Alone and so peaceful untill...? [PV]

Une douce mélodie écossaise, lui rappelant ses souvenirs d'enfance, émanait de la petite boite rose pâle que la jeune femme tenait entre les mains. Chaque fois qu'elle ouvrait la boite à musique, cette chanson si mélancolique, et à la fois si rassurante venait lui enivrer les sens, et Satine replongeait dans ses souvenirs. Une maison à Londres, sa grand-mère qui reprochait à la jeune Satine de n'être jamais à la maison, car toujours dehors avec ses amis moldus. Et de temps en temps....son père, le week end, quelques jours par mois. C'est par un jour d'automne qu'il lui offrit cette boite à musique, et il semblait ravi des yeux écarquillés que faisaient sa fille lorsqu'elle découvrit la petite danseuse, vêtue à la moldue de ce qu'ils appelaient un "tutu", danser sur des airs écossais. Pourquoi un tel présent? La jeune Satine avait regardé son père, interloquée, lui qui n'avait jamais aimé les moldus...En guise de réponse, il lui avait simplement sourit, peut être était-ce sa manière à lui de dire qu'il était désolé. Désolé de toutes ses tensions entre eux, désolé de ne pas être suffisamment présent.

Satine referma doucement le couvercle, et la musique ne se fit plus entendre. Avec une certaine mélancolie dans les yeux, elle demanda alors doucement à l'agent situé derrière le bureau :

-Pourriez vous me l'emballer? Il me semble fragile...

La jeune femme sortit alors de l'Agence de poste des hiboux, qui se situait à Pré-au-Lard, le paquet contre sa poitrine. Ainsi, c'était ça qu'il voulait lui envoyer, sa boite à musique....Il l'avait gardé tout ce temps. Son père avait en effet mentionné dans une de ses lettres récentes, qu'il lui renverrait quelque chose d'important, jugeant plus adéquat de les envoyer via Pré-au-Lard plutôt que par Poudlard. En effet les allées et venues des hiboux étaient très surveillés, et une simple boite à musique moldue aurait suffit à éveiller des soupçons injustifiés. Sans doute avait-il gardé sa boite à musique à son manoir en Ecosse, là bas dans sa vraie famille dont Satine ne connaissait rien.

Cependant, pourquoi lui renvoyer ceci? Ce n'était qu'une boite à musique rien d'autre. Certes elle avait une valeur particulière aux yeux de Satine, c'était là l'un des seuls présents offerts par son père qui l'avait le plus touché. Avec cette boite, il lui avait également gracieusement offert une clé, montée en pendentif, qui elle seule pouvait ouvrir la boite.
"Une clé unique pour ouvrir ton passé. Elle possède une jumelle cependant, si tu daignes partir à sa recherche" Voici les seuls mots joints à la boite de musique, que son père avait écrit avec soin sur un parchemin. Satine, en lisant et relisant cette lettre d'une main, tenant son paquet sous le bras, s'arrêta alors près d'une vitrine afin de contempler son reflet qui portait encore et toujours, la petite clé autour du cou, depuis qu'elle était enfant. Que voulait-il dire?

La jeune femme reprit son chemin, en direction de Poudlard. Elle aurait très bien pu transplaner jusqu'aux portes du chateau, mais Satine aimait particulièrement flâner avec toutes ses douces rêveries en tête. Toujours à la recherche de cette étrange signification, elle arriva enfin aux abords du chateau, traversant l'immense parc. La nuit commençait à tomber doucement, quelques rayons du soleil semblaient briller doucement aux abords du lac, tandis que la fraicheur de l'automne commençait à s'installer. Satine, comme à son habitude, évita la grande étenue d'eau, en empruntant la colline qui la surplombait. Ainsi elle pouvait couper par le parc d'une manière rapide, sans trop s'approcher du lac, dont Satine avait une peur bleue. Toujours dans ses pensées, lisant et relisant la lettre qui s'en retrouvait froissée, Satine eut un moment d'inattention, laissant alors tomber son précieux paquet de sous son bras. Sous ses yeux appréhensifs, il roula jusqu'au bas de la colline, en direction du lac.

-Oh non...il le fallait évidemment...

La jeune femme resta quelques temps debout, à chercher du regard ce qu'elle venait de faire distraitement tombé, espérant qu'elle n'aurait pas à trop s'approcher des abords du lac. Finalement Satine se décida à descendre la pente abrupte qui menait à l'étendue d'eau, toujours à la recherche de son précieux paquet. Arrivée en bas avec précaution, elle s'avança vers le lac, très doucement, jetant des regards paniqués sur les eaux calmes du lac. Il n'était nulle part....Et il était hors de question que Satine ne s'avance encore plus près. Se trouver ne serait-ce qu'à trois mètres du bord constituait en soi un exploit pour la jeune femme. Soudain un petit raclement de gorge se fit entendre, et Satine se tourna alors vers une silhouette qui se dessinait au fur et à mesure qu'elle s'avançait vers elle.

Une jeune homme aux cheveux blonds et fins, grand et paraissant sûr de lui, s'avança vers Satine , le paquet à la main. Celle-ci lui sourit alors et poussa un soupir de soulagment lorsqu'elle le vit, lui jetant à la fois un regard presqu'interrogateur. Le jeune homme avait en effet des traits fins tout comme Satine, et un visage familier...Elle s'avnaça alors vers lui et lui dit de sa voix douce :

-Ah merci, c'est à moi...Je l'ai fait tombé, et j'ai cru qu'il s'était retrouvé dans le lac. Et c'est que j'y tiens beaucoup, dit-elle dans un léger sourire.

Satine regarda le jeune Raven en face d'elle avec un regard qui se voulait ferme, mais il adoucit si vite qu'elle en oubliait pourquoi elle s'était emportée cette fois. La jeune femme resta debout à contempler son jeune élève, à vrai dire la scène paraissait peu inhabituelle. Tous deux au bord de l'eau, dans la pénombre qui s'installait, laissant le vent souffler dans leurs cheveux, ils semblaient se contempler l'un l'autre. Rien, aucune pensée ne vint en ce moment à l'esprit de Satine, comme si le temps était resté figé. Soudain la voix de Raven la sortit de sa torpeur. Résigné mais hésitant, il leva alors un pendentif qu'il tenait dans la main, dont une petite clé brillait aux derniers rayons du soleil. Satine sur le moment ne sut que dire, et se contenta de regarder ce que Raven avait dans la main, surprise, bien que son visage semblait demeurer impassible.
La jeune femme ne répondit pas de suite, et se contenta de baisser les yeux sur sa propre clé, celle qu'elle avait dans la main. Satine la referma doucement sur son pendentif, avant de lever les yeux vers Raven.

-Sa jumelle... dit-elle à voix basse. Où l'as-tu eue?

Cette fois-ci, Satine ne le vouvoyait plus, trop plongée dans cette sorte de dimension irréelle, impalpable. Raven s'appelait McConnor, et le vrai nom de famille de Satine était bel et bien celui-ci. La jeune femme posa une main sur son ventre,afin d'assimiler le choc. En une seconde, elle comprit...Elle comprit qu'elle avait en face d'elle un membre de sa famille....Son demi-frère? Après tout Angus n'avait jamais caché à Satine sa double vie. La jeune femme savait pertinemment qu'elle avait sans doute des frères et soeurs, mais jamais elle ne s'y était interessée, plus indifférente qu'autre chose. Mais pourquoi Raven avait-il cette clé? Tout de même il n'était que son demi-frère, ou son cousin , ou autre.

-Ton père s'appelle Angus, n'est-ce pas?

Avant même d'avoir la réponse de Raven, Satine se retourna, et alla s'assoir au bord de l'eau. Sa phobie s'était à présent envolée au profit du choc de cette rencontre. Pourtant elle avait été si indifférente à la double vie de son père, depuis toute petite. Peut-être qu'elle n'avait pas envie de rencontrer ceux qui avaient partagé la vie de son père, Satine ne le voyait que quelques jours par mois, pourquoi Raven lui, avait été privilégié? Du moins c'est ce que Satine pensait....De plus elle n'avait pas toujours été très proche de son père , mais tout de même. Le regard légèrement en biais, faisant dos au jeune Serpentard, elle rajouta :

-Est-ce qu'il était souvent présent? Tu vis en Ecosse n'est-ce pas?

La jeune fille posa alors la boite à ses côtés, et contempla de nouveau la clé qu'elle tenait dans la main. Est-ce qu'elle faisait fausse route? Non, c'était là sa jumelle, et Satine tout autant que Raven en avait conscience.

|| Sa soeur, Raven sentait que sa tête allait exploser, non content d'avoir trouvé une demi-soeur, il avait une soeur maintenant, la tête lui en tournait, il s'assit, encore sous le choc de ce qu'il venait d'apprendre. Le monde s'écroulait autour de lui, il avait toujours été si sûr d'être le seul descendant des McConnor et maintenant il apprenait qu'il n'était pas le seul. Il n'était pas faché, enfin si, il l'était, contre son père qui lui avait caché la vérité pendant tant d'années, mais une joie immense l'envahissait aussi : il avait une soeur ! Il n'était pas seul ! Il n'était PLUS seul. Maintenant il comprenait qu'elle était la petite fille de son flash, c'était Satine, qu'il avait du voir juste avant leur séparation. ||

"Ta petite fille ? Mais elle vient de dire que père avait eu une relation extra-conjuguale avec cette femme."

"Encore une fois, Raven, tu as à moitié raison, tout comme Satine."

|| Le vieillard se tourna vers la jeune femme, il lui sourit tendremment, en la contemplant ainsi pendant quelques instants, avec le visage émerveillé de quelqu'un qui retrouve une personne proche après des dizaines d'années. ||

"Tu ressembles tellement à ta mère, Satine."

|| Il se reprit et déclara après un soupire. ||

"Lëtalia était ma fille, je l'ai tendremment aimé et ce même lorsque nous ne nous parlions plus. Elle avait rencontré votre père, Angus, et en était tombé follement amoureuse, elle m'avait annoncé qu'elle attendait un enfant de lui, en l'occurence toi, Satine, mais je connaissais cet homme, je savais qu'il était marrié et nos deux familles avaient longtemps été rivales, nous nous sommes disputés et elle a décidé de rompre tout lien de parentée avec moi et décida de prendre le nom de famille de sa mère : Desnotres. Quelques mois plus tard, tu naissais, Satine, j'eu le droit de te voir, le jour de ton baptême, puis je n'entendis plus parler d'Angus ni de Lëtalia, jusqu'à 4 ans après ta naissance. Je ne sais pas pourquoi, mais ma fille a voulu m'annoncer la nouvelle de la naissance de Raven, sûrement car il était mon seul petit-fils, j'eu aussi le droit de le voir, puis je ne revis plus jamais Lëtalia, en effet, elle mourut lorsque tu avais 1 ans, Raven."

|| Il s'asseya sur un banc et soupira à nouveau, puis repris. ||

"Lorsque je l'ai apprit, tout s'est effondré autour de moi, je croyais que jamais je n'allait m'en remettre, c'est alors que je reçus une lettre. Une lettre de Lëtalia qu'elle avait voulu m'envoyer quelques jours avant sa mort, étant en Irlande, le hiboux ne me parvint quelques jours après l'annonce du décès de votre mère par l'ambassade Anglaise. Je lu la lettre et la tristesse s'empara encore plus grandement de moi, à ce moment-là je pensais mettre fin à mes jours, ma fille voulait reprendre contact avec moi, oublier le passé, je ne sais pas pourquoi ce brusque retournemment de situation, et je ne le saurais sans doute jamais, mais il était trop tard. Je ne mit finalement pas fin à mes jours car quelque chose me maintint en vie : je devais m'occuper de vous au nom de ma fille. Angus avait décidé de vous séparer et je ne pu lui faire changer d'avis, mais, après de longues négocitations, j'eu le droit de voir Raven de temps en temps, alors qu'il m'était interdit de voir Satine, pourquoi ? Je ne le sais pas encore aujourd'hui."

|| Raven avait écouté toute l'histoire avec attention, ainsi c'était son père qui avait décidé de les séparer, lui et Satine. Une colère sans nom s'empara de lui et il frappa rageusement le sol du poing, des larmes coulant sur ses joues. ||

"Je le tuerai, un jour je le tuerai, POURQUOI ?! POURQUOI A-T-IL FAIT CA ?!!!!!"

"Calme-toi, Raven. Hurler ne changera rien. J'imagine qu'il vous a séparé entre autre à cause de l'immense ressemblance de Satine avec sa mère, qui réveillait en lui une immense tristesse, et il avait aussi besoin d'un héritier, quelqu'un qu'il pourrait former, et qui reprendrait le flambeau si il lui arrivait quelque chose, toi, Raven. Il m'a sûrement interdit de revoir Satine de peur que je veuille vous réunir, toi et elle, j'avais le droit de te voir, car ton père pouvais toujours tenir un oeil sur mes faits et gestes et donc il m'était impossible de vous réunir. Si aujourd'hui il a décidé de vous réunir, c'est, entre autre, parce que j'ai mis une énorme pression sur lui, pourquoi il a choisi ce jour ? Car c'est l'anniversaire de mort de votre mère, tout à une symbolique pour lui."

« Ca ne m’étonne pas de sa part, le mensonge, voilà tout ce qu’il sait faire, ah non, j’oubliais, il sait séparer ses enfants, en aimer une, tout en la tenant comme responsable de la mort de celle qu’il aimait, et battre l’autre simplement pour en faire son héritier, voilà tout ce dont il est capable. Mais je te jure que tout ça sera bientôt fini, il ne nous séparera plus, et plus jamais il ne me battra…oh non, plus jamais, je ne te demande pas de te retourner contre lui, mais de me laisser faire ce que j’ai à faire. »

« Me laisser faire ce que j’ai à faire, Raven ? »

|| Le regard et la position de Raven se figèrent, comment avait-il osé ? Comment avait-il pu porter l’affront si loin jusqu’à venir en personne le narguer en ce moment précis ? De quel droit ? Raven resta dans cette position, bien que la main plongée dans la poche de son jeans. ||

« Tu dois sûrement bien t’en douter, père ? »

|| Car effectivement, la personne qui venait de faire son apparition était Angus McConnor, Lord d’Edinburgh en personne. ||

« Alors comme ça, tu es décidé à m’éliminer, Raven, bien, encore faut-il que tu en sois capable, surtout devant ta sœur. »

« Touches la une seule fois, prononce son nom encore une fois ou essaye de faire le père aimant avec elle et je te tue. »

|| Angus éclata de rire, ne prenant pas au sérieux les menaces de son fils, ou plutôt si, il les prenait très au sérieux, mais contrer son propre fils ne poserait pas trop de problème, il n’avait pas encore le niveau. ||

« Oh, Raven, tu es cruel avec ton vieux père, pourquoi ne pas le laisser dire au moins bonjour à sa fille et la serrer dans ses bras ? »

|| Il se détourna alors de son fils, sans oublier de lui accorder un sourire sarcastique et moqueur, puis se retourna vers Satine, s’approchant doucement d’elle, la prenant dans ses bras et déposant un baiser sur sa joue. ||

« Satine, cela fait tellement longtemps qu’on ne s’est plus vu, tu ressembles de plus en plus à ta mère. »

|| Ce fût trop pour Raven, il l’avait bien prévenu de ne pas essayer d’approcher sa sœur, mais le fait qu’il la compare à sa mère qu’il n’avait jamais connu le rendait fou de rage, il pointa sa baguette sur son père et, à l’aide d’un sortilège informulé, projeta, tout en suivant la trajectoire voulue de sa baguette, son père contre un arbre sur la droite de Satine. ||

« Raven ! »

« Tais-toi grand-père, je sais ce que je fais, je l’avais prévenu. »

|| Le grand-père n’émit aucune autre objection tandis qu’Angus se relevait doucement, encore secoué par le choc, il se dressa alors et observa son fils, tout en souriant, puis éclata de rire. ||

« Alala, Raven, quand cesseras-tu de croire que tu puisses, un jour, battre ton père ? Tu es encore très loin de ton but, ce n’est pas en m’attaquant en traître que tu seras satisfait après avoir accomplis ton acte. De plus, crois-tu vraiment que tu puisses me battre alors que quelqu’un d’autre a réussi à t’infliger cette cicatrice sur la joue ?. »

|| Dit-il avec un sourire bienveillant et, sans crier gare, il désarma Raven et le fit flotter en l’air tout en l’étranglant d’un sort adéquat. Il s’approcha doucement de son fils, sa voix à présent loin d’être aussi bienveillante que tout à l’heure. ||

« Pauvre fou, réessaye ce petit tour encore une fois, et cette fois-ci, ce ne sera pas un arbre que tu rencontreras, tout ce que tu as vécu jusqu’à présent n’est encore qu’un petit avant-goût. »

|| Il relâcha son fils au pied d’un arbre et lui jeta sa baguette. ||

« Bien, bien, bien, où en étions-nous ? Ah oui, vous vous êtes donc trouvés ! J’étais sûr que vous y arriveriez. »

"-Ca ne m’étonne pas de sa part, le mensonge, voilà tout ce qu’il sait faire, ah non, j’oubliais, il sait séparer ses enfants"

Sa voix, si lointaine et pourtant si proche, lui parvenait jusqu'à son esprit alors que tout ce qu'elle désirat, c'était de ne pas saisir ces paroles au vol. Ces mots, ce qu'il lui disait sonnaient le glas des reproches, du moins pour Satine ils l'étaient, et cela elle ne pouvait le supporter. Que reprochait Raven? Que Satine ne voit pas ce qui se passait sous ses yeux, ou bien en voulait-il après ce père impulsif et imprevisible, voire cruel? Peut-être bien les deux, mais la jeune femme ne voulait pas entendre ses paroles....Il ne pouvait donc pas se taire? Il lui embrouillait l'esprit, Satine ne savait plus quoi penser. Ne pas réfléchir, ne pas réfléchir, laisser ses instincts la guider, ses sentiments...Et ils étaient clairs...Elle ne connaissait pas Raven, il avait beau être son frère, la nouvelle qu'elle venait d'apprendre n'était pas encore chose concrète pour elle, Satine ne réalisait pas...C'était impossible...Tout son enfance, elle avait grandie seule, elle était fille unique, elle l'était...Pourtant Satine ne se retourna pas, son regard bleu clair plongea dans le lac, comme si elle tentait d'y noyer son âme dans ces profondeurs froides et obscures...Si elle y noyait son âme, elle y noierait toutes ces questions que Raven lui soulevait, et tout ces souvenirs.
Son père avait-il toujours été bon? Non, certainement pas...Mais pourquoi ce ressentiment, cette méfiance envers Raven...Et ce vieillard, elle ne le connaissait même pas. Les paroles de son frère la troublèrent quelque peu, Satine ne comprenait d'ailleurs pas cet instinct protecteur qu'il pouvait avoir vis à vis d'elle. "Il ne nous séparera plus"....Mais Satine ne comprenait pas, elle ne connaissait pas Raven, dans sa vie un seul homme avait pu compter à ses yeux : son père. Malgré les menaces, les conflits, le harcèlement moral, il ne lui restait que lui...Que lui, car sinon elle était seule. Sans doute qu'Angus l'avait saisi, et ainsi jouait du manque de confiance de son unique fille pour se rapprocher d'elle voire la manipuler. Dans un murmure à peine audible mais qui cependant brisa le silence survenu après les paroles de Raven, Satine rétorqua d'une voix faible :

-Allez vous-en...

Mais une voix familière se fit entendre. Sûre d'elle, glacée, fière et hautaine comme la personne qui avait prononcé ces paroles : "Me laisser faire ce que j’ai à faire, Raven ? " Son père était ici...Impossible, il avait donc tout calculé? Satine se retourna vivement, et une fois la surprise passée elle se rendit compte que finalement ce n'était pas si surprenant. Angus avait l'art et la manière de tout planifier, de jouer également ses entrées tel un acteur devant lequel s'ouvrait le rideau rouge. La jeune femme suivit la conversation entre les deux hommes, sentant la tension s'installer. La rage de Raven se lisait sur son visage et s'entendait dans sa voix ferme, mais le calme d'Angus était de loin le plus dominant. Cependant Satine ne dit rien, quelque peu appréhensive pour la suite des évènements. Puis son père se dirigea vers elle, et dans un réflexe non justifié Satine fit un léger pas en arrière, c'était à vrai dire une habitude dont elle n'avait pas la réponse. La jeune femme accueillit l'accolade dans un sourire, apaisée et apaisante, elle tenta de transmettre la sérénité soudaine qu'elle avait en elle à son père, consciente que son caractère impulsif pouvait l'amener à pointer sa baguette contre Raven.

-Oui ça faisait longtemps, dit-elle alors que son père lui passa d'un geste tendre sa main dans ses cheveux. La dernière fois tu étais avec Alarig au manoir, paix à son âme...

Satine tenta de ne pas se montrer ironique,elle, la meurtrière. Celle qui avait ôté la vie à Alarig, l'ami de son père. Elle aurait aimé dire "papa", mais aucun son ne sortit de sa bouche. Etant enfant Satine l'appelait même par son prénom, mais au fil du temps les liens s'étaient ressérés. Soudain un sortilège percuta de plein fouet Angus, qui s'affala douloureusement contre un arbre. Dans un réflexe Satine se précipita vers lui et se pencha à ses côtés, posant une main sur le front de son père. Son regard qui se fit noir soudain se posa sur Raven, et elle rétorqua avec fermeté :

-Ca ne va pas non?

Angus dégagea d'un geste sec la main de Satine, il n'avait jamais apprécié être assisté, ou que l'on s'inquiète de son état de santé. Satine se releva alors sans un mot, et sentit le duel s'annoncer. La jeune femme rattrapa son père par le bras, tentant de le calmer.

-Papa...

Mais cette fois-ci le geste d'Angus se fit plus brusque, manquant presque de faire heurer Satine contre l'arbre. Cependant elle ne dit rien, aucune remarque...ce qui était loin d'être inhérent à son caractère...Elle qui d'habitude faisait tout pour préserver sa fierté, se pliait aux exigences impulsives de son paternel. Elle ne savait pas comment arrêter ce massacre, fallait-il s'interposer? Satine lança un regard inquiet au vieillard qui lui fit signe de ne pas bouger, mais lorsque Angus se montra violent au point d'étrangler quasiment Raven, elle n'hésita pas à avancer à pas rapide droit devant elle....passant aux côtés de son père le heurtant au passage, et s'agenouillant auprès de Raven cette fois. son instinct avait-il fait son choix? Satine leva les yeux vers Angus, et ses ressentiments remontèrent peu à peu. Comme avant, la flamme qui animait sa colère lorsqu'elle se trouvait face à son père se ralluma, et ce fut cette fois à son paternel qu'elle lança un regard noir.

-Si ton but était que l'on se retrouve, ne le torture pas inutilement, c'est complètement idiot!

Complètement idiot...oui ça l'était, mais pourquoi avait-elle dit ça à son père, lui qui n'acceptait aucune critique? Cependant Satine soutint son regard, elle n'avait pas peur, il le savait. D'ailleurs le rictus de son père se transforma en un sourire ironique, tandis qu'il rangeait sa baguette dans sa poche.

-Satine, Satine....Je vois que tes ressentiments envers moi reprennent le dessus...Quelques secondes avec ton frère et ton envie de rébellion revient au galop....Tu vois donc bien que vous séparer n'était pas dans le but de vous faire du mal, mais de mieux vous éduquer...Quoique j'avoue que tu n'étais pas évidente à prendre en main. As-tu toujours cet amour pour les moldus, traitresse à ton sang?

SAtine secoua la tête, son regard inquiet se posant sur Raven. Ce que lui disait son père, elle l'avait maintes et maintes fois entendus. "Traitresse à ton sang", "ignorante", "incapable"....Quelques mots pour lui rappeler que Satine n'avait pas le droit de penser différemment de son père. Mais elle ne s'en souciait guère, elle avait appris à passer outre, et à aimer un père qui pouvait se faire aussi aimant et tendre que rabaissant et imprévisible. La jeune fille ne daigna pas lui répondre, ce fut pour Raven que furent ses seules paroles :

-Hé...ça va aller...?

Elle aurait pu lui exiger de partir, après tout elle en avait les droits. Mais c'était inutile, Angus reviendrait, jusqu'à ce qu'il avait à faire soit exécuté. A vrai dire elle ignorait ce qu'il désirait exactement, mais Satine ne s'y attarda pas. Elle chercha les éventuelles blessures provoquées lors du combat, mais apparement Raven s'en était miraculeusement sortit indemme, du moins extérieurement. Car sa respiration saccadée prouvait que le jeune garçon avait tout de même du mal à reprendre son souffle.

|| La rencontre entre Satine et Angus avait enragé Raven, il ne supportait pas de voir son père traiter sa sœur ainsi, alors que tout cela n’était, en somme toute, que de l’hypocrisie pure et simple, de plus, et chose qui le mit encore plus en colère qu’il ne l’était déjà, sa sœur semblait protéger leur père, lui demandant, avec un regard empli de haine et de rancœur, si il pensait aller bien. Raven resta bouche-bée de la réplique de sa sœur, il ne s’était pas attendu à cela, surtout qu’elle avait remarqué, tout comme lui, que ses agissements étaient entièrement calculés. Elle tenta d’aller réconforter son père, mais celui-ci la repoussa violemment, manquant de l’assommer contre un arbre non loin derrière, il ne prit pas garde à ce qu’il avait fait et se dirigea vers Raven pour lui donner la correction qu’il méritai, mais, cette fois-ci et contre toute attente, Satine s’interposa entre Angus et son fils, répliquant à son père que, si le but était de réunir Satine et Raven, il était idiot de torturer l’un des deux. ||

|| La réponse du paternel ne se fit pas attendre et elle n’était pas des plus tendre envers sa fille unique, la traitant de traîtresse à son sang, mais elle sembla l’ignorer, reportant toute son attention sur Raven, qui avait du mal à respirer, lui demandant si ça allait aller. ||

« Oui..je pense que ça ira. »

|| Répondit faiblement le Serpentard, la voix entre-coupée de quinte de toux. Il essaya, difficilement, de se relever et de faire face à son père, mais du s’appuyer contre l’arbre derrière lui pour pouvoir y parvenir. ||

« Allons, allons Raven, ne va pas te rendre plus ridicule que tu ne l’es déjà, tu tiens à peine sur tes deux jambes et tu veux encore défier ton père ? C’est complètement absurde. »

|| Il se tourna vers sa fille. ||

« À moins que sa sœur veuille prendre le relais ? »

« Personne ne prendra le relais, Angus. Si tu leur disait plutôt la vraie raison qui t’as poussé à les réunir ? Hum ? Combien ? »

« Combien ? Mais, de quoi parle-t-il ? »

|| Demanda le Serpentard, encore prit de quintes de toux, tout en fixant son père d’un œil soupçonneux. ||

« Tout, Fergus, tout. »

« Tout ? Mais de quoi parlez-vous à la fin ?! »

« D.. »

« Du testament de ta mère, Raven, ne savais-tu pas ? Il y a une close dans ce document qui dit que, si je veux pouvoir prendre possession de toute sa fortune, je devais vous réunir, je ne l’ai remarqué qu’il y a peu de temps, la pauvre devait sans doute penser que vous voir ensemble valait plus que tout ce qu’elle possédait. »

« Et ça le vaut largement, Angus. »

|| Alors tout cela n’était qu’une affaire d’argent ? Angus ne cherchait-il qu’a s’approprier les biens de sa défunte bien-aimée ? Et qu’aurait-il donc fait si il n’avait pas découvert cette close ? Sûrement rien et Raven n’aurait jamais revu sa sœur. ||

*Merci maman. *

« Espèce de pourriture, tu nous as réuni juste pour de l’argent ? C’est tout ce qu’on vaut à tes yeux ? Des pièces ? »

« Humm..à vrai dire….oui, c’est tout. »

|| Aucune réponse de la part de Raven, simplement un regard lourd de sens et un regard pétillant de Fergus, leur grand-père, qui les observait. ||

Pas de paroles, seulement des regards inquiets, c'était tout ce que Satine pouvait faire. Ou peut-être un geste tendre...Non, elle n'y arrivait pas...Mince comment faisait sa mère, leur mère, pour être aussi affectueuse? Satine avait beau avoir une surprenante ressemblance avec elle, elle avait malheureusement hérité bien plus du caractère de son père. Bref elle ne savait comment porter son inquiétude et sa compassion pour Raven, lui le parfait inconnu il y avait de cela à peine une heure. Puis il essaya de se relever, et Satine reconnut bien là le trait de caractère inhérent à leur famille : la fierté. Même blessé, il tentait de se relever. Et dire que Satine avait connu la même chose, lors de son combat contre Antigone...Cette envie de ne pas paraître faible, d'y laisser sa santé s'il le fallait, mais de préserver sa fierté. Sa vie pour son honneur...Mais quoi? Fallait-il qu'elle s'énerve pour que tout cesse? La jeune femme comença à sentir la colère monter en elle, la même qu'elle avait pu éprouver face à son père lorsqu'elle était adolescente, celle qui la poussait à froidement lui recommander d'aller au diable, lui et ses acolytes mangemorts. Satine leva les yeux vers son père, avec un regard noir fulminant de rage. Et pourtant elle avait l'air si calme...Pouvait-on la prendre au sérieux ainsi? ll valait mieux, car Satine eut soudain l'irrésistible envie de se saisir de sa baguette, mais sa soudaine raison lui conseilla de ne rien faire. Et pourtant, une envie de meurtre, une envie de tout lui faire payer, tout...Mais elle ne fit rien, Angus n'avait pas été mangemort pour rien. Pourquoi était-il si paradoxal? Pouvait-on aimer ses enfants et les traiter ainsi? Et pourquoi Satine revenait-elle vers lui...? Etait-ce vrai que le chien revenait toujours vers la main qui le battait? Soudain les paroles du paternel arrivèrent tel un écho dans l'esprit de Satine, cette fois-ci elle ne pouvait plus l'ignorer...Un défi....Mais peu importe de qui il venait, quand et en quel lieu, la jeune fille les relevait toujours, quitte à y perdre beaucoup. Elle se leva calmement, épousseta sa robe et ramena ses cheveux en arrière. Gardant un sang froid extrême, elle répliqua à voix basse mais ferme, ses yeux bleu glacials soutenant ceux de son père.

-Quoi tu me provoques Angus?

Mais jamais, jamais il ne lui avait tenu telle parole. Jamais il ne l'avait provoquée en duel, son père se contentait de s'occuper d'elle par des paroles blessantes. Mais qu'est-ce qui lui prenait? Derrière cette façade sereine se cachait une angoisse montante, une âme tourmentée. Non elle ne comprenait plus...Il était si aimant, et si....détestable. Mais c'était son père...

*Oui, celui là même que tu as haïs toute ton adolescence*

Satine fulminait de rage, mais seuls ses poings fermés venaient trahir sa colère. Seulement en présence de son père, la jeune femme n'était pas elle même. Cela aurait fait longtemps qu'elle aurait sorti une remarque cinglante, ou se serait montrée provoquante, mais avec son père, elle ne pouvait tout simplement pas...Puis une voix....lointaine tout d'abord, qui se fit plus proche d'elle...Satine se calma soudain lorsque la voix de Fergus résonna faiblement. "Personne ne prendra le relais, Angus"...Puis ils se mirent à déblatérer, sur elle ne savait quelle raison qui avait du pousser leur paternel à les réunir...Raven ne semblait pas comprendre également....Angus et son père semblaient se plonger dans une conversation dont le frère et la soeur avait perdu le cours....Et Satine pendant ce temps, perdait le controle de la situation. Non elle ne le perdait pas, depuis le début elle ne contrôlait rien, chose qu'elle avait en horreur. Mais comme toujours lorsqu'elle était en compagnie de son père, Satine n'avait pas la situation en main.

-Mais arrêtez donc de déblatérer et venez-en au fait...

Miracle, Satine se retrouvait peu à peu. Pourtant son père était là, et la jeune femme n'avait pas hésité à se montrer ferme dans ses propos. ¨Puis le choc...Un héritage, une sombre histoire d'argent? "La pauvre"...C'était ainsi qu'il désignait leur mère à présent? Mais jamais il n'avait parlé d'elle ainsi jamais....Tout s'écroula pour Satine d'un seul coup, elle qui pensait que son père avait au moins aimé une personne, au moins une, s'apercevait qu'il ne respectait même pas la mémoire de leur mère. Sa gorge se noua quelque peu, et Satine sentit les larmes lui monter aux yeux...Mais non, elle ne pleurerait pas, pas devant lui, cela lui ferait trop plaisir.
Au loin le ciel commençait à se couvrir, peu à peu, les nuages sombres arrivant avec la pleine lune, tandis qu'un vent frais commença à se lever. Quelques gouttes d'eau commençèrent à tomber au sol, et bientot une pluie fine s'abattit sur Poudlard. Mince....le ciel pleurait lui aussi? Quelques éclairs éclatèrent au loin, tendit que la pluie tombait de plus en plus violemment. Mais elle s'en fichait, au moins ses larmes pouvaient se mêler aux gouttes d'eau ruisselent sur son visage.

-Mais jamais tu n'as parlé d'elle ainsi....

Leur mère avait sans doute tout prévu. Sans doute avait-elle deviné la suite des évènements, sans doute savait-elle que pour l'argent, Angus les aurait réunis. Lëtalia, leur ange....Satine posa un instant son regard sur Raven, tristement, avant de les relever sur leur père, d'un air presque apitoyé. Oui il faisait pitié, soudainement touché du pathos, pauvre de lui. Satine secoua doucement la tête, et peu à peu, ses souvenirs revinrent en elle. Cette haine pour lui, cette lettre qu'il avait envoyé à Satine pour qu'elle devienne cette marionnette au profit du conflit avec la famille Créon...A cause de lui, elle avait failli mourir, à cause de lui, elle avait failli tuer Antigone, à cause de lui elle n'avait jamais connu son frère. Destruction, fléau, il n'était que malheur dans sa vie, c'était lui qui venait tout lui détruire, tout lui reprendre. C'en était trop pour Satine, qui de toute sa rage pointa sa baguette sur son père, lui lançant un "Expelliarmus" informulé. Toute sa rage aidant, la puissance du sort de la jeune fille s'en trouva presque doublé, sans compter qu'Angus ne s'attendait pas pas à une telle réaction de la part de sa fille. Il fut de nouveau projeté contre l'arbre, mais cette fois-ci il ne se releva pas immédiatement, posant une main fébrile sur son front. Un rictus....Elle en était certaine, il avait sourit l'espace d'un instant....Et Satine savait pourquoi. Pour Angus, la fierté dans ses enfants passait d'abord dans leur faculté à attaquer autrui, dans leur puissance de sort et dans leur cruauté...Et dieu sait que Satine pouvait être cruelle. La jeune femme avait cotoyé nombre de mangemort, et avait été pris sous l'aile de Luna, mangemort réputée pour son sadisme.
Satine,sans attendre, se dirigea vers son père, la baguette à la main, tandis qu'un autre éclair tonnait dans l'atmosphère. Non cette fois-ci elle ne le laisserait pas agir à sa guise. Sans doute que Raven la prendrait pour une ignorante, il avait l'air de savoir à quoi s'en tenir en matière de duel avec son père, pas Satine...Et tandis que celle-ci passa près de son grand père, il tenta de la retenir par le bras, mais la jeune fille se dégagea d'un coup sec.

-Lâchez-moi !

Puis, encore, elle avança, à pas sûrs, les yeux fixés sur son père qui avait trouvé la force de s'adosser à l'arbre, debout. Mais l'ancien mangemort avait sûrement vécu pire, c'était ce qu'il tentait de faire comprendre à Satine tandis qu'elle s'avança vers lui. Percevant son faux air désabusé, la jeune femme lui dit alors une fois face lui, près, si près de son père, comme si elle tentait de régler les choses une fois pour toutes.

-Mais j'aurai pu te faire brûler vif comme un bois mort tandis que tu étais encore à terre. J'aurais pu changer les branches de cet arbres en pics ascérés pour te regarder agoniser....J'aurais pu...te faire payer pour Raven,et Antigone...

-Mais tu ne l'as pas fait, dit-il dans un sourire ironique.

C'en était trop pour la jeune femme qui alla pour pointer de nouveau sa baguette sur son père. Mais celui-ci était de loin plus rapide, il avait planifié la réaction de Satine, il connaissait d'avance l'effet que ses paroles auraient provoquées chez sa fille. Il la saisit d'une main par le cou, la soulevant telle un poids plume, et la plaqua avec violence contre l'arbre centenaire. Satine gémit de douleur sous le choc, tentant de haper l'air autant qu'elle le pouvait. Il était tout simplement en train de l'étrangler....La jeune femme lacha sa baguette à terre, ses ongles s'enfonçant dans les mains de son père. Celui qui lui avait donné la vie avait-il le droit de la lui ôter? Et Satine connaissait cette sensation, celle que l'on ressentait quand on se voyait partir...Une fois déjà on avait tenté de l'étrangler...Mais pas son père, pas lui...Bientot Satine ne trouvait plus la force de se débattre, ses frêles mains se relachèrent alors, elle ne comprenait plus...Puis soudain il la lacha, et Satine tomba à terre dans un bruit sec. Une main posée au sol, l'autre sur son cou meurtri, elle reprenait peu à peu sa respiration. Angus avait été percuté par un autre sort. Par Raven? Fergus? Satine posa une main sur son front, elle sentait sa tête tourner, et ne comprenait plus ce qui se passait, il lui fallait le temps de retrouver ses esprits. Puis elle ne sut pourquoi, d'ailleurs elle ne sut même pas si il entendit ses paroles, mais fébrilement quelques mots s'échapèrent de ses lèvres.

-Va-t-en, prends ton argent.....et laisse nous en paix...

L'oxygène qui lui manquait commençait doucement à revenir dans ses poumons. Quoi de plus désagréable que cette sensation de vide en soit, cette impression d'étouffer alors que son père était déjà à plusieurs mètres d'eux...D'abord haletante, Satine fit des efforts pour controler sa respiration, la faisant de moins en moins saccadée. Plus elle tentait de respirer le plus d'air possible, plus elle s'essouflait.

-Pas franchement agréable...

Un léger sourire aux lèvres, quelque peu ironique, c'était dans un murmure et une voix faible qu'elle arriva à sortir ces quelques mots. C'était sa façon à elle de montrer qu'elle allait bien, comme si rien d'anormal ne s'était produit, ou plutot une façon de cacher la faiblesse qu'elle avait en ce moment même. Un peu comme les enfants qui disent après une chute : "J'ai pas eu mal", alors que leurs yeux embués de larmes prouvent le contraire. Satine passa une main sur son cou encore endolori, reprenant doucement sa respiration. Elle aurait voulu remercier Raven et Fergus, mais les seuls mots qu'elle avait prononcé lui avait déjà couté plus d'énergie qu'elle ne l'aurait souhaité. En guise de remerciement, Satine se contenta de leur sourire et de hocher la tête sur les dires de Raven.

"Il ne nous dérangera plus"...Ils savaient tous deux que c'était faux, une façon de ne pas ouvrir les yeux. Leur père, en plus d'être doué en combat, était loin d'être mauvais dans l'art de la manipulation. Satine savait ce qu'il ferait une fois cette histoire passée...Il lui aurait envoyé un courrier par hibou, lui demandant des excuses, l'invitant à venir passer quelques jours dans la maison où elle avait grandit à Londres pour qu'elle se repose, osant peut être même mettre en post scriptum : "Je suis fier de toi ma fille"...Fière d'elle tout simplement parce que depuis la fin de ses études elle avait changée, parce qu'elle avait voulu se rapprocher de son père, et parce qu'en se retrouvant professeur à Poudlard elle était indirectement liée aux Mangemorts. Après tout Mikomi était loin d'être son ennemie, bien au contraire.

Voilà ce qu'il ferait, Satine en demeurait persuadée. Elle posa son regard sur son père gisant à quelques mètres d'eux, tandis qu'elle retrouvait pleinement ses forces. L'espace d'un instant, Satine sentit une douleur lui lancer à la hanche, une blessure du passé, ce qui lui valu de se pincer légèrement les lèvres, la tête baissée, comme pour tenter de cacher son calvaire. Puis elle soupira, reposant de nouveau son regard sur Angus, ignorant sa douleur passagère. Satine s'en sortirait sauve, puisque son père userait de tous les stratagèmes pour la faire revenir. La faire revenir pour mieux se servir d'elle, et le pire c'est qu'elle le savait, autant qu'elle savait qu'elle reviendrait vers lui. Mais Raven, lui, est-ce qu'il s'en sortirait indemme?

-Et à toi, il va te faire quoi?

Sans doute était-ce une question qui hors de son contexte n'aurait pas été compréhensible. Peut-être même que leur grand-père n'aurait pas compris. Mais inconsciemment elle savait que son frère savait où elle voulait en venir. Satine avait déjà retrouver sa respiration normale, même si elle se sentait affaiblie. Le regard toujours posé sur leur père, elle n'avait pas osé regarder Raven. Sans doute parce qu'elle savait pertinemment que son sort à lui ne serait pas aussi doux que celui de Satine. Quelque part elle aurait voulu s'excuser...S'excuser de ne pas avoir vécu le même calvaire que lui, bien que son adolescence n'avait pas été particulièrement joyeuse elle non plus. Mais cela aurait été stupide de dire "Je m'excuse de ressembler autant à maman".

Sur cette pensée, elle posa ses yeux sur Fergus, s'attardant sur son regard. Ils avaient les mêmes yeux tous les deux...Raven aussi avait hérité des traits fins de Lëtalia, mais il avait quelques ressemblance avec leur père. Inutile de mettre cela en valeur, cela l'aurait mis probablement en colère,et il y avait de quoi. Pourtant si Angus n'avait pas cette âme noire, il aurait pu être doublement charismatique de ce qu'il était déjà. C'était presque en charmant qu'il arrivait à manipuler les autres, il aspirait confiance. En espérant que Raven ne mette pas ses mêmes atouts à ce service là également. Puis Satine se releva, s'appuyant sur le bras secourable de son frère. Elle resta un instant debout, immobile, une main posée sur son front. Pour le moment faire des gestes brusques était plutot déconseillé.

-Au fait, merci.

Tout de même, c'était la moindre des choses...Satine leva quelque peu la tête, le temps était orageux, mais c'était loin d'être de ses premières préoccupations. Seulement trois personnes affaiblies sous la pluie ne pouvait être propice qu'à tomber malade. A vrai dire ce n'était pas pour elle qu'elle s'inquiétait, mais plutot pour son frère, ce qui déjà était une grande avancée. Non pas qu'elle ne se préoccupait pas des autres, bien au contraire, à vrai dire Satine avait tendance à ignorer sa propre santé. Chaque fois qu'on lui disait " Toi aussi tu vas attraper froid" ou bien autre inquiétude de ce genre elle rétorquait "Mais moi c'est différent" Paroles à analyser que peu de personnes ne pouvaient comprendre, sauf peut-être Raven après tout. Pourtant c'était simple, il s'agissait simplement du fait qu'elle se fichait d'aller mal, malade, même au bord de l'agonie elle aurait dit la même chose. Elle c'était différent, parce que si elle venait à mourir, elle s'en fichait. Une sorte d'égoïsme mal placé qui semblait signifier "Tant que je meurs avant vous tant mieux, au moins je n'aurais pas de chagrin quand vous partirez après moi"

-Tu vas attraper froid, dit-elle à Raven dans un sourire.

Leur père gisait toujours au loin, et Satine dut se retenir pour ne pas aller à ses côtés. Il avait voulu la tuer et pourtant elle serait retourné près de lui. Mais la jeune femme avait toujours été ainsi. Dans son adolescence déjà, Max avait tellement tenté de la ramener à ses côtés vers les mangemorts, et avait même tenter de lui ôter la vie plusieurs fois. Et pourtant dans ses souvenirs elle se rapellait revenir vers lui par amour, pleurant sa mort alors qu'il était dans ses bras.
Non, Satine ne pouvait se résoudre à laisser son père ainsi. Aussi elle lança un regard un Fergus, mais n'osait pas avouer en toute franchise qu'elle désirait qu'on le mette ailleurs, à l'abri. Seules quelques mots s'échappèrent de ses lèvres.

-...à Ste Mangouste?

Décidemment il fallait vraiment être de sa famille pour pouvoir la comprendre. A croire que c'était propre aux McConnor. Fergus aquiesça cependant, après un bref instant d'hésitation. Cela pourrait cependant s'avérer difficile, étant donné qu'il était impossible de transplaner dans l'enceinte de Poudlard. Leur grand-père se dirigea alors vers Angus, et Satine le laissa quelques instants se débrouiller seul [HJ : sympa mdr] pour avoir ne serait-ce qu'une brève entrevue avec Raven, elle avait besoin de se justifier.

-Je n'ai pas honte de m'appeler McConnor, je n'ai juste pas voulu porter son nom. Ce n'est que justice après tout, c'est ma...notre grand mère qui m'a élevée. Une McIllian. Bien sûr s'appeler McConnor n'est pas sans privilèges, mais je préfère autant garder le nom de celle qui était là pour moi.

Satine fouilla les poches de sa cape aux couleurs bordeau, elle savait qu'elle avait toujours une photo de sa grand mère et de sa mère sur elle. Un peu comme ses anges gardiens, à croire qu'il fallait que la vie enlève aux gens les êtres qu'ils avaient de plus cher. La jeune femme en sortit une sorte de petit carnet de cuir usé par le temps, qu'elle ouvrit de ses mains pâles. Satine s'attarda un instant sur les deux photos jaunies, un bref sourire aux lèvres, le regard nostalgique. Leur mère, posant fièrement auprès d'un arbre, était pétillante de vie, ses longs cheveux blonds tombant sur ses épaules, en compagnie de leur père dans son uniforme de Serpentard. Sur le portrait à côté, leur grand mère qui sur la photo devait surement avoir dans les 25 ans, dont les yeux noirs rappelaient ceux d'Angus. Mais cela ne l'empêchait pas d'être belle, au contraire, il en ressortait une sorte de beauté sybilline : le cheveux noirs, les yeux sombres, elle portait en elle ce côté des McConnor qui les voulait un peu paradoxaux. Le jour et la nuit : leur mère et leur grand mère...Satine lui tendit le carnet, pointant du doigt la photo de cette dernière.

-Maria McIllian, elle non plus n'a pas voulu porter le nom de McConnor. Sûrement pour préserver le secret de famille maintenant que j'y pense...Elle est décédée quand j'avais 10 ans.

"Le secret de famille"...à savoir Raven mais la jeune fille n'en dit mot. Tout simplement parce que la grand mère s'était occupé de Satine tandis que le grand père lui, prenait soin de Raven. Ne pas porter le même nom pour ne pas prêter confusion tout simplement.

-La photo à côté, c'est maman. Elle n'a pas d'uniforme parce qu'elle n'est jamais allée à Poudlard, elle a fait ses études à Beauxbâtons, en France. Tu le savais? Tu connais quelques mots de français?

Satine lui sourit, et ne se rendit même pas compte qu'il avait cessé de pleuvoir depuis cinq bonnes minutes. Le ciel s'éclaircissait, probablement qu'il serait bientot accompagné d'un arc-en-ciel. La jeune femme allait pour lui en dire plus, qu'ils avaient de lointaines ascendances vélanes, que leur mère avait elle aussi des titres de noblesse mais qu'elle était le caractère opposé de leur père : douce, sensible, tolérante. Une sorte d'alchimie qui avait donné Raven et Satine, en proie à des conflits intérieur. Mais elle s'arrêta là, sentant la culpabilité monter en elle. Peut-être que lui ne savait rien de tout cela...

-Pas franchement agréable...Ces simples mots arrachèrent un sourire au jeune Serpentard, Satine allait bien…ou plutôt elle allait mal, mais se voulait rassurante, question de fierté. La fierté, la vertu la plus importante pour un McConnor, ne jamais montrer ce que l’on ressentait, ne jamais faire preuve de faiblesse, se montrer toujours sous son bon jour, même si tout s’écroulait autour de nous. Cette famille poussait si loin sa fierté que, si la fin du monde arrivait et que tout était détruit, que toute leur famille était décimée et que tout leurs espoirs étaient réduits à néant, les dernier membres du Clan arriveraient encore à dire que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, et tout cela du ton le plus dégagé possible, qui sonnerait plus vrai que nature, oui la fierté chez les McConnor était une vertu fondamentale car, sans fierté on ne pouvait survivre dans ce clan et l’on s’en faisait jeter, sans plus jamais pouvoir retrouver l’estime des siens…la fierté, voilà la chose qui faisait de ce clan aristocratique l’un des clans les plus détestés de tout les Royaumes-Uni, et surtout les plus crains, car rien ne les ébranlaient, rien ne leur faisait peur, ils avaient toujours l’insupportable manie d’être arrogant et sûr d’eux même lorsque la situation tournait en leur désavantage, l’insupportable manie de toujours vouloir avoir le dernier mot. Ces quelques mots résumaient parfaitement le clan écossais : fierté, arrogance, pouvoir, argent, quatre mots parfaitement adaptés au clan McConnor, comme créés pour le décrire.

Il voyait très bien que, tout comme lui, Satine ne se faisait guère d’illusion, tout cela était loin d’être fini. Ca ne faisait même que commencer, ils avaient gagnés la bataille, mais de loin pas la guerre. Le plus dur restait à venir, Satine avait toujours été privilégiée par son père, elle n’aurait donc sûrement pas de soucis, son père ferait tout pour qu’elle reste au près de lui. Il était un manipulateur hors-pair, pas étonnant, il fallait l’avouer, qu’il soit si bien placé dans le monde de la magie et qu’il aie si bien réussi, ayant presque, à lui tout seul, doublé la fortune du clan. Pour Raven c’était une autre paire de manche, son père avait toujours été très cruel avec lui, le châtiant pour la moindre faute commise, pour le moindre faux pas, ne se gênant aucunement d’utiliser le Doloris, qui était l’un des trois sortilèges impardonnables, encore une particularité du clan : Ils étaient au-dessus des lois, ils ne prenaient d’ordre de personne, sauf quand cela leur était bénéfique, c’étaient eux qui menaient le jeux, qui manipulaient les opinions, les décisions pour qu’elles leur soient favorables, tout cela avait bien évidemment déteint sur Raven, qui n’était pas en reste, étant, bien que l’élève soit encore loin de dépasser le maître, un manipulateur de grand talent. Lui aurait donc un châtiment approprié à la faute commise, et celui-ci promettait d’être particulièrement douloureux et long, Angus était impitoyable envers son fils.

« Ce qu’il va me faire ? Je n’en sais encore rien, mais ça ne lui sera pas aisé, il le sait, j’ai changé, cette rencontre m’a changé, cette rencontre NOUS a changé, et il le sait très bien, il le savait avant même que nous ne nous rencontrions. »

Ce que Raven venait de dire était on ne peu plus exact, preuve que le jeune homme connaissait parfaitement son géniteur. Angus avait sans doute déjà prévu les réactions de ses enfants, il les connaissait, mais eux ne se connaissait pas. Il savait comment ils réagissaient à telle ou telle situation, il s’était donc déjà fait une idée de leur réaction envers lui lorsqu’il leur expliquerait toute la vérité. Prévoir, il prévoyait tout, planifiait minutieusement chacun de ses actes, ne laissait rien au hasard, chaque paramètre, chaque détail était maintes et maintes fois réfléchis et il faudrait dès à présent compter avec cela, car ils s’étaient mis à dos un homme qui connaissait parfaitement l’art de la manipulation et qui savait exactement où il allait et ce qu’il allait faire, alors que le frère et la sœur fraîchement retrouvés ne savaient même pas ce que le lendemain allait leur réserver.

Elle s’était relevée, Raven, perdu dans ses pensées, n’avait pas remarqué immédiatement le geste de redressement de sa sœur, mais l’avait aussitôt aidé à se relever lorsqu’il la sentit se remettre sur ses pieds, il venait de la retrouver, il ne voulait pas la perdre maintenant, ils avaient tant, ils avaient TROP de choses à se dire. Elle le remercia, chose qui pourrait sembler tout à fait normale en temps normaux, mais le jeune Serpentard savait très bien que ça ne l’était pas, que c’était même loin de l’être car, bien que ne portant pas le même nom de famille que son jeune frère, elle n’en restait pas moins une McConnor et portait en elle les gênes de cette famille, froide et plus qu’arrogante. Merci était, pour ainsi dire, un mot banni du vocabulaire du clan écossais, non pas qu’ils interdisaient de remercier quelqu’un, mais ils ne le voulaient pas, questions de fierté, encore et toujours la fierté. Ils n’aimaient guère montrer qu’ils avaient eu besoin d’une tierce personne pour aboutir à quelque chose, voilà pourquoi la phrase prononcée par Satine toucha si profondément Raven, ce n’était pas la phrase commune qu’elle avait l’air d’être.

-Tu vas attraper froid.

Satine se faisait-elle du soucis pour son frère ? Cela surprenait grandement le jeune homme, à croire que, bien qu’il aie pensé pouvoir deviner le caractère de sa sœur, il ne savait pas tout à fait à qui il avait à faire. Il lui sourit en retour.

« Toi aussi, tu vas attraper froid, grande sœur. »

Il lui fit un petit clin d’œil, elle avait sûrement compris le message : ce n’était pas sa santé qui était important en ce moment, mais celle de Satine. Lui se fichait éperdument de tomber malade et jamais, même nu en antarctique, il n’avouerait avoir froid, ainsi qu’il n’avouerait jamais se sentir mal si d’intenses nausées le prenaient. La fierté, encore et toujours la fierté, mal placée, mais de la fierté tout de même. Satine semblait ailleurs tout à coup, le regard non pas posé sur Raven, mais derrière lui. Le jeune homme retourna la tête et suivit le regard de Satine, qui était posé sur leur père, inconscient, étendu sur le sol. Raven retourna son regard vers sa sœur, mais celle-ci l’avait déjà posé sur Fergus qu’elle fixait, le regard incertain.

-...à Ste Mangouste?

À Ste Mangouste, elle voulait donc tout de même prendre soin de lui après ce qu’il leur avait fait. Angus avait du préparer son coup à la perfection, et devait l’avoir réfléchi depuis la plus tendre enfance des deux jeunes gens, peu après la mort de Lëtalia, car il avait agit, avec Satine, de façon à ce que, même si elle se retournait contre lui, elle pense que c’était de sa faute, qu’elle avait mérité cela. Les enfants sont comme les chiens, frappez-les régulièrement et ils croiront qu’ils le méritent. Cette phrase s’appliquait parfaitement à Satine, qui avait l’air de se sentir coupable, coupable d’être en vie alors que Lëtalia, elle, était morte, coupable de la remémorer sans celle aux souvenirs de son père, coupable d’avoir fait d’Angus l’homme qu’il était aujourd’hui.

Un simple hochement de tête de la part de Fergus, après quelques instants d’hésitation, fit comprendre aux deux jeunes gens qu’il était d’accord. Raven ne dit rien. Il aurait, dans une situation habituelle, contesté la décision, expliquant qu’il ne méritait pas qu’on se soucie de son cas et qu’il fallait le laisser se débrouiller tout seul, mais ce n’était pas une situation habituelle, loin de là. Il ne voulait pas risquer une dispute avec Satine, pas maintenant, pas maintenant qu’il l’avait retrouvé, non…pas maintenant. Ce qu’il voulait, mais il ne voulait pas le dire à son grand-père, il avait toujours pris grand soin de se monter poli envers lui, c’était être seul avec Satine, mais cela aurait signifié qu’il souhaitait le départ du vieil homme et, qui plus est, qu’il lui intimait de se débrouiller pour ramener Angus. Satine, elle, semblait avoir moins de scrupule envers leur aïeul, elle le laissa simplement se débrouiller tout seul. Sitôt le grand-père éloigné, Satine prit la parole, essayant de justifier le fait qu’elle ne porte pas le même nom que Raven.

« Satine, t’en fais pas, je ne te fais aucun reproche, j’aurais fais la même chose dans ton cas, tu n’as pas besoin de te justifier, maintenant on sait toute la vérité, c’est tout ce qui compte, on est ensemble, je veux pas qu’on se prenne la tête pour des broutilles dans ce genre. »

Il lui sourit, pour lui bien lui faire comprendre que ce n’était pas un problème. Cette brève explication finie, Satine fouilla fébrilement dans ses poches, sous le regard interrogateur de son frère. La réponse à cette question muette arriva bien rapidement, alors que la jeune femme avait sortit un vieux carnet de cuir, l’avait ouvert et avait montré à Raven deux photos jaunies par le temps. L’une d’elle représentant deux jeune gens, qui ne devaient guères être plus âgés que Raven, et l’autre représentant une jeune femme qui, elle, devait être à peine plus âgée que Satine. Les explications de sa sœur ne servaient à vrai dire à rien, il avait compris tout de suite, dès le premier regard sur la photo représentant les deux jeunes gens, il avait compris que, souriant tendrement et faisant quelques légers signes de la main, se trouvait Lëtalia, sa mère. Il en eut le souffle coupé, la ressemblance avec Satine était saisissante, on aurait pu croire, l’état de la photo en moins, que ce cliché avait été pris un ou deux ans au par-avant et que celui-ci représentait Satine et un jeune homme quelconque, bien que le jeune homme en question ressemblait étonnamment à Raven.

« M..maman… »

Souffla-t-il alors qu’il caressait avec tendresse le portrait de sa mère. Il n’avait jamais vu un seul cliché d’elle, il n’avait d’ailleurs jamais su, jusqu’à ce jour, que cette femme existait. On comprenait donc aisément le fait que Raven contemplait la photo comme un croyant contemplerait une apparition divine. Il avait presque laissé de côté la photo de sa grand-mère, ce qui était, là aussi, aisément compréhensible, mais se rattrapait à présent en caressant aussi le portrait de cette femme, si belle mais si intrigante à la fois. Il fût sortit de ses rêveries par la voix de Satine. Elle lui expliquait que leur grand-mère portait aussi le nom de McConnor, elle devait donc être la mère d’Angus, mais qu’elle avait élevé Satine sous le nom de McIllian afin de protéger le « Secret de Famille » et qu’elle était morte lorsque Satine avait 10 ans. Elle passa alors à la photo représentant Angus et Lëtalia et expliqua à son frère pourquoi celle-ci ne portait aucun uniforme : Elle n’avait jamais étudié à Poudlard, elle faisait partie de Beauxbâtons, l’Académie de Magie Française. Elle lui demanda alors si il le savait, et si il connaissait quelques mots de français. Toujours le regard fixé sur le portrait de sa mère, Raven répondit, usant de la langue de Molière, non sans un léger accent britannique.

« Je…parle couramment le français, papa m’envoie chaque été dans un camp pour sorciers, en France, je n’avais jamais compris pourquoi, mais maintenant tout est clair. »

Ainsi Angus avait tout de même souhaité que son fils aie un héritage de sa mère : la langue. Il l’avait envoyé, dès lors qu’il savait parler, dans un camp pour sorcier en France, simplement afin qu’il apprenne la langue, pour que ce point commun avec sa mère reste à jamais gravé en lui.

« Je…je ne savais pas tout ça..je.. »

La pluie avait cessé depuis bien 5 minutes, mais des gouttes d’eau coulaient toujours sur les joues du jeune homme. Oui, si surprenant que cela eut pu paraître, Raven pleurait. Chose qui ne lui arrivait qu’extrêmement rarement. Il tenta d’abord de se retenir, dans un dernier élan de fierté si typique des McConnor, mais se décida finalement à tout lâcher, pour montrer qu’il n’était pas que McConnor, que sa mère avait aussi sa place en lui. Et, lorsque Raven lâchait tout, c’était vraiment tout, il s’approcha de Satine, la serra dans ses bras et pleura amèrement, toute les larmes que son corps pouvait contenir, il pleurait pour toutes les fois de sa vie où il n’avait pas pleuré, alors qu’un enfant normal l’aurait fait. Il pleurait et rien ne l’arrêtait, il serrait Satine comme jamais il n’avait serré quelqu’un, sa sœur, il l’avait retrouvé, rien ne serait plus jamais comme avant.

« Pourquoi ?… »

Articula-t-il dans un sanglot. Pourquoi ? Oui pourquoi cela s’était-il passé comme ça ? Pourquoi n’étaient-ils pas nés dans une famille normale, au lieu de cette famille aristocratique cherchant à séparer ses membres pour raison pécuniaire. Pourquoi tout cela ne pouvait-il pas être plus simple.

« Racontes-moi, racontes-moi comment elle était, racontes-moi ce que tu sais d’elle, s’il te plaît. Fait de moi un vrai McIllian…j’en ai assez des McConnor, je…je ne veux plus rien à avoir à faire avec eux…rien que toi et moi…C’est tout ce que je veux… »

[H.J.: désolé du retard grande soeur, ne te n'aimeuh ]

[HJ : Idem ]


"Cette rencontre nous a changés"...Quelques mots qui résumaient toute l'ampleur de la situation. Raven avait raison, ils ne se connaissaient quedepuis peu et déjà ils avaient l'un pour l'autre une complicité et une entraide relativement étonnantes. Une sorte de rebellion contre leur père, une vengeance inconsciente contre le destin et cet homme manipulateur. Les paroles de son frère étaient justes, Satine si elle était froide aux premiers abords, n'hésitait pas à porter son aide aux autres cependant, seulement en cette circonstance le temps d'adaptation avait été moindre. En effet elle lui avait déjà demandé si il n'allait pas attraper froid. A vrai dire cette question la surprit elle-même, la seule personne à laquelle Satine pouvait être aussi attentionée extérieurement était jusqu'à présent Antigone. Raven avait raison, ils étaient en train de changer, et pour cela il avait fallu se libérer du joug de leur père.

Pourquoi avait-elle attendu si longtemps? Lorsqu'elle était encore élève à Poudlard, elle avait haï son père au plus haut point. Lui qui n'acceptait pas ses amours d'adolescente, son appartenance à Gryffondor, son affiliation aux aurors, en bref tout ce qu'elle était. Pourquoi à cette époque ne s'était-elle pas rebellée? Satine se sentait peut être si bien à Poudlard qu'elle en oublié qu'elle avait un père. Son regard rêveur se posa sur Raven, elle ne l'avait jamais vu dans cette école de magie, et pourtant elle était de loin l'une des plus sociables de l'école, entourée d'amis, connaissant les mondres potins de Poudlard. Satine en était certaine, elle n'avait jamais rencontré son frère à Poudlard.

-Toi aussi, tu vas attraper froid, grande sœur.

Ses paroles la sortirent de sa nostalgie, et Satine comprenait dores et déjà ce qu'il voulait signifier. Raven aurait très bien pu répondre "Ne t'inquiète pas" ou "Oui c'est vrai", il fallait contourner la question en donnant l'illusion que rien ne pouvait l'atteindre, pas même le froid, questionde fierté absolue. Satine lui sourit, avant d'étouffer un léger rire lorsqu'elle comprit pourquoi il lui répondait ceci. Les yeux pétillants de malice, Satine ne put s'empêcher de lui donner une réponse qui donnait cette même illusion.

-Mais moi c'est différent.

Mais le regard de Raven s'était posé sur leur père affalé au loin, lorsque Satine avait proposé de l'emmener à Ste Mangouste. Elle observa alors son frère, lisant dans son regard noir une colère étouffée, sans doute ne comprenait-il pas pourquoi elle avait réagit ainsi...Ou pire, il le comprenait très bien, et savait pertinnement que Angus avait amplement calculé son coup. Manipulateur de génie et briseur de bonheur invétéré, cet homme était pire que le diable en personne. Et pourtant Satine ne lui en voulait pas, il restait son père après tout.

-Ne m'en veut pas, je suis ainsi... dit-elle dans un murmure sans quitter Raven des yeux.

Cependant elle poussa un soupir de soulagement lorsque son frère appuya sur le fait qu'il ne la jugeait pas, qu'il comprenait amplement pour ce changement de nom. Après tout Satine ne le connaissait que peu, elle ne pouvait pas prévoir ses réactions. Quoique étant de la même famille, ils en possédaient assurément les mêmes traits : emportement facile mais contrôle de soit, il était rare que Satine hausse le ton. Lorsqu'elle s'énervait, elle restait stoïque et froide, à en juger par le comportement de Raven il en était de même pour lui.
Puis Satine se tut pour le laisser découvrir son passé, ce qu'il n'avait pas vécu et pas connu. Sa grand-mère, mais surtout sa mère. Il ne quittait pas les photos des yeux, comme subjugué, et Satine comprit que c'était là la première fois qu'il voyait sa mère. Comment pouvait-on faire cela à ses enfants...Raven avait du grandir dans l'ombre de son père, déraciné, perdu, sans aucun point d'attache par la faute d'Angus. Mais sans doute était-ce amplement voulu. Raven ne cessait de ramener ses yeux de la photo de leur mère à Satine, ce qui lui valu un sourire triste de la part de sa soeur.

-Je sais, elle me ressemble. Mais je ne serai jamais comme elle....comme Lëtalia.

Satine ne prononça pas le mot "maman" sur le moment, et ce n'était pas pour le plaisir de prononcer son prénom. Seulement il s'agissait d'un automatisme lorsqu'elle prononçait cette phrase qui paraissait banal, elle lui remémorait simplement ce que Angus avait l'habitude de dire "Tu ne seras jamais comme Lëtalia" Peut être par provocation, quand il sentait que son unique fille se rebellait contre lui. Satine n'avait jamais été de ses idéaux, et cela semblait l'énerver au plus haut point.

-Maman était tolérante, douce et calme. Elle était son contraire absolu.

Son regard se posa un instant sur son père, le fixant de ses yeux azur comme pour l'accuser de tous les maux. Avec étonnement, Raven se mit à parler en français, et Satine tourna doucement son regard vers lui dans un sourire, dans un hochement de tête. Angus avait toujours gardé en lui le souvenir de leur mère, il avait changé depuis son décès, son âme se noircissait de jour en jour. Mais son coeur ne s'était pas autant durci, il ne l'avait pas oubliée, et avait voulu que Raven hérite d'une part de leur mère lui aussi. C'était la preuve que malgré tout, il aimait son fils. Bien sûr l'argent avait plus de place dans ses préoccupations, cependant Satine se refusait de le voir comme un monstre. Puis soudain, quelques larmes coulant sur les joues de Raven la fit détourner le regard. Satine n'était pas doué pour réconforter, encore moins pour receuillir les larmes des autres. Et si en plus il s'agissait d'un McConnor, la tâche était plus ardue. La dernière fois que Satine avait pleuré devant une tierce personne...s'en souvenait-elle? A son grand étonnement, elle sentit soudain l'étreinte de son jeune frère venir chercher un apaisement. Ne scahant d'abord quoi faire de ses mains, Satine finit par l'enlacer à son tour, quelque peu gênée. Non pas par le comportement de Raven, mais par le sien propre. Prendre une personne dans ses bras était quelque chose de quasi insurmontable pour elle.

-Raconte-moi, racontes-moi comment elle était, racontes-moi ce que tu sais d’elle, s’il te plaît. Fait de moi un vrai McIllian…j’en ai assez des McConnor, je…je ne veux plus rien à avoir à faire avec eux…rien que toi et moi…C’est tout ce que je veux…

Satine ne put répondre sur le moment, Raven n'avait pas encore séché ses larmes. Peut être était-ce aussi pour cela qu'elle aimait la pluie, parce que les larmes se mêlaient aux gouttes d'eau, et les autres ne voyaient rien lorsque le chagrin s'exprimait. Pleurer avec la pluie en quelque sorte...Seulement elle avait cessé depuis cinq minutes déjà, mais Satine sentait qu'elle aurait probablement réagit comme son frère si elle aussi rencontrait pour la première fois sa mère, même sur une simple photo.

-Je ne l'ai pas connu très...longtemps...Elle est décédée en 1965, j'avais six ans...Sa tombe est au cimetière de Londres.

Sa gorge commençait à se nouer au fur et à mesure que Satine évoquait le souvenir de sa mère. Jamais elle n'en avait parlé à quiconque, et voilà qu'à présent elle devait tenter de décrire leur mère en quelques mots et quelques bribes de souvenirs. Cependant Satine reprit le controle d'elle même et continua.

-Elle est décédée durant une incartade au chemin de Traverse, entre Aurors et Mangemorts. J'étais là moi aussi, mais j'ai du m'enfuir. Aujourd'hui encore j'ignore pour lequel de ces deux camps elle a combattu. Mais maman était...si douce, et si jolie. Elle avait de lointaines ascendances vélanes, dit-elle dans un sourire fier. Elle possédait des titres de noblesses en France. C'est sûrement l'héritage dont notre père parlait tout à l'heure.

Satine posa cette fois son regard sur Fergus, et se rendit compte qu'il parlait avec le garde chasse, apparement bien embêté que des inconnus n'aient pénétré l'enceinte du chateau. La jeune femme tourna les talons afin de se diriger vers eux, avant de se stopper net et de se retourner vers Raven, son regard bleu posé sur son carnet de cuir que son frère avait à présent dans les mains. Ce n'était certes pas un journal intime, il n'y avait dedans que quelques photos et annotations, quelques vers également, mais surtout des prénoms écrits ici et là, pour qu'elle ne les oublie pas. Des prénoms qui avaient l'écho de son adolescence. Aurel, Lancelot, Antigone, Max, sa rencontre avec Miki...Les yeux de Satine glissèrent vers ceux de Raven, qui ne devait pas comprendre ce qui se passait en elle. Lui laisser le carnet le temps qu'elle négocie avec le garde chasse? Il pouvait très bien le lire, mais finalement peu importait. Il pouvait aussi très bien garder ses yeux fixés sur la photo. Enfin elle se décida à le lui laisser quelques instants, preuve de son estime pour son jeune frère. Jusqu'à présent son carnet de notes ne l'avait jamais quittée.

-Je reviens, excuse moi.

Satine se dirigea d'un pas sûr vers son grand père et le garde chasse, apparement en grande discussion. La jeune femme alla se poster aux côtés de ce dernier avec assurance et rétorqua d'une voix douce mais ferme.

-Ces deux personnes sont avec moi. Mais celui-ci, dit-elle en désignant d'un délicat signe de tête son père allongé à terre , a été victime d'un troll sauvage. Et je serai vous je l'amènerai illico à Ste Mangouste si vous souhaitez garder votre travail. Vous êtes censé controler les créatures magiques de la forêt interdite et résultat une personne se fait attaquer..Non mais vraiment...

La jeune femme leva les yeux au ciel dans un soupir, feignant l'exaspération, tentant de garder son sérieux. Le garde chasse aquiesça, et dans des mouvements brusques et paniqués, fit apparaitre un brancard, y plaça le corps inerte de Angus, et le fit léviter jusqu'à la sortie de l'enceinte. De là bas il pouvait toujours transplaner vers l'hopital.
Satine adressa un regard gêné à Fergus, ignorant comment il pouvait prendre la ruse de sa petite fille. Cependant elle se dirigea de nouveau vers Raven,avant de lui dire doucement, sans même s'expliquer sur ce qu'elle venait de faire, comme si la ruse était d'un naturel évident :

-Je te donne la photo si tu veux. J'en ai d'autres dans mon bureau, tu pourras toujours passer me voir...Ce serait avec plaisir. Et sinon...Je te souhaite la bienvenue chez les Mc Illian

Le regard de Satine se fit soudain hautain, mais c'était là de la fausse fierté, seulement pour le taquiner, car bientot elle l'accompagna d'un sourire sincère et joyeux.

HJ mon frère c'est le plus beau


Le Garde-Chasse avait compris...il avait surtout compris que mieux ne valait pas la contrarier, elle qu'on disait être une professeur douce mais stricte. Même sans sa cape d'enseignante elle restait la même, douce et forte à la fois, un équilibre qu'il fallait savoir trouver. Néanmoins il aquiesça d'un signe de tête, sans un mot, tandis que Satine revenait vers son frère. Qu'allait-il se passer pa r la suite? Non la véritable question était : et à présent qu'allait-elle faire? L'inviter chez elle venir boire un thé, ou continuer de parler dans le froid? Satine avait surtout peur de ne plus rien avoir à lui dire, quoique finalement une idée lui traversa l'esprit. Jusqu'alors, en dehors de Poudlard, elle habitait une maison à Notthing Hill, seule. Son frère avait-il où loger? La jeune femme allait pour lui poser la question, quand soudain elle vit une lueur de rage dans les yeux de Raven, qui tenait en sa main un papier. Celui-ci passa devant elle, et Satine n'eut le temps que de prononcer à voix faible et surprise "Où vas-tu?" sans meme qu'il ne lui réponde, apparement porté par la colère.
Il s'était avancé près de leur père, sous le regard ahuri du garde chasse qui ne comprenait plus rien . Satine non plus ne comprenait plus, son frère voulait-il en fin de compte d'en finir?

-Raven ! Raven ! C'est pas vrai...

Il ne l'entendait plus, ne s'était pas retourné....Son frère haussait déjà le ton avec le garde chasse. Elle s'avança à son tour très légèrement, observant la scène avec appréhension. Mais lorsqu'elle vit son frère pointer sa baguette sur le cou de leur père, elle accéléra le pas...Et fut stoppée par une forte empoignade. Fergus lui avait déjà attrapé le bras, assez fortement pour lui faire comprendre qu'elle ne devait pas s'approcher plus. Satine n'eut même pas l'idée de se débattre. La main de son grand-père toujours empoignant son bras, elle se contentait de regarder avec une lueur appréhensive dans son regard angoissé, la scène qui se déroulait sous ses yeux.
Elle se rendit compte, comme un déclic, qu'elle était quasimment la seule femme de la famille. Entourée de son père, son grand-père, son frère, allait-on l'écouter? Néanmoins elle avait confiance en Raven, quoique l'excès de colère pouvait jouer bien des tours.

« Alors, Raven, tu t’es enfin décidé à me tuer ? »

Quel idiot....De la provocation propre aux traits de famille. Malheureux qui s'aventurerait à provoquer un membre des McConnor. Raven, bien que cela ne pouvait très bien être son intention, aurait pu rien que pour cette phrase répondre par l'affirmative.

- Papa !

Indignation...Et surtout réprobation dans sa voix. Mais que cherchait-il à la fin? Son regard glissa sur Raven, et enfin Satine esquissa un sourire de soulagement suite à la réponse de son frère. Non il ne le tuerait pas...Satine ne voulait pas voir son frère à Azkaban...Inconsiemment, la jeune femme plongea son regard dans celui de son grand-père, cherchant de quoi se rassurer, mais aurte chose vint soudain lui faire tourner violemement la tête vers son frère.

« Je veux que tu signes ce document qui attestera que tu n’est plus, légalement parlant, mon père et que Satine devient ma tutrice légale. »

-Tutrice légale ?

Un murmure...Il y avait de cela deux heures, elle n'avait quasimment pas de frère, et voilà qu'à présent elle allait devenir sa tutrice. La joie qu'elle éprouvait en ce moment était presque irréele, à vrai dire elle avait du mal à réaliser. Son grand père la lâcha soudain, se dirigeant vers Angus, un livre à la main, qui apparement avait de quoi le faire changer d'avis.

« Non Angus, tu vas le signer, parce que je possède ceci et que tu veux le récupérer. »

A en juger par le regard affolé de Angus, il y avait de quoi s'inquiéter. La famille McConnor commença alors à chercher à régler le problème, par plus ou moins de force. Satine, sans un mot, se mit à observer son frère qui fixait Angus avait un sourire narquois. Il avait l'air proche de son grand- père, et elle ne comprenait plus comment elle avait pu grandir dans un monde si diffrent de lui. Pourquoi avait-elle pitié pour leur père? Son regard appitoyant se posa sur celui-ci, tandis que finalement il se décida à signer le document. Et pourtant Satine ne savait plus quoi dire, elle avait enfin retrouvé son frère, en serait la tutrice...Il n'y avait pas de mot pour exprimer sa joie, mais elle se sentait perdue....A vrai dire c'était surtout le controle de la situation qu'elle se sentait perdre, comme toujours lorsque son père était dans les environs. Elle avait le sentiment d'être dans un rêve, c'est que tout allait si vite...
Finalement leur grand père fit signe au garde chasse de revenir, et tous deux reprirent leur chemin avec le blessé. Satine ne put qu'adresser un sourire à Fergus, elle n'était pas prête encore pour les accolades. Elle sortit soudain de ses pensées, Raven lui tendait une lettre, et elle ignorait pourquoi mais Satine sentait déjà son coeur battre à pleine poitrine, redoutant le pire.

Son regard parcourait la lettre, parfois la jeune femme lisait par deux fois les phrases écrites, pour être certaine qu'elle ne se trompait pas. Elle venait de Mikomi, la directrice, mais aussi une amie de Satine. La première phrase cependant la surpris, et la jeune femme jeta un rapide coup d'oeil à son frère.

Surtout ne montre cette lettre à personne, sous aucun prétexte. C'est ton ancienne directrice qui t'écrit, la mère de ton enfant.

Satine savait ce que cela signifiait. Son frère lui faisait amplement confiance, et il estimait qu'elle avait le droit de savoir. Quelques mots au fil de la lettre lui sautait aux yeux tel "loin des yeux loin du coeur", ou parfois un prénom, le prénom de la fille de Raven : Naïa...Et "le père officiel"...qui était-ce? Beaucoup de questions auxquelles elle ne savait quoi répondre.


-Miki... souffla-t-elle.

Situation désespérée, autant pour la mère que pour le véritable père. Qu'allait-elle devoir faire? Aller rendre visite à son amie et essayer de la faire changer d'avis? Raven n'aurait pas du montrer cette lettre néanmoins...Elle ne savait pas quoi dire, la situation pour son frère devait être déchirante. Et il était papa....Beaucoup de choses pour une journée, Satine ne s'en rendait pas compte encore.

- Ca doit être...tellement difficile pour toi. Ecoute Raven....Je ne sais pas quoi dire...Miki est une de mes amies cependant...Je ne pourrais pas m'interposer....Est-ce que....si tu le veux bien...Je me disais que si tu le souhaitais tu pouvais venir chez moi, quelque temps...pour te remettre de tout cela.

"Quelque temps"...A vrai dire, le fait que son frère habite avec elle bien plus que "quelques temps" ne la dérangerait pas, au contraire. Elle ne voulait simplement pas qu'il prenne peur en se disant que Satine était surprotectrice. Elle relut la lettre, une deuxième fois. Il avait un enfant, il ne pouvait pas la voir. Quelle cruauté...Mais Satine ne savait pas quoi dire, elle n'avait jamais été douée pour réconforter....


-Je suis désolée, Raven...C'est ...une très jolie fille, dit-elle en jetant un oeil sur la photo.