Derrière le Soleil de l’Occident, Poudlard Terre d’Espoirs

Henri – « Severitas Nebula ! »

Les alentours de Poudlard sont très calmes ce soir, en cette journée, ou plutôt fin de journée, du mois d’Octobre ; il fait encore jour, mais pourtant l’astre solaire commence déjà à décliner et la lumière s’incline devant l’obscurité naissante du sombre Octobre. Tout est calme, tranquille ; exception faite du sorcier qui a troublé le paisible silence il n’y a plus personne dans le parc. Et quand bien même certains, élèves, professeurs ou « simple » membre du personnel, eussent décidé de ne point se repaître du gargantuesque repas du soir, il aurait fallu véritablement le chercher pour venir trouver Henri dans ce petit coin du parc : ici se rejoignait une partie du lac et la lisière de la forêt interdite. L’un et l’autre étaient suffisamment dangereux et effrayants pour qu’on ne souhaita pas s’en approcher alors que la nuit naîtrait dans quelques heures.

Le lac était pourtant fort calme, et seul l’effet du vent venait faire apparaître quelques ondées et vaguelette sur sa surface d’huile ; un peu comme un monstre endormi. La forêt quand à elle était pareille à elle-même : haute, vaste, menaçante, laissant présager les pires événements à qui s’y introduiraient ; on pouvait remarquer qu’Henri avait veillé à se maintenir à bonne distance de la lisière, préférant même se rapprocher du lac ténébreux. On racontait beaucoup d’histoires sur la forêt interdite et c’était justement parce qu’il les connaissait qu’il se préférait rester un peu éloigné. Les arbres et les créatures n’obéissaient pas à une règle de délimitation précise et abrupte du domaine : à partir d’un moment se tenir dans la forêt ou en être éloigné de quelques mètres ça en devenait du pareil au même. Peut-être un jour aurait-il à braver l’interdit mais pour l’heure Henri n’en avait ni le désir ni le projet.

Henri – « Severitas Nebula ! »

Pour la deuxième fois le nuage de fumée brumeux sortit de sa baguette et se mit à flotter devant lui ; le professeur d’Histoire esquissa un petit sourire : cette fois-ci il avait été plus rapide, mettant environ 5 à 6 secondes pour déployer entièrement le sortilège. C’était malheureusement encore très insuffisant car ce laps de temps, court certes, suffirait largement pour qu’un sorcier aguerri et muni de très bons réflexes échappe au piège ; or, malheureusement, celui qu’il rencontrerait dans peu de temps répondait parfaitement à cette catégorie. Si Henri souhaitait ressortir sur ses deux jambes d’une éventuelle confrontation il avait intérêt à développer un peu plus d’atouts que ce dont il disposait actuellement.

Il porta son regard sur le lac, d’apparence si paisible ; un peu plus loin il pouvait apercevoir Poudlard et ses lueurs : la majorité des présents devaient déguster un bon dîner dans le grand hall. Du coup il sautait le repas, mais d’un autre coté il était assuré de disposer tranquillement du parc ; au pire il en serait quitte pour aller rendre à ces braves elfes des cuisines.

Bien, assez rêvassé : l’entraînement n’était pas terminé. D’un pas décidé il entra dans le nuage qu’il venait de créer, pour alors se retrouver instantanément retourné, pendu entre son haut et son bas, sans véritablement bien savoir lequel était lequel ; assez rapidement l’environnement changea et il eut la sensation d’être entouré d’un ciel infini, et même plus qu’un ciel : comme un espace totalement infini, sans aucun point de repère. Henri se sentit pris de nausée, ayant conjointement l’impression de tomber et d’être aspiré ; totalement désorienté il avait du mal à voir comment se sortir de cette situation, d’autant que le sortilège ne prendrait pas immédiatement fin.

Il se mit à fermer les yeux, et se concentra sur sa respiration ; une main devant le visage il peut l’orientation de son souffle et retrouver un semblant d’équilibre. La sensation de nausée s’atténua et il en profita pour se mettre en état de transplanation. Voilà qui était bien : eut-il été hors de Poudlard qu’il aurait transplaner hors du nuage et c’était ce qui importait.

Henri – « Finite »

L’illusion se dissipa, et il fut de nouveau dans l’herbe du parc ; sa tête tournait mais cela allait déjà mieux. Une jeune sorcière lui faisait face, étant apparue de nulle part, et lui souriait d’un air mutin, en demi-lune.

Henri – « heu… Bonsoir miss ? Dites-moi ma chère, vous n’êtes pas sensée dîner avec vos camarades ? »

Un oiseau choisit justement ce moment précis, alors que le soleil passait maintenant derrière le mont de la colline et les plongeait dans une semi-obscurité, pour s’envoler ; le solstice d’été était passé depuis plusieurs mois, pourtant il y avait quelque chose d’étrange à ce qu’Henri se rappela ces fameuses phrases à l’instant où l’élève se « révélait » à lui.

Ces paroles étaient prononcées par un personnage de légende, tiré d’un conte de l’épopée Arthurienne que tout bon anglais magicien se devait de connaître ; en quelques mots, et pour résumer, le personnage annonçait d’un air prophétique que les « temps étaient en train de changer et qu’à partir de maintenant il allait falloir s’attendre à des ennuis…. ». Effectivement Henri croyait également se souvenir que dans la suite de la légende il s’ensuivait plusieurs longues années de galères et de catastrophes diverses qui tenaient occupés les ploucs de la table ronde….. Mhhhh, bizarre que ce passage-là lui vienne à l’esprit maintenant, et en cette occasion.


Henri – « heu… Bonsoir miss ? Dites-moi ma chère, vous n’êtes pas sensée dîner avec vos camarades ? »

La jeune fille le regardait dans les yeux, semblant apprécier de croiser immédiatement le bleu acier du professeur d’Histoire avec son propre regard à la pureté azuréenne ; c’était des jolies yeux, très calmes, très paisibles, et qui pourtant n’avaient pas l’air d’avoir de difficulté à soutenir l’intensité de ceux d’Henri. Elle devait avoir connu d’autres regards qui l’habituaient à cela….

Elle fit quelques pas de coté et s’éclairci la voix pour finalement lui répondre d’un ton tout à fait tranquille, voire cristallin :

Shaylee – « Bonsoir…Je déteste les endroits bruyants et remplis de monde…je dois avouer que prendre un repas dans la grande salle relève pour moi du calvaire…J’ai fait un détour par les cuisine set je me suis permises de venir prendre l’air … »

Cette déclaration fut ponctuée par un petit haussement d’épaule, comme si tout cela n’avait aucune importance ; quand son regard glissa sur les deux insignes de sa poitrine Henri ne put se retenir de faire de même, un par réflexe et par curiosité. Indépendamment du fait que ses proportions semblaient tout ce qu’il y avait de plus agréable il observa d’un œil précis les médaillons : l’un d’entre eux représentait un chat noir, l’autre était l’insigne des préfets-en-chef.
Ah, d’accord ; c’était donc cela qu’elle était…… et bien voilà qui était une surprise

Henri – « Je vois…. Miss Holmes n’est-ce pas ? Shaylee Holmes, la préfète-en-cheftaine de ces chers Serpentard ; vous êtes en 7ème année d’ailleurs, et malheureusement pour moi je n’ai pas la joie de vous enseigner l’ASPIC d’Histoire, enfin personne n’est parfaite j’imagine. »

Il lui adressa un clin d’œil amusé, et se mit à sourire gentiment ; il aimait bien les Serpentards, d’une part parce qu’il en était issu, et d’autre part parce que ces derniers étaient un peu moins naïfs que la moyenne à cet age. La préfète des Serpentards……. qui portait le symbole d’un chat noir à coté de son insigne ; ce dernier détail lui semblait important mais il avait du mal à établir une relation claire. Bah il y réfléchirait plus tard.

Henri – « Vos camarades doivent être bien marris de profiter de si peu de votre présence en grande salle ; de mon temps l’un des grands jeux des élèves masculins était de pérorer à l’infini sur la beauté de leurs charmantes voisines…. les pauvres, vous les privez d’une gracieuse inspiration. Néanmoins je ne m’en plaindrais pas moi-même…. »

Un petit compliment, justifié dans le cas présent, ne pouvait pas faire de mal d’autant qu’il ne prêtait pas à ambiguïté ; de plus il hurlait suffisamment sur les élèves en temps général que ça lui faisait plaisir d’être un peu aimable pour une fois. Après tout c’était une soirée calme.

Shaylee – « C’est aussi un bon moment pour fouiner un peu et voir si il n’y a pas des élèves qui en profitent pour élaborer des plans douteux… »

Henri – « Comme par exemple, prévoir une excursion dans la forêt interdite ? »

De nouveau il lui adressa un clin d’œil, conscient qu’elle comprendrait son sous-entendu ; Henri ne connaissait pas grand-chose de la vie de Shaylee, et même quasiment rien pour dire vraie. En revanche il avait saisit le regard de la jeune fille quand elle s’était légèrement tournée vers la forêt interdite, tout en prononçant le mot « plan »……. Si il avait du faire un pari il aurait dit qu’elle avait une envie prononcée de faire un tour dans les bois ; à moins qu’il ne s’agit d’autre chose.

Henri – « Pour ma part je ne m’y risquerai pas volontiers…. Il y a là-bas des puissances mystérieuses et importantes qu’il ne vaut mieux pas déranger sans de très bonnes raisons et je doute fort que braver un interdit en soit une. Ce n’est sans doute pas très glorieux pour moi de vous dire cela mais faire le brave stupidement ne m’a guère jamais semblé efficace »

Amusant, piquant presque, de sa part de faire faire l’apologie de la prudence et de la réflexion face à la témérité ; ces derniers temps il n’avait pourtant pas été tout à fait un modèle de modération comme tout bon Serpentard mais plutôt un peu tête brûlé comme le Gryffondor moyen de base…… Hélas pour lui le prix à payer avait été élevé.

Shaylee de son coté, avait eu l’air de réfléchir à autre chose, peut-être sa propre histoire personnelle ; désireuse de changer de sujet, ou intérêt différent elle reprit la parole d’un air un peu absent, sans cependant ôter son regard des arbres.

Shaylee – « C’était très impressionnant ce que vous venez de faire… »


Voilà qui était plutôt gentil, et même un peu flatteur ; ça n’était pas vraiment désagréable de recevoir un petit compliment d’une élève, à plus forte raison si elle était méritante comme pouvait l’être une préfète, voire une belle préfète.

Henri – « Vous êtes charmante Miss Holmes, faites-moi penser à rajouter quelques points à Serpentard. C’était un sortilège de désorientation, qu’on apprend à utiliser chez les aurors notamment. Assez pratique quoique totalement inutile pour les créatures disposant de sens exacerbées comme les loups-garous, ou certains sorciers très très doués. Bizarrement mes connaissances préfèrent recourir à des sorts plus « blessants » ou mortels…. »

D’un geste familier et un peu inconscient il commença à faire tourner sa baguette entre ses doigts, comme pour les assouplir ou les échauffer….. Son regard quitta Shaylee pour venir lui aussi rejoindre les arbres

Henri – « J’ai parfois l’impression que les sorciers modernes se préoccupent un peu trop de tuer ou de blesser ; pourtant le talent n’est-il pas de savoir utiliser au maximum chaque charme ? Moi je le crois, et puis en combat il n’y a pas de meilleure alliée que la surprise…. Et vous, quelle est votre opinion là-dessus ? A moins que la forêt n’exerce une charme plus fort sur vous…. »

Elle a le regard qui se durcit légèrement, tandis qu’elle fronce les sourcils lorsqu’il évoque les « qualités » de sa présence ; en général, les quelques fois où il se fend d’un compliment ce dernier est plutôt bien accueilli et ne déclenche pas un ce renfrognement qu’il lui semble lire sur le visage de Shaylee.

Shaylee – « Je crois qu’ils ne se rendent même pas compte que je ne suis pas la …Il sont bien plus ravis de l’absence de mon autorité que par la grâce de ma présence… »

L’amabilité du professeur ne l’amadoue pas mais l’on ne peut pas vraiment dire qu’elle lui bat froid à cet instant ; c’est comme si elle se tenait sur ses gardes, en attendant de percevoir vers où elle serait entraînée si d’aventure elle choisissait de poursuivre. Henri laissa filer quelques secondes pour finalement répondre avec un léger sourire

Henri – « peut-être vous étonneront-ils…… L’Autorité, c’est tout un symbole en soi ; même quand on l’exerce on s’y réfère, et si l’on souhaite l’abattre ce n’est que pour la remplacer par une autre…… »

Il ne sentait pas d’obligation à poursuivre outre : elle entendrait ce qu’il disait, ou bien elle le comprendrait plus tard, ou tout simplement pas. Ce n’était pas important, ni même fondamentalement utile, excepté peut-être pour ne pas se nourrir de trop d’illusions mais après tout elle pouvait fort bien connaître déjà cela.

Le comportement de Shaylee se modifia un peu quand ils en vinrent à évoquer la fameuse forêt interdite ; il ne faisait finalement pas si froid pourtant Henri crut distinguer un léger frisson parcourir le corps de la jeune fille. L’instant d’après elle eut un geste de la main vers sa nuque, comme pour relâcher une certaine tension. Pourtant quand elle lui répondit son ton était tout à fait posé, sans l’once d’un trouble…… Peut-être se faisait-il des idées après tout.

Shaylee – « Il faut bien trouver des choses intéressantes dans la vie…des choses qui nous font vibrer… » elle hausse légèrement les épaules, comme si cela n’avait aucun intérêt ou était banal «Certains on simplement besoin d’une plus grosse dose d’adrénaline que d’autres… »

A cet age-là, pour peu qu’il se référait à son propre cas personnel, il n’y avait en effet rien de pire que de s’ennuyer ; oh bien sur ça ne signifiait pas devoir crâner ou être une tête brûlée sans propos néanmoins il se souvenait parfaitement que lui-même ne déplaisait pas à l’occasion de faire quelque petite chose pour « vibrer »…… Chacun était différent ceci dit, et c’était intriguant d’entendre une préfète-en-cheftaine évoquer cela ; Henri se demandait avec intérêt quelle pouvait bien être la dose d’adrénaline de Shaylee. Sans aucun fondement il estimait qu’elle devait être plutôt importante, simplement parce qu’elle ne lui semblait pas facilement impressionnable.

Shaylee – « Effectivement la foret exerce son charme et en dehors de ses danger je ne peux concevoir que l’on puisse ignorer sa beauté… »

Henri – « La beauté en elle-même est sans doute l’un de ses plus grands dangers. Il y a une histoire, véridique, que j’aime particulièrement sur la forêt : vous savez naturellement qu’elle est infiniment plus ancienne que les fondations même de Poudlard. Dans le temps Helga Poufsouffle était une sorcière aux dons fantastiques dans la botanique, les potions et l’herbologie ; on raconte qu’elle passait beaucoup de temps dans la forêt, à percevoir ses mystères et ses pouvoirs. A l’époque on se demandait pourquoi les 4 Grands sont allés fonder Poudlard près d’un endroit aussi dangereux. Et bien tout simplement parce que la terre de Poudlard repose et regorge d’une magie extrêmement puissante, en partie grâce à la présence de la forêt….. »

Il sourit de nouveau, mais cette fois son regard se fait infiniment plus sérieux, plus lointain aussi ; un peu comme si il se livrait à sa propre réflexion

Henri – « finalement il semblerait bien qu’on ne puisse dissocier la puissance du danger….. »

Il reste maintenant silencieux, se demandant si quelque part il n’en a pas un trop dit ; ce ne sont que de simples constations mais cependant, au fil des ans, il a pu apprendre que les paroles d’un homme ou d’une femme pouvait révéler bien des choses pour peu que l’on ait voulu écouter attentivement.

Shaylee finit par se retourner et lui présentait directement son charmant visage, tandis que le regard azuréen vient accrocher celui d’acier ; elle a ses idées sur ce qu’il vient de dire sur les sortilèges, pourtant Henri a aussi l’impression qu’elle est intéressé par autre chose, autre chose de plus…. « puissant » ? Non, plutôt moins « quelconque » peut-être….. difficile d’avoir une opinion claire sur elle.

Shaylee – « Il n’est selon moi pas toujours utile de viser la mort…Certains la mérite et d’autres pas…Malheureusement ce n’est que subjectivité …J’ai décidé pour cela de me fixer a ma propre justice. La douleur fait partie de chacun de nous et il est normal qu’elle soit la première arme utilisée… »


Cette fois-ci en revanche il hausse les sourcils et lui paraître sa surprise ; incidemment il sent qu’elle est franche et directe ce qui l’étonne un peu, autant qu’il en est heureux car finalement une petite confiance s’installe entre eux.
Mais son discours, ces opinions-là….. et pourtant ça reste pertinent….

Henri – « Qui doit mourir, qui doit vivre ? Oui, c’est très subjectif…. mais l’idée de se faire justice soi-même me rebute maintenant, bien qu’elle soit intimement séduisante je l’avoue…. »

Mais au final ça n’apportait rien de bien, il ne l’avait que trop bien compris ; aucune véritable sentiment de satisfaction, de plénitude ou du devoir accomplis. Tout au plus avait-il été heureux de savoir que le monde serait un peu plus en sécurité, mais en terme de bénéfice personnel….. enfin, c’était ainsi.

Shaylee – « Beaucoup de gens ont l’esprit trop étriqué pour se rendre compte de la vrai valeur du combat…de la vrai valeur de la magie et surtout de la valeur du sang… » Son visage se raidit… « C’est comme pour tout …Il faut trouver un équilibre… »

Henri ne relève délibérément pas le passage sur la douleur, car là il sent un peu mal à l’aise de l’entendre évoquer cette dernière comme une arme. Des images et des souvenirs de torture vraiment peu agréable ne sont pas loin et il aime autant ne pas les évoquer. Il tique un peu quand il écoute Shaylee parler d’équilibre et de « valeur », celle de la magie et du sang ; c’est un discours qui là aussi lui fait écho sur d’autres choses et d’autres personnes qu’il a connues, parfois combattues. Etrange tout cela….

Henri – « Tuer au combat est bien souvent un acte de maladroit, sauf si les forces sont trop disproportionnées…… il y a aussi certains sorciers qui vouent un culte à cela, qu’ils considèrent comme un art. Vous êtes peut-être encore un peu jeune pour en avoir entendu parler de manière approfondie mais sachez qu’il existe de par le monde certains sorciers qui sont des orfèvres de l’assassinat….. »

C’est maintenant à son tour d’hausser les épaules, tandis que l’image du phénix vient doucement s’imposer à son esprit

Henri – « Il n’existe sûrement pas d’adversaires qui ne comprennent aussi bien cette fameuse valeur du combat ; malheureusement il y alors fort peu de chances d’en réchapper. J’imagine que pour certains ça peut être une chance extraordinaire de mourir dans des duels d’une telle envergure »

Il pensa fugitivement à son beau-frère Xavier, un sorcier qui ne vivait que la joie des duels ; si ce dernier avait été présent et qu’il eut entendu parler du Maître-Assassin aucun doute qu’il se serait rué vers un duel contre lui, même si il devait en mourir….. Autant faire en sorte qu’il ne apprenne jamais l’existence du phénix noir

Henri – « Mon équilibre a moi est d’essayer de limiter les dégâts au maximum, si j’en suis capable ; c’est pour cela que je ne combats pas à mort à moins d’y être forcé. Enfin, je parle au passé car maintenant j’ai la joie de goûter à la paisible vie d’un professeur d’Histoire… »

Henri – « Le professeur d’Histoire se demande d’ailleurs avec une curiosité certaine ce qui motive chez vous ce fameux « équilibre », et comment vous pouvez parler aussi bien de la valeur du sang ou d’un combat ; l’on dirait qu’on vous a enseigné bien des choses….. »

Shaylee – « Mon père devait avoir tort…Ca a l’air pas mal finalement l’histoire de la magie… »

Henri lui répondit par un sourire amusé, sans dissimuler son contentement à cette annonce ; tranquillement il sortit un petit cigare de son manteau et l’alluma de par la flamme d’une allumette craquante. La fumée était légère, presque inodore et fort peu incommodante surtout en grand espace ; en soit ce n’était pas réellement un cigare qu’Henri avait porté à ses lèvres, mais plutôt une sorte de petit objet magique dont les effluves agissaient un peu comme une protection. Rien de très sorcier en fait, et non pas qu’il se sentit en réel danger, mais qui pouvait prévoir l’avenir……

Henri – « Pour être honnête ça dépend surtout du professeur ; en ce qui me concerne je crois immensément aux travaux pratiques, rien de tel pour fixer les idées. Nous sommes allés à Nurmengard il n’y a pas longtemps : je crois que c’est un cours qu’on ne va pas oublier de sitôt…. »

Shaylee continuait à l’observer de son regard franc et direct ; Henri se laissa à disserter quelques temps sur la puissance, le danger, et cette forêt interdite. Il se demandait si il n’allait pas finir par assommer la jeune fille, mais au lieu de distinguer certains mouvements caractéristiques de l’ennui il fut surpris de la voir à plusieurs reprises hausser les épaules et parfois frissonner un peu. Avait-elle froid ? L’on ne dirait pas, alors……
Puis vint finalement ses propres questions sur elle

Henri – « […] l’on dirait qu’on vous a enseignée bien des choses….. »

Le regard du professeur ne lâcha alors plus la jeune fille, curieux de découvrir son attitude et sa réponse ; à proprement parler il ne soupçonnait rien d’affreux ou d’horrible la concernant mais les élèves, à plus forte raison les préfets, qui montraient ces dispositions-là sur les sujets abordés….. ma foi soyons honnête ils n’étaient pas légion et ça s’entendait très bien.

Shaylee sembla réfléchir, non pas réellement hésitante mais plutôt concentrée ; réaction intéressante. Quand elle sursauta en revanche, pour se tourner vers la forêt, Henri soupçonna un intérêt et un savoir plus important que ce qu’il n’eut pensé de Shaylee sur la forêt. Pour sa part il n’avait rien entendu de particulier, mais faisait-il réellement attention ?

Shaylee – « Effectivement mon père m’a enseigné bien des choses… »

Tiens donc, c’était donc son père pour elle ? Mhhhhh, ça n’avait pas du être joyeux : quand un parent se mettait en tête « d’enseigner » c’était rarement pour des tours de passe-passe, et en général il y avait des ambitions cachées là-dessous. Un instant Henri songea à dire à Shaylee qu’elle pouvait choisir de ne pas parler plus outre : son passé n’était peut-être pas très joyeux et il n’avait pas du tout envie de lui rappeler des souvenirs pénibles. C’était une jeune fille charmante, pas aussi souriante que d’autres certes mais tout de même si l’on pouvait éviter de la blesser…. encore que les Serpentards étaient solides.

Shaylee – « C’est lui qui a fait toute mon éducation et on peut dire que c’était pas un tendre pour vous passé les détails…Et aussi il était pas trop pour les travaux théoriques… équilibre …entre justice et satisfaction…Je vous l’ai dis la mort n’est pas une fin en sois…La souffrance peut être pire malheureusement c’est moins expéditif… »

Il y eut un silence assez explicite, Henri préfèrant se taire pour respecter la portée de ses paroles ; les sous-entendus et les non-dits de Shaylee lui étaient très évocateurs, non pas qu’il eut jamais subi pareil traitement mais c’était justement de par le fait que ses parents aient été si bien avec lui qu’il supportait d’autant moins l’inverse chez les autres. Son apparence restait calme, si l’on exceptait la crispation de certains de ses traits et le bouillonnement intérieur en lui.

D’un geste assez vif il éteignit et rangea son cigare, puis s’avança d’autorité vers la préfète des Serpentards, la baguette levée.

Henri – « Permettez ? J’aurais besoin de lumière pour cela… »

Henri – « Lumos ! »

L’éclat n’était pas aveuglant pourtant le rayon illuminait le visage de Shaylee ; durant de longues minutes il étudia attentivement celui-ci, n’omettant jamais de plonger parfois au fond des yeux cristallins de la jeune fille. Il n’utilisait pas la legimencie, et s’efforçait seulement de comprendre la mobilité de ses traits et certaines ombres de son regard. Il finit par voir certains des ravages causés, ainsi que la grande force qui découlait de « l’instruction » ; lentement, d’une voix profonde mais douce il lui parla :

Henri – « de l’énergie, de la volonté….. et de la persévérance aussi ; vous avez l’expression d’une jeune fille qui ne renonce pas volontiers. Oui, je pense que je vois ce qu’on a bien pu vous enseigner. » un silence, alors que très délicatement il effleure une pommette du bout de ses doigts : la pression et la vitalité du visage de Shaylee ne trompe pas « mhhhhh, l’envie d’apprendre n’est-ce pas ? Le savoir, la connaissance….. pour ne pas être surpris je dirais ; ou peut-être pour justement surprendre »

C’était assez, plus loin en avançant et il la mettrait mal à l’aise ; or ça serait dommage, en soit il avait agit presque sur impulsion, un peu désireux tout de même de comprendre ce qui pouvait être derrière ce beau regard.

Henri – « Je suis désolé, je ne voulais pas être discourtois ; j’avoue ne pas regretter tout de même : vous êtes beaucoup plus que ce qu’on pourrait penser. »

Il se retourne lui aussi, car un bruit provenant de la forêt l’alerte ; mais finalement rien de troublant ne semble les menaçait directement. Henri reprend finalement, reprenant son sourire

Henri – « Si vous estimez cela plus juste je peux bien vous laisser me questionner un peu : après tout ça ne serait que plus équitable. Mhhh, dites-moi vous avez entendu ce bruit vous aussi ? »

Car effectivement ça semblait avoir repris, pourtant l’obscurité restait toujours maître et, bizarrement, silencieuse.

Dans le temps, quand il s’entraînait à devenir occlumens, son maître d’alors lui avait longuement parlé de l’âme, de la conscience, de l’esprit ; le passage sur les yeux et le regard pénétrant l’avait frappé et s’était inscrit en lettre de feu dans sa mémoire : Henri était un homme porté par l’habitude d’adresser un regard direct à tous ceux qu’il rencontrait. De ce jour il s’était toujours souvenu de cela.
Son maître, un mage noir un peu particulier inféodé aux autres, voulaient qu’il développe le pouvoir de la lecture de l’esprit, de la manipulation d’âme : être legilimens. Mais Henri était aussi un sorcier un peu particulier lui aussi, porté par des restes de principes qui lui interdisaient certaines choses : de sa vie il n’avait par exemple jamais utilisé un sortilège impardonnable, et il ne s’était jamais mis à pénétrer dans la conscience d’un être. Moralité stupide, chevalerie dépassée, peu lui importait : la legilimencie n’était pas pour lui, point à la ligne.

Et pourtant quand il rencontrait des sorciers comme Shaylee, emplit d’un mystère qu’il supposait, entouré d’une aura particulière, il ne pouvait que très difficilement résister à l’envie de percer ce qui était au-delà de l’apparence. Le langage du corps, les signes du visage étaient une lecture qu’il connaissait un peu ; ça n’était pas comme si il avait forcé l’intimité de la préfète-en-cheftaine après tout…..

Shaylee – « Il est toujours intéressant que nos adversaires nous sous estiment… »

Elle n’était pas vraiment ravi qu’il se soit permit cela, et comment l’en blâmer ? En soi il avait l’impression d’avoir un peu abusé de la situation, du moment…. Il ne le regrettait cependant pas : la jeune fille était vraiment tout à fait intéressante ; des semblables à elle, il y en avait peu.
Quand à cette phrase Henri ne put qu’approuver avec un hochement de tête significatif : rien ne réussissait mieux que de paraître moins que ce que l’on était aux yeux d’un ennemi ; un principe de survie mainte fois éprouvé….
Il aurait alors du se demander pourquoi il baissait, petit à petit mais inexorablement, sa garde auprès de Shaylee ; mais après tout, elle ne représentait pas de danger

Henri – « Je suis désolé, je ne voulais pas être discourtois ; j’avoue ne pas regretter tout de même : vous êtes beaucoup plus que ce qu’on pourrait penser. »

Shaylee se laissa aller à un sourire…Ce compliment lui plaisait déjà beaucoup plus que les précédents…Il avait bien plus de valeur à ses yeux… . Finalement il arrivait peut-être à lui être un peu agréable.

Shaylee – « Non vous ne m’avez pas dérangée plus que cela....ce sera bon…pour cette fois… »

Ca lui semblait juste, et d’ailleurs il n’était pas vraiment question qu’il recommença un examen de ce genre ; il y avait quelque chose de singulier chez elle, mais cela ne l’autorisait pas à avoir une attitude déplacée.

Le bruit venant de la forêt interdite se précisa, et Shaylee l’avait elle aussi entendu et peut-être même bien avant lui. Comme deux ombres sacrées des centaures surgirent hors de là, s’avançant avec vivacité vers eux deux ; un mâle dominant, et un plus jeune, qui concentrèrent tous leurs regards sur elle, sans faire plus attention à Henri qu’à une mouche. La scène n’aurait pas été si surréaliste qu’il s’en serait sans doute vexé….
La jeune fille n’avait pas l’air à l’aise, ce qui était compréhensible, quoique son attitude était différente de la simple peur….. et en plus elle avait saisie sa baguette.

Henri fronça les sourcils, et les fronça encore davantage en écoutant le bref échange des 3 créatures

Centaure Aîné – « Tu sais que n’est pas la bienvenue ici …Tu ferais mieux de t’éloigner parce que nous ne raterons pas une occasion… »

Centaure Jeune – « Tu est largement indésirée la maudite… »

Shaylee – « Je euh…C’est encore le territoire de Poudlard ici…J’ai le droit d’y être… »

Il ferait beau voir qu’en effet les centaures se mettent à revendiquer le non-accès au sorcier dans le parc même de Poudlard ; il y avait cela dit quelque chose de très étrange…. La Maudite ? Les centaures ne plaisantaient pas avec des termes de ce genre….. que cela signifiait-il ?

Centaure Aîné – « C’est bien pour cela que tu n’est pas encore morte… »

Il conclut cette sinistre prédiction par un ricanement de mauvaise augure, alors que son bras descendait vers l’un des arcs. Henri appréciait de moins en moins la tournure des choses : les centaures n’oseraient pas faire du mal à une élève dans Poudlard mais….. mais ces deux-là avaient quand même l’air particulier, et en tout cas ils appréciaient de menacer Shaylee.

La fonction de professeur n’était pas enracinée à ce point chez Henri, mais il devenait assez clair pour lui qu’il n’était pas question de laisser une telle situation se prolonger. La jeune fille pouvait certainement gérer cela seule cependant il ne voyait pas l’intérêt de mettre en pratique cette théorie.

Henri –« Xaepetiophata Ovokevtaupa, Nous sommes en paix Frères » quand on est prof d’Histoire on connaît toujours quelques formules d’introduction utiles ; il venait de les saluer dans la langue ancienne des centaures « Cette jeune fille a raison, nous ne sommes pas sur votre territoire et vous n’avez pas de raisons de lui vouloir du mal »

Il s’avance à son tour, dépassant d’un pas Shaylee, la laissant à sa gauche ; il plante le regard dans celui du centaure aîné, et lui parle d’un ton ferme mais pourvu d’inflexions respectueuses

Henri – « Quelque soient vos griefs à son égard je ne peux vous permettre d’avoir réparation ce soir ; en soi je devrais me considérer comme insulté : des hôtes menacent-ils la fille de leur hôte ? Il n’y a aucune raison pour que j’accepte cela…. »

Il n’a toujours pas regardé Shaylee depuis le début de la confrontation et pourtant il aimerait volontiers croiser son regard à cet instant ; si les centaures s’avancent plus en avant ils devront se justifier et Henri se demande bien ce qu’ils peuvent révéler…..
Et ils peuvent aussi parfaitement s’en retourner.

« Xaepetiophata Ovokevtaupa, Nous sommes en paix Frères »

Shaylee fronça brièvement les sourcils en entendant le charabia prononcé par le professeur…

« Cette jeune fille a raison, nous ne sommes pas sur votre territoire et vous n’avez pas de raisons de lui vouloir du mal »

Shaylee redressa le dos et leva le menton…Pas de raison de lui vouloir du mal…En théorie peut être mais dans la pratique c’était bien différent…Le centaure avait finalement posé les yeux sur Henri, il était visible satisfait de la façon que l’homme avait eu de les saluer…Cependant son visage se durcit rapidement…

– « Quelque soient vos griefs à son égard je ne peux vous permettre d’avoir réparation ce soir ; en soi je devrais me considérer comme insulté : des hôtes menacent-ils la fille de leur hôte ? Il n’y a aucune raison pour que j’accepte cela…. »

Le jeune centaure martela le sol de ses sabots mais le plus âgé tendis un bras devant lui…Silencieux il baladait son regard sombre sur les deux humains devant lui…Le vent soufflait dans les branches mais le silence était de plomb…Soudain il se décida finalement a parler pour cette fois il s’adressa seulement a Henri…

Vous devez savoir qu’elle ne se préoccupe aucunement d’insulter ou non les autres…

Il posa son regard sur Shaylee…Elle restait en retrait mais sur ses gardes…

Tu a bien de la chance d’avoir toujours un mâle dans le coin pour te protéger…Tu a également de la chance par ta frêle jeunesse apparente mais sache que tes yeux te trahissent…Il y’a en eu plus de dureté que dans ceux de beaucoup de votre espèce au même âge…et le sang surtout…

Il avança d’un pas et se baissa plus a hauteur de la jeune femme…

Malheureusement pour toi cette chance ne compense en rien ta malédiction…

Shaylee frissonna de la tête au pied…Le même effet à chaque fois que ce terme résonnait à ses oreilles…Pour le moment elle avait toujours réussis a maintenir sa couverture a Poudlard…Le professeur Mainella et le professeur Rockstone auraient très bien pu ressentir l’envie d’approfondir son cas mais elle y avait toujours échappé…Il ne fallait pas que cela commence aujourd’hui…Une profonde inspiration et elle avança pour s’arrêter a coté de Henri, face aux centaures…

Je pense avoir pris votre avertissement au sérieux… Je n’ai jamais remis les pieds dans la forêt et croyez moi ce n’était pas l’envie qui manquait…

Shaylee serra le poing alors que les deux créatures bombèrent le torse…Elle n’était décidément vraiment pas une fine diplomate…

Justement c’est bien cette envie qui nous dérange…Elle doit cesser d’exister en toi car jamais elle ne se concrétisera si ce n’est au prix de ta vie…

Shaylee ouvrit la bouche mais le centaure la coupa avant même qu’elle n’ai pu prononcer le moindre mot…

Soit…c’était un avertissement et il me semble qu’il s’averrait des plus nécessaire…

Il adressa un bref salut a Henri et fit signe au plus jeune centaure de le suivre…D’un pas lent il disparurent d’où ils étaient arrivés laissant planer derrière eux une atmosphère pesante…Shaylee tourna le dos au professeur…ce ne serait elle qui briserai le silence…

[i]

Les centaures étaient une race fier et au caractère ombrageux ; des siècles d’existence au plus proche de la nature avaient chez eux développé l’habitude d’une force brute mâtiné d’un code étrange et complexe de l’honneur ou du respect. Il fallait être centaure pour comprendre un centaure et les sorciers les plus expérimentés à leur sujet s’accordaient tous à dire et à penser qu’on ne pouvait jamais être véritablement certain d’eux ; non pas qu’ils fussent fourbes, mais les centaures donnaient priorité à une hiérarchie, à des valeurs et à un protocole qui signifiaient tout pour eux : sans cela il eut été fort possible qu’ils se soient entretués au cours des années. La discipline assurait leur cohésion et leur survie en tant qu’individu, en tant que groupe, en tant que race.

Si l’on y rajoutait une propension à faire quasi-systématique la gueule on pouvait même se dire qu’en gros Henri aurait pu très bien s’entendre avec ces messieurs : entre ours mal léchés on se comprenait toujours plus ou moins.

Mais là, tout de suite, les deux centaures n’étaient pas disposés à se montrer affectueux ; les regards qu’ils lançaient tantôt à Shaylee, tantôt à Henri, étaient emplis d’une dureté féroce : pour un peu il aurait parié que les créatures rêvaient de les crucifier sur place.
Espérance moyenne de vie dans la situation présente et en supposant qu’elle se prolonge : de plus en plus courte.
Pas bon tout ça.

Centaure Aîné – « Vous devez savoir qu’elle ne se préoccupe aucunement d’insulter ou non les autres… »

Il posa son regard sur Shaylee…Elle restait en retrait mais sur ses gardes…

Centaure Aîné – « Tu a bien de la chance d’avoir toujours un mâle dans le coin pour te protéger…Tu a également de la chance par ta frêle jeunesse apparente mais sache que tes yeux te trahissent…Il y’a en eu plus de dureté que dans ceux de beaucoup de votre espèce au même âge…et le sang surtout… »

Il avança d’un pas et se baissa plus a hauteur de la jeune femme…

Centaure Aîné – « Malheureusement pour toi cette chance ne compense en rien ta malédiction… »

Voilà qui devenait intéressant, voire beaucoup plus ; Henri avait plus ou compris que Shaylee ne ressemblait pas tout à fait à une simple jeune fille de Poudlard quand bien même était-elle préfète de Serpentard. Il y avait là d’autres choses qu’il eut fallu creuser en elle pour se faire une opinion plus proche de ce qu’elle était, mais par pudeur et respect pour elle il s’était laissé à un examen « superficiel ». Le centaure de son coté avait de toute évidence un avis très critique sur Miss Holmes.

Ces yeux qui la trahissaient….. la dureté en eux…. le sang…… insulte…… un mâle dans le coin…..

Oui, évidemment, plusieurs petites choses prenaient leur signification : dans le regard de Shaylee Henri avait vu la force, la détermination ; et bien évidemment le retrait, la protection : cette dureté il l’avait effleuré, et prise simplement pour une défense naturelle. Le centaure y voyait plus lui…. la dureté et le sang…. ce sang, était-ce celui de la jeune fille ou bien un autre ? L’avait-elle pris, lui avait-on donné ? Cela avait-il quelque chose à voir avec « l’enseignement » que son père lui avait donné ? Henri n’aimait pas le son de ces paroles, cela lui rappelait d’autre choses fort peu agréables ; il ne les avait jamais éprouvé personnellement, ni pendant sa propre enfance, mais il avait parfois vu cette étincelle et cette ombre derrière le regard chez certaines personnes : comme une marque, témoignage d’un passé souvent douloureux.

Les centaures s’étaient rapprochés, beaucoup plus prêt maintenant ; Henri était seulement d’un pas devant, un pas que Shaylee franchit, montant elle aussi au créneau ; chacun était maintenant à la même hauteur.

Shaylee – « Je pense avoir pris votre avertissement au sérieux… Je n’ai jamais remis les pieds dans la forêt et croyez moi ce n’était pas l’envie qui manquait… »

Voilà qui ne plut en rien aux deux créatures ; sentant l’atmosphère devenir électrique Henri commença à fléchir légèrement les genoux, à contracter sa main et à rassembler sa force.

Centaure Aîné – « Justement c’est bien cette envie qui nous dérange…Elle doit cesser d’exister en toi car jamais elle ne se concrétisera si ce n’est au prix de ta vie… «

Centaure Aîné – « Soit…c’était un avertissement et il me semble qu’il s’averrait des plus nécessaire… »

Ils finissent par adresser un bref salut à l’attention d’Henri, et s’en repartent lentement dans les profondeurs de la forêt. Le professeur d’Histoire de la Magie laisse échappé un grand soupir de satisfaction ; le danger est finalement évité, et il n’était pas mince. Mais elle ne va pas s’en tirer comme ça

Henri – « Par Merlin, quel était ce cirque ?! Vous avez le chic pour vous vous faire des amis Miss Holmes. Vous rendez-vous compte de la situation : et si j’avais du les attaquer, ou pire les tuer ? C’est un coup à déclencher une guerre et nous avons déjà bien assez à faire avec nos ennuis actuels ! »

Attention Henri, tu deviens imprudent : nul n’est sensé savoir ce qui s’est passé au ministère…. Malheureusement il est lancé et continue sur sa diatribe

Henri – « les centaures vous ont appelée la Maudite, et en plus ils ont parlé de sang ! Qu’est-ce ça veut dire, vous aussi vous embrassez la carrière d’assassin ? Comme si l’autre ne suffisait pas… »

Enervé, agacé, un peu contre elle et beaucoup contre lui, il a du mal à se contenir quoique heureusement il se calme petit à petit ; ce qui ne l’empêche pas de continuer à grommeler

Henri – « La forêt interdite…. Avertissement… malédiction… prix de la vie….. Ah vraiment ils vous apprécie les centaures ! Vous allez m’expliquer tout ça, car si je suis honnête avec vous j’entends que ce soit réciproque. Alors, qu’est-ce que ça signifie ? »

Henri sent qu’il la met mal à l’aise, avec ses questions, ses inflexions autoritaires et son irascibilité dans la voix : un peu comme si il exigeait soudainement qu’elle lui livre quelque chose, presque dans le souffle d’une menace. Cette pensée le frappe, maintenant qu’il prend petit à petit conscience qu’il perd ou a perdu sa placidité et son sang-froid. Il se sent affecté, une impression bizarre que la situation s’inverse….. un peu comme si, regardant dans un miroir, il se rendait compte qu’il était finalement le reflet, l’image, et non pas l’homme devant la glace….

Cette rencontre n’est pas anodine, infiniment moins claire et définie qu’on ne pourrait le croire ; un instant il se prend l’effet de vivre un songe qu’il ne contrôle pas.

Shaylee – « Vous vous voulez vraiment en rajouter ? »

Son ton sous-entend que ce n’était une façon intelligente de l’aborder... une fois encore Henri a cette impression étrange d’être mené ou dirigé ; elle fit un pas de coté et se laissa tomber sur le sol dans un soupir…

Shaylee – « Soit…Je ne suis apparemment pas en position de faire des manières… »

Il a du mal à s’en persuader, commence à douter de la soi-disante autorité qu’il peut avoir en tant que professeur sur Shaylee ; les Serpentards peuvent être infiniment plus fier que les Gryffondors mais eux ne faisaient pas de grands discours : louvoyant, éludant et embrouillant les questions, c’était plutôt ainsi qu’ils conservaient leur liberté et faisaient ce qu’eux seuls décidaient. Néanmoins quand la jeune fille aux cheveux blonds vient lever son visage vers le sien Henri eut du mal à distinguer une éventuelle trace de manipulation ; peut-être était-elle si bien entraîné, par ce fameux maître, qu’il ne pouvait lire aussi profondément en elle….

Shaylee – « C’était l’année dernière…euh je me promenais dans la foret interdite…avec un ami… » sans doute encore un imbécile d’élève qui comptait la séduire en faisant le brave….. foutue forêt, décidément il faudrait bien finir par y mettre une barrière un jour ou l’autre « Je sais que c’est interdit mais soit…cela ne justifierais pas une tel haine de la part des centaures… » elle disait vrai, ce qui poussa Henri à se dire qu’il devait y avoir autre chose…. « Donc nous nous promenions quand deux centaures sont arrivés…Il m’ont bien rapidement traité du même nom que vous avez entendu prononcer tout a l’heure… D’ailleurs je n’ai pas la moindre idée de la raison de ce surnom totalement idiot… » Et pourtant, se faire appelée « Maudite » par des centaures….. lui il aurait paniqué : ces créatures ne parlaient pas à la légère, si ils avaient vu une malédiction sur elle…. « il semblerait en tout les cas que ma présence soit de mauvaise augure ou je ne sais quoi…En gros les étoiles leur avait dis que …je sais pas quoi… » Elle en parlait bizarrement, non pas d’un ton détaché mais sans pour autant avoir l’air trop terrifiée ou effrayée ; un peu comme si elle parlait d’un mauvais rêve….

Henri lâcha un grognement d’approbation et de réflexion : il y avait des lacunes, des non-dits dans le récit de Shaylee, il le ressentait ; pourtant il ne pouvait dire si elle lui dissimulait sciemment certains choses ou si, tout simplement, elle occultait inconsciemment des détails douloureux. Il lui accorda le bénéfice du doute, ayant plutôt envie de lui faire confiance que d’imaginer une fois de plus tout un complot fumeux ; à son age il avait du mal à concevoir qu’elle eut une histoire aussi tortueuse…. du degrés des maraudeuses en soi.
Il avait tord, évidemment.

Henri – « les centaures ne mentent jamais, c’est une notion qui leur est étrangère et incompréhensible ; si ils ont prononcé le mot « maudite » c’est qu’ils ont vu une sorte de malédiction sur toi…… »

Il complète, car ce n’est tout de même pas suffisant

Henri – « ça ne signifie pas forcément que tu es réellement « maudite » ; peut-être ont-ils vu que tu aurais une action non bénéfique sur eux, directe ou indirecte, ou alors ils ont ressenti l’« entraînement » de ton passé et ils l’ont trouvé terrible….. »

Il y avait de multiples explications, les plus agréables comme les plus catastrophiques ; Henri ne savait pas quoi conclure, mais sans doute elle, elle pourrait y voir clair.

Shaylee – « Mon ami n’a pas apprécié que l’on me traite comme cela et il leur a plutôt mal parlé…Ils on tiré une flèche sur lui et euh… » Les centaures avaient tiré sur un élève ? non, non ça n’était pas possible…. mais alors qui était son ami ? « J’ai été obligée de tuer l’un d’entre eux… » Le tuer ? Merlin ! Henri comprenait mieux pourquoi les centaures étaient en ébullition ces derniers temps ; et c’était elle qui avait fait ce geste…. « Le professeur Rocstone est arrivé par la suite…et ils nous a aidé…l’histoire ne s’est pas vraiment ébruitée à Poudlard et je n’ai jamais remis les pieds la bas… »

Il valait en effet mieux pour elle de s’en tenir éloignée ; Merlin, elle avait tué un centaure….. l’acte de donner la mort était en lui-même horrible, même si elle ne faisait que se défendre. Elle était si jeune, et déjà elle avait cette empreinte sur elle : comme une marque.

Harkaitz avait été là pour l’aider ? Il allait falloir qu’ils en parlent, et rapidement ; l’avantage entre compagnons de l’Ordre c’était cette franchise qu’on avait tous les uns pour les autres. Oh bien sur chacun conservait ses petits secrets, ses activités parallèles, mais quand une question était posée on y répondait.
Malheureusement ce bon Kaitz était indisponible…… comme beaucoup trop de monde en ce moment ; les explications devraient attendre.

Shaylee – « Voila vous savez tout… C'est à mon tour je crois? »

Henri fut surpris par la répartie de Shaylee, et ne chercha même pas à cacher son embarras : elle ne lâchait pas le morceau, et même maintenant, alors qu’en soit elle avait confié beaucoup de choses elle le mettait presque au pied du mur. Douée….

Henri – « la confiance doit être réciproque j’imagine….. je ne pense pas savoir « tout » mais je ne compte pas non plus « tout » dire alors pourquoi pas ? »

Le plus simple eut sans doute été de laisser Shaylee poser ses questions, car ainsi il aurait pu tenter de voir où elle souhaitait en venir, pourtant il estima qu’elle méritait une certaine sincérité de sa part ; soit, c’était donc son tour….. il resterait prudent cela dit.

Henri – « J’étais un ancien auror, qui ne supportait pas les mangemorts et tous ces sorciers criminels pratiquant la magie noire ; pourtant j’ai postulé à Poudlard, qui est devenu l’un des temples de ce type de magie. Je vais être honnête : j’étais curieux de voir cela par moi-même, et le cas échéant à agir…… »

Pour être complètement honnête il aurait du dire que son idée sur Poudlard et les maraudeuses était déjà faite lors de sa prise en fonction, mais ça il n’était pas question qu’elle le sache.

Henri – « finalement j’ai trouvé ma place par ici, aussi déroutantes certaines choses soient-elles…. J’avoue avoir encore certains doutes sur plusieurs éléments de la direction cela dit ; mais bon, il faut bien un ronchon dans toutes les écoles »

Inutile également de préciser ses liens avec certaines des directrices, c’était parfois suffisamment compliqué pour que lui-même s’y embrouille ; Less avait disparu, Kaitz aussi, Muelle s’était évanouie dans les limbes, quand à Kaori elle lui avait sous-entendu qu’il y aurait du changement….. ça commençait à faire beaucoup

Henri – « Accessoirement je rends parfois quelques menus services à d’anciens collègues, à titre informel évidemment : ça reste entre nous mais certains aurors sont parfois complètement à coté de leur balai…. » en particulier quand ils pourchassent les membres de l’Ordre « en ce moment je « m’intéresse » aux loups-garous, à l’un d’entre eux notamment…. »

De temps en temps, pendant plusieurs instants, il y a des moments où ils détournent le regard ; parfois c’est Henri qui s’ôte du visage de Shaylee, quand il sait qu’il y a cette expression qu’il n’aime pas qui vient se fondre dans le fond de ses yeux. Parler était une chose, maîtriser et ne révéler que ce que l’on souhaitait en était une autre, délicate ; faire taire ses yeux, dans lesquels s’exprimaient la réalité du sentiment passé, c’était infiniment plus difficile. On pouvait avoir un regard plus ou moins neutre, mais quand on en arrivait à des événements précis, marquants, il n’y avait rien à faire. C’est pourquoi quand il sentait l’ombre de son ressentiment traverser ses pupilles, alors qu’il évoquait ses anciens sentiments envers les mages noirs, il préférait ne plus croiser le regard de la Serpentard.

Parfois c’était elle qui cachait ses propres ombres, mais Henri ne s’en offusquait pas ; il imaginait simplement que Shaylee se rappelait des souvenirs désagréables, faisant écho aux paroles des centaures. Bien sur il ne pouvait voir en rien la véritable expression de la jeune fille, et l’eut-il pu qu’il eut été troublé par l’éclat de plaisir qui brillaient au fond de ses yeux.

Elle l’écoute, avec une attention qu’il peut percevoir, sans pour autant qu’elle ne cherche à l’interrompre ; la manœuvre est subtile : elle le laisse parler, tranquillement, sans qu’il ait conscience d’une curiosité déplacé. En « confiance » Henri se laisse à parler, un peu ; à la mention du lycan il choisit pourtant de s’arrêter : le sujet est maintenant délicat. Un silence léger s’installe pendant quelques secondes. L’air de rien Shaylee lisse certains de ses blonds cheveux, avant de parler.

Shaylee – « Les Mangemorts…Je les déteste moi aussi…Il n’y rien de plus inutile et stupide qu’un Mangemort… »

Il n’ait pas vraiment d’accord, à vrai dire il a même une opinion totalement différente : nombreux furent les mages noirs brillants et puissants qu’il a rencontrés, combattus le cas échéant, et parfois écoutés. Mais elle n’a pas besoin de savoir cela, savoir que ce coté là de la magie peut être si séduisant qu’on y retrouvait des sorciers qu’on aurait pu avoir pour amis, pour compagnons…..

Shaylee – « Je dois avouer que je ne connais aucun Auror …je n’ai rien contre eux mais on peut plutôt dire que j’ai un problème avec les groupements…les rassemblement d’idéaux ou de combats…Les groupes sont trop propices aux trahison et aux coups montés… »

Henri s’était plus ou moins qu’il la laisserait parler, sans interférer, et curieux d’entendre ; cette remarque sur les « groupes » le fit pourtant sortir de sa réserve, par une simple phrase sans trop de conséquences….

Henri – « Les groupes durent le temps de leur utilité…… il est bon d’avoir des alliés quand chacun peut être un ennemi ; seuls les chaînes des services rendus et à rendre sont pesantes »

Il n’aimait pas trop les francs-tireurs, il ne trouvait pas ça efficacement, pas quand il y avait un but global à remplir ; bien sur si l’on souhaitait n’en faire que pour son propre profit, alors en majorité être seul était le plus efficace. Malgré tout il y avait toujours des choix à faire, tôt ou tard…..

Shaylee – « Cependant vous avez évoqué l’une de mes plus grande passion…La magie noire….Cela dit beaucoup trop de mages noirs ne se contentent que de cette magie…Ils ignorent que le mage le plus puissant que recueillera cette terre sera celui qui pourra autant user des forces de la magie noire que de celle de la magie blanche… »

« plus grande passion », « mage le plus puissant », « user des forces »…… C’était des mots, un discours qu’il n’aimait pas entendre. Elle avait une vision très juste, très intelligente des véritables rapports de forces. Henri croyait depuis bien longtemps que la dichotomie entre la magie blanche et la magie noire n’était qu’une stupidité, mais lui avait du attendre plusieurs années pour percevoir pleinement le sens de ces paroles. Que Shaylee le sache déjà, qu’elle en parle ainsi comme si elle souhaitait appliquer ces préceptes….. il lui semblait percevoir là une ambition, une soif de pouvoir qui était grande.

A son age lui aussi avait eu cette envie de la jeunesse, l’idéal d’être l’un des plus puissants mages ; sauf qu’on ne l’avait jamais appelé « maudit », qu’il n’avait pas tué et que son enfance n’avait pas été traversée par un entraînement douloureux. Ce qui signifiait que Shaylee pouvait être infiniment plus sérieuse et proche de réaliser ses désirs que d’aucun fantasme d’adolescent. En soi il lui suffisait simplement de rencontrer la personne qui l’instruirait….

Henri – « Tu ne devrais pas dire cela, c’est une vision qui n’est pas vraiment acceptée. Cela dit j’ai moi-même suffisamment étudié la magie noire pour convenir que tu n’as pas tout à fait faux…. »

« étudié la magie noir »….. un joli euphémisme pour lui qui avait été versé dans les arcanes de cet art par l’un des maîtres en la matière ; la magie noire il la connaissait, et le cas échéant il l’utilisait avec force et maîtrise : au ministère il avait tué un lycan grâce à elle. Pourtant c’était un secret qu’il s’efforçait de maintenir : un avantage tactique, ou un savoir dont il avait honte, il n’avait pas la réponse.

Henri – « aucune magie n’est plus puissante que l’autre, elles sont simplement différentes, avec des efficacités variantes….. mais de toute manière ce n’est sans doute pas un sujet dont il y a matière à discussion. »

Il préférait passer à autre chose, conscient qu’elle ne se laisserait pas prendre par des raisonnements fallacieux ; si elle voulait avoir le pouvoir dans cet art elle trouverait un moyen, mais Henri n’avait pas l’intention de l’y aider sciemment.

Shaylee – « Les loups garou…c’est fascinant…Je me demande si j’en ai déjà rencontré… Après tout en dehors d’un soir ils ne sont pas bien différents de nous… Celui que vous cherchez...C’est quel genre ? Plutôt de ceux qui vivent mal leur condition ou de ceux qui en profitent pleinement ? »

Un peu trop tard il détourna le regard, alors que les images de Malhorn repassaient devant lui : Malhorn les attaquant, Malhorn blessant Aurore, Malhorn répandant sa malédiction sur sa femme, Malhorn à qui il avait fait le serment de le tuer……
Ryan Malhorn, l’alpha de la meute de lycans la plus bestiale du pays, et le désormais directeur de la coopération magique.
Une lueur de pure haine, d’expression féroce vint durcir impitoyablement le regard bleu d’Henri ; il mit plusieurs secondes à effacer cette ombre bestiale, sans savoir si Shaylee l’avait vue

Henri – « Je ne l’ai pas vraiment rencontré, il intéresse surtout un ancien collègue qui semble très impatient de le retrouver » pieux mensonge « les rares lycans que j’ai croisé il y a plusieurs années étaient tout sauf sociables, néanmoins la règle restait de toujours leur parler avant d’amorcer les hostilités ; je ne sais pas comment ils procèdent maintenant »

Lui en tout cas, quand il se retrouverait devant Malhorn il ne chercherait plus à le raisonner comme il l’avait fait avec ceux de sa meute.

Henri – « D’après mon collègue le lycan en question vit très bien sa condition : meurtrissant, tuant et dévorant ceux qui lui déplaisent ; une sorte de grosse bête avec autant de cervelle qu’un sale ours, le genre de saloperie à abattre sans sommation….. » de nouveau la haine transperçait dans la voix d’Henri, il fallait qu’il se calme mais c’était difficile « Mon collègue est très remonté contre lui, sans doute a-t-il fait des dégâts au ministère….. si ces deux-là arrivent à se trouver ça va se savoir.... »

Tout au long de leur échange Henri et Shaylee avaient eu tour à tour différentes attitudes, postures, qui représentaient leur manière de se mettre consciemment ou pas à l’écart de l’autre, ou au contraire à s’y rapprocher quand ils s’en sentaient le désir, ou plutôt le besoin. Depuis de longues minutes il sentait qu’ils avaient lentement glissé de la simple conversation amicale et courtoise du type « professeur-élève » pour venir dans….. dans quelque chose d’un peu plus intime peut-être, de plus profond ou en tout cas de plus vrai.

La rencontre avec les centaures n’y était évidemment pas étrangère, néanmoins elle ne suffisait pas à tout expliciter ; peut-être était-ce certaines des inflexions de la Serpentard, quand elle évoquait la magie et ses pouvoirs, ou quand elle parlait des lycans, qui avaient incidemment amenées le professeur de Poudlard à faire évoluer la propre manière dont il la percevait.
Se serait-il laissé aller à laisser transparaître son point de vue, certaines de ses convictions profondes, à une autre élève qu’elle ? Il en doutait fortement : quelque part les circonstances de la nuit avaient tracé comme un chemin sur lequel il s’était porté, abandonnant ça et là quelques certitudes.

C’était assez ironique qu’en ces temps où les forces de l’Ordre diminuaient si fortement, où seuls les plus méfiants semblaient encore réussir à survivre, que ce soit justement lui, le plus paranoïaque de tous les membres de l’organisation interdite qui se laissait maintenant aller à une hardiesse peu prudente. Il y avait déjà eu cette rencontre avec ce journaliste de la Gazette, cet autre rendez-vous programmé avec l’immensément redoutable Phénix Noir (dont il se refusait toujours à prononcer le nom et ce avec la dernière volonté), et enfin maintenant il y avait Shaylee Holmes…..

Oh bien sur il y avait infiniment moins agréable ou moins séduisante comme rencontre, mais tout de même….. d’autant qu’elle voulait donc lui « demander quelque chose »


La jeune fille blonde se mordit la lèvre inférieur, en un léger geste d’hésitation ; Henri se rendait maintenant compte de la proximité dans laquelle ils étaient, alors qu’elle resserraient les doigts de sa main sur l’avant-bras du professeur. Outre la sensation, somme toute loin d’être désagréable, il se demanda un instant l’image qu’ils pourraient représenter si d’aventure un observateur extérieur se serait présenté. Shaylee était une très belle jeune fille, ce n’était pas un mystère, néanmoins il n’imaginait rien de scabreux dans son geste : peut-être souhaitait-elle simplement éprouver la puissance de son toucher…… Difficile cependant de nier qu’il était d’un effet certain, mais il aurait été vain de déjà chercher une attraction physique de quelque sorte.

Un service……. C’était intriguant : en tant que professeur d’Histoire, à classer dans la catégorie « Hurlant et de mauvais poil », Henri avait très peu voire pas du tout de demande dans ce genre-là. Intriguant….


Le regard bleu azur de Shaylee s’était accroché à celui d’Henri, et elle pouvait sans difficulté aucune y lire la plus grande des surprises ; jamais de sa vie on ne lui avait fait une telle demande. La magie noire…… oui, bien sur il la connaissait, bien plus que cela en réalité : il en avait été marqué, presque jusqu’à l’âme ; mais elle ne pouvait pas savoir cela, personne d’autre que lui ne pouvait le savoir ! Même Aurore l’ignorait, secret qu’il cachait car c’était sa honte et sa défaite.

Shaylee Holmes……. Une Serpentard que les centaures appelaient « Maudite », une jeune fille à qui l’on avait appris les secrets de cette magie-là….. et il se rappelait aussi ce qu’il avait senti en elle : une volonté, ce désir d’apprendre qui semblait transcender et ignorait les tabous et l’interdit. Si il refusait elle trouverait quelqu’un d’autre pour lui enseigner ; Kaitz n’était plus parmi eux, et les probabilités qu’elle tombe sur un sorcier bienveillant étaient….. confusément Henri comprit qu’en soi il avait déjà plus ou moins pris sa décision.

Après tout, c’était en soi l’un de ses devoirs que de protéger les élèves, mais aussi le devoir de les préparer au monde extérieur ; un mage noir n’était en soi ni bon ni mauvais, et quand à elle…. et bien au moins il pourrait toujours essayer de voir.


Il réfléchissait, se parler presque autant pour lui-même que pour elle ; accepter la requête de Shaylee, serait-ce une folie ? Ou au contraire était-ce la refuser qui l’était ? Comme si deux chemins s’ouvraient devant eux, et qu’un seul était à prendre….


Leurs regards continuent à se mêler, quelque part une leçon et une estime réciproque se crée


Les derniers mots, enfin


C’est maintenant à elle de décider, d’amorcer son propre mouvement.

Tout le monde connaissait cela, cette difficulté et cette hésitation lancinante qui précédait puis accompagnait chaque action qui impliquait ce fameux « choix ». C’était parfois terrible de choisir, presque un crève-le-cœur, et il en devenait presque insupportable de penser, de presque « savoir » qu’on avait peut-être fait le fameux « mauvais choix ». Presque immédiatement après avoir exposé ses conditions à Shaylee, et donc après avoir implicitement accepté sa demande, Henri se mit à s’énerver contre lui-même, agacé de cette nouvelle « bêtise » ; il lui fallu un peu de temps pour finalement accepter ce qu’il avait fait, tandis qu’il se rappelait cette fameuse maxime qui guidait parfois ses actions : « mieux vaut les remords aux regrets ».


La joie, la joie et l’envie, éclairait lumineuse le beau visage de la Serpentard ; de nouveau la volonté d’airain qu’il lui avait semblé percevoir irradia autour d’elle. Shaylee était heureuse, et puissamment motivée ; si Henri avait pu peut-être espéré qu’elle échoue à son « épreuve » il savait qu’il n’était plus question de compter là-dessus.


Ca on l’aurait compris, tout de même ça faisait presque flatteur de penser que ces « méthodes » recevaient cette approbation ; il eut un petit instant de flottement néanmoins, alors qu’il se rendait peu à peu compte qu’en réalité il n’avait que très très rarement véritablement formé des élèves à une magie si puissante. Dans l’Ordre il avait été mis à contribution, comme tout un chacun, pour épauler ses compagnons et leur révéler quelques arcanes bien précises mais c’était différent : chacun des membres de l’Ordre était un sorcier redoutable, lui-même très puissant et parfaitement entraîné : tour à tour ils se livraient des secrets, mais un peu à la manière de ses professionnels du métier, qui ne se comprenaient à demi mots.
Il y avait bien ses élèves du cours d’Histoire de la Magie mais….. mais tout ce qu’il faisait c’était les amener dans aux quatre coins du globe et tenter de leur faire comprendre certaines petites choses pas vraiment « nettes » sur Poudlard et le ministère ; de l’anti-propagande à dose infinitésimale, on faisait comme on le pouvait.

Avec Shaylee tout cela serait différent : elle avait soif d’apprendre, tout autant qu’elle en avait la volonté ; peut-être au finale serait-ce lui qui se révélerait décevant….. à moins qu’il ne perce le mystère qui entourait la jeune fille, ce mystère qu’il sentait confusément en elle bien qu’il ne pouvait en rien le pénétrer.


Henri la regarda d’un regard pénétrant, mortellement sérieux, comme si il s’apprêtait à la réprimander sévèrement…. puis il éclata d’un grand rire


Il eut même un peu de mal à se contrôler


De nouveau le regard pénétrant, mais cette fois-ci il n’y eut aucun rire


Il se rapproche d’elle, et pose tranquillement ses paumes sur ses épaules, un petit exploit car elle est de sa taille


Elle refit un pas en avant se rapprochant a nouveau de Henri…les yeux a nouveau dans les yeux…Un bref instant de silence simplement perturbé par la bruissement du vent dans les feuilles…



Voilà qui le trouble, un peu : oh bien sur pour elle c’est une chance, une occasion en or qu’il lui offre mais pourtant….. pourtant se mettre en apprentissage est un acte puissant, qui lui demandera autant qu’il apportera à la Serpentard. Une chance….. peut-être, ou bien une malédiction pour celle que certains appelaient la « maudite » ; le pouvoir avait toujours un prix, parfois dérisoire parfois trop fort : l’on recevait ce que l’on donnait, l’on récoltait ce que l’on semait. Pourquoi prendre des risques finalement ? Les remords plutôt que les regrets…… mais ce n’était pas tout.


Tranquillement il fit tournoyer le bout de sa baguette, décrivant de petits cercles concentriques qui s’agrandissaient lentement, traçant une large courbe lumineuse en spirale


Il entonne maintenant une sorte de formulation, des paroles à l’air prophétique….


Il la laisse se pénétrer de cela, un ancien vers tiré d’un poème antique que l’on croit daté du temps des 4 Grands de Poudlard et dont l’intégralité reposé caché au département des Mystères.