et puérile.

- Tu sais que Less est aussi professeur cette année ? J'aurai presque l'impression de revenir quand on était gamins.
- Parce que t'es adulte ?
- C'est la version officielle, dit-il en souriant largement. Mais faudra être plus délicat avec Less qu'avec moi. Si tu lui annonce de la même manière que moi, elle va trouver le moyen de te cogner... fantôme ou pas. Ce sera comme avant ! Sans Silence...

Son air se rembrunit en y pensant. Mince, il avait perdu deux de ses meilleurs amis en si peu de temps... enfin, Muelle n'était pas si perdu, juste moins.. physique. Elle était là d'esprit, c'était ce qui comptait. Silence, lui... gardait le silence, aucune nouvelle...

Tranquillement, le bruit régulier de béquilles frappant le sol dur se fait entendre. Less a vu et aménagé son bureau, mais ne sais même pas ou est sensé être sa chambre... est-ce la salle qui refuse de s'ouvrir a côté du dit bureau ou ailleur? Il y a encore une ou deux malles qui trainent dans son espace de travail.

Songeuse, elle s'approche tranquillement. S'imprégnant de la topographie des lieux. Quelque chose a changé dans Poudlard et selon elle ce n'est peut-être pas pour le mieux.

Elle est à deux portes du bureau de Kaitz quand elle s'arrête pour regarder par la fenetre la belle journée ensoleillée. Pour une raison étrange, elle est frigorifiée.

« Silence n’est pas là? » releva Samuelle sur un ton de conversation, intriguée. « Je n’aurais jamais cru voir un jour ce rat de bibliothèque quitter cette école… » se gaussa-t-elle en se retournant sur sa chaise pour regarder par la porte restée ouverte… « C’est quoi ce bruit? » « Oh, ce doit être Less… Elle s’est un peu amochée et elle marche en béquille actuellement… » « Oh! » fit Sam avec un calme détachement pendant qu’elle assimilait l’information.

Soudainement, les yeux d’or du fantôme s’arrondirent de stupeur : « LESS?? ARGL!!!! Il ne faut pas qu’elle me voix comme ça! Pas tout de suite!! Il faut la préparer!! » S’écria-t-elle en bondissant de sa chaise. Passant un œil au travers du mur, Samuelle regarda si elle avait le chemin libre. Peine perdue, Lareless, en plein milieu du corridor, avait vu sur toutes les directions de fuite. Réintégrant la pièce, le fantôme couru à droite, puis à gauche dans le bureau, complètement paniquée et passa même carrément au travers de Kaitz dans sa précipitation. « Mais ne reste pas planté là comme ça, abruti!! Cache-moi!!! » l’enjoignit-elle en essayant sans succès de se glisser derrière les rideaux desquels elle dépassait… Son vieux complice vida alors le pot à crayons sous l’œil écœuré du fantôme… « Même en forme ectoplasmique, je garde le même volume tu sais… » « Alors il reste l’armoire… »

Samuelle plongea littéralement au travers de la porte au moment ou la prof d’arithmancie pénétrait dans le bureau. Deux museaux de lapin en peluche, d'apparence un peu immatériel, dépassait inopportunément de la base de l'armoire...

Kaitz sourit. Effectivement, Silence n'aurait pas quitter Poudlard si quelque chose, ou dans ce cas plusieurs personnes, ne l'avaient poussé à le faire... parce que c'était nécessairement quelque chose du genre qui s'était produit. Ils mentent, Silence n'est pas un dangereux criminel, c'est impossible... il esquisse une moue douteuse, puis il entend aussi le claquement régulier. Il prévient Muelle que c'est Less et tout s'enchaîne à une vitesse extraordinaire. Il fauit penser vite, question d'épargner un peu Less. Bon, savoir que muelle est morte ne lui fera sans doute pas plaisir, mais si c'est Muelle qui le lui annonce ça pourrait être... enfin... Muelle était directe... brusquement directe parfois.

Comment annoncer la chose à Less... pour que ça ne paraisse pas si tragique que ça en a l'air... mais Muelle ne lui laisse pas trop le temps de penser, il doit en plus la cacher. Rho, il doit tout faire, hein... Sa première proposition est rejetée d'emblée. La seconde parait plus sage. Enfin.... elle semblait plus sage au premier abord, maintenant, il a un doute... il fronce les sourcils en voyant les deux lapins...

- Euh... Muelle... souffle-t-il, mais trop tard...

Less ne doit pas être loin de la porte. D'un bond, il se jette dans son fauteuil, faisant tomber une pile de dossiers. Un juron coloré s'échappe dans un bruissement de feuilles. Il plonge sous son bureau au moment où Less entre. Il feint ne pas la voir, occupé à ramasser ses feuilles, puis, le plus naturellement du monde, il lève la tête.

- Ah, Less ! T'as déjà terminé de ranger ton bureau ? T'es une rapide dis-donc, moi j'y ai passé 2 jours.

Il se relève trop rapidement, il se cogne la tête sous son bureau. Une autre flopée de jurons s'envolent gaiement. Une main sur la tête, l'autre tenant une pile de feuilles éparses, il les jette avec mauvaise humeur sur le bureau, comme si elles étaient responsable de sa douleur. Les yeux plissés par son mal, il grimace un sourire qui se veut plaisant... un genre de sourire à la Kaitz... version bobo.

Appuyée à la porte d'entrée, Lareless regarde Kaitz se rendre ridicule. Depuis quand échappe t il ses parchemins au sol?

Je n'étais venue que te demande ou j'étais supposée coucher.

Le sourcil noir se lève d'un air sceptique.

Voyons Kaitz, tu aurait couché avec Mikomi que tu n'aurais pas l'air plus perturbé. Il se passe quoi?

Elle avance un peu, le regarde ramasser ses papiers. Naturellement, on regard vole jusqu'à la feuille la plus éloignée, a moitié sous des pantoufles intangibles à tête de lapin.

C'est quoi ca Kaitz? Tu refais la déco? Depuis quand les fantômes de pantoufles de lapins font parti de tes goûts.

Les yeux émeraudes se plissent. Elle ne veut pas reconnaitre ces pantoufles. Mais pourtant. Vieilles, éculées, mais outrageusement joyeuses.

Tranquillement, elle se dirige vers l'armoire s'y poste, n'écoutant pas les protestations de Kaitz puis l'ouvre....

Se passe alors un long moment ou, les yeux dorés de Samuelle dans les siens, elle ne bouge pas ni ne pipe mot. Doucement, ne voulant pas y croire, elle referme la porte puis se dirige avec ses béquilles vers la sortie du bureau de son ami.

La prochaine farce de bienvenu que tu voudra me faire, choisis la mieux. C'est d'un tel mauvais goût Kaitz! Ya juste Muelle pour nous faire des conneries de même. Et elle n'est pas là.

Elle donne un grand coup contre la porte de chêne, crochissant une de ses béquilles. Puis, reprend sa lente progression dans le corridor.

Elle ne veut pas y croire. Mais pourtant...

Ça n’aurait pas du se passer comme ça… Des trois personnes auxquelles Samuelle redoutait d’annoncer son décès, Less était la plus sensible… La plus dure, mais la plus sensible… Honteuse, la fantôme resta sous le couvert de l’armoire. Mourir en soit n’est pas difficile… Devoir l’annoncer et l’expliquer, c’est autre chose. Sa brève confrontation avec Less l’avait laissée meurtrie. Comment ignorer l’éclair de reproche qui avait brillé sur sa figure? Bien sûr c’est Kaitz qu’elle avait accusé, incapable d’accepter ce qu’elle voyait, mais Less ne pourrait pas faire l’autruche bien longtemps. Sam se retourna dans l’armoire, chose visible par l’orientation de ses pantoufles, et posa son front contre la parois du fond : image vivante du désespoir… Elle caressa un instant l’idée d’hanter l’armoire comme un épouvantard mais se rendit à l’évidence, se cacher ne servirait à rien.

« Tu devrais peut-être lui courir après, tu sais… » Fit-elle à l’adresse de Kaitz…

Il lui avait dit à Less de ne pas ouvrir la porte de l'armoire, il l'avait prévenu, mais elle ne l'avait pas écouté. Il lui avait dit d'attendre un moment, mais elle avait fait la sourde d'oreille. Tout se passait trop rapidement pour la confusion de Kaitz. Il venait lui aussi tout juste d'apprendre et la mort de Muelle. L'intervention de Less le lui faisait réaliser avec encore plus de force que de discuter avec Muelle et ça le déstabilisait. Elle était là, mais... morte... c'était insensé... et Less qui le croyait responsable d'une si horrible plaisanterie. Si ça avait été le cas, il en aurait eu honte le reste de ses jours, juste à voir le regard méprisant que lui jette son amie. Il se savait con parfois, mais pas assez pour jouer un tour de ce genre.

Il regarde Less sortir, sursautant en entendant le « BANG » de la béquille, mais il semble trop confus pour esquisser le moindre mouvement. Une tempête de trucs lui passent par la tête, il n'arrive pas à les ordonner, il devrait expliquer à Less, le lui annoncer autrement, mais il ne sait pas encore comment. Il devait lui expliquer quelque chose qu'il n'avait pas totalement accepté... c'était terrible...

C'est Muelle qui le tire de ses pensées angoissantes. Oui, il doit rattraper Les et la ramener, qu'ils en discutent tranquillement... enfin, calmement... oh, autrement c'est certain. Il semble soudain retrouver toute sa lucidité. Il jette un regard vers l'armoire ou Muelle est toujours cachée, puis se lève d'un bond.

- Less ! Less revient !

Il sort de son bureau et voit Less qui s'éloigne dans le couloir. Elle ne se retourne même pas, elle avance droit vers elle.

- Less ! Arrête !

Il s'élance à sa suite et la rattrape en un rien de temps il passe près d'elle, faisant attention de ne pas la bousculer et se plante devant elle en lui saisissant les épaules. Ils ont pratiquement la même taille, il n'a même pas à baisser le regard pour la fixer dans les yeux.

- Less, viens, on retourne dans mon bureau. Je... je dois te dire quelque chose... c'est important... très important...

Il ne la lâche pas, même si elle essaie de sortir de sa poigne. Il ne la lâchera pas. Pas question qu'elle se sauve. Ils ont vécu des tas de trucs intenses, tous les deux. Et ce moment difficile, ils le passeront tous les deux... trois.

- Less... viens avec moi... s'il-te-plaît...

Le regard bleu de Kaitz est grave. C'est rare, très rare qu'il affiche un air si désemparé, presque désespéré.

Less ! Less revient !

Elle entend les bruits de pas rapides de Kaitz mais ne se retourne pas. Elle ne veut pas. Le rouge de la colère et de la honte teinte ses joues,

- Less ! Arrête !

Il lui bloque le chemin. Déjà qu'elle est ralentie par sa béquille crochie. Elle se met droite, dans une posture de défi, une expression mauvaise sur le visage. Elle ne dit rien. Il pose les mains sur ses épaules. Elle a le goût de se dégager. si elle avait pu courir, elle se serait enfuie.

- Less, viens, on retourne dans mon bureau. Je... je dois te dire quelque chose... c'est important... très important...

Il ne la lâche pas, même si elle essaie de sortir de sa poigne.

- Less... viens avec moi... s'il-te-plaît...

Je n'ai pas le choix Kaitz! Lâche-moi!

Crie elle en se dégageant dd'un mouvement brusque. Un craquement sinistre provient du bas du dos, suivi d'une pâleur soudaine du teint.

Kaitz devait rarement faire face à une réaction si négative venant de Less. Ils ne s'opposaient presque jamais. Enfin, c'était arrivé à une certaine époque, mais ça n'avait pas duré. Le lien indescriptible qui les unissait avait été plus fort. Il le serait toujours. Autant Kaitz pouvait être puéril et Less sage en certaine situation, autant il était réfléchi et elle irréfléchie dans d'autres moments. C'était peut-être parce qu'ils se complétaient à merveille que leur relation d'amitié était si forte. Dans cette situation, Kaitz essayait d'être la plus réfléchi possible, tandis que Less était très émotive en ce moment. Par chance, Muelle était là... enfin, différente physiquement, mais là quand même.

Il n'aime pas le craquement sinistre qu'il entend et il n'aime pas plus voir la pâleur qui prend brusquement possession de la peau de Less. Leur regard se croise une fraction de seconde, il n'hésite pas plus longtemps. Elle se retrouve dans ses bras et prestement ramenée dans le bureau du directeur. Il la dépose le plus délicatement possible dans son propre fauteuil. Elle est là, mais pas tout à fait là. Elle semble un peu confuse. Il lui touche le front, ça semble normal, bien que sa main soit glacée.

- Muelle, va me chercher... oh... laisse tomber...

Ouais, excellente idée d'envoyer Muelle chercher un verre d'eau. Quel con il est parfois. Il disparaît par la minuscule porte qui ressemble plus à un placard qu'à un possible appartement et reviens avec un verre d'eau froide. Son regard bleu détaille le visage de Less, cherchant à savoir ce dont elle pourrait avoir besoin sur l'instant.

- Ça va ? Tu veux que j'ramène l'infirmier ? Rty est plutôt sympatique... et pas laid, blague-t-il, plus par spontanéité que par véritable envie de blaguer.

Non, je devrai aller le voir assez tôt de toute facon... Ca va aller... je t'assure...

Lui répond t elle d'Un timbre de voix éteint. Manifestement, elle est en état de choc. En elle même, Lareless essaie de définir quand Muelle aurait pu être morte. Elle ne l'a jamais ressentie. Pourtant, elle a senti quand ca chauffait pour Silence. Pourquoi pas Sam?

Les sourcils froncés, Lareless essaie de se remémorer. Sous l'effet du chagrin, aucune larme ne sors, mais le verre se fissure dans sa main, laissant goutter le liquide.

Comment ca se fait que je n'ai pas su...

Murmure t elle.

Elle ne peut pas être morte, elle n'a jamais été en danger... Je l'aurais su.

Elle pose le verre avec force sur le bureau, le récipient, déjà mis à mal finit par tomber en morceaux.

J'ai pas le choix elle l'est... mais c'est impossible.. comment?

Continue t elle de murmurer. La jeune femme ne porte plus aucune attention. Si elle savait que ca mort a été camouflée par le trépas d'un autre. Elle piquerait une crise de nerfs.

Deux questions. Qui et Comment?

Samuelle n’avait jamais été en danger? Elle était bien bonne… Il aurait été plus exact de dire que Samuelle avait toujours été si bien en danger qu’il était difficile d’hausser le niveau d’alarme d’un cran… Elle était bien jeune quand elle avait lancé le sortilège de Fidelitas…

Du fond de l’armoire, une voix un peu étouffé par le meuble se fit entendre : « Je me suis noyée… Juste noyée… Tu ne l’as pas su parce que c’était quelques jours après le décès de Lucius… » La fantôme n’avait su ce détails qu’après son propre trépas. Lucius qui l’avait mise en garde, qui avait essayé de la contacter… Il n’y avait eu que 2 jours de délai entre leurs morts. De là à en tirer quelques conclusions… Mais Samuelle devinait qu’il n’était pas utile d’en parler devant Less. Il y a des limites à bouleverser les gens!

« Je peux sortir maintenant? » ajouta-t-elle d’une toute petite voix.

« Je me suis noyée… Juste noyée… Tu ne l’as pas su parce que c’était quelques jours après le décès de Lucius… »

Si le coeur de Lareless aurait pu se fendre il l'aurait fait. En réponse a son sentiment, une décharge d'énergie se fait sentir, bousculant l'armoire, envoyant valser les parchemins de Kaitz encore plus. Un craquement sinistre et une lézarde apparait sur la fenêtre du breau de son ami.

Pas de cri, pas de larmes, rien. Cependant, qu'and elle ouvre els yeux, son regard est noir.

Raconte moi aps de conneries. Pense t elle.

Une petite voix se fait entendre de l'armoire.

« Je peux sortir maintenant? »

Less pointe sa baguette sur le meuble, sous le coup de la colère, les portes s'ouvrent en se déboitant, les tablettes et leur contenu vole en tout sens. Témoin de la crise de nerfs de la sorcière, la pièce est dans un fouilli indescriptible.

La voix de Lareless est aussi noire et dure que son regard. Son visage est la seule partie moble de son corp, son dos la faisant atrocement souffrir. L'autre souffrance viens de sa culpabilité. Elle n'a pas été la pour son amie. Quand elle était en train de crever. De souffrir!

Une deuxième lézarde apparait sur la fenêtre.

Tu es sortie maintenant. Qui Samuelle... QUI? Et ne me sors surtout pas tes conneries de versions officielles cette fois ci! Te noyer? Tu serais dans l'océan que tu en serais incapable de te noyer!

Samuelle Daee pouvait être difficile, très difficile. La fantôme posa momentanément son regard doré sur les débris de l’armoire, les parchemins froissés, sur Kaitz, sur Less… Elle n’était pas vraiment surprise, ce n’était pas pour des prunes qu’elle avait préféré rester à l’abri de l’armoire. Sam prit une profonde respiration, une habitude dont elle n’arrivait pas à se débarrasser, et croisa les bras sur sa poitrine. Redressant le menton, elle franchit sa retraite éventrée, et vint se planter calmement devant la chaise qu’avait choisi Less. Samuelle ne supportait aucune violence à son égard, physique ou verbale, même bienveillante. Elle plongea ses yeux d’or dans les yeux sombres de son amie et marqua une pose afin de bien capter son attention. Finalement, elle se pencha vers elle :

« Est-ce que c’est vraiment le ton que tu souhaites adopter avec moi, Lareless Mainella? » demanda-t-elle d’un ton si tranchant et frigorifique que la température de la pièce sembla chuter de quelques degrés. L’expression de l’empreinte de la jeune femme défiait sa vieille amie, semblant hurler : « allez, ose pour voir… »

Oh non… Jamais personne n’avait rien obtenu de Sam de cette manière…

Des questions, tant de questions qui attendent des réponses. Il n'était pas certain de tout suivre. Les commentaires de Less était lourds, elle était vexée de ne pas l'avoir senti, elle s'en voulait. Les mêmes pensées perçaient dans les faits et gestes des deux vivants. Ils n'avaient rien vu venir. Et il s'était passé deux ans avant qu'ils ne le sachent. Était-ce de la négligence de leur part ? Kaitz s'en voulait. Peut-être n'aurait-il pas pu éviter la mort de Muelle, mais il s'était tout de même passé deux sans avant qu'il ne le sache ! Et c'était parce qu'elle était venue elle-même annoncer sa mort. Si elle n,était pas venu, après combien de temps aurait-il chercher à la retrouver ? Il avait négligé Samuelle ces dernières années, il la croyait à l'abri... de tout... comme lui... mais Samuelle n'était pas lui. Il sent Less de plus en plus furieuse, que ce soit après elle ou après Muelle. Par chance, c'est le verre qui écope, mais la suite devient plus inquiétante.

Kaitz, pour avoir tenter l'expérience à quelques reprises, sait qu'il ne faut jamais imposer quelque chose à Muelle, parce qu'on peut être certain qu'elle fera le contraire. Less devrait le savoir... pourtant, les révélations de Muelle expliquent certaines choses, mais ça n'excuse pas le fait qu'il ne s'est pas inquiété d'être sans nouvelles de Muelle durant si longtemps... il était son ami, bon sang, il aurait du s'interroger, il le devait !

La réaction de Less le fait reculer. Autour de lui, son propre bureau semble réagir à la réaction de l'italienne. Les grandes fenêtres se lézardent, les murs tremblent, toute la paperasse fout le camp, le contenu des placards se déverse dans la pièce... bref Less fout un terrible bordel dans son bureau.

Debout un peu en retrait, il voit avec une crainte grandissante Muelle sortir de l'armoire et de s'approcher de Less. Les deux femmes, ses deux amies s'affrontent du regard.

- Euh... les filles... on devrait pouvoir en jaser calmement, non ? Elles ne l'écoutent même pas. Less, Muelle, ça suffit, c'est pas le moment de...

Less, Muelle, ça suffit, c'est pas le moment de...

Ca va j'ai comprise! Quand j'aurai tellement saignée qu'il ne me restera plus rien, c'est la qu'on va enfin s'apercevoir de ce que je voulais? On va encore s'amuser avec le coeur de Less. De toute facon elle est forte elle survivra!

Dit elle avec une méchanceté et un sarcasme venimeux.

Lareless se relève tranquillement, le regard toujours noir. Elle fixe Samuelle du même regard que celle-ci a. La voix étrangement calme, la jeune femme dit.

D'abord, qui est le plus a blâmer? Celle qui ne s'Inquiete pas pour son amie, la croyant en sécurité, habituée à ses longs silence? Ou l'autre qui garde le dit silence pendant deux ans pour une chose si importante! J'aurais pu t'aider au moin...

Elle repousse sa mèche de son front, accio ses béquilles avec sa baguette.

Deux ANS! Etre fantôme n'excuse pas tout Muelle. J'ai comprise. Tu ne voulais pas ni de moi ni de mon aide... D'accord.

Je ne t'empoisonnerai pas plus longtemp avec ma présence. Je suis désolée d'avoir cru que tu avais enfin comprise que je me croyais ton amie...

Elle prend une inspiration. Se tourne vers le directeur.

Harkaitz, je reviendrai ranger. Désolée vieux. Maintenant je dois m'en aller, j'ai des choses a voir pour mon cours et ca ne peut plus attendre. . Harkaitz! M'dame!

Sur ce salut poli, elle passe carrément au travers de Samuelle qui lui barre le chemin et retourne vers la porte. Son pas est pas mal plus lent que tout a l'heure. Harkaitz peut voir que le dos de sa robe est trempé de sueur.

« Elle est fâchée, tu crois? J’ai comme eu l’impression qu’elle me reprochait quelque chose… » fit Samuelle d’un ton qui trahissait une certaine amertume malgré la légèreté de ses propos. Samuelle tournait toujours le pire en dérision.

Elle regarda autour d’elle. « Désolée pour ça, je ne peux pas t’aider… C’est réservé aux esprits frappeurs… Si j’empiète dans leur définition de tâche, je pourrais me ramasser un grief… » expliqua-t-elle en grattant négligemment le sol du bout de sa pantoufle…

« Comme si elle avait pu y faire quoi que ce soit! Pfff Ça n’a pas été facile pour moi non plus tu sais… » Oh non… Mourir n’était pas son intention, mais rester l’était encore moins… Elle se garda bien de le dire… « Il ne suffit pas juste de crever! J’ai d’abords du affronter toute ma foutue famille, leurs p’tain de secrets, sans compter toutes les stupides directives des autres fantômes… Tu croirais qu’on a la paix une fois mort, non? » l’interrogea-t-elle comme si elle avait besoin de se vider le cœur. « Et bien NON! Fais pas ci, fais pas ça, arrête ceci, adopte cela… et patati et patata… m’emmerde… » ronchonna-t-elle.

« Elle m’a passé au travers! » fit-elle offusquée, prenant Kaitz à témoin…. « Mais elle l’a quand même prit mieux que je l’envisageais… » Un sourire de loup s’étala sur la figure du fantôme… « Vivement que l'année commence, j'irai la hanter dans son cours! »

Kaitz est étrangement silencieux. Debout près de la chaise que Less occupait quelques minutes plus tôt, les bras ballant, il semble à peine écouter ce que Muelle lui raconte. Il n'en a perdu pas un mot, elle le sait, mais elle sait aussi que la cervelle de Kaitz fonctionne à toute vitesse. C'était lorsqu'il paraissait le plus dépassé qu'on pouvait être certain qu'il n'avait rien perdu des événements. Il devait seulement tout remettre en ordre, ensuite, tout devrait bien aller... en théorie.

Muelle s'excuse de ne pouvoir l'aider, il esquisse un sourire, même si son regard est vague. Muelle donner un coup de main pour du rangement ? Elle se serait contenter de peut-être ramasser le pot de plumes et de tenter de les mettre en ordre de grandeur pour passer le temps pendant qu'il se serait tapé tout le reste. Il avait déjà « travaillé » avec Muelle et souvent !

- Oh, non, c'est pas grave...

Elle continue de parler, il l'écoute, même s'il ne semble pas. C'est une histoire bien étrange que la mort de Muelle. Il croit en saisir une partie, mais sans trop comprendre. Kaitz pouvait facilement capter des tas d'informations, mais côté émotions, une overdose lui donnait du fil à retordre, le temps de saisie était plus long. Et depuis quelque temps, les émotions ne manquaient pas. L'accident de Less, la disparition de Silence et là, la mort de Muelle... des trucs comme ça, il en arrivait des tas par jours, mais si près de lui, le malheur s'attaquant à ceux qui faisaient partie intégrante de sa vie, ça, il le supportait très mal.

Il sourit lorsque Muelle évoque la possibilité d'aller hanter le cours de Less.

- Moi aussi j'ai dit que j'irai l'observer...

Il regarde autour de lui, estimant le bordel de son bureau. Il tire sa baguette de la poche de son veston, la lève... puis s'arrête et soupire. Il ne sait pas par quoi commencer, et il n'est même pas certain qu'il réussirait son sort.

- Oh... barf... c'est que du désordre, hein... pas de quoi s'exciter...

Il se laisse tomber dans son fauteuil, l'air absent.

- Reste à attendre que Less se calme et tout se placera...

Il émet un ricanement qui sonne bizarre. Il secoue la tête.

- Eh merde...

Arf… Oui, ça arrivait… Kaitz était con, pas insensible… Il arrivait à Samuelle de l’oublier… Un éphémère sentiment de culpabilité lui fit contourner le bureau et tenter maladroitement un geste… Sam ignorait même comment on nommait cette nuance de consolation… Elle lui tapota l’épaule… Et sa main lui passa au travers de l’épaule… « Oups, désolée! » fit-elle, embarrassée… « C’est bête, j’ai du mal à perdre l’habitude… » ricana-t-elle un peu gênée…

Il fallait trouver un moyen de contourner ce problème… Ça ne faisait pas partie du protocole fantomatique, mais il fallait trouver une astuce… Samuelle allait ajouter quelque chose lorsque ses yeux d’or se posèrent sur la mine déconfite de son ami.

« Bon ça va! J’ai compris! » fit la fantôme en perdant subitement son humeur câline. « Je vais aller la voir, lui courir après et rafistoler tout ça! » déclara-t-elle d’un timbre de voix vibrant. Ce n’était pas sa faute quand même… Mais la brutalité a parfois quelques avantages…

La fantôme sortit de la pièce d’une démarche qui suggérait clairement que si elle avait été matérielle, on aurait entendu ses talons claquer contre le sol. « Et ne viens pas dire que je ne fais aucun effort! »

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Mi-Septembre 82

Kaitz était furieux. Bon, ouais, ça devanait une habitude par les temps qui courent, mais bordel, elles faisaient exprès. Pourquoi ne pouvaient-elles pas tout simplement lui foutre la paix pour un moment ? Il avait quitté la classe en concluant le cours de manière fort brusque. Il avait été le premier à quitter la classe, se retenant de claquer la porte, pour ne pas enfermer les jeunes dans la classe.

Cependant, la porte de son bureau claque. Elle claque à en ébranler les pierres des murs. On a sans doute entendu le claquement sur deux étages au-dessus, deux étages en dessous. Aussi puérile que peuvent l'être ses réactions, il s'en moque. Il balance ses bouquins et parchemins à travers son bureau et va directement se servir un verre de cognac, qu'il vide d'un trait avant de s'en resservir un.

Une sensation de froid désagréablement familière saisi Kaitz lorsque Samuelle lui passe au travers, se retourne, et s’assied sur la déserte à même le plateau destiné au cognac. Elle lui dédie une moue digne des plus grandes actrices : attristée et empathique. « Bon sang Harkaitz, 28 ans et t’as toujours aucun style quand il s’agit de claquer une porte… » soupira-t-elle…

La fantôme laissa à son ami le temps de protester, une nouvelle fois, puis lui déclara l’objet de sa visite. Droit au but.

« Excuse-moi, Harkaitz, mais est-ce que j’interprète bien ton comportement et tes propos si je déduis que tu crois que je t’ai injustement traité? » demanda Samuelle avec un ton sucré et une diction particulièrement franche. Samuelle ne s’exprimait jamais sans un maximum de circonlocution. Elle savait rendre même un oui ou un non évasif…