Réponse à l'oubli

C'est un texte que j'ai écrit il y a peut être un mois, et qui me tient à coeur Bon pour le titre, assez peu comprendront mais bon lol



"Elle aussi, elle avait peur qu’on ne la voit plus, parce que certaines personnes empruntent des chemins différents des autres, du sien. C’est la simple peur, celle de l’inconnu, qui promulguait cette souffrance,et elle n’allait pas s’en sortir. Plutôt que d’y faire face, mieux valait partir en silence, qui se soucierait d’elle? On l’oublierait vite, elle n’avait jamais été très affirmée. Peur de l’oubli, mais l’envie qu’on ne se souvienne pas d’elle? Non, envie de quitter cette souffrance qui prenait au ventre, celle qui faisait qu’elle se sentait seule. La mort comme un terrier, comme une chambre aux rideaux fermés, comme la solitude, est à la fois horrible et tentante: on sent qu'on pourrait y être bien
Mais un jour, la petite fée rencontra un petit ange, plein d’entrain, qui alla changer tout son destin. Toutes les deux cachaient leurs peines, et revendaient leurs joie, se découvrant si proche l’une de l’autre. Elles ne se posaient pas de questions, les deux amies ne voulaient qu’être heureuses, et elle l’étaient, elles s’étaient enfin trouvées. La petite fée, au fond d’elle, ne savait pas pourquoi son ange la trouvait intéressante, et elle avait si peur, si peur qu’elle parte. Que comme les autres elle l’oublie, bien qu’elles s’étaient trouvées sœurs. Parce qu’elles se comprenaient sans se parler, se réconfortaient, s’entraidaient, jamais ne se jugeaient. Mais l'esprit humain souffre d'une carence intellectuelle fondamentale: pour qu'il comprenne la valeur d'une chose, il faut le priver de cette chose. Est-ce que la petite fée voulait se priver de son ange? Oh non, sans elle, elle n’était plus, sans son ange, personne ne croirait encore aux fées, et lorsqu’on ne croit plus aux fées, elles meurent.
Non elle voulait rester près de son ange, que toujours elles restent ensemble, mais la petite fée n’avait seulement pas confiance en elle. Elle ne méritait pas d’être aimée, elle avait toujours voulu passer aux côtés des affres de l’amour, parce qu’elle connaissait la souffrance insoutenable qui en émanait. La petite fée avoua de ce fait ses troubles à son ange, et lui dit quelque peu honteuse, qu’elle n’arrivait pas à faire ressortir ses sentiments. Son ange lui répondit simplement « ne t’en fait pas, je n’ai pas besoin de mots » Non, Les mots servent à exprimer les idées ; quand l'idée est saisie, il faut oublier les mots…Et jamais avant son ange, quelque un n’avait saisi l’âme de la petite fée. Alors peu importait, même si son ange était loin, elle était sa jumelle, et rien ne les séparerait.
Un jour son ange rencontra quelque un de son espèce, un séraphin qui avait été déchu. Par la lumière du petit ange, il retrouva tout son éclat, et la petite fée s’en trouva impressionnée. Très vite, la petite fée se lia aussi au séraphin, que de points communs en terme de l’âme, est-ce que lui aussi ne parvenait pas à saisir ses propres sentiments? A en juger par les doutes de la petite fée oui…L’ange, le séraphin et la fée, décidèrent de bâtir leur abri ensemble, pour ne pas se quitter. Mais si l’archange ne venait que pour son ange?
De nouveau, la petite fée douta d’elle, et ne voulait pas les déranger. Elle ne voulait que leur bonheur, quitte à s’effacer et à repartir. Mais elle avait tord, et se remémora les paroles de son ange « mon bonheur, c’est toi et mon séraphin » Pourquoi avait-elle si vite oublié ces mots si rassurants et si touchants? Elle avait douté, douté si fort, qu’elle s’en retrouva honteuse, elle qui aimait son ange et son séraphin, pourquoi s’était-elle posé les mauvaises questions?
Elle avait peur de nouveau, qu’on l’oublie, que tous les deux, ils partent vivre leur bonheur. Oui ils le méritaient, et la petite fée en était heureuse. Peu à peu, elle voulut s’éloigner, et les laisser dans leur bulle de lumière. Quelques fois, l’idée de ne plus faire partie de leur vie lui traversait l’esprit. Mais dans la journée, lorsqu’elle était loin d’eux, elle se rendit compte qu’elle avait besoin de ses anges, parce qu’elle pensait à eux sans cesse. Est-ce que eux pensaient à la petite fée? Ou est-ce qu’ils avaient leur propre monde, celui qui faisait qu’on se sentait éloigné…
La petite fée en fit part à son ange, qui pour la première fois, ne la comprit pas. Elle ne la comprit pas, parce que la petite fée ne connaissait pas tous les pourtours de l’amour. Celui qui faisait qu’on se sacrifiait. Elle n’avait pas vu le sacrifice de son ange pour qu’elle puisse la rejoindre, elle qui était son autre. En cachette, parce que elle avait honte, la petite fée alla pleurer aux sacrifices de son ange, lorsqu‘enfin elle compris que tous les deux, l'ange et le séraphin, l‘aimaient autant qu‘elle pouvait les porter dans son cœur. Et pourtant, tout le monde sait qu‘une fée est si petite, qu‘elle ne peut avoir qu‘un sentiment à la fois…Et de nouveau, son cœur se rempli de doutes inexpliqués, et si elle n’existait pas, son ange ne souffrirait pas? Son ange allait quitter sa famille et ses amis, pour venir avec sa fée. Et elle avait peur, peur que son ange ne regrette, qu’elle ne l’aime plus, que le séraphin ne l’aime plus, qu’ils l’oublient dans leur tourbillon amoureux,et qu’elle ne se sente de trop.
Mais la petite fée savait qu’elle n’avait pas le droit de penser ça. Elle voulait s’excuser, encore et toujours. S’excuser pour les sacrifices dont elle était la cause, s’excuser d’être là et de les aimer que trop. Alors aimer, c’était sacrifice et souffrance? Non, c’était bonheur et joie, et la fée comprit vite ce que son ange et son séraphin voulaient lui dire. La fée se ressaisit, elle avait beaucoup de doutes certes, qui n’en n’avait pas? Mais une chose était sûr, elle savait qu’elle ne pouvait vivre sans son ange et son séraphin.
Pour eux, pour leur amitié, même s’ils étaient si semblables tout en étant différents, ils allaient vivre ensemble.
Et la petite fée oublia les doutes, elle oublia la crainte de ne pas être aimée, elle oublia la peur d’aimer, elle oublia son passé calfeutré. Puis elle apprit à ouvrir son cœur, à y entreposer ceux qu’elle aimait tant, elle apprit à leur dire je t’aime, elle apprit à avoir confiance, elle apprit qu’elle n’était pas de trop, elle apprit que ce n’était pas « les autres », elle apprit que c’était « eux », elle apprit simplement à être heureuse, parce que son ange et son séraphin étaient là, et que sans eux, on arrêterait à croire aux fées.
On dit qu’aujourd’hui la petite fée attends la venue de son ange et de son séraphin, et que jamais elle n’avait tant aimé. On dit aussi que tous les soirs, elle regarde les étoiles à la recherche de ses deux autres morceaux d’âmes, perdus à l’autre bout de la planète, qui habitent sous la même lune, et contemplent les mêmes astres."