Préparation particulière de la rentrée...

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Les cours n'étaient terminés que depuis peu de temps et Domaris avaient passé les examens qui lui permettraient, peut-être, d'accéder à l'année supérieure, sa dernière. D'ores et déjà, en farceuse consciencieuse et subtile, la jeune fille préparait sa rentrée avec des accessoires divers qu'elle était en train d'acheter à Pré-au-Lard. Ses parents lui avaient envoyé un peu d'argent de poche, pour fêter la fin des cours si l'on puit dire, et l'utilité en était déjà toute trouvée... Déambulant dans les rues pittoresques et tortueuses de Pré-au-Lard, la jeune Poufsouffle regardait avec avidité les vitrines, imaginant mille stratagèmes pour faire rire ses camarades l'an prochain. La particularité de Domaris était qu'elle mettait toute son intelligence dans la confection de ses traquenards : elle ne voulait pas de ces pièges vulgaires à base de bombabouses ou autres moyens peu délicats. Les farces de la jeune fille étaient toujours d'une subtilité à toute épreuve qui était, en quelque sorte, devenue sa marque de fabrique.

Son éternel sourire enfantin vissé sur les lèvres, elle repensait à ces moments de fous rires dans la salle commune de Poufsouffle en évoquant avec ses camarades les blagues faites subir aux Serpentards. En effet, la deuxième particularité de Domaris était qu'elle ne s'attaquait qu'aux Serpentards ou ex-Serpentards : elle semblait avoir un don infaillible pour repérer ceux qui étaient passés par cette maison. Elle aimait souvent à dire, lorsqu'elle en voyait un dans le coin, que ça "puait l'ambition et l'égoïsme". Un peu réducteur mais tout à fait exact cependant. Ainsi, elle se souvenait du jour où elle avait proposé des bonbons acidulés à une premièe année, cible facile il est vrai, en prenant soin elle-même de ne manger que ceux de couleur bleue. La pauvre jeune fille s'était retrouvée couverte de poils appartenant à différents animaux et la jeune Poufsouffle aurait même juré avoir aperçu une ou deux plumes. Bien sûr tout cela avec une effet à etardement, de manière à ce qu'on ne puisse pas la soupçonner immédiatement... Quand on parvenait aux conclusions que c'était elle la coupable, elle protestait avec un sourire angélique, affirmant qu'elle aussi avait mangé de ces bonbons et qu'elle ne ressemblait pas à un hybride d'hippopotame et de boeuf (évocation à laquelle la Serpentard s'était mise à pleurer) pour autant. Sans preuve, pas de punition : subtil...

Elle en était là de ses pensées joyeuses lorsqu'elle bouscula quelqu'un, trop occupée à observer les vitrines colorées. Elle leva les yeux vers la personne en question, plus grande qu'elle par la taille, et son sourire s'effaça lentement, comme une fleur fâne doucement. Sans quitter l'autre des yeux, elle murmura un vague :

"Désolée, je n'ai pas fait attention..."

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Topaze, elle aussi, préparait sa rentrée, mais d'une bien différente manière que Domaris ; au lieu d'acheter des moyens de faire bien rire les étudiants durant les cours, elle lisait des ouvrages emplis de conseils pour les classes qu'elle donnerait. Le tout était assez simple, et depuis longtemps, la jeune femme se sentait prête à exercer un métier de cette trempe, elle espérait simplement que la routine qui débuterait ne l'ennuierait pas, après les trois ans de voyage, et de vie nomade, où toujours tout différait des veilles et des lendemains. Dès le matin, la jeune Professeur s'était sentie d'une humeur particulièrement douce et avenante ; ses grands yeux bleus avaient brillé d'une lueur particulière devant le miroir, ses longs cheveux châtains semblaient étrangement docile. Tout son être s'apprêtait à une journée de torpeur et de délices où peut-être elle pourrait se promener sans autres soucis que les achats qui la tenteraient. Aussi, dès dix heures et demi, elle avait transplané jusque dans le Village de Pré-au-Lard, et s'était mise à déambuler, errant entre les différentes boutiques, comme celle de Farces et Attrapes, où une foule inquiétante achetait des produits pour la rentrée ; ou encore la librairie, assiégée, et dans un désordre accablant. Oui, le 31 août, tout le village semblait avoir été attaqué par un ouragan particulièrement violent, et était empli de sorciers et sorcières en quête d'un dernier rayon de soleil vacancier.

Topaze posa son livre sur la table, et acheva la boisson en face d'elle : une menthe à l'eau, préparée avec les grands soins de la serveuse aimable ; puis, elle paya, et se leva, pour se dégourdir quelque peu les jambes et aller acheter quelques petites fantaisies pour Poudlard. Des vêtements, surtout, mais pourquoi pas d'autres choses, si elles lui plaisaient sur le chemin ; la jeune femme ne se mettait pas de limites ni d'obstacles, elle voulait se sentir bien, et cela se ressentait dans la liberté de ses mouvements.

*Bien, pensa-t-elle avec un sourire, alors fixons-nous tout de même une règle : aucune règle ne sera permise.*

Là-dessus, elle s'étira, et ses longs cils noirs s'élevèrent bien haut pour qu'elle commence à marcher, tout en profitant du brouhaha autour d'elle pour se fondre dans la foule comme si elle y était depuis des heures. Les vitrines affichaient des produits grandiloquents, on entendait des explosions, sûrement des pêtards, depuis le magasin de farces et attrapes, et puis des rires, provenant de toutes parts. Les discussions étaient vives, les couleurs des magasins aussi ; tout était fait pour rendre la visite agréable à l'acheteur exigent. Tandis que Topaze continuait à marcher auprès d'un magasin qui décidément l'amusait, une jeune fille la bouscula. Aussitôt, son regard se tourna vers elle ; environ seize ans, peut-être plus, elle était tout sourire, et portait un sac en plastique provenant du magasin des farces et attrapes. Son regard amusé se transforma en une expression de gêne quelque peu ennuyée, et son sourire disparut pour laisser place à une moue peu agréable pour Topaze.

"Disons que tu m'as effleuré, répondit-elle alors avec un sourire. Rien d'assez grave pour perdre ton beau sourire. Surtout avec ce que tu prévois de faire durant cette longue année, ajouta-t-elle avec un regard appuyé sur le sac en plastique."

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La jeune femme que Domaris venait de bousculer lui était inconnue mais la jeune fille ne put que convenir qu'elle était magnifique : de longs cheveux châtains, un visage fin et des yeux d'un bleu étonnant. Et en plus de cela, elle avait une voix douce comme du sucre et semblait d'une gentillesse infinie. Pour un peu, Domaris en aurait eu presque honte de se balader avec un sac remplie de farces et attrappes, surtout que la remarque de la jeune femme et son regard appuyé en direction du sachet plastique faisaient clairement comprendre qu'elle en devinait le contenu... Discrètement, et sans se départir de son expression calme et sereine, la jeune Poufsouffle déplaça sa main de quelques centimètres, de manière à ce que le sac soit dissimulé par les pans de sa robe et par conséquent un peu moins visible. Elle, qui d'habitude aimait se faire remarquer, se sentait soudain toute petite devant cette dame et elle aurait presque voulu pouvoir disparaitre tant elle avait honte d'avoir été surprise à refaire ses provisions par une telle personne...

Domaris esquissa un sourire en direction la jeune femme, voyant que celui de de cette dernière persistait sur ses lèvres, ce qui lui redonna tout de suite cet air rêveur qu'elle arborait constamment et qui lui valait souvent bien des soucis avec ses professeurs. En effet, certains étaient persuadés que cet air lunatique rimait avec inattention alors que la jeune fille était pourtant quelqu'un d'assez studieux, tout au moins dans les matières qui l'intéressaient. En particulier pour la divination... Sa professeur disait souvent d'elle que son troisième oeil s'était ouvert depuis longtemps et qu'il était important de perfectionner ce don qu'elle avait semblé développer. Ainsi, parfois, rien qu'en touchant un objet ou en se concentrant intensément sur une personne, Domaris pouvait apercevoir des bribes de son passé. Fantastique ? Non, ce n'était pas vraiment le mot... Effrayant sonnait plus juste... Elle avait gardé ce don secret, de peur que ses parents ne souhaitent l'utiliser à leur profit, comme ils tentaient de le faire avec Ladira, sa petite soeur de onze ans, métamorphomage. essayant toujours de paraître à son avantage, elle bredouilla un peu confuse :

"Oh ça ? Quelques farces... Rien de bien méchant..."

Ses joues s'empourprèrent d'un joli rose vif, comme lorsque ses parents avaient maudit a voix haute et en pleine rue l'avis de recherche pour Nathan Shakespeare. Tous les regards étaient braqués sur eux et, ce jour-là, elle aurait préféré que ça n'arrive pas. Elle passa une main distraite dans ses cheveux, comme pour effacer ce mauvais souvenir, puis elle reporta son attention sur la jeune femme, lui dédiant un sourire angélique qui gomma quelque peu cet air rêveur pour lui donner une expression plus joyeuse. Domaris était sûre de n'avoir jamais rencontré la jeune femme par ici, pourtant ses traits lui semblaient familiers, comme si elle les avait déjà longuement étudiés avant de la voir une première fois. Ca lui paraissait impossible et pourtant, elle ne put s'empêcher de demander :

"Excusez-moi mais... Nous sommes-nous déjà croisées ? Votre visage me semble familier et pourtant... tout ceci me paraît improbable..."

Elle continuait à la dévisager avec attention, cherchant dans ses souvenirs ce qui lui faisait dire que ses traits lui étaient familiers..."

[HJ : On inverse ce coup-ci, toi la prof et moi l'élève ! Razz

]

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La jeune fille la regardait avec une gentillesse mêlée à une certaine admiration, peut-être, face aux longs cheveux et au regard océan qu'elle arborait sans complexes, et Topaze décida de le prendre bien ; elle l'écoutait donc avec respect, observant néanmoins ses moindres faits et gestes. Qu'elle cachât le sac derrière sa robe n'était pas anodin, cela voulait dire qu'elle avait touché le point sensible : la jolie inconnue était donc une farceuse, et plus que cela, elle serait, évidemment, son élève. Cependant, elle décida pour l'instant en tout cas de garder son identité secrète, peut-être pour mieux la surprendre plus tard, ou tout simplement pour ne pas se faire vouvoyer dès maintenant ; attendre quelques heures lui semblait encore respectable. Son interlocutrice était vêtue d'une robe, alors qu'elle même portait une belle jupe blanche à volants, un débardeur rose pâle, et des espadrilles, le tout mettant en valeur sa belle silhouette aux longues jambes fines. Ses yeux parcoururent le visage mi-gêné mi-joyeux de Domaris avec un plaisir tout particulier, car elle faisait partie des premiers élèves qu'elle rencontrait, et dès maintenant, elle pouvait commencer à se faire une idée de l'année qu'elle passerait ; peut-être agréable, peut-être catastrophique. Les risques ne faisaient pas peur à Topaze.

"Rien de bien méchant? répéta avec un sourire encourageant la jeune femme. J'espère, car cela nuirait à tout le monde qu'il y ait des dangers dans ce petit sac en plastique, continua-t-elle d'une voix emplie de sous-entendus."

Pourtant, cette expression libre et gaie qu'elle affichait depuis le début, elle avait décidé qu'elle resterait là, sur ses lèvres étirées, car c'était le meilleur moyen de faire une rencontre agréable et de mettre en confiance les interlocuteurs : le bonheur affiché. Cependant, pas la bêtise, ou l'ironie poussée, le respect et la dignité étaient deux éléments très importants d'une conversation pour Topaze et il était hors de question qu'on lui manque de respect, en tant que femme, fille, soeur, ou professeur. Et cela allait être dès le début de ses cours très clairs ; c'est pour ça que son regard resta quelques instants de plus sur la couleur vive du sac qui dépassait de derrière le dos de Domaris. Pourtant, la jeune Professeur ressentait avec un sourire amusé le regard insistant de son interlocutrice, qui se faisait même étonné, puis interrogateur, et elle sut aussitôt que l'autre avait l'impression de l'avoir déjà vu. Cela lui arrivait tout le temps, et la plupart du temps elle avait raison, mais cette fois-ci, le visage de la Pouffy ne lui disait pas grand chose. Quoique !

"Ton visage me fait penser à quelqu'un, mais je suis presque certaine de ne jamais t'avoir connu, toi. Cependant... dit-elle d'une voix rêveuse, cherchant parmi ses connaissances. Mais bien sûr ! Jared !"

Elle éclata d'un rire franc, et terriblement joyeux : il était évident que Domaris avait un lien quelconque avec Jared, certains traits et expressions se resssentaient vivement, et une proximité certaine apparut sous les yeux éclatants de lueur de Topaze.

"A part ça, je suis Topaze Shakespeare, lui dit-elle encore. Et tu es une Morohtar? Sa soeur, peut-être?"

[HJ : Eh oui... Enfin ! mrgreen

]

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Domaris ne put s'empêcher de lui dédier un radieux sourire complice en entendant la phrase de la jeune femme à propos de ses farces, pour un peu elle lui aurait presque proposé de les découvrir ensemble ! Toute gêne ou méfiance semblait avoir disparu devant le sourire éclatant de la jeune femme et il ne demeurait plus quela joie de partager quelques moments de cette si belle journée en compagnie d'une personne si agréable. La vie était parfois faite de bonheurs simples... Mais plus elle regardait la jeune femme, plus elle lui sembalit familière, à tel point que cela en devenait presque obsessionnel de retrouver qui elle était. Elle eut presque envie de se concentrer intensément sur la jeune femme pour obtenir quelques bribes de son passé grâce à son don pour la divination mais elle jugea d'elle-même l'intervention trop déplacée et elle s'abstint. Finalement, ce fut son interlocutrice qui trouva la première et quelle ne fut pas la surprise de Domaris d'entendre celle-ci mentionner son frère... Jared... Si longtemps déjà qu'elle ne l'avait pas vu et pourtant sa rancoeur et son ressentiment à son égard étaient restés intacts.

Son sourire se figea et son visage s'assombrit presque imperceptiblement tandis que les images de son propre passé refaisaient surface contre son gré : Jared adulé par ses parents, Jared ne lui accordant pas un regard dans les couloirs de l'école, Jared disparaissant, Jared toujours Jared... Ses parents ne parlaient que de lui et son passé à elle, sa propre histoire ne semblait tourner qu'autour de lui. Elle se souvint alors de ce qu'en avait dit ses parents : il était guérisseur à Ste-Mangouste... C'était bien cela... Jared ? Guérisseur ? Pour Domaris qui ne voyait en lui qu'un être tourné vers le mal comme l'étaient ses parents, le contraste était frappant au point d'en devenir ridicule. Avait-il à soigner les gens qu'il blessait lui-même lors de ses sales besognes ? Avait-il...? Tant de questions qu'elle se posait sans pour autant vouloir les réponses : elle détestait Jared, elle le haïssait pour ce qu'il était, pour ce qu'il avait fait et surtout pour ce qu'il n'avait pas fait. Il n'avait jamais eu à son égard et à celui de Ladira, la petite dernière, l'attitude d'un grand frère. Il n'avait jamais essayé de les protéger quand leur parents se fâchaient de voir leurs filles si loin de leurs propres idéaux... Non... Jared était tout sauf le frère qu'il aurait dû etre, tout sauf le frère qu'elle aurait voulu...

Et le rire de Topaze ne la consola pas, loin de là... Elle semblait avoir un bon souvenir de lui... Peut-etre le voyait-elle comme quelqu'un d'agréable ? Ainsi il pouvait etre agréable ? A ce moment-là Domaris eut vraiment voulu disparaitre. Avec le temps, elle s'était fait une raison et pour atténuer la haine qu'elle vouait à son frère, elle lui avait même cherché des excuses : Jared ne les aimait pas ? Oui, bien sûr c'était normal, il n'aimait personne. Jared n'était pas agréable avec elles ? C'était comme ça, c'était dans sa nature... Mais non, pas du tout : Jared pouvait être agréable, Jared savait et au fur et à mesure que cette information était assimilée, la rancoeur trop longtemps enfouie refaisait surface avec plus de violence, plus de force que jamais.

Durant tout le temps de la réflexion, elle avait regardé ses pieds avec un intérêt tout relatif et au moment même où elle relevait le visage, elle entendit le nom de son interlocutrice : Shakespeare... Aussitôt, comme un flash, l'avis de recherche du dénommé Nathan vint se greffer sur le visage de Topaze et Domaris put y admirer les ressemblances... Frère et soeur, bien sûr... C'était donc cela ce visage familier ? C'était le visage de Nathan qu'elle avait reconnu dans celui de Topaze ? Et c'était le visage de Jared que Topaze avait reconnu dans le sien... La jeune fille ressera son étreinte sur son sachet plastique, comme si sa survie dépendait de la force et de la conviction qu'elle mettrait pour tenir ce petit sac coloré, mais elle gardait toujours cette expression sereine, neutre, comme si rien ne l'atteignait et pourtant... En l'espace de quelques minutes, son passé avait resurgi, son frère avait refait surface et avec lui la haine qu'elle lui vouait. Elle essaya de sourire plus franchement que ce pauvre ris figé qu'elle affichait depuis tout à l'heure et elle répondit d'une voix hésitante :

"Topaze Shakespeare ? Shakespeare... Comme Nathan Shakespeare le cri...?"

Elle s'interrompit brusquement : elle avait failli répéter ce que disaient sans cesse ses parents. "Shakespeare est un criminel, un dangereux criminel" répétaient-ils. Apparemment Nathan ne faisait pas partie de leurs relations privilégiés alors, à la réflexion, c'était sans doute quelqu'un de bien... Pour détourner l'attention de la jeune femme et lui faire oublier la bévue qu'elle avait failli commettre, elle embraya :

"Oui, je suis une Morohtar... Je m'appelle Domaris Morohtar et Jared... est mon frère, si l'on puit dire... Vous le connaissez donc ?"

La question avait été posée avec une naïveté d'enfant et une innocence propre à Domaris et elle ne put empêcher son regard de contempler le reflet de son visage dans la vitrine : ressemblait-elle donc tant que ça à son frère ? Au point qu'une inconnue puisse reconnaître son visage dans le sien propre ? Elle ne savait plus si elle devait se réjouir de la nouvelle ou en être effrayée...

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Silence. Domaris ne parlait plus, et son sourire s'était comme envolé ; un démon du passé s'était penché sur elle avec un rire mauvais pour lui donner ce regard de haine et de rancoeur. La jeune fille qui paraissait si douce, et si innocente quelques secondes auparavant, semblait maintenant distante, et ses yeux reflétaient des émotions mûrement réfléchies. L'insouciance qui trônait donc dans son apparence n'était que masque, comme la plupart du temps, et maintenant venaient le souci et le chagrin s'ajouter aux expressions de son visage. A la seule mention de Jared, c'est comme si un nuage avait voilé le soleil, et que les rayons jaune-orangés avait disparu dans les ténèbres ; si seulement ç'avait été cela. Mais il faisait toujours beau temps dans les cieux ; c'était dans le coeur de Domaris que nombre de tristesses et de colères s'écoulaient, comme un monceau de choses trop ressassées. Topaze observait avec une attention toute particulière son interlocutrice, en étudiant ses gestes maintenant crispés, ses sourires empli d'une rage sauvage, ses yeux exprimant une tristesse refoulée, et elle ne put s'empêcher d'avoir de la peine. Souvent, pendant ses périples, elle avait croisé des familles que l'on avait séparées en pleurs, des frères et soeurs qui n'auraient jamais l'occasion de se revoir, et dont les derniers souvenirs étaient des adieux déchirants. Depuis qu'on lui avait raconté ce genre d'histoires, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir avec impatience l'envie de revoir Nathan et Amy, ainsi que Félix, et peut-être même Dale. Car, après tout, ils étaient chanceux, même si les caractères les avait éloigné, et malgré le mépris que parfois ils s'étaient portés, ils avaient pu parler ensemble autant qu'ils le voulaient, jouer, se connaître en somme. Aussi, quand Domaris afficha toute sa colère face à Jared, Topaze fut déçue. Terriblement. Et puis la Pouffy reparla, mais sur Nathan Shakespeare, et Topaze s'en douta, car, l'oreille attentive, elle perçut la bévue de Domaris, et se crispa à son tour.

"Oui, je suis bien la soeur du criminel dont les photos sont affichées un peu partout, dit-elle d'une voix agacée. Tes parents ont du t'en parler."

Ses yeux exprimèrent à son tour une certaine colère, très soudaine et spontanée, car elle détestait qu'on parlât en ces termes de son frère, qui était quelqu'un d'affectueux et de particulièrement intelligent ; il avait simplement décidé d'afficher avec majestuosité sa liberté. Métamorphomage célèbre, surdoué, il avait fait des études brillantes puis avait vogué dans le monde, traîté vite avec méfiance par les autres sorciers. Et c'était pendant cette période que Topaze avait disparu, en partant dans le monde, à travers ses voyages ; mais elle s'était toujours tenu au courant des aventures de son frère, par les journaux, et c'était avec une admiration non contenue qu'elle les avait lues au fur et à mesure. Pourtant, les mots qu'utilisaient les sorciers pour décrire son frère la faisaient frémir : criminel, cible n°1, mais une lui plaisait : sorcier en cavale. C'était exactement ce qu'on pouvait dire d'un homme en liberté, qu'il cavalait, ou bien qu'il errait, à sa guise ; Nathan avait un but : être libre. Son sourire faussé par la colère se détendit quelques instants plus tard, et son regard revint sur Domaris.

"Je suis désolée, dit-elle d'une voix plus posée. J'ai encore du mal à accepter qu'on parle mal de mon grand frère, car pour moi, c'est quelqu'un d'exceptionnel. Il a des défauts, bien entendu, mais comme tout le monde. Jared, par exemple, n'est peut-être pas le Saint-Esprit dans sa splendeur, mais je l'ai connu en effet, à Ste Mangouste, et il m'a fasciné par ses points de vue, par cette différence qu'il affiche sans complexes, par ses mots même, et ses regards. Pour moi, la différence, et parfois, la haine envers la société, et envers le monde, n'est pas toujours signe de négativité ; j'aime à connaître mieux ces personnes. Non pas comme des cobayes pour une thèse, mais pour m'en faire des amis, dont leur fidélité est toujours unique et irréprochable. Maintenant, voyant l'expression de ton visage à la seule mention de ton frère, je préfère que l'on arrête d'en parler. C'est une belle journée à ne pas gâcher par une colère déjà trop refoulée."

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Domaris sentit qu'elle était allée trop loin et que Topaze avait malheureusement bien saisi la bévue qu'elle avait commise. Honteuse, elle ne put s'empêcher de baisser les yeux rapidement, trouvant un intérêt soudain à ses chaussures et aux pavés qui recouvraient les trottoirs de Pré-au-Lard : un pavé rouge, un pavé bleu, rouge, bleu, rouge, bleu... Instinctivement la jeune fille resserra ses doigts autour de son paquet de farces et attrappes, qu'elle tenait toujours dans la main droite, tandis que la gauche, plongée dans sa poche, caressait nerveusement le jeu de tarot qui ne la quittait jamais et grâce auxquels elle exerçait ses talents divinatoires. Son pouce passa sur la tranche d'une des cartes et elle sentit un léger pincement sur sa peau. Zut...

Domaris fit un pas de côté, le regard toujours baissé, prête à s'effacer et à disparaitre puisqu'elle venait vraisemblablement de vexer la jeune femme d'une telle façon qu'aucune discussion ne pourrait plus être possible. Elle pensa intérieurement que c'était dommage car la jeune femme aurait pu lui apprendre des choses précieuses sur Jared, des choses qui lui auraient sans doute permises de connaître ses faiblesses et de là... Un imperceptible sourire ironique se dessina sur ses fines lèvres lorsqu'elle entendit la voix de la jeune dame reprendre sa contenance. Apparemment, elle ne lui tenait pas rigueur de sa gaffe, c'était parfait... Elle se recomposa un visage radieux et enfantin et elle leva à nouveau les yeux vers Topaze, paraissant aussi innocente qu'auparavant.

"Je suis désolée, je comprends très bien pour votre frère, mais les idées qu'ont tenté d'implanter en moi mes parents sont encore bien tenaces... Pardonnez mon ignorance, je ne voulais pas vous offenser...

Puis tout aussi rapidement, son visage prit une expression anxieuse à l'idée qu'on pourrait ne pas parler de Jared alors qu'elle se retoruvait avec une des seules personnes qui pouvait lui donner des renseignements sur lui. Déguisant sa rancoeur sous une apparente inquiétude quant à la santé de son frère, elle s'empressa :

"Non ! S'il vous plaît, parlez-moi de lui... Cela fait si longtemps... Va-t-il bien au moins ?"

La crédibilité de Domaris n'était pas à remettre en cause, elle paraissait vraiment soucieuse de la santé de son frère, mais dans son esprit se déroulait cependant un tout autre stratagème...

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Toux. Topaze éclaircit sa voix. Levant le regard vers le ciel, elle observa un instant les nuages blancs à forme de moutons, de chèvres. Un sourire se dessina lentement sur son visage, tandis qu'elle restait ainsi, immobile et précieuse. On aurait dit une photographie. Un cliché en couleurs. Tant elle restait calme. Respirait-elle? Soupir. Réalité. Elle baissa les yeux lentement, comme l'on quitte un rêve le matin, dévisageant de nouveau Domaris avec intérêt. Elle était une jeune femme, un être de dix-sept ans environ, qui se construisait encore mais qui bientôt aurait fini ses études. Alors, elle serait considérée comme une adulte, chérie ou maltraîtée comme une adulte. Peut-être rencontrerait-elle l'homme de sa vie. Sourire. Les rêves futiles que Topaze faisait à son adolescen lui revenaient en mémoire. Elle souhaitait embrasser homme sur homme sans s'attacher à aucun d'eux, exercer de nombreuses professions bien payées, voyager. A l'époque, l'idée d'avoir des enfants lui répugnait : pourquoi s'encombrer d'un enfant? Au fil du temps, elle s'était fait une autre idée, mais attendait justement la rencontre du prince charmant. Sourire. Si romantique. Sa main posée contre sa joue fut celle qui encore une fois la ramena à la réalité. Qu'avait-elle à rêver en ce moment? Peu importe. Domaris parlait. Elle s'excusait, en fait. Peu importe, peu importe. Elle l'avait dit, ou presque. Que Nathan était un criminel. Topaze baissa les yeux, elle aussi, sur les pavés, les comptant, recomptant, puis cessant ce jeu inutile.

Délivrance ~ Les parents savent parfois très bien inculquer le faux à leurs enfants, consciemment ou pas, leur mentir, leur faire du mal même, en pensant à leur bien.

Visage renfermé. Topaze était silencieuse. Elle repensait à comment son père avait interdit à Nathan et Amy de se voir, ils étaient jumeaux mais ne l'avaient découvert que bien trop tard. Quand son père avait obligé Nathan à quitter la maison. Topaze serra les poings. Impuissante, innocente. Elle était si jeune à l'époque. Comment se serait-elle doutée d'un tel drame de famille, puisqu'elle pouvait être avec chacun d'eux? Elle était née dans cette situation, s'y était donc accomodée assez facilement. Soupir. Si jamais elle avait su, aurait-ce changé quelque chose de toute façon? Retour à Jared? Bien.

Délivrance ~ Oui. Non. Je ne sais pas vraiment. Jared est quelqu'un de plutôt réservé, mais tu dois déjà le savoir.

Topaze ne voulait pas en parler. Elle n'avait pas envie de discuter d'un homme auquel elle pensait à longueur de temps, et qui ne donnait pas signe de vie. Penser à un homme, à cet homme, à l'homme. Toux. Elle s'efforça de regarder ailleurs. Le visage de Domaris lui rappelait tellement celui de Jared. Etonnant que chacune avait reconnue en l'autre le visage d'un frère. Sourire. Coïncidence? Hasard ou destin? Topaze secoua de la tête puis encore une fois se tourna vers Domaris.

Délivrance ~ Je suis désolée, mais je dois y aller. J'espère te revoir à Poudlard, à mes cours de sortilège, acheva-t-elle avec un clin d'oeil.

[HJ : Trop de RP's en cours. Tu es rentrée sans prévenir, j'aurai pas le temps de faire de bons RP's. Aussi, tu peux répondre pour terminer celui-ci. Et venir à mes cours quand ils rouvriront. Wink

]