Les notes

C'est fou ce qu'un simple état peut causer comme problèmes chez quelqu'un. Je m'en plains pas, remarque, j'ai jamais rien fait pour que ça puise me nuire, je suis les recommendation à la lettre et je ne l'oublie jamais. C'est devenue une habitude, une routine, un inévitable à l'heure du coucher.

Mais je ne peux pas nier que ça pas toujours été facile. Maintenant, j'accepte d'être comme ça. Enfin, non, je n'accepte pas d'être comme ça, mais j'accepte de faire tout en mon pouvoir pour que ça ne soit jamais tragique. En lisant, j'ai apprit des tas de choses, des tas d'horribles choses en fait. C'est pour ça que je suis les recommendations à la lettre...

SOUVENIR

Paris, 31 juillet 1974

Vous savez, ce que c'est, des gamins qui jouent dans une ruelle. Derrière la librairie, c'est parfait. Personne y passe, sauf pour sortir les ordures et le camion passe qu'une fois par semaine. Et puis, c'est parfait pour jouer. Du moins pour une bande de 9 gamins entre 13 et 5 ans. Enfin, aussitôt qu'ils ne sont pas trop ennuyant pour les aînés, ils intègrent la bande. De toute façon, la ruelle est relativement bien entretenue, puisque la plupart des gamins en question habitent dans les appartements tout autour. Et comme c'est le seul endroit relativement sécuritaire pour les gamins, les parents s'assurent que ça reste en état. C'est pas aseptisé, y'a des rats, mais c'est relativement propre. Ils sont la bande de la ruelle.

Pour l'instant, ils flânent en gribouillant avec des craies sur un des murs de pierres. Des dessins d'enfants ou des phrases de films ou de dessins animés. Y'en a deux qui grimpent aux escaliers de secours et s'y pendent, se prennent pour Batman... version chauve-souris bien sûr. Des bruits de pas. Une course. Ils guettent le coin de la ruelle et ils peuvent voir une gamine de 6 ans, la plus jeune fille de la bande, soeur du chef, à qui il manque les deux palettes de devant.

- Hé les amis ! ! Hé ! Louiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis !
- Quoi ?

Ça, c'est l'aîné de la bande, le frère de la gamine. Il a 13 ans et demi et c'est le chef. Ils sont trois de 13 ans et ils ont prit les plus jeunes sous leurs ailes. Des toute façon, il y a 4 familles différentes, donc ils sont tous entre amis, frères et soeurs.

- C'est oncle Alcide ! Il est arrivé ! Et il veut aller faire du camping.
- Du camping avec oncle Alcide ? Beurk, mortel... c't'un riche, il est croulant...
- Mais non ! Il a son gros camion qui peut transporter des tas de gens ! Il veut qu'on y aille tous avec lui, en fin de semaine !
- Quoi ? Toute la bande ?
- Oui ! Y a une piscine sur le camping ! Et des tas d'activités ! Regarde le dépliant !

En parfait grand frère qui se respecte, l'ados arrache le dépliant en question des mains de sa soeurs. Elle est beaucoup trop surexcitée pour protester. Elle raconte ce qu'on lui a dit.

- On va manger des tas de frites ! Il dit que c'est un camping de luxe ! Y a une piscine ! Et un grand parc avec de l'herbe sur laquelle on peut marcher ! Y a un lac aussi ! Vous imaginez, il a même dit qu'il y avait des grenouilles !
- Ah ouais ? Gééééénial !

Les commentaires et les exclamations vont bon train parmi les gamins.

- T'es sûre qu'il veut qu'on y aille tous ?
- Bah ouais ! Il l'a dit à maman et il m'a dit d'aller demander à vos parents !

Le chef de la bande fait semblant d'hésiter. Mais ses yeux brille d'excitation.

- Bah vous attendez quoi ? Allez demander à vos parents !

Chacun part de son côté et rentre chez lui, enthousiaste et surexcité.

Marc ne fait pas exception, ni son frère Maxime, ni sa soeur Mélodie. Ils veulent y aller, ça l'air trop génial comme endroit ! Ils entrent en trombe dans l'appartement et Maxime déballe toute l'histoire à leur mère. Ils sont surexcités et parlent très vite, tous en même temps, mais leur mère comprend en partie ce qu'ils racontent.

- L'oncle de Louis et Isabelle invite toute la bande pour faire du camping cette fin de semaine ?
- Oui, et il veut qu'on y aille tous !
- Toute la bande en camping, génial !
- Je peux y aller aussi ?
- Nan, t'es trop jeune !
- Vous êtes certains que l,oncle vous veut tous ?
- C'est injuste !
- Oui, c'est ce que Isa a dit et Louis est allé demandé.
- C'est pas injuste, t'es trop jeune !
- Dis oui maman !
- J'suis pas trop jeune, j'ai 4 ans et demi !
- Je vais appeler les parents de Louis et Isabelle pour demander des précisions.
- Dépêche-toi, ils vont tous faire pareil.
- J'veuuuuuux y alleeeeeeeeeeeeeeeeeeeer !
- Nan, tu peux pas, t'es pas de la bande encore !
- Mamaaaaaaaaaaan !!!

Mais maman Martine est déjà au téléphone. Elle jase longuement avec la mère de Louis et Isabelle tout d'abord, puis avec l'oncle Alcide en question. Si les autres parents voulaient appeler, et bien c'est raté, ils devront attendre. Elle semble réticente, mais à force, elle semble plus encline. Les trois enfants croisent les doigts, tandis que la plus jeune boude en répétant à qui mieux mieux que c'est injuste.

Du Camping ! Les trois Vaillancourt sont aux anges. Ils vivent en ville depuis toute leur vie et ils en sortent rarement. Il y a la boutique à s'occuper et les bons jours, c'est la fin de semaine, alors pas question de sortir de la ville. Monsieur et Madame Vaillancourt se relaient constamment à la librairie. Quand c'est pas un, c'est l'autre. La discussion va bon train entre leur mère et son interlocuteur. Elle sourit et son ton est enthousiaste. Elle va dire oui ! Elle va dire oui !! Sur un rire, elle leur dit aurevoir et raccroche. C'est à ce moment que ses yeux se posent sur le calendrier et elle le prend dans ses mains. Un énorme X rouge marque la date du samedi.

Les trois enfants se regardent, puis voient l'expression de leur mère changer.

- Ah non, vous pouvez pas y aller, c'est la soirée histoire avec Grand-mère et oncle Martin.

Le visage des trois aînés se décompose soudainement.

- Mais on peut le faire une autre fois !
- Mais non, on peut pas, c'est décidé comme ça depuis longtemps.
- Mais c'est pas grave, on est pas obligé d'y être... non ?
- Mais bien sûr que si, on reste en famille.
- Mélo et moi on est pas obligé de rester ! Ça change rien pour nous ! C'est parce que Marc et Marine sont malade qu'ils doivent rester. Mais pas Mélo et moi !
- Maxime, tu sais ce que c'est, alors non, vous n'y aller pas ni l'un ni l'autre.
- C'EST INJUSTE ! J'SUIS PAS MALADE MOI !
- Ouais, injuste, j'suis pas malade non plus !
- Mais non, j'vais très bien, j'me sens même pas fatigué.
- Y a pas de protestation, la Pleine lune, c'est samedi et personne le sort à la pleine lune, vous le savez tous. Vous restez à l'intérieur, on ferme les volets et grand-mère raconte des histoires.
- Mais je veux pas d'histoire, je veux aller en camping !
- Moi aussi !
- Moi aussi !
- Non, non, non ! Personne n'ira.
- On dit quoi aux copains ?
- Qu,il y a quelque chose de prévu cette fin de semaine, que c'est malheureux mais vous n'y allez pas.
- C'est injuste, Mélo t moi on est pas obligé de subir ça ! J'vais leur dire pourquoi !
- MAXIME VAILLANCOURT SI TU PARLES JE VAIS T'ENFERMER À DOUBLE TOUR DANS TA CHAMBRE JUSQU'À TES 30 ANS !

Et elle le gifle sèchement. Insulté, l'aîné file effectivement dans sa chambre, furieux et vexé et surtout très contrarié. Il jure et grogne des paroles pas très gentilles pour on frère et sa plus jeune soeur. Il peste contre sa liberté brimée, etc, etc. Les soirée histoire avec la grand-mère et l'oncle se déroulaient toujours de la même façon. De semaine comme de fin de semaine, l'oncle Martin et la Grand-mère arrivaient en fin d'après-midi, quand le soleil se couchait et ils fermaient tous les volets. Ils allumaient préparaient le repas du soir et dînaient à la lueur des chandeliers. Plus tard, la grand-mère lisait une histoire, puis ils veillaient un peu plus tard que d'habitude, puis ils allaient se coucher. C'était bien, mais beaucoup moins excitant que le camping. Ils faisaient ça parce que leur grand-mère, leur oncle Martin, leur père, Marc et Marine étaient allergique à la Pleine lune. Ils ne devaient pas le dire, parce que c'était très gênant d'être allergique à la pleine lune. Et comme c'était gênant, fallait pas sortir à la Pleine lune. Fallait rester à la maison, les volets fermés et surtout ne pas oublier de prendre la potion le soir avant d'aller dormir. Marc et Marine étaient conditionnés à le faire sans vraiment y réfléchir. Ils ne savaient pas non plus ce que ça faisant s,ils étaient allergiques, sauf être un peu plus fatigué les jours avant et un peu après la Pleine lune, mais c'était pas grave ça, ils auraient pu aller au camping pareil, non ? Mais leurs parents disaient que c'était très dangereux pour eux de se faire toucher par les rayons de pleine lune. Marc s'imaginait des piquant qui viendrait lui transpercer la peau, mais il ne savait pas vraiment.

Rater le camping, c'était très décevant... surtout pour Mélodie et Maxime qui n'étaient pas allergique.

- Mais maman !
- Ça suffit ! Plus un mot, Mélodie ! Dans ta chambre toi aussi, et vous deux aussi !
- Même pas parlé ! J'ai rien fait !
- Mais elle a rien fait Marine !
- M'en fiche ! Dans vos chambre ! Je ne veux pas vous voir avant le dîner !
- Mais Maxime va me taper si je vais dans notre chambre ! Il est furieux !
- Et moi aussi !
- Que j'le vois te frapper pour ça et il va morfler.à
- Mais laisse-les aller, Maxime et Mélodie, je resterai avec Marine...
- Je veux pas rester, je veux y aller !

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