Besoin d'évasion...[Morgane Dalite + qui veut ^^]

[Whaou le RP !!! =D]

___« […] Et la mélancolie, dis-moi quand ça finis […] »

___Morgane se retourna en grognant et elle frappa le réveil d’un coup sec. Celui-ci ne s’éteint pas et tomba simplement à terre en continuant à cracher sa musique à fort volume. La jeune femme plaqua son coussin sur sa tête, espérant naïvement pouvoir se rendormir. Le soleil filtrait déjà au travers des volets, éclairant la pièce d’une petite lueur dorée. Elle continuait malgré tout d’entendre la musique. Ce n’était pas la radio – Morgane n’écoutait jamais la radio, elle détestait la musique qu’ils passaient et les publicités débiles qui y passaient – mais c’était un CD de musique française. Elle aimait bien la musique française, surtout car elle comprenait la langue, contrairement à toutes celles – Espagnol, Italien, Polonais, Russe, et j’en passe et des meilleurs – qu’elle avait essayé d’apprendre. Il fallait bien dire que si Morgane était une moldue, elle aurait eu bien du mal à décrocher ses diplômes, mais Dieu merci elle était sorcière et n’avait pas eu besoin d’étudier les langues. Elle avait d’ailleurs brillamment réussit ses études de magie, et elle avait très jeunes décroché le poste de professeur de potion, au collège de renommée ; Poudlard. C’est d’ailleurs l’endroit où elle logeait en temps normal, mais pas cette fois-ci, elle avait décidé de se couper un peu et de passer le week-end chez sa sœur aînée, Jessica, avec qui elle vivait avant d’avoir son poste. Jessica vivait à Londres, au 23 Brook Street, et cela convenait très bien à Morgane qui aimait beaucoup cette ville et son atmosphère.
___Un miaulement ainsi qu’un grincement de porte vinrent interrompre l’audacieuse tentative qu’avait entreprit Morgane en essayant de replonger dans le sommeil, et un petit chat blanc entra dans la chambre, puis sauta allègrement sur le lit en ronronnant. Sa maîtresse se décida à émerger, et elle se pencha pour ramasser son réveil. Elle s’assit ensuite, s’étira à la manière d’un chat, puis elle caressa l’animal qui se frottait à sa poitrine, réclamant son câlin du matin. Une fois satisfait, le félin quitta la pièce. Morgane sortit de son lit et elle alla ouvrir les volets. C’était un jour plutôt maussade, et un vent frais vint frapper le visage de la jeune femme qui ferma les yeux et resta devant sa fenêtre pendant un moment pour que le froid la réveille entièrement.

___« Morgane, t’as décidé de draguer le voisin d’en face ? »

___La concernée ouvrit doucement les yeux, se rappelant qu’elle était simplement vêtue de dessous. Elle ferma la fenêtre et regarda sa sœur qui venait d’entrer dans la chambre. Elle ressemblait beaucoup à Morgane, mais elle était plus petite et ses yeux étaient plus foncés que ceux de sa sœur. Elle sortait apparemment de la douche car elle portait un peignoir et une serviette blanche entourait ses cheveux.

___« L’air de Londres m’avait un peu manqué, dit le jeune Dalite avec un sourire. Je crois que l’air d’Ecosse n’est pas assez pollué.
___« - Je te prépare un petit déjeuné où … ?
___« - Non merci, répondit-elle. Je vais descendre chez Dan. »

___Morgane remit rapidement la couette sur le matelas et elle s’étira à nouveau, regardant Jessica avec un sourire. Cette dernière le lui rendit et elle sortit de la pièce en refermant légèrement la porte. Le blonde ouvrit l’armoire et elle sortit rapidement des habits pris au hasard, un pull en laine grise, un jeans délavé qui avait auparavant appartenu à Mona, son autre sœur. Le plus difficile à trouver fût les chaussettes, car même les sorciers ne faisaient pas exception à la règle ; les chaussettes perdaient toujours leur double au fil des ans. Elle finis avec une paire dépareillée, une bleue ciel et une autrefois blanche. Il fallait le dire, Morgane n’était pas très organisée. Elle s’habilla rapidement, et elle attacha se cheveux à la va-vite et elle se rendit à la salle de bain pour sa passer un coup d’eau sur le visage. Puis elle alla dans la cuisine. C’était une petite pièce très simple, presque entièrement blanche, mais qui était remplie qu’une multitude de plantes vertes qui donnaient par moment l’impression d’être dans une serre. La gamelle du chat était vide, mais un seul coup de baguette suffit à la remplir. Morgane enfila une écharpe et une paire de chaussure, et elle sortit de l’appartement avec un signe de main envers sa sœur qui était plongée dans la gazette du sorcier.
___Elle descendit les escaliers deux à deux, et elle sauta les dernières marches avec un sourire de petite fille, puis elle sortit dans la rue. Elle traversa la route, passa devant un magasin de chaussure et un étal de fruits frais, puis elle pénétra dans un bar. C’était un endroit où elle se rendait très souvent depuis des années, et il lui arrivait très souvent de noyer ses soirées avec sa sœur, à écouter les groupes de musique qui y jouaient presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Elle entra et salua joyeusement un bon nombre de gens, des habitués qu’elle connaissait bien. L’endroit était plein, car c’était un de lieux de rendez-vous favoris de tous les habitants du coin. La plupart des gens ici étaient des hommes, et cela se sentait, l’odeur de cigarette était une des premières à se faire sentir, et pourtant Morgane aimait bien cette ambiance. C’était l’une de celles qui la faisait se sentir chez elle quelque part. Elle avisa des places libres à côté de quelqu’un qu’elle ne connaissait pas et elle s’y assit avec un sourire pour la personne déjà assise. C’était un jeune homme, un peu plus âgé qu’elle à première vue. L’attention de Morgane fût retenue par ses yeux, qui ressemblaient beaucoup aux siens en brun.
___Dan apparut. C’était le serveur ainsi que le patron du bar, un homme d’environs quarante ans qui semblait avoir perdu le goût de la vie depuis la mort de sa femme.

___« Ca faisait bien longtemps miss Dalite, dit-il avec un fort accent Ecossais. Un thé à l’eau de vie et des œufs brouillés, comme d’habitude ?
___« - Oui Dan. Je suis retournée en Ecosse à l’école de mon enfance, ça m’avait manqué. Mais rien ne pourra remplacer ma petite vie d’ici. »

___Dan acquiesça avec un sourire et il partit chercher ce qu’on lui avait demandé. Morgane le regarda partir en écoutant la musique qui se faisait entendre dans l’ambiance feutrée de la salle. Sa vie de Londres lui avait manqué autant que celle de Poudlard. Elle regarda la personne en face d’elle et elle lui sourit.

___« Un vieux cheval fou, dit-elle en parlant de Dan. »

___Elle laissa rapidement vagabonder son regard autour d’elle, puis elle reporta son attention en face d’elle. Des glaçons flottaient dans le verre de l’inconnu.

___« De l’alcool dès le petit matin ? Quoi que, vous me direz … »

___Elle ne finis pas sa phrase, et elle observa distraitement le groupe de jazz, le menton posé sur sa main.

___Le jeune homme en face d’elle fit une drôle de tête lorsque Dan repartit avec sa commande. Beaucoup de gens avaient la même réaction, mais c’était de famille. Son père tirait ses origines dans les pays de l’est, et lorsqu’ils étaient encore petits, même les steaks qu’il cuisinait saignaient la vodka, ce qui faisait enrager sa mère, une pure Irlandaise qui n’avait jamais but autre alcool que du vin des elfes lors des fêtes. Morgane se souvenait comme si c’était hier des disputes de ses parents, des petites disputes si fréquentes dans un couple si uni qu’on aurait cru qu’ils étaient l’un et l’autre identiques en tout point. Oh oui, leur famille était unie, plus que ça même, et combien de fois Morgane s’était dit qu’elle avait une chance folle, cette chance que n’avait pas les orphelins, les enfants battus, ou ceux que rejetaient leurs parents. Elle, ses frères et ses sœurs s’étaient toujours entendus à merveille, et jamais elle n’avait eu à se plaindre réellement de l’un deux. Et ses parents veillaient sur leur petit troupeau comme des bergers sur les moutons, deux bergers qui se serai aimé à la folie. Jusqu’à la mort de l’un d’eux. La blonde eu un petit soupir à peine audible, perdue dans ses pensées. Le décès de son père avait été un grand choc, pour la communauté magique – Marc Dalite était un grand auror – mais surtout pour sa famille, qui en souffrit beaucoup. Et pourtant, pensa Morgane, pourtant on a tenu le coup oui. On a tenu le coup et on ne s’est pas laissé abattre. Oui ils avaient tenu le coup, les aînés avait pris en main les plus jeunes, ils s’étaient soutenu, et maintenant le vie continuait. Pas comme si rien ne s’était passé, mais elle continuait. De toute manière, Morgane avait toujours été une sans-souci.
___Elle se laissa distraire par le groupe de jazz qui jouait merveilleusement bien. Elle se sentait bercée par cette musique, comme si elle était dans un cocon protecteur. De toute manière, s’en était toujours ainsi lorsque n’importe quelle mélodie venait porter à ses oreilles. C’était une des nombreuses raisons qui faisaient qu’elle aimait cet endroit, il y avait presque tout le temps quelqu’un pour jouer. Quand ce n’était pas un groupe peu connu que Dan faisait venir, c’était les habitués qui jouaient des petits morceaux de piano ou de guitare. Ce n’était pas du grand art, mais cela la faisait oublier tout ce qui n’avait pas d’importance. C’était comme une drogue, qui rendait les choses abstraites tout à coup très intéressantes, et qui faisait oublier les grands soucis. Mais Morgane n’avait pas de souci à proprement parler. C’était une fille insouciante, qui n’avait aucunement conscience des responsabilités qui pouvaient bien peser sur ses épaules. Elle avait envoyé valser au diable tout les pensée pessimistes de ce monde, et elle prenait tout avec légèreté. Et cependant, il arrivait plus que souvent qu’elle soit triste. Mais c’était la belle tristesse, celle qui vous faisait pleurer et sourire en même temps la tristesse de l’automne ou encore des jours gris. C’était la tristesse des rêveurs, la seule que Morgane eu jamais ressentit.
___La chanson se termina, et elle sourit toute seule. Elle avait l’impression que tout un univers était passé le temps qu’elle était perdue dans ses pensées. Elle était littéralement partie, dans un autre monde, le temps de quelques notes. Derrière elle, une groupe d’hommes parlaient doucement, là bas au comptoir un jeune garçon était assis, les pieds battant le vide, buvant son coca à la paille tandis que son père lisait le journal assis à côté. Une jeune fille était assise en bout de table et ses yeux étaient perdus dans la contemplation de la rue. Londres était vraiment belle.

___« J'ai pris l'habitude, et puis un verre ne peut pas vraiment faire de mal avec ce temps. Excusez moi de mon impolitesse, je me nomme Demetrio Arezzo, mais malgré ça je suis un habitué de la ville et de ce genre d'endroits, bien que celui-ci soit une première fois... »

___Morgane regarda l’homme avec un air un peu égaré. Elle avait oublié qu’il était là. C’est fou comme les pensées peuvent vous sortir du monde en moins de quelques minutes à peine. Quelques secondes peut-être. Elle lui sourit distraitement. Un habitué de la ville qu’il disait. Elle aussi se disait une habituée, et pourtant elle y passait bien peu de temps. Mais elle l’aimait, elle y connaissait les gens, les lieux, alors oui, elle était une habituée. Enfin peut-être. C’est fou comme la vie est pleine de peut-être quand on s’appelle Morgane. C’était en effet le mot qu’elle disait le plus souvent, celui qu’elle utilisait pour tout et n’importe quoi. Peut-être.
___Dan arriva avec une grande tasse et une assiette d’œufs brouillés, Morgane lui sourit, il lui rendit son sourire et repartit. La jeune femme posa ses deux mains sur la tasse et la chaleur se répandit dans ses bras. Elle sentit des petits picotements dans ses doigts. Elle aimait bien cette sensation, celle de la peau qui se réchauffe brusquement, celle que l’on ressent en rentrant d’une journée dans la neige pour se retrouver à boire un chocolat chaud devant la cheminée. C’était une sensation pleine de souvenirs, qui rappelait des dizaines de moments tous plus agréables les uns que les autres. Elle regarda fixement la personne en face d’elle, comme si elle l’analysait, mais elle pensait tout à fait à autre chose. C’était quelque chose qui lui arrivait très souvent, comme un arrêt sur image, elle s’arrêtait et le monde autour d’elle continuait de tourner. Une sorte de pause.

___« Morgane Dalite, lança-t-elle à tout hasard, se rappelant qu’elle avait omis de donner son nom. »

___Elle reporta son attention sur le groupe de musique, tournant sans vraiment s’en rendre compte sa petite cuillère dans la grande tasse de thé. Elle aimait bien parler avec les moldus, parce qu’ils n’avait pas de réaction au nom de Dalite. Dès qu’elle parlait d’elle au sein de la communauté des sorciers, elle avait droit à toute sorte de question. C’était elle là fille des aurors Marc et Lorène ? C’était elle la sœur de la petite Lola qui avait eu affaire au phoenix noir ? C’était elle qui était professeur de potion à Poudlard ? Oui, oui, oui. Cela exaspérait la jeune femme à la longue. Les gens se fiaient à l’image que donnait les autres d’elle. Parce que sa famille était connue. Les moldus, quand à eux, n’en avaient que faire, et pour eux elle n’était qu’une femme comme les autres. Ils ne l’assaillaient pas de questions, ne la détestaient pas ou ne l’aimaient pas pour ce qu’ils savaient. Ils la découvraient, et c’était ça qu’elle aimait.
___Elle porta le breuvage à ses lèvres. La thé brûla ses lèvres, l’alcool sa gorge, et elle ferma les yeux de contentement. Cette boisson aussi était souvenir. Elle amenait la belle tristesse.

___Morgane balançait doucement la tête de droite à gauche, sur le rythme de la musique, le regard vague, les yeux perdus dans le vide. Une bombe aurait pu exploser dans la rue sans qu’elle s’en aperçoive. C’était bien quelque chose qu’elle n’avait pas en commun avec ses parents. Eux étaient en alerte à longueur de journée. Jamais ils ne s’autorisaient de pause, ils étaient toujours là, à veiller. Et pourtant c’était dur de veiller sur neuf enfants, surtout quand la majorité d’entre eux étaient des hyper actifs qui passaient leur temps à faire tout et n’importe quoi sans se soucier de quoi que ce soit. Morgane la première. Et pourtant jamais ils ne s’étaient jamais plains. Quand d’autres parents râlaient que leur progéniture était trop agitée, eux se contentaient de s’en occuper avec amour. Oui, les enfants Dalite avaient vraiment eu de la chance. Morgane se demandait par moment, lors de ses instants de rêverie, comment elle se comporterait, elle, plus tard, avec sa propre famille. Serait-elle aussi patiente et attentionné que sa mère, aussi drôle que son père ? C’était une bonne question, qui frôlait parfois l’esprit de la jeune femme, la plupart du temps lorsqu’elle regardait les photos de son enfance, ou alors quand elle cherchait le sommeil sans réussir à le trouver. Mais elle avait le temps. C’était toujours ce qu’elle se disait. Elle laissait le temps au temps, profitant du moment présent sans trop se poser de question. Il lui arrivait rarement de faire des projets pour plus tard. C’était « On verra bien ». Au même titre que peut-être, elle le disait au moins une fois l’heure. Morgane était une insouciante, une de celles qui pourraient vivre d’un rien, elle était comme les enfants, s’émerveillant pour un papillon ou un flocon de neige. Elle voulait être comme le vent, libre de tout.
___Le jeune homme, répondant au nom d’Arezzo à ce qu’avait compris la blonde, ouvrit les yeux grand comme des billes au nom de Dalite. Merde, se dit Morgane sans trop savoir pourquoi elle pensait cela. Une petite lumière s’était allumée dans son cerveau, comme clignotant, et répétant Sorcier, Sorcier, Sorcier. L’image de cette lumière parlante lui apparut et elle ri d’elle-même, se sentant ridicule après coup. Imaginant qu’elle avait peut-être affaire à un Legillimens, tout en sachant qu’il n’y avait qu’une misérable petite chance pour que ce soit le cas, elle essaya de chasser cette petite lumière, et elle détailla l’homme. Il avait reprit une expression neutre très rapidement, mais c’était trop tard s’il ne voulait pas qu’elle s’en aperçoive. Elle eu un sourire à peine visible. Ce changement subit de visage lui faisait grandement penser à elle, quand elle mettait son « Masque ». Elle se faisait alors passer pour quelqu’un qu’elle n’était pas, et ça la faisait bien rire de voir les différentes réactions des gens en fonction de son attitude. C’était surtout marrant avec les élèves. Un jour elle faisait ami ami avec eux, le lendemain elle se comportait encore plus agressivement que Henri de Hurlevent. Cela amusait la jeune femme de voir que beaucoup de gens avaient du mal à s’adapter à ses changements d’humeurs aussi imprévus qu’incompréhensibles. Mais ce n’était pas méchant. C’était un jeu, tout simplement. C’était comme lorsqu’elle dansait en pleine rue sous la pluie, comme lorsqu’elle inversait le sel et le sucre quand sa mère faisait la cuisine, comme lorsqu’elle poursuivait les poules avec son frère en criant comme des tarés. C’était un jeu. Un jeu d’enfant, soit, mais un jeu qui lui permettait de s’amuser, de mettre un peu de piquant dans le train-train monotone des jours qui se suivent. Car Morgane n’était pas de ces gens se laissant entraîner par le quotidien, elle était plutôt de ceux qui luttaient contre lui chaque jour pour apporter une petite lumière dans l’existence. La sienne, et celle des autres.
___Demetrio – ce nom sonnait bien dans la tête de Morgane, sans qu’il y ait une raison apparente à cela – avaient des yeux expressifs, et la jeune femme pouvait y lire la curiosité.

___« Cela peut vous paraître louche voir déplacé, et sans vouloir vous offenser j'aimerais avoir une précision qui soit confirmera mes soupçons, soit me fera passer pour un abruti... Cela vous parait-il louche que j'ai lu des choses extraordinaires sur un certain Marc Dalite qui pourrait bien vous ressembler finalement ? »

___Bingo mon cocopensa-t-elle, se sentant à nouveau ridicule de l’esprit. Elle le regarda distraitement, puis plongea ses yeux dans sa tasse avant d’en boire une autre gorgée. Elle n’avait pas spécialement envie de se presser pour lui répondre. C’était le matin, elle avait le temps. De toute manière, il n’avait jamais fallu trop lui demander le matin, en particulier lorsqu’un réveil s’occupait de la tirer du lit, ce qui avait été le cas. Elle laissa le thé dans sa bouche jusqu’à ce que ça lui brûle la langue, comme elle le faisait en étant petite, puis elle reposa sa tasse et elle regarda en face d’elle. Elle réfléchit un peu à ce qu’elle allait répondre. Sans vouloir vous offenser. C’était drôle cette phrase, enfaîte non, pas du tout, mais sans savoir pourquoi elle paraissait drôle sur le moment. Morgane eu à nouveau un petit sourire. Son regard parti dans le vague. Ce jour là, elle avait vraiment du mal à fixer ses yeux sur quelque chose de concret.

___« Oh, vous avez certainement lu beaucoup de chose sur lui, dit-elle d’une voix absente. C’est fou comme on parle des gens quand ils sont morts. »

___Elle le regarda pour voir sa réaction, mais décrocha vite son regard. On aurait pu croire qu’elle était timide, enfaîte non, c’était simplement une habitude qu’elle avait pris avec le temps. Il lui arrivait très rarement de regarder les gens lorsqu’elle leur parlait. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle parlait souvent avec ses mains, pour que les autres se concentrent sur ses mains et non sur le fait qu’elle regarde ailleurs. C’était quelque chose qui avait souvent fait croire au gens qu’elle venait des pays d’Europe du Sud, si tant soit peu qu’il y eu vraiment une Europe du Sud. C’était aussi quelque chose d’amusant. Il y avait un Europe de l’ouest, une Europe de l’est, une Europe de Nord, mais pas d’Europe du Sud. Morgane secoua un tout petit peu sa tête pour sortir de ses pensées qui revenaient au galop à chaque moment de silence, et elle fixa un point invisible derrière Demetrio.

___« C’est mon père, enfaîte. »

___Elle avait accentué le dernier mot, et c’était le seul qu’elle n’avait pas dit de cette voix si distraite. On aurait cru qu’elle était coupée du monde, qu’elle parlait sans trop savoir pourquoi, juste pour parler. C’était sa voix du matin, ou bien sa voix de musique. La voix emprunté lorsqu’elle était atteinte de la belle tristesse. L’après-midi, elle était bien plus motivée, bien plus active, et il était difficile de la faire taire. C’était une petite fille qui avait besoin de courir partout, de tout voir et de tout toucher. C’était un changement radical. Elle passait de la jeune femme rêveuse et mélancolique à la gamine volage et pleine d’énergie. J’ai l’âme de l’enfant et la mémoire du vieux. L’éternité c’est long quand on marche sans cœur. Je suis le cavalier sans tête. Cette phrase tournait soudain dans sa tête, et elle la fit sourire. L’enfant qui buvait son coca était maintenant en train de balancer son corps au rythme de la musique, se trémoussant sur sa chaise sous le regard amusé de son père.

___Morgane attaqua ses œufs brouillés. Ils étaient excellents. Pas autant que ceux que préparait sa mère, mais excellents tout de même. Dan savait vraiment bien faire la cuisine. Il avait pris l'habitude de concocter toute sorte de plats qu'on ne trouvait nul part ailleurs, le thé de Morgane par exemple, et il arrivait toujours à rajouter un petit quelque chose dans les repas, un petit quelque chose qui les rendait meilleurs que dans les autres bars de la ville. La jeune Dalite venait régulièrement ici depuis maintenant un peu plus de deux ans. Si au début elle n'avait été qu'une étrangère, elle avait été acceptée très rapidement. Il fallait dire que la blonde était de nature plutôt sociable et drôle, et qu'en plus les gens du coin étaient accueillants. A l'époque où elle travaillait chez un apothicaire, à Pré-Au-Lard, elle revenait ici pratiquement tous les soirs. Elle jouait parfois du piano, où alors elle écoutait les groupes de musique parfois dans un silence religieux, parfois dans un brouhaha indescriptible en jouant aux cartes avec sa sœur et les gens du coin. C'était une petite communauté, une communauté dont elle faisait à moitié partie. Mais seulement à moitié. Elle était sorcière, et malgré tout les efforts qu'on pouvait fournir, jamais les moldus et les sorciers ne feraient partie du même clan. Il y en avait toujours pour clamer la supériorité des sorciers, et si jamais les moldus savaient leur existence, il en serai de même de leur côté. Ça avait toujours été ainsi et cela le resterai certainement toujours. Il fallait que les gens se trouvent supérieurs aux autres, et c'était d'ailleurs comme ça que se déclenchaient les guerres. Beaucoup d'homme dans le monde, manquaient d'humilité, les gens ne savaient pas rester à leur place, il fallait toujours qu'ils soient mieux, mieux que les autres. C'était certainement une des grandes complexité de l'être humain.
___Demetrio gardait un visage neutre. Morgane se demanda un instant si il n'avait vraiment rien à penser, ou si c'était simplement une expression qu'il se donnait. Elle même avait un mal fou à cacher ses émotions, et elle avait depuis peu décidé tout simplement de ne plus essayer. Un sourire forcé était généralement plus ridicule et mal vu qu'une moue boudeuse. Et puis, elle n'aimait pas être fausse. Tandis que la plupart des filles étaient des hypocrites née, Morgane préférait dire la vérité. Bien entendu, il lui était bien des fois arrivé de mentir. Quand elle était petite, c'était son jeu préféré. Elle aimait bien voir jusqu'à quel point on la croyait. Et puis, cela lui avait bien souvent sauvé la mise. Mais au fur et à mesure du temps, elle s'était rendu compte que cela lui apportait plus d'ennuis que ça en réglait. Au cours de sa troisième année, elle s'était tellement enfoncée dans un mensonge qu'elle avait eu un mal fou à s'en sortir, et elle avait bien faillit y perdre des amis. Depuis, elle faisait attention à ce qu'elle disait. Bien sur, toute la vérité n'était pas bonne à savoir, mais tout de même, elle surveillait ses dires.
___Elle se tourna pour observer Dan qui déposait un café devant la fille qui regardait dehors. Il lui dit quelques mots, qui devaient certainement être drôles car la fille eu un petit rire et alors qu'il était déjà retourné à son comptoir, elle souriait toujours en plongeant son sucre dans le liquide noir. Morgane reporta son attention sur Demetrio qui avait ouvert la bouche comme s'il voulait parler mais qu'il cherchait ses mots. Elle continua de le regarder, vaguement intéressée par ce qu'il allait bien pouvoir dire, tout en écoutant la musique d'une oreille distraite.

___« Je me doute qu'il ne fut pas seulement un Auror pour vous, dit-il. Et j'espère que vous prendrez cette remarque comme si j'étais un ami, car même si je ne comprends pas exactement vos sentiments, je compatis de tout mon cœur... »

___La jeune fille eu un sourire chaleureux à l'attention de l'homme en face d'elle. Elle avait entendu beaucoup de choses, beaucoup de gens qui se disaient "désolés" de ce qui était arrivé à son père, et Morgane n'avait jamais compris ceux qui disaient cela. Pourquoi devraient-ils être désolés, est-ce qu'ils étaient pour quelque chose dans son décès ? Certainement que non. C'était une remarque lassante, que la Dalite en avait marre d'entendre. Ce qu'avait dit Demetrio par contre, était plus agréable à entendre, et cela faisait bien moins phrase-tout-faite-que-l'on-dit-parce-qu'il-faut-le-dire, elle sentait que c'était plus ... vrai. Que ce n'était peut-être pas juste une marque de politesse. C'était gentil de sa part. Il ne comprenait pas, mais il compatissait. Seulement il n'y avait plus grand chose à compatir. Morgane était passé à autre chose, et même si la perte de son père était encore un grand vide pour elle, ce n'était plus une plaie ouvert, plutôt une simple cicatrice qui serai toujours là, mais qui ne ferai plus mal.

___« Merci. »

___Elle avait dit ça très sincèrement et d'une voix beaucoup moins absente que tout ce qu'elle avait bien pu baragouiner avant. Elle porta à nouveau ses mains à sa tasse. La sensation de chaleur était moins forte, mais tout de même agréable. Le morceau joué à ce moment était plutôt doux, et elle se sentit de nouveau enveloppée dans ce cocon protecteur que lui procurait cette atmosphère si rassurante. Elle regarda Demetrio avec un air mélancolique, comme s'il lui rappelait quelque chose, mais en vérité c'était juste une vague de souvenirs qui remontaient. Elle aimait beaucoup les souvenirs. C'était stupide, mais c'était beau. Il lui arrivait souvent de passer pour une débile parce qu'elle avait des fois des arrêts, des moments où elle était tellement dans le passé qu'elle oubliait le présent et qu'elle restait le regard vide à fixer le néant. C'était un refuge, là où elle allait dans ses rares moments de faiblesse. Elle puisait sa force dans ses souvenirs, ce qui était assez marrant car la plupart des gens y trouvaient au contraire leurs faiblesses. Il fallait dire, que Morgane était en général assez différente de la plupart des gens.

___« J'aimais beaucoup mon père. C'était quelqu'un qui a toujours fait ce qui lui semblait bon pour les autres. »

___Elle but une gorgée de son thé, plongeant ses yeux dans le liquide presque transparent. Elle était prise d'une soudaine envie de parler. Pas de discuter, non de parler. C'était deux mots qui pour elle avait un sens tout à fait différent. Discuter, selon elle, c'était plutôt s'entretenir sur un sujet précis, en faisait attention à ses mots, alors que parler c'était au contraire lancer des idées en vrac, sans qu'elles soient obligatoirement reliées entre elles. C'était quelque chose que n'aimaient généralement pas tous les gens trop structurés. Elle, au contraire, préférait largement ça à la discution. Elle regarda Demetrio un court instant, puis elle recommença à manger ses œufs brouillés. Décidément, elle aimait bien le matin. Et ce week-end commençait plutôt bien, comme quoi, elle avait eu une bonne idée de quitter Poudlard pour retourner chez Jessica. Elle attendait que Demetrio parle. Même si elle avait envie de parler, elle n'avait pas envie de réfléchir. Elle devait assez se casser la tête toute la semaine avec des élèves des fois accablants, pour en plus devoir réfléchit les rares jours où elle n'avait rien à faire. C'était le matin. Il ne fallait pas trop lui en demander.