Nouvelle de mort... [Bon RPiste]

"Gail...Gail..."

La jeune fille étendue dans l'herbe prononça ce simple prénom. Elle avait les yeux clos, le visage détendu offert au vent. Ses muscles étaient relâchés et la brise faisait voleter son ample tunique blanche. Ses lèvres, rose et charnues, avaient prononcé ce nom avec une douceur infini puis un son plus aigu vers la fin. Un son remplit de désarroi et d'amertume, deux sentiments qui lui rongeait le coeur à l'en faire crever. Elle ne pleurait plus, c'était du passé, mais une boule se formait tout de même de temps à autre, lui entravant la gorge au risque de l'étouffer de chagrin. Elle passa ses mains sur son visage puis roula sur le côté et se recroquevilla. L'herbe du parc de Poudlard lui piquait inconfortablement le visage. Mais elle n'en avait cure. Elle ne cessait de penser à Gail et à sa rencontre avec l'elfe de maison. C'était un elfe qui avait jadis travaillé pour sa famille avant d'être chassé par monsieur Wickam. Il était comme tous les elfes, petit et malingre avec de gros yeux globuleux et un nez pointu. La jeune fille l'avait retrouvé dans les cuisines de Poudlard, un soir, en surprenant deux élèves de Gryffondor préparer une potion de polynectar. Il l'avait prit à part et lui avait dévoiler un secret...Son frère vivait encore...Il n'était pas mort. L'elfe lui avait demandé de le retrouver plus tard, où alors il lui dirait ce qu'il savait mais à l'heure du rendez-vous, personne ne s'était présenté et la jeune fille avait attendu en vain. Le bref espoir qui l'avait habité s'en était allé de lui même.

Elle poussa un soupir et se releva en prenant appuit sur ses coudes. Il fallait qu'elle se ressaisissent. Elle ne pouvait pas rester ainsi dans cette attitude létargique. La jeune rouge et or épousseta sa tenue et en retira quelques brins d'herbe bien accrochés. Elle s'étira de tout son long et secoua la tête. Ses longs cheveux châtains volèrent autour de son visage pâle. Mais un simple mouvement ne pouvait chasser autant de soucis et de tracas et la jeune fille le savait bien. Mais elle se devait d'être forte. Elle avait cru son frère mort pendant plus de sept ans, maintenant elle pouvait s'en convaincre réellement. Elle ne voulait plus rêver ni se raccorcher à un fol espoir, cela avait bien trop duré. Elle avait l'impression que si on lui rejouait un pareil tour, elle n'y tiendrait plus, son coeur volerait en éclat...Et tout cela pour un frère. Elle avait huit ans lorsque Gail avait disparu, renversé par un train. Etrangement, son corps n'avait pas été retrouvé. Le doute et l'incertitude pesaient lourd dans le coeur de la jeune fille mais elle les chassa telle une mouche posée sur une pomme verte. Et déjà d'autres préoccupations lui torturaient l'esprit.

La jeune fille n'avait pas vu son hibou le matin même lui apporter son courrier dans la Grande Salle. La jeune fille ne s'attendait nullement à recevoir une lettre, encore moi une lettre de ses parents, mais elle était abonnée au Chicaneur et à la Gazette du Sorcier. Il lui semblait étrange de ne rien avoir reçu. La jeune fille tourna le dos au parc verdoyant de Poudlard et emprunta la direction du château pour se rendre dans la volière. Il était aux alentours de 4 heures de l'après-midi. La sonnerie retentirait bientôt. La jeune fille se dépêcha donc de franchir les longs et obscures corridors afin de ne pas se retrouver noyer dans la foule. Enfin, elle arriva au septième étage. Elle emprunta les escaliers en pierre conduisant à la volière et poussa la porte. Mais elle fut stoppée net dans son élan lorsqu'elle aperçut une jeune fille, à peu près de son âge, envoyer avec violence et rage, son poing dans le mur. Le sang commença à gagner sa main blessées alors que la jeune fille s'allongeait sur le sol. La jeune fille se mordit la lèvre infèrieure. Elle hésita...Puis pénétra dans la volière et se dirigea vers la jeune fille tout en sortant un mouchoir blanc, brodé des initiales GJW. Elle repoussa d'un geste simple ses cheveux derrière ses oreilles et s'agenouilla près de la jeune fille. Elle prit sa main doucement et y appliqua son mouchoir en guise de bandage.

"Tu saignes..." murmura-t-elle.

Le vide plus tôt ressenti lui revint et sembla vouloir resté, ses pensés allant et venant avec des idées qui lui semblait ne pas être les siennes, avec des bribes de moment passé, ainsi que des souvenirs. Encore et toujours ces souvenirs qui lui torturait l'esprit. Ce n'était pas seulement la mort de ses parents qui lui revenait, mais tout ce qui s'était passé. Toutes les morts, à un moment ou à un autre de sa vie, comme si elle était incapable de réaliser que ceci étaient normales, même si pour elle, un meurtre était tout sauf normal. Tout ce qui réussissait a passé les barrières de son âme, c'était le simple mot de ''vengeance''. Ce mot qui avait mener tant de gens à leur perte. Mais quel délivrance cela devant être. Même si elle ne pleurait pas, elle avait les yeux rendu globuleux et légèrement rougit, emplis de tous ce qu'elle tentait de refoulé, comme elle l'avait toujours fait. Tout finissait par finir, tout finissait par s'oublier… Donc elle oublierait, elle passerait par-dessus, comme toujours, même si l'anéantissement d'elle-même était à pensé. Elle commença alors a avoir froid, et elle se demandait si elle avait froid physiquement ou si c'était le froid qui avait alors envahit son être.

Restant encore songeuse durant un temps, elle put alors s'apercevoir d'une présence à l'endroit ou elle se trouvait. Ely resta dans le même état, la même position, n'osant pas bouger ou regarder la personne, toujours l'air songeuse. Elle aurait préféré que personne ne puisse la voir dans cette situation, mais le destin en avait sûrement voulu autrement pour elle. Alors que celle-ci s'approchait d'elle, qui était affaler sur le sol, et qu'elle vienne à sa hauteur, elle put regarder, au travers de ce voile devant ses yeux de tristesse qu'elle essayait plus ou moins de cacher, la jeune femme, qui devait avoir le même âge qu'elle ou presque. Elle n'osait toujours pas bouger, ni réagir et elle laissa la jeune fille prendre sa main pour y déposer ce qui lui sembla être un mouchoir d'une blancheur totale sur sa blessure qui était tout aussi lointaine que le reste du monde à présent. Le tissu plus tôt d'une blancheur exquise ne tarda pas à se teinter de rouge, et Ely garda son regard toujours perdu sur son poing.

Levant ses deux yeux qui reprenaient lentement leur couleur bleue sombre vers la personne près d'elle, qui lui avait fait alors remarquer qu'elle saignait, quelques infimes paroles réussirent finalement à franchir ses lèvres, dans un doux murmure légèrement tremblant:

-Oui… J… Je n'avais pas remarqué… Merci…

Il lui sembla un instant qu'elle allait fondre comme de la glace pour ne devenir qu'une simple trace d'eau qui s'égoutterait et ne serait plus que souvenir lointain. Plus tôt elle avait été en rage, puis ensuite un peu de remord avant de ne conclure cette brochette d'émotion par un calme absolue. Dans sa main intacte, il y avait toujours ce fameux papier annonceur de mauvaise nouvelle qu'elle ne voulait pas relâcher, toujours froissé dans sa main refermé dessus. Comme si elle pouvait empêcher la mort de deux êtres simplement en ne le voyant pas, en refermant le secret de leur mort dans la paume de sa main. Ely ne savait plus vraiment si elle avait mal, peur ou de la colère vis-à-vis de la situation.

En regardant de nouveau la fille, elle esquissa un faible sourire, comme pour la rassurer, même si de retrouver quelqu'un par terre le poing en sang et le visage aussi déconfit que le sien n'inspirait rien de rassurant. Elle était rassurée de ne pas être seule, même si d'un autre côté elle n'aurait pas voulu que sa rage ne sorte de cette pièce. Pour se changer les idées un peu et peut-être dans l'espoir d'oublier momentanément la nouvelle, Ely dit alors à celle-ci, toujours avec cette même difficulté à prononcer un mot:

-Merci encore… Une mauvaise nouvelle seulement…

Elle secoua un peu la tête comme pour être plus convaincante que tout allait bien avant de ne continuer:

-Je me nomme Ely. Enfin… Elizabeth, mais je déteste ce nom… À quoi mes parents pensaient en me nommant ainsi…

La jeune fille étouffa vers la fin de ses paroles tandis qu'elle réalisait une fois de plus que son nom devait être la dernière chose qu'ils lui aient laissé avant de mourir. Car ils étaient mort… Il fallait qu'elle se fasse une raison. Même si elle ne voulait tout simplement pas résonner. C'était trop lui demander. Cette fois-ci, les larmes eurent plus de difficulté à être retenue, mais elle tint bon, regardant toujours la personne près d'elle, et serrant avec force le parchemin dans sa main.

Gemma Jane banda la main de Elizabeth. Le sang l'avait taché et risquait de ne plus jamais en partir. Mais Gemma Jane s'en fichait. Elle noua le mouchoir autour de la main d'Elizabeth et le serra fort, d'un coup sec en prenant garde de ne pas faire mal à la jeune fille. La jeune rouge et or jeta un regard indulgent à la jeune fille. Elle avait un visage pâle aux traits réguliers entourés de longs cheveux noirs et fins retenus par un ruban sombre. Ses yeux étaient verts foncés, mais d'une couleur assez sombre. Avant que la jeune Gryffondor n'ait pu prononcer un seul mot, la jeune fille, toujours étendue sur le sol dur et froid s'adressa à elle. Son regard croisa celui de Gemma Jane et un faible sourire flottait sur son visage. Mais c'était un sourire triste, avec une faible expression. Elle venait de recevoir une mauvaise nouvelle. Gemma Jane garda le silence quelques instants. Elle aurait aimé pouvoir la rassurer, lui dire que tout allait pouvoir s'arranger mais malheureusement, la jeune rouge et or n'était douée dans ce genre de situation. Elle se mordit la lèvre infèrieure et porta son attention sur le bandage. Il était achevé mais Gemma Jane n'avait toujours pas lâché la main d'Elizabeth. Elle y appliqua une faible pression inconsciente qui signifiait : ne craint rien, tu n'es pas seule.

Citation :

-Je me nomme Ely. Enfin… Elizabeth, mais je déteste ce nom… À quoi mes parents pensaient en me nommant ainsi…

Le ton de la voix de la jeune fille avait imperceptiblement changé, plus aigüe ou plus grave, Gemma Jane ne faisait pas la différence. Mais déjà elle avait l'impression que la jeune fille était loin, perdue dans ses souvenirs et se noyant dans sa tristesse. Gemma Jane ne pouvait connaitre le mal qui la rongeait mais une petit voix dans sa tête lui soufflait la bonne réponse. Gemma Jane hocha la tête, un mince sourire aux lèvres. A ce moment, elle remarqua le morceau de papier que la jeune fille tenait dans sa main valide. Elle garda le silence puis émit une hypothèse que l'on pourrait qualifier de désespérée.

"Ahlala...Ces parents !"

La jeune fille soupira intèrieurement. C'était pathétique. Elle ne pourrait remonter le moral de la jeune fille de cette manière. Elle cherchait et fouillait dans sa mémoire. Comment Gail lui remontait-il le moral ? Par quelques mots de consolation mais très peu. Il se contentait d'être là. De rester à ses côtés sans bouger et à attendre que cela se passe. Il avait toujours une oreille attentive et compatissante pour elle. Il était peu loquace et montrait ainsi son affection. Mais cela suffisait en général à la jeune fille pour se calmer et reprendre ses esprits. Elle n’attendait rien d’autre. Mais il n’était plus. Et Gemma Jane n’avait plus personne pour être à ses côtés lorsqu’elle en avait besoin. Une ombre passa sur son visage mais la jeune fille en revint vite à de meilleurs sentiments : ce n'était pas elle qui emportait pour l'instant mais la jeune fille allongée sur le sol.

"Mais Elizabeth est un joli prénom...Un prénom porté par des reines..." ajouta-t-elle. "Dans quelle maison es-tu ? Serdaigle ? Poufsouffle ?"

Restant toujours entre la consciente d'être dans la réalité et entre être perdu dans l'immensité de ses esprits, le jeune fille gardait le silence depuis ce qu'elle avait dit, se contentant de faire d'imperceptibles sourire qui se voulait rassurant, comme si elle allait bien. Mais cette technique n'était guerre fructueuse, elle put le voir assez facilement. Puis, en regardant bien la fille qui restait près d'être et qui avait bandé sa main, elle put y voir comme un espoir. Un espoir de ne pas être totalement seule, de savoir que même si elle ne la connaissait pas beaucoup, elle était là, comme si les paroles n'étaient qu'accessoires. En fait, elle avait bien fait de vouloir venir à Poudlard. Car si elle aurait été au manoir, avec ses parents, elle serait morte aussi, ou, si elle aurait réchappé à la menace qui avait toujours flotté au dessus de la tête des Rinela, elle se serait retrouvé seule dans un coin et personne pour voir si elle était toujours là, si elle allait bien… Personne pour la comprend. Une simple présence était réconfortant, et là-bas, il n'y en avait pas.

Encore une fois un ombre passa sur le visage d'Elizabeth avant de ne reprendre conscience que la gryffondor s'était mise à parler, en réponse à ses paroles de plus tôt. Elle répondit alors à ce qu'elle avait dit sur son prénom, ayant sûrement remarqué le malaise qu'Ely avait eu. Un malaise qui se voulait présent et qui ne voulait pas partir pour la laisser en paix. Elle lui fit remarquer que c'était un nom de reine et la jeune fille eue alors un véritable sourire. Elle garda ses yeux sombre sur elle quelques instants, celle-ci lui demandant de quel maison elle était. En fait, elle était contente de pouvoir parler d'autre chose. Même si en même temps elle mourrait d'envie de pouvoir se vider l'esprit ailleurs que sur un mur de pierre. Dans un petit murmure, ses paroles franchissant encore avec difficulté sa bouche, elle lui répondit:

-Un nom de reine… c'est exact. Je devrais en être fière, mais l'on m'a toujours surnommé Ely. Sinon je suis de… Serdaigle

La jeune fille réalisa soudain qu'elle avait comme un blanc de mémoire. Comme si elle ne savait plus qui elle était. Puis des images revinrent à sa tête, encore de ces images de meurtre. Ses parents ne seraient pas épargnés, elle le savait. Et puis maintenant, il ne restait plus qu'une seule personne vivante de la famille… Qu'est-ce qui empêcherait le ou les tueurs de la retrouver? Eu encore une difficulté hors du commun de résister à l'envie de faire écouler une larme, et se retint à grande peine, continuant alors de parlé, et se disant que de se vider le cœur serait une bonne solution…

-Pardonnez-moi… J'oublis… Ça peut paraître stupide, mais…

Prenant de nouveau une pause, elle tendit la fameuse lettre, portant une nouvelle qu'elle appréhendait depuis si longtemps… Mais ne voulait pas que ça arrive. Elle aurait dû être là bas et ne pas fuir son destin. Sa sœur, puis, un mois plus tard ses parents. Une chose était certaine, elle ne voulait pas retourner au domaine familial. Qui sait ce qui pourrait se passer? En fait, la jeune Elizabeth avant peur. Beaucoup peur. Elle aurait voulu être plus forte, passer par-dessus tout ça comme si de rien était, mais ceci semblait impossible. Et elle s'en voulait. Retournant à la lettre qu'elle tendait à la personne près d'elle, légèrement tremblante, elle lui dit, d'un ton de voix presque suppliant:

-S'il vous plait… Je sais que ce n'est pas votre problème mais… Je ne peux pas garder ça pour moi seule… Ça me ferait… Peut-être du bien... Je ne sais pas… Mais merci d'être là… Juste une présence est la plus grande des consolations qu'il peut y exister.