Deux étoiles ~ turquoise émeraude ~ [PV]

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Un joli ciel bleu clair, parsemé de nuages blancs de velours. L'air embaumait une délicate odeur de jasmin, et quelques gouttes de rosée subsistaient encore dans l'herbe. C'était une belle et douce matinée. Même pour un Cimetière. Là, les tombes serties de lierres et de fleurs servaient de cachette pour les lézards émeraudes, et parmis les mauvaises herbes des marguerites et quelques roses poussaient timidement au soleil. Mais mis à part les insectes et les plantes, l'endroit était désert. Pourtant, c'était le moment idéal pour rendre visite aux morts, la tristesse du lieu étant un peu effacée par la joie qui l'entourait. Mais, paraît il, les défunts préférent la nuit. C'est vrai, la nuit est belle, avec son ciel d'encre et ses étoiles parsemées comme des fleurs d'argent dans un jardin d'ébène. La nuit est silencieuse aussi, calme et triste. Très belle, mais triste. Trop triste pour être le ciel d'un cimetière.

Des pas feutrés, un bruissement dans l'herbe. Quelqu'un venait de pénétrer dans l'enceinte sinistre. Le bruit des pas s'arrêtait par moment quelques secondes, puis repartait de plus belle, toujours silencieusement. Pourtant, si on était debout, on ne voyait personne. Ce n'était que si on s'abaissait à la hauteur d'une tombe qu'on apercevait un éclair blanc dans l'herbe... et, si on s'abaissait encore un peu, on pourrait peut être l'apercevoir tout entier, alors qu'il s'arrêtait pour regarder autour de lui, avec sa frimousse blanche et son corps délicat, fin et souple. Et peut être, avec un peu de chance, que l'on distinguerait deux iris bleu turquoise et vert émeraude, telles deux étoiles colorées au milieu des ronces.
Le chat sauta souplement sur une tombe, s'arrêta un instant, cligna doucement des yeux, fixant un point lointain. Son doux pelage nacré frémissait à chacun de ses mouvement, et il était tellement fin qu'on l'aurait cru capable de s'envoler comme une brindille au moindre souffle. Pourtant, ses mouvements étaient préçis et sûrs, et sous son manteau blanc ses muscles se tendaient avec souplesse. Ses deux iris restaient immobiles, regardant attentivement l'entrée du cimetière.

Alice gardait son visage fermé, les yeux baissés, les lèvres serrées. Elle avançait lentement, le gravier crissant sous ses bottines noires. Elle avançait sans but, comme tout les jours depuis longtemps. Le poste de directrice n'était pas encore à elle, et son père lui avait donné quelques jours de libres en attendait la décision du ministère. Voilà une semaine que tout les matins, elle sortait pour déambuler sans but toute la journée, l'air triste, silencieuse. Ce matin, son visage, encore plus pâle que d'habitude, semblait agité. Ses yeux bleu turquoises mêlé à un doux violet effacé restaient mornes, égarés ; ses lèvres minces et décolorée bougeaient doucement, semblant murmurer des mots silencieux. Ses longs cheveux d'un doux rose ondulaient à la moindre brise, tels un fin voile satiné. Elle marchait tête baissée, vêtue de son habituelle robe violette et lilas, visiblement perdue dans ses pensées.Elle songeait, comme toujours, à Altis. Comment avait il put la laisser? Et elle, comment avait elle put rester immobile alors qu'on le tuait? Et comment, comment... rien que des questions, encore et toujours. Sans réponses.
Alice leva légèrement la tête et s'immobilisa. Ses pas l'avaient menés dans ce lieu qu'elle ne voulait pas voir, le cimetière. Elle comptenpla longuement la grille rouillée qui marquait son entrée, et une larme unique roula sur sa joue, avant de se perdre dans l'herbe avec un léger scintillement. Altis n'avait jamais été enterré. Elle n'aurait jamais de tombe ou déposer des fleurs et s'assoir pour raconter à son défunt ami tout ses petits malheurs. Mais qu'importe la tombe, rien ne le remplacerait jamais.

Après être restée immoile quelques minutes, elle poussa la grande grille qui s'ouvrit avec un grincement et pénétra dans le cimetière, le coeur battant. Il faisait beau, le ciel se moquait bien de sa tristesse. Elle avança lentement, déambulant entre les tombes, s'arrêtant parfois pour lire une inscription, sentir quelques fleurs fanées. Ses yeux passèrent sûr la tombe ou était sagement assit le chat blanc, et la suprise y passa un instant. Une demi seconde plus tard, elle se reprit et fit un doux sourire à l'animal, qui la fixait sans ciller. Doucement, en veillant à ne pas l'effrayer, Alice se rapprocha puis s'assit sur la tombe. Elle leva lentement la main, puis l'abaissa pour caresser son pelage soyeux. Il se laissa faire, immobile. Une nouvelle larme coula sur la joue de la jeune fille. Etrangement, ce chat blanc calme et aux beaux iris bleu et vert lui rappellait Altis. De sa main libre, elle essuya la goutte qui traçait un sillon humide sur sa peau et inspira silencieusement. Avec un petit sourire qu'elle n'aurait jamais fait en présence d'un humain, elle murmura au chat :

Alice ~ Tu lui ressemble tellement... pense tu... tu es un beau chat...

Le chat leva légèrement la ête et miaula. Alice sourit à nouveau, pensive. Tristesse, tristesse qui la submergeait, et pourtant, elle trouvait encore la force de sourire. Mais peut être plus pour longtemps...

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Son frère l’engueulerait sûrement. Il lui demanderait sans doute pour qu’elles raisons elle passait le plus clair de son temps dans cet endroit sombre, morbide, aussi ennuyant que son propre bureau. Mais qu’importe, elle aimait regarder au loin les ombres de certaines tombes recouvertes de fleurs fanées.. Amy, Amy Shakespeare. Poupée de cire. Ses grands yeux turquoise noyé tout regard venu plonger ses iris dans cet océan de beauté. Silence. Un pas, deux pas .. Les feuilles mortes se faisaient écrasées délicatement sous les semelles de la jeune femme, étouffant un dernier bruit avant de finir une bonne fois pour toute en miettes. Une longue robe blanche dessinait parfaitement les courbes de son corps, une longue cape noire s’accrochait péniblement autour de son coup, effleurant avec douceur ses petites épaules blanches. Les ongles fins d’Amy coupèrent une tige de fleur en un seul coup, émerveillant ainsi le visage pâle de la Ministre. Ce n’était pas n’importe quel végétal .. C’était du lys. La fleur se balada tranquillement entre les doigts de pianiste de l’ancienne Serdaigle. Elle était déjà à l’intérieur du cimetière, et elle avait déjà fait un bon bout de chemin. C’était tout de même agréable de sentir cet air frais contre ses joues. Hey, Amy, tu rêves ? Encore ? Elle secoua la tête. Se perdait-elle encore dans ses songes ? Et dans ses .. Silence. La Ministre frotta ses beaux yeux puis regarda un peu mieux. Avait-elle bien vu des cheveux roses au loin ? Elle serra fort sa tige de lys, observant les pétales aussi roses que la « vision » qu’elle venait d’avoir. Un haussement d’épaule, un soupir. Silence. Et .. Et si c’était vrai ? En ce moment même, l’ancienne Serdaigle se sentait comme une gamine, cherchant à savoir si elle avait simplement imaginé ou si elle avait réellement vu c’est jolies mèches au loin. Il était vrai qu’une telle chose ne passait pas inaperçue ! Elle essaya d’oublier un instant sa drôle d’imagination, ou son surprenant réel. Amy s’assit sur une tombe. La pierre gelée lui donna des frissons à en trembler pendant une bonne vingtaine de secondes.. C’était si bon à sentir. Ferme les yeux. Elle s’exécuta. La jeune femme écoutait à présent, elle était attentive au moindre son qui émanait de ce cimetière. Elle entendait les quelques pauvres cigales qui devait s’être nichées entre les deux, trois brindilles qui existaient sur ce terrain. Elle entendait le souffle du vent qui s’engouffrait délicatement dans ses oreilles, la chatouillant avec volupté sur toutes les parties de sa peau qui étaient découverte. Elle écoutait le ronronnement de plaisir d’un félin venu poser ses pattes non loin d’Amy. Elle écoutait le chuchotement d’une voix humaine .. Hein ? La Ministre rouvrit ses yeux. Elle posa ses deux pieds à terres, son postérieure toujours poser contre la tombe. Silence. Espérance. La jeune femme décala doucement sa tête et regarda derrière l’énorme pierre qui cachait la moitié du paysage. Avant, elle essaya de déchiffrer le nom qui était marqué dessus, mais la crasse qui s’était nichées sur cette pauvre surface empêcher au lecteur d’y voir correctement ! Une seule lettre était lisible, c’était un « R » majuscule. Amy haussa les épaules puis se pencha une nouvelle fois sur la quête de ce chuchotement mystérieux. Elle se leva puis avança un tout petit peu plus loin ..

Elle n’avait pas rêvé. Sourire. Il y’avait bien une femme portant de magnifiques cheveux roses dos à la Ministre, l’inconnue caressait doucement un superbe chat blanc. Amy hésita un instant avant de s’approchée .. Cette âme était peut-être là pour se recueillir un instant auprès d’un défunt proche, où était-elle tout simplement venue visiter les lieux ? L’ancienne Serdaigle secoua la tête, les gens n’étaient pas tous comme elle tout de même ! Eux ne venaient pas forcément pour regarder des tombes cachant des cadavres en décompositions ! La Ministre se mordilla la lèvre inférieure en regardant avec envie sa belle fleur de lys. D’ailleurs, Amy plaça un des pétales en face d’elle, le comparant à cette si belle couleur que portait l’inconnue. C’était décidé. Elle s’approcha. Silence. Encore ce bruit d’étouffement sous ses semelles .. En arrivant aux côtés de l’inconnue, Amy fit fuir le chat. Elle en lâcha un petit soupir, puis se tourna vers la femme.

* Sonatine * ~ Désolée d’avoir fait fuir le chat mademoiselle .. Mais je ne pouvais me retenir de vous dire combien le rose de vos cheveux était aussi beau qu’un pétale de lys.

And that’s all ?

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[Je suis quasiment sûre que je viens de battre un record de retard ... milles pardons. Milleuh pardons >.<]

En un clignement de paupière, la jeune Alice vit resurgir des centaines de souvenirs. Ce doux regard, elle le connaissait. Cette façon de tout murmurer en pensées, rien qu'en plongeant ces beaux iris dans les siens lui était familière. Ce demi sourire de compassion et d'amusement. Cette Aura toute entière ... la réincarnation était elle possible? Elle serait prête à y croire, juste pour se persuader que c'était lui ... Nouveaux clignement de paupière. Turquoise émeraude, turquoise émraude, de plus en plus rapidement. Le chat blanc miaula, doucement, tout bas. Un miaulement infiniment triste. Etait ce réellement possible ... ? Etait ce juste envisageable? Ou se laissait elle sombrer dans la pire des folies pour croire en son retour? Elle retira sa main, le visage fermé. Ce n'était qu'un chat. Avec de magnifiques yeux, un pelage plus doux que tout, un miaulement très touchant, un chat. Elle avait pourtant envie de le prendre dans ses bras, de le presser contre elle, de lui rendre toute cette tendresse qu'il lui rappellait. Mais elle ne voulait pas le faire fuir. Pas lui. Elle en détacha lentement son regard, regarda autour d'elle. Un vent frais agitait ses cheveux, caressait son visage pâle. Tout était si beau ... et si mort. Si silencieux. La tristesse dans la beauté. Et encore ... ! Quand on s'imaginait ce que cachait cette terre fertile ... l'engrais de ces belles roses rouges ... elle étouffa un rire nerveux. Voilà qu'elle devenait morbide. Ah oui, c'est vrai ... elle était méchante, à présent. Une nouvelle sorcière de conte. Un nouvel élément noir en ce monde. Une nouvelle crainte dans toute cette terreur. Son rire se transforma en long soupir. Peut être était ce sa voie, peut être pas. Elle avait le choix ... ou pas. Mais que ferait elle à part s'abandonner? Retourner chez les Aurors, sans lui ? Il valait mieux oublier son ancienne vie. Tout recommencer . Du mauvais côté ... et alors? peut être n'y avait il pas de bon et de mauvais côté. Elle se souvenait encore des vieilles leçons de son mangemort de père.
" On est tous gris, Alice. Pas noir ou blanc ; gris. Alors dis moi, ou est ce que tu vois encore le bien et le mal? On suit notre voie. C'est tout."
Elle l'avait vu, elle, le mal. Elle s'était rebellée. Et voilà qu'elle revenait. Lui faudrait réapprendre les vieilles leçons? Et désapprendre tout ce qu'elle avait vécu? Oui, décida t'elle. Car c'était trop de douleur. Altis était le bien pour elle. Il était mort. IL n'y avait plus de bien . C'était d'une grande logique.
Son regard replongea dans celui du chat nacré. Ses lèvres tremblèrent.

Alice ~ N'est ce pas?

Elle se racla la gorge. Sa voix lui paraissait lointaine et étouffée. Poser cette question ne l'avait pas soulagé. Le silence du chat lui pesait. Son regard n'avait aucunement changé, il la fixait toujours avec la même tranquillité, l'air attentif. Comme si il attendait. Quoi? Ce qui devait venir. Que devait elle lui dire? Que devait elle lui dire pour qu'il daigne enfin lui répondre, la réconforter? Alice eut soudain une forte envie de le chasser, de lui crier de disparaître. Pourquoi ce silence? Pourquoi personne ne venait lui dire qu'elle avait raison, qu'il fallait faire ainsi? Une boule dure comme son chagrin se forma dans sa gorge. Les larmes lui montèrent aux yeux. ° Foutu chat ...° Pensa t'elle avec amertume. Il venait sans doute la torturer, la punir. Lui rappeller ce doux regard, et faire remonter toutes les douleurs passées. Juste pour la faire souffrir. Tout à coup, Alice se crispa. Juste derrière elle, à quelques mètres, quelqu'un venait de fouler le sol, faisant craquer quelques feuilles mortes. Un humain. Un humain, et elle était dans un tel état ... Elle essuya l'humidité sur sa joue, et avec son index, repositionna les quelques boucles qui barraient son visage. Elle allait se retourner, quand le chat frémit, descendit souplement de la tombe et fila entre les ronces, telle une ombre. Alice regarda le point ou il avait disparut pendant quelques secondes, avec l'impression qu'un vent glacé soufflait sur son coeur. Etait ce du soulagement ... ou de la tristesse?

* Sonatine * ~ Désolée d’avoir fait fuir le chat mademoiselle .. Mais je ne pouvais me retenir de vous dire combien le rose de vos cheveux était aussi beau qu’un pétale de lys.

Alice se tourna enfin enfin vers l'inconnue. Une brise plus forte que les autre fit voler ses cheveux rosés à ce moment même, comme pour souligner ces paroles. Sans paraître surprise, la jeune fille laissa couler quelques secondes de silence, détaillant la jeune fille de son regard effacé. Cette dernière souriant, d'un doux sourire souligné par de beaux yeux couleur océan. Sur son corps aux courbes finement dessinées tombait une robe blanche contrastant avec sa longue cape noire, et ses cheveux ébène. Immédiatement, Alice songea à Blanche neige. Elle remarqua alors la fleur de lys déliatement serrée par les longs doigts de la jeune fille. Elle eut un imperceptible sourire, avant de répondre doucement :

Alice ~ Mes cheveux n'égalent pas vos yeux, dit elle avec un sourire. Ne vous inquiètez pas pour ce chat ... il était temps qu'il parte.

Ajouta t'elle, l'air vague. Oui, elle souhaitait qu'il parte ... qu'il parte enfin, avec son regard scrutateur, qui remuait tant de choses. Elle préférait le regard de la belle inconnue, si bleu, si mystérieux. Un regard de poète, se dit elle. Elle avait faillit rire en entendant ses paroles ; avant, on lui avait accordé tant de surnoms! Qu'elle ne méritait sans doute pas, d'ailleurs. L'humeur d'Alice se faisait changeante : elle passait de la l'amusement à la tristesse la plus sombre. Mais son regard restait figé, son sourire fermé. Une seule personne pouvait y déceler de la joie ou de l'amour. Cette personne n'était plus. Mais ... qui sait?