Les joies du temps londonnien, un brin de soleil, des nuages gris, une fine tombée de pluie, et du soleil à nouveau. Ca lui changeait du Sud de la France, d'où elle était revenue depuis peu, après avoir reçu une lettre de Mikomi. Assise sur un banc, le regard perdu sur cette fameuse qu'elle avait entre les mains, Satine s'était enfermée dans sa bulle le temps de quelques heures. Pensive, son regard azur se posait sur le parchemin sans le lire pour autant, elle la connaissait déjà par coeur. On la connaissait active et pleine d'entrain, la jeune femme était à présent calme et posée, rongée par l'angoisse et la peur de se faire reconnaitre dans les rues. Directrice d'une Maison à Poudlard, Professeur au château, Chef de l'Ordre, puis... plus rien... Une partie même de ses souvenirs avait disparus. Sa vie tournait autour de Peter, qui l'enlaçait de tendresse et lui offrait sa douce protection, et de ses jumeaux nés un an plus tôt.
* Tu ne devrais même pas être ici, exposée à la vue de tous *
Idiote va. En temps normal, Satine se serait mise à son aise, aurait croisé les jambes, levé la tête, et aurait apprécié le spectacle de Big Ben dressé fièrement devant elle. Elle se serait bien fichue qu'on mette son identité à jour. Aujourd'hui la jeune femme n'osa qu'une timide oeillade vers la Tamise, serrant d'avantage la lettre déjà froissée dans ses doigts. L'angoisse de revoir ses proches la faisait paniquer intérieurement, rares étaient les moments de repos. Pour la première fois de sa vie, Satine aspirait à ne pas exister, mais la vie était là, ses fautes également, ses yeux étaient fixés sur cet autre monde, celui où elle n'avait pas encore mis la main sur ce maudit talisman... Cliodna. Sur cette pensée, la jeune femme plongea sa main droite dans sa poche, caressant de ses doigts frêles ce bijou qui avait troublé toute sa vie.
Puis elle soupira, renversant sa tête en arrière. Satine n'avait jamais aimé se morfondre sur elle même, et la voir ainsi rongée par l'angoisse lui donnait envie de meurtre envers elle même. Sa tête blonde posée contre le dossier du banc de bois, Satine laisser voguer son regard azur vers le ciel en chantonnant. Soudainement elle se redressa, puis se leva du banc avec une certaine brusquerie, si bien qu'elle en fit tomber son morceau de parchemin usé. Sans un mot -alors qu'un an auparavant on aurait pu l'entendre pester contre ce morceau de papier ayant eu l'audace de s'échapper de ses mains- la jeune femme se pencha à terre, et le ramassa. Puis soudain, un pressentiment, cette sensation qui prend au ventre, sans savoir comment ni pourquoi. Satine se releva très doucement, puis se retourna, se trouvant nez à nez avec un jeune homme, qu'elle connaissait. Sa mémoire n'avait pas été entièrement effacée.
Satine- Aurel ! Difficile de t'oublier toi, tu passes même sur les ondes radio en France...
Grand sourire de ravissement, elle retrouvait une partie de sa vie passée. Certes il était étrange de commencer des retrouvailles par "toi je t'ai pas oublié", surtout que cela ne faisait qu'un an qu'elle était partie. Ses propos restaient étranges à ceux qui ne connaissaient pas son histoire. Rencontrer une connaissance dans les rues de Londres, cela ne poussait qu'à prouver qu'effectivement, le monde était petit. Satine remonta le col de son manteau moldu sous l'effet du froid, son sourire trahissant sa joie de retrouver un ancien collègue et ami.
Satine- La musique te va mieux que le boulot de prof... Tu as l'air plus... épanoui...
Une minute, ça se disait, "épanoui", pour un gars ? Haussement d'épaules, ben oui, pourquoi pas ? Surtout qu'Aurel avait l'air d'avoir trouvé sa voie. L'espace d'un instant, la jeune femme aurait souhaité lui sortir :" Quelle chance"
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